Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Reconnaître la beauté lumineuse de l’amour du Christ sur les visages

Reconnaître la beauté lumineuse
de l’amour du Christ sur les visages

Avant de réciter la prière mariale de l’angélus, dimanche 5 mars, deuxième dimanche de Carême, le Pape François a proposé une méditation sur l’Évangile de la Transfiguration. Le Souverain pontife a exhorté les fidèles à reconnaître dans le visage du Christ la beauté lumineuse de l’amour, tout comme celle qui irradie tous ceux qui nous entourent quotidiennement, à l’inverse «des feux de paille des idoles qui aliènent».

 

LE PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
dimanche 5 mars 2023

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Chers frères et sœurs, bonjour!

En ce deuxième dimanche de Carême, est proclamé l’Évangile de la Transfiguration : Jésus emmène Pierre, Jacques et Jean avec lui sur la montagne et se révèle à eux dans toute sa beauté de Fils de Dieu (cf. Mt 17, 1- 9).

Arrêtons-nous un instant sur cette scène et demandons-nous : en quoi consiste cette beauté ? Que voient les disciples ? Un effet spectaculaire ? Non c’est pas ça. Ils voient briller la lumière de la sainteté de Dieu sur le visage et les vêtements de Jésus, l’image parfaite du Père.

La majesté de Dieu est révélée, la beauté de Dieu, mais Dieu est Amour, et donc les disciples ont vu de leurs propres yeux la beauté et la splendeur de l’Amour divin incarné dans le Christ. Ils avaient un avant-goût du paradis ! Quelle surprise pour les disciples ! Ils avaient depuis si longtemps le visage de l’Amour sous les yeux, et ils n’avaient jamais réalisé à quel point c’était beau ! C’est seulement maintenant qu’ils s’en rendent compte et avec une grande joie, une joie immense.

Jésus, en réalité, avec cette expérience les forme, il les prépare à une étape encore plus importante. Bientôt, en effet, ils devront savoir reconnaître en lui la même beauté, lorsqu’il monte sur la croix et que son visage est défiguré. Pierre a du mal à comprendre : il voudrait arrêter le temps, mettre la scène en « pause », y rester et prolonger cette merveilleuse expérience ; mais Jésus ne le permet pas. En effet, sa lumière ne se réduit pas à un « instant magique » !

Ainsi, il deviendrait une chose fausse et artificielle qui se dissoudrait dans le brouillard des sentiments passagers. Au contraire, le Christ est la lumière qui dirige le voyage, comme la colonne de feu pour le peuple dans le désert (voir Ex 13,21). La beauté de Jésus n’éloigne pas les disciples de la réalité de la vie, mais leur donne la force de le suivre jusqu’à Jérusalem, jusqu’à la croix. La beauté du Christ n’est pas aliénante, elle vous fait toujours avancer, elle ne vous fait pas cacher : allez de l’avant !

Frères et sœurs, cet évangile trace un chemin pour nous aussi : il nous enseigne combien il est important d’être avec Jésus, même lorsqu’il n’est pas facile de comprendre tout ce qu’il dit et fait pour nous. En effet, c’est en étant avec lui que nous apprenons à reconnaître sur son visage la lumineuse beauté de l’amour qui se donne, même lorsqu’il porte les signes de la croix.

Et c’est à son école que nous apprenons à percevoir la même beauté sur les visages des personnes qui nous côtoient au quotidien : membres de la famille, amis, collègues, ceux qui prennent soin de nous de manières les plus variées. Combien de visages lumineux, combien de sourires, combien de rides, combien de larmes et de cicatrices parlent d’amour autour de nous !

Nous apprenons à les reconnaître et à en remplir notre cœur. Et puis nous partons, pour apporter aussi aux autres la lumière que nous avons reçue, avec des œuvres concrètes d’amour (cf. 1 Jn 3, 18), plongeant plus généreusement dans nos occupations quotidiennes, aimant, servant et pardonnant avec plus d’enthousiasme et de disponibilité. La contemplation des merveilles de Dieu, la contemplation du visage de Dieu, du visage du Seigneur, doit nous pousser à servir les autres.

Nous pouvons nous demander : savons-nous reconnaître la lumière de l’amour de Dieu dans nos vies ? Le reconnaissons-nous avec joie et gratitude sur les visages des personnes qui nous aiment ? Cherchons-nous autour de nous des signes de cette lumière qui remplit nos cœurs et les ouvre à l’amour et au service ? Ou préférons-nous les éclairs dans la casserole des idoles, qui nous aliènent et nous enferment sur nous-mêmes ? La grande lumière du Seigneur et la fausse lumière artificielle des idoles. Qu’est-ce que je préfère ?

Marie, qui a gardé la lumière de son Fils dans son cœur, même dans les ténèbres du Calvaire, nous accompagne toujours sur le chemin de l’amour.

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Après l’Angélus

Chers frères et sœurs !

