Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

hommage du Pape aux martyrs d’hier et d’aujourd’hui

hommage du Pape aux martyrs d’hier et d’aujourd’hui

Lors de l’audience générale de ce mercredi 19 avril, le Saint-Père s’est arrêté sur la figure des martyrs, «témoins de l’Évangile» qui sont «plus nombreux à notre époque qu’aux premiers siècles». Rappelant le sens de ce don de soi-même, il a rendu notamment hommage aux missionnaires de la charité tuées au Yémen durant la guerre.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 19 avril 2023

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Résumé de la catéchèse du Saint-Père

Chers frères et sœurs,

Après avoir admiré saint Paul, champion du zèle apostolique, nous nous tournons aujourd’hui vers la cohorte des martyrs, hommes et femmes de tous âges, de toutes langues et de toutes nations, qui ont donné leur vie pour le Christ. Le mot « martyre », du grec martyria, veut dire témoignage.

Il est utilisé dans l’Église pour désigner celui qui témoigne de la vérité ou de la vertu jusqu’à l’effusion du sang, à l’imitation du Christ. C’est pourquoi le martyre est considéré « comme un don éminent et une preuve suprême de charité ».

Pour expliquer le dynamisme spirituel qui animait les martyrs, Saint Augustin disait à propos de saint Laurent : « Il a aimé le Christ dans sa vie, il l’a imité dans sa mort ». Même si « être martyrs » n’est demandé qu’à quelques-uns, « tous cependant – a rappelé le dernier Concile – doivent être prêts à confesser le Christ devant les hommes et à le suivre sur le chemin de la croix, pendant les persécutions qui ne manquent jamais à l’Église ».

Les martyrs, comme je l’ai souvent répété, sont plus nombreux de nos jours que dans les premiers siècles, je pense par exemple aux sœurs Missionnaires de la Charité qui ont donné leur vie au Yémen, parmi tant d’autres à travers le monde.


Catéchèse – La passion pour l’évangélisation :
le zèle apostolique du croyant – 11. Les témoins : les martyrs

Chers frères et sœurs, bonjour !

Au sujet de l’évangélisation et parlant du zèle apostolique, après avoir considéré le témoignage de Saint Paul, véritable “champion” du zèle apostolique, aujourd’hui nous jetons notre regard non pas sur une figure singulière, mais vers la colonne des martyrs, hommes et femmes de tous âges, de toutes langues et de toutes nations, qui ont donné leur vie pour le Christ, qui ont versé leur sang pour confesser le Christ

Après la génération des Apôtres, qui ont été par excellence les « témoins » de l’Évangile. Les martyrs : le premier fut le diacre Saint Étienne, lapidé à mort hors des murs de Jérusalem. Le mot « martyre » vient du grec martyria, qui signifie précisément témoignage. C’est-à-dire qu’un martyr est un témoin, quelqu’un qui témoigne jusqu’à verser son sang.

, le mot martyr a rapidement été utilisé dans l’Église pour désigner celui qui témoignait jusqu’à l’effusion de sang [1]. C’est-à-dire que le témoignage peut être celui de tous les jours, c’est un martyr. Mais il est utilisé par la suite pour qui donne le sang, qui donne la vie.

Les martyrs, cependant, ne doivent pas être considérés comme des « héros » qui ont agi individuellement, comme des fleurs qui poussent dans un désert, mais comme des fruits mûrs et excellents de la vigne du Seigneur, qui est l’Église.

En particulier, les chrétiens, en participant assidûment à la célébration de l’Eucharistie, étaient conduits par l’Esprit à conformer leur vie sur ce mystère d’amour : c’est-à-dire sur le fait que le Seigneur Jésus avait donné sa vie pour eux et que, par conséquent, ils pouvaient et devaient eux aussi donner leur vie pour Lui et pour leurs frères et sœurs. Une grande générosité, le chemin du témoignage chrétien.

Saint Augustin souligne souvent cette dynamique de gratitude et de réciprocité gratuite du don. Voici, par exemple, ce qu’il prêchait lors de la fête de Saint Laurent : « Saint Laurent était un diacre de l’Église de Rome », disait Saint Augustin.

C’est là qu’il était ministre du sang du Christ et c’est là qu’il a versé son sang pour le nom du Christ. Le bienheureux apôtre Jean a clairement exposé le mystère de la Cène, en disant : « Jésus, a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères. » (1 Jn 3, 16).

Laurent, mes frères, a compris tout cela. Il l’a compris et l’a mis en pratique. Et il a vraiment rendu ce qu’il avait reçu à cette table. Il a aimé le Christ dans sa vie, il l’a imité dans sa mort » (Disc. 304, 14 ; PL 38, 1395-1397). C’est ainsi que saint Augustin explique le dynamisme spirituel qui animait les martyrs. En ces termes : les martyrs aiment le Christ dans sa vie et l’imitent dans sa mort.

Aujourd’hui, chers frères et sœurs, souvenons-nous de tous les martyrs qui ont accompagné la vie de l’Église. Comme je l’ai dit à maintes reprises, ils sont plus nombreux à notre époque qu’aux premiers siècles. Aujourd’hui, il y a tant de martyrs dans l’Église, tant de martyrs car, pour avoir confessé la foi chrétienne, ils sont chassés de la société ou vont en prison… Ils sont très nombreux.

Le Concile Vatican II nous rappelle que « le martyre dans lequel le disciple est assimilé à son maître, acceptant librement la mort pour le salut du monde, et rendu semblable à lui dans l’effusion de son sang, ce disciple est considéré par l’Église comme une grâce éminente et la preuve suprême de la charité. » (Const. Lumen Gentium, 42).

Les martyrs, à l’imitation de Jésus et avec sa grâce, transforment la violence de ceux qui refusent l’annonce en une grande opportunité d’amour, suprême, qui va jusqu’au pardon de leurs bourreaux. Ce détail est intéressant : les martyrs pardonnent toujours à leurs bourreaux. Étienne, le premier martyr, mourut en priant : « Seigneur, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Les martyrs prient pour leurs bourreaux.

Si le martyre n’est demandé qu’à quelques-uns, « tous cependant doivent être prêts à confesser le Christ devant les hommes et à le suivre sur le chemin de la croix, à travers les persécutions qui ne manquent jamais à l’Église. » (ibid., 42). Mais ces persécutions sont-elles du passé ? Non, non : aujourd’hui. Aujourd’hui, il y a des persécutions contre les chrétiens dans le monde, beaucoup, beaucoup.

Il y a plus de martyrs aujourd’hui que dans les premiers temps. Il y en a tellement. Les martyrs nous montrent que tout chrétien est appelé au témoignage de la vie, même s’il ne va pas jusqu’à l’effusion du sang, en faisant de lui-même un don à Dieu et à ses frères, à l’imitation de Jésus.

Et je voudrais conclure en rappelant le témoignage chrétien actuel dans tous les coins du monde. Je pense, par exemple, au Yémen, une terre blessée depuis de nombreuses années par une guerre terrible et oubliée, qui a causé tant de morts et qui fait encore souffrir tant de personnes, en particulier des enfants.

Précisément dans ce pays, il y a eu des témoignages de foi éclatants, comme celui des Sœurs Missionnaires de la Charité, qui ont donné leur vie là. Aujourd’hui encore, elles sont présentes au Yémen, où elles offrent une assistance aux personnes âgées malades et aux personnes handicapées. Certaines d’entre elles ont souffert le martyre, mais les autres continuent, risquent leur vie mais vont de l’avant.

Elles accueillent tout le monde, ces sœurs, quelle que soit la religion, car la charité et la fraternité n’ont pas de frontières. En juillet 1998, Sœur Aletta, Sœur Zelia et Sœur Michael, qui rentraient chez elles après la messe, ont été tuées par un fanatique, parce qu’elles étaient chrétiennes.

Plus récemment, peu après le début du conflit toujours en cours, en mars 2016, Sœur Anselme, Sœur Marguerite, Sœur Reginette et Sœur Judith ont été tuées avec quelques laïcs qui les aidaient dans leur travail de charité auprès des plus petits. Ce sont les martyrs de notre temps. Parmi ces laïcs assassinés, en plus des chrétiens, il y avait des musulmans qui travaillaient avec les sœurs.

C’est émouvant de voir comment le témoignage du sang peut unir des personnes de religions différentes. On ne doit jamais tuer au nom de Dieu, car pour Lui nous sommes tous frères et sœurs. Mais ensemble, nous pouvons donner notre vie pour les autres.

Prions donc pour que nous ne nous lassions pas de témoigner de l’Évangile, même en temps de tribulation. Que tous les saints et les saints martyrs soient des semences de paix et de réconciliation entre les peuples pour un monde plus humain et plus fraternel, en attendant que le Royaume des cieux se manifeste pleinement, quand Dieu sera tout en tous (cf. 1 Co 15, 28). Merci.