Ces jours-ci, les pensées se tournaient souvent vers les victimes de l’accident de train en Grèce : beaucoup étaient de jeunes étudiants. Je prie pour le défunt; Je suis proche des blessés, des membres de la famille, que Notre-Dame les réconforte.

J’exprime ma douleur pour la tragédie qui a eu lieu dans les eaux de Cutro, près de Crotone. Je prie pour les nombreuses victimes du naufrage, pour leurs familles et pour ceux qui ont survécu. J’exprime ma reconnaissance et ma gratitude à la population et aux institutions locales pour leur solidarité et leur acceptation de ces frères et sœurs qui sont les nôtres et je renouvelle mon appel à tous afin que de telles tragédies ne se reproduisent pas.

Les trafiquants d’êtres humains doivent être arrêtés, ne continuez pas à disposer de la vie de tant d’innocents ! Les voyages d’espoir ne se transforment plus jamais en voyages de mort ! Que les eaux limpides de la Méditerranée ne soient plus ensanglantées par des incidents aussi dramatiques ! Que le Seigneur nous donne la force de comprendre et de pleurer.

Je vous salue tous, Romains et pèlerins d’Italie et de divers pays. Je salue en particulier la communauté ukrainienne de Milan, venue à l’occasion du 4e centenaire du martyre de Mgr San Giosafat, qui a donné sa vie pour l’unité des chrétiens. Chers amis, je salue vos efforts pour accueillir vos compatriotes qui ont fui la guerre. Que le Seigneur, par l’intercession de saint Josaphat, accorde la paix au peuple ukrainien martyr.

Je salue les pèlerins de Lituanie, avec la communauté lituanienne de Rome, qui célèbrent saint Casimir ; ainsi que la communauté catholique roumaine de Saragosse (Espagne) et les groupes paroissiaux venus de Murcie et de Jerez de la Frontera (Espagne) et de Tbilissi (Géorgie). Je salue les fidèles du Burkina Faso, les confirmands de Scandicci et d’Anzio, les fidèles de Capaci, d’Ostie et de San Mauro Abate à Rome.

Je vous souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Avec le diable, on ne discute pas

Avec le diable, on ne discute pas !

Lors de l’angélus du dimanche 26 février, premier dimanche de Carême, le Pape François, s’inspirant de l’exemple de Jésus dans l’Évangile selon Matthieu, a parlé de l’importance de ne pas converser ni négocier avec le diable diviseur.

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 26 février 2023

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Chers frères et sœurs, bonjour !

L’Évangile de ce premier dimanche de Carême nous présente Jésus au désert tenté par le diable (cf. Mt 4, 1-11). Diable signifie « diviseur ». Le diable veut toujours créer la division, et c’est ce qu’il propose aussi en tentant Jésus.Voyons donc de qui veut le diviser et comment il le tente.

De qui le diable veut-il séparer Jésus ? Après avoir reçu le baptême de Jean dans le Jourdain, Jésus a été appelé par le Père « mon Fils bien-aimé » (Mt 3, 17) et l’Esprit Saint est descendu sur lui sous la forme d’une colombe (cf. v. 16) . L’Évangile nous présente ainsi les trois Personnes divines unies dans l’amour.

Alors Jésus lui-même dira qu’il est venu dans le monde pour nous faire participer à l’unité qui existe entre lui et le Père (cf. Jn 17, 11). Le diable, par contre, fait le contraire : il entre en scène pour séparer Jésus du Père et le détourner de sa mission d’unité pour nous. Toujours diviser.

Voyons maintenant comment il essaie de le faire. Le diable veut profiter de la condition humaine de Jésus, qui est faible parce qu’il a jeûné pendant quarante jours et qu’il a eu faim (voir Mt 4, 2).

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Le malin tente alors de lui inculquer trois « poisons » puissants, pour paralyser sa mission d’unité. Ces poisons sont l’attachement, la méfiance et le pouvoir.

D’abord le poison de l’attachement aux choses, aux besoins ; avec un raisonnement persuasif, le diable essaie de suggérer à Jésus : « Tu as faim, pourquoi dois-tu jeûner ? Écoute ton besoin, assouvis-le, tu as le droit et le pouvoir : transformer les pierres en pain. »

Puis le deuxième poison, la méfiance : « Es-tu sûr – insinue le malin – que le Père veut ton bien ? Testez-le, faites-le chanter ! Jetez-vous du haut du temple et faites-lui faire ce que vous voulez. »

Enfin le pouvoir : « Vous n’avez pas besoin de votre Père ! Pourquoi attendre ses cadeaux ? Suis les critères du monde, prends tout toi-même et tu seras puissant ! »

Les trois tentations de Jésus. Et nous aussi, nous subissons toujours ces trois tentations. C’est terrible, mais c’est comme ça, même pour nous : l’attachement aux choses, la méfiance et la soif de pouvoir sont trois tentations répandues et dangereuses, dont le diable se sert pour nous séparer du Père et ne plus nous faire sentir frères et sœurs entre eux. nous, pour nous conduire à la solitude et au désespoir.

Ce qu’il a voulu