[1] ORIGENE, In Johannem, II, 210 : « Quiconque rend témoignage à la vérité, soit en paroles, soit en actes, soit en œuvrant pour elle de quelque manière que ce soit, peut à bon droit être appelé témoin. Mais le nom de témoin ( martyrs) au sens propre, la communauté des frères, impressionnée par la force d’âme de ceux qui ont combattu pour la vérité ou la vertu jusqu’à la mort, a pris l’habitude de le réserver à ceux qui ont témoigné du mystère de la vraie religion par l’effusion du sang ».


Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents à cette audience, notamment les nombreux groupes de paroissiens, d’aumôneries et d’étudiants qui sont venus de Suisse, de Belgique et de France.

Chers frères et sœurs, prions afin de ne jamais nous lasser de témoigner de l’Évangile, même dans les temps de tribulation. Que le sang des martyrs devienne une semence de paix et de réconciliation entre les peuples. Que Dieu vous bénisse et vous donne la force de témoigner !

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés. J’offre mes meilleurs vœux à tous pour qu’en partant de la Ville éternelle et en retournant dans leurs lieux de vie respectifs, vous puissiez témoigner d’un engagement renouvelé de foi active, contribuant ainsi à faire resplendir dans le monde la lumière du Christ ressuscité.

Et persévérons dans la proximité et la prière pour la chère et tourmentée Ukraine, qui continue d’endurer de terribles souffrances.


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N’excluons personne de la miséricorde de Dieu

N’excluons personne de la miséricorde de Dieu

Cherchons le Ressuscité dans l’Église, et accueillons tout le monde comme un frère et une sœur: c’est l’invitation formulée par le Pape François dans son commentaire de l’Évangile de ce dimanche de la Divine Miséricorde, lors du Regina caeli, ce 16 avril.

LE PAPE FRANÇOIS

REINE CAELI

Place Saint-Pierre
Miséricorde divine dimanche 16 avril 2023

Frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, dimanche de la Divine Miséricorde, l’Évangile nous raconte deux apparitions de Jésus ressuscité aux disciples et en particulier à Thomas, « l’apôtre incrédule » (cf. Jn 20, 24-29).

Thomas, en réalité, n’est pas le seul à avoir du mal à croire, en effet il nous représente tous dans une certaine mesure. En effet ce n’est pas toujours facile de croire, surtout quand, comme dans son cas, on a essuyé une grande déception.

Après une grosse déception c’est difficile de croire. Il a suivi Jésus pendant des années, prenant des risques et endurant des épreuves, mais le Maître a été crucifié comme un criminel et personne ne l’a libéré, personne n’a rien fait ! Il est mort et tout le monde a peur. Comment faire confiance à nouveau ? Comment faire confiance aux nouvelles qu’il est vivant? Le doute était en lui.

Thomas montre cependant qu’il a du courage : alors que les autres sont enfermés dans la chambre haute par peur, il sort, avec le risque que quelqu’un le reconnaisse, le dénonce et l’arrête. On pourrait même penser qu’avec son courage, il mérite plus que les autres de rencontrer le Seigneur ressuscité.

Au lieu de cela, précisément parce qu’il s’est éloigné, lorsque Jésus apparaît pour la première fois aux disciples le soir de Pâques, Thomas n’est pas là et rate l’occasion. Il s’était retiré de la communauté. Comment peut-il le récupérer ? Seulement retourner avec les autres, retourner là-bas, dans cette famille qu’il a laissée effrayée et triste.

Quand il le fait, quand il revient, on lui dit que Jésus est venu, mais il a du mal à croire ; aimerait voir ses plaies. Et Jésus le satisfait : huit jours plus tard, il réapparaît au milieu de ses disciples et leur montre ses blessures, ses mains, ses pieds, ces blessures qui sont la preuve de son amour, qui sont les canaux toujours ouverts de sa miséricorde.

Réfléchissons à ces faits. Pour croire, Thomas voudrait un signe extraordinaire : toucher les plaies. Jésus les lui montre, mais d’une manière ordinaire, venant devant tout le monde, dans la communauté, pas à l’extérieur. Comme pour lui dire : si tu veux me rencontrer, ne cherche pas loin, reste dans la communauté, avec les autres ; et ne vous en allez pas, priez avec eux, rompez le pain avec eux.

Et il nous le dit aussi. C’est là que tu pourras me trouver, c’est là que je te montrerai, imprimés sur mon corps, les signes des blessures : les signes de l’Amour qui vainc la haine, du Pardon qui désarme la vengeance, les signes de la Vie qui vainc la mort.

C’est là, dans la communauté, que tu découvriras mon visage, tandis qu’avec tes frères et sœurs tu partageras des moments de doute et de peur, t’accrochant encore plus fortement à eux. Sans la communauté, il est difficile de trouver Jésus.

Chers frères et sœurs, l’invitation faite à Thomas vaut aussi pour nous. Où cherchons-nous le Ressuscité ? Dans un événement spécial, dans un événement religieux spectaculaire ou saisissant, uniquement dans nos émotions et nos sensations ? Ou dans la communauté, dans l’Église, accepter le défi d’y rester, même si ce n’est pas parfait ?

Malgré toutes ses limitations et ses chutes, qui sont nos limitations et nos chutes, notre Mère l’Église est le Corps du Christ ; et c’est là, dans le Corps du Christ, que les plus grands signes de son amour sont encore et à jamais imprimés.

Cependant, demandons-nous si, au nom de cet amour, au nom des plaies de Jésus, nous sommes prêts à ouvrir nos bras à ceux qui sont blessés par la vie, sans exclure personne de la miséricorde de Dieu, mais en accueillant tout le monde ; chacun comme un frère, comme une sœur. Dieu accueille tout, Dieu accueille tous.

Marie, Mère de Miséricorde, aide-nous à aimer l’Église et à en faire une maison accueillante pour tous.

Regina Caeli

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Après le Regina Caeli

Je souhaite exprimer ma proximité à tous les frères et sœurs qui, en particulier en Orient, célèbrent aujourd’hui Pâques : très chers, que le Seigneur ressuscité soit avec vous et vous remplisse de son Esprit Saint ! Joyeuses Pâques à vous tous !

Et malheureusement, contrairement au message de Pâques, les guerres continuent et continuent de semer la mort de manière horrible. Pleurons ces atrocités et prions pour leurs victimes, en demandant à Dieu que le monde n’ait plus à vivre la consternation d’une mort violente aux mains de l’homme, mais l’émerveillement de la vie qu’il donne et qu’il renouvelle par sa grâce !

Je suis avec préoccupation les événements qui se déroulent au Soudan. Je suis proche du peuple soudanais, déjà si éprouvé, et je l’invite à prier pour qu’il dépose les armes et que le dialogue prévale, afin qu’ensemble nous puissions reprendre le chemin de la paix et de la concorde.

Et je pense aussi à nos frères et sœurs qui célèbrent Pâques aujourd’hui en Russie et en Ukraine. Que le Seigneur soit proche d’eux et les aide à faire la paix !

Je vous salue tous, Romains et pèlerins ! En particulier les groupes de prière qui cultivent la spiritualité de la Miséricorde Divine, réunis aujourd’hui au Sanctuaire de Saint Esprit à Sassia. Et, certain d’interpréter les sentiments des fidèles du monde entier, j’adresse une pensée reconnaissante à la mémoire de saint Jean-Paul II, objet d’inférences offensantes et infondées ces derniers jours.

Je salue les groupes venus de France, du Brésil, d’Espagne, de Pologne, de Lituanie.

Je salue les pompiers de différents pays européens qui se sont réunis à Rome pour une grande manifestation ouverte aux citoyens. Merci pour votre service ! Et je vous dis une chose : quand je prie pour vous, je demande une grâce : que vous n’ayez pas de travail !

Je souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir.


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Le zèle évangélique

Le zèle évangélique

Lors de l’audience générale du mercredi après Pâques, François a parlé du zèle évangélique qui dénote la disponibilité, la préparation, l’empressement : on ne peut pas rester enfermé dans un bureau, à un pupitre à se disputer comme des « lions du clavier » et à substituer à la créativité de l’annonce des idées prises ici et là. Nous devons être libres des stratagèmes, ouverts aux surprises de Dieu.

LE PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
mercredi 12 avril 2023

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Catéchèse – La passion pour l’évangélisation :
le zèle apostolique du croyant – 10. Les témoins. Saint Paul 2

Résumé :

Frères et sœurs, après avoir parlé de l’empressement personnel de saint Paul pour l’Évangile, nous réfléchissons aujourd’hui sur le zèle apostolique décrit dans ses lettres. Fort de son expérience, Paul n’ignore pas le danger d’un zèle déformé, orienté dans la mauvaise direction.

Il peut y avoir, en effet, un faux élan évangélique lorsque l’on poursuit en réalité sa propre gloire ou que l’on sert ses convictions personnelles. Les caractéristiques d’un zèle authentique, selon Paul, sont décrites dans la liste des “armes” que l’Apôtre estime nécessaires pour le combat spirituel. Parmi elles se trouve l’ardeur à annoncer l’Évangile, traduite comme “zèle” et comparé à des “souliers”, car celui qui va annoncer doit marcher.

L’annonce s’appuie sur le zèle évangélique, et les annonciateurs sont un peu comme les pieds du Corps du Christ qu’est l’Église. Il n’y a pas d’annonce sans mouvement, sans “sortie”, sans initiative. L’Évangile est annoncé en se déplaçant, en marchant, en allant. Le terme grec utilisé par Paul pour désigner les souliers de celui qui porte l’Évangile évoque la promptitude, la préparation, la hâte.

C’est le contraire du laisser-aller, incompatible avec l’amour. L’annonciateur est prêt à partir, il doit se libérer des schémas et être disposé à agir de manière inattendue et nouvelle. Celui qui annonce l’Évangile est prêt à suivre une sagesse qui n’est pas de ce monde.

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CATÉCHÈSE

Chers frères et sœurs, bonjour !

Après avoir vu le zèle personnel de saint Paul pour l’Évangile il y a deux semaines, nous pouvons aujourd’hui réfléchir plus profondément sur le zèle évangélique tel qu’il en parle lui-même et le décrit dans certaines de ses lettres.

De par sa propre expérience, Paul n’ignore pas le danger d’un zèle déformé, orienté dans le mauvais sens ; lui-même était tombé dans ce danger avant la chute providentielle sur le chemin de Damas. Parfois, nous avons affaire à un empressement mal dirigé, acharné dans l’observance de normes purement humaines et obsolètes pour la communauté chrétienne. « Ceux-ci – écrit l’Apôtre – sont bons pour vous, mais pas honnêtement » (Ga 4, 17).

On ne peut ignorer la sollicitude avec laquelle certains s’adonnent à de mauvaises occupations jusque dans la communauté chrétienne elle-même ; on peut se vanter d’une fausse impulsion évangélique alors qu’en réalité on poursuit la vaine gloire ou ses propres convictions ou un peu d’amour-propre.

C’est pourquoi nous nous demandons : quelles sont les caractéristiques du véritable zèle évangélique selon Paul ? Pour cette raison, le texte que nous avons entendu au début semble utile, une liste « d’armes » que l’Apôtre indique pour le combat spirituel. Parmi celles-ci se trouve la volonté de répandre l’évangile, traduite par certains par « zèle » – cette personne est une personne zélée pour faire avancer ces idées, ces choses –, et appelée « chaussure ».

Pourquoi? Comment se fait-il que l’élan de l’Évangile soit lié à ce que vous mettez sur vos pieds ? Cette métaphore reprend un texte du prophète Isaïe, qui dit ainsi : « Qu’elles sont belles les montagnes / les pieds du messager annonçant la paix, / du messager de la bonne nouvelle annonçant le salut, / qui dit à Sion : « Règne ton Dieu ”» (52,7).

Ici aussi, nous trouvons la référence aux pieds d’un annonciateur de bonnes nouvelles. Pourquoi? Car celui qui va annoncer doit bouger, doit marcher !

Mais nous notons aussi que Paul, dans ce texte, parle de la chaussure comme faisant partie d’une armure, selon l’analogie de l’équipement d’un soldat partant au combat : dans les batailles, il était essentiel d’avoir une stabilité d’appui, pour éviter les dangers du terrain, car l’adversaire jonchait souvent le champ de bataille de pièges, et d’avoir la force nécessaire pour courir et se déplacer dans la bonne direction. Pour cela, la chaussure est faite pour courir et éviter toutes ces choses de l’adversaire.

Le zèle évangélique est le support sur lequel repose l’annonce, et les hérauts sont un peu comme les pieds du corps du Christ qu’est l’Église. Il n’y a pas d’annonce sans mouvement, sans « sortie », sans initiative. Cela veut dire qu’il n’y a pas de chrétien s’il n’est en voyage, il n’est pas chrétien si le chrétien ne sort pas de lui-même pour se mettre en route et apporter une annonce. Il n’y a pas d’annonce sans mouvement, sans voyage.

L’Évangile n’est pas proclamé debout, enfermé dans un bureau, devant un bureau ou devant un ordinateur en argumentant comme des « lions du clavier » et en substituant à la créativité de l’annonce des copier-coller d’idées prises ici et là. L’Évangile est proclamé en se déplaçant, en marchant, en allant.

Le terme utilisé par Paul, pour désigner les chaussures de ceux qui portent l’Évangile, est un mot grec qui dénote l’empressement, la préparation, l’empressement. C’est le contraire du laisser-aller, incompatible avec l’amour. En effet, ailleurs, Paul dit: «Ne sois pas paresseux dans ton zèle; au contraire soyez fervents en esprit, servez le Seigneur » (Rm 12, 11).

Cette attitude était celle exigée dans le Livre de l’Exode pour célébrer le sacrifice de la libération pascale : « Voici comment vous le mangerez : les hanches ceintes, les sandales aux pieds, le bâton à la main ; vous le mangerez rapidement. C’est la Pâque du Seigneur ! En cette nuit je passerai » (12:11-12a).

Un annonceur est prêt à partir, et il sait que le Seigneur passe d’une manière surprenante ; il doit donc être libre de stratagèmes et prédisposé à une action inattendue et nouvelle : préparé aux surprises.

Celui qui annonce l’Évangile ne peut pas se fossiliser dans des cages de vraisemblance ou dans « cela a toujours été fait ainsi », mais est prêt à suivre une sagesse qui n’est pas de ce monde, comme le dit Paul en parlant de lui-même : « Ma parole est ma prédication n’étaient pas fondées sur des discours persuasifs de sagesse, mais sur la manifestation de l’Esprit et sa puissance, de sorte que votre foi n’était pas fondée sur la sagesse humaine, mais sur la puissance de Dieu » (1 Co 2, 4-5).

Ici, frères et sœurs : il est important d’avoir cette disponibilité à la nouveauté de l’Évangile, cette attitude qui est une impulsion, une prise d’initiative, un départ. C’est ne pas laisser passer les occasions de promulguer l’annonce de l’Évangile de la paix, cette paix que le Christ sait donner plus et mieux que le monde.

Et pour cela je vous exhorte à être des évangélisateurs qui avancent, sans peur, qui vont de l’avant, pour apporter la beauté de Jésus, pour apporter la nouveauté de Jésus qui change tout.

« Oui, Père, change le calendrier, car maintenant nous comptons les années avant Jésus… » – « Mais aussi, change ton cœur : et es-tu prêt à laisser Jésus changer ton cœur ? Ou êtes-vous un chrétien tiède qui ne bouge pas ? Réfléchissez-y : vous êtes enthousiasmé par Jésus, allez-vous de l’avant ? Réfléchissez un peu…

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Salutations

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les paroisses et les jeunes venus de Suisse et de France. Frères et sœurs, remplis de la joie du Christ Ressuscité, demandons la grâce d’être l’Église “en sortie”, cette communauté des disciples missionnaires qui prennent l’initiative et qui s’impliquent pour annoncer l’Évangile de la paix et de la miséricorde. Que Dieu vous bénisse !

APPEL

Hier, c’était le 60e anniversaire de l’encyclique Pacem in terris, que saint Jean XXIII a adressée à l’Église et au monde au milieu des tensions entre les deux blocs opposés dans la soi-disant guerre froide. Le Pape a ouvert devant tous le large horizon pour pouvoir parler de paix et construire la paix : le projet de Dieu pour le monde et pour la famille humaine.

Cette encyclique a été une véritable bénédiction, comme un aperçu de sérénité au milieu de nuages ​​sombres. Son message est très opportun. Par exemple, ce passage suffira : « Les relations entre les communautés politiques, comme celles entre les êtres humains individuels, doivent être réglées non par le recours à la force des armes, mais à la lumière de la raison, c’est-à-dire en vérité, en justice, en solidarité active » (n° 62).

J’invite les fidèles, les hommes et les femmes de bonne volonté à lire Pacem in terris, et je prie pour que les chefs des nations s’en inspirent dans leurs projets et leurs décisions.

* * *

Dimanche prochain nous célébrons la Miséricorde de Dieu, c’est le dimanche de la Miséricorde. Le Seigneur ne cesse jamais d’être miséricordieux : pensons à la miséricorde de Dieu qui nous accueille toujours, nous accompagne toujours, ne nous laisse jamais seuls.

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés. Je vous invite à vivre ce temps de Pâques avec votre regard tourné vers le Christ ressuscité, qui s’est sacrifié pour nous et pour notre salut.

Et persévérons dans la prière pour l’Ukraine martyre. Prions pour ce que souffre l’Ukraine.

Ma bénédiction à tous.


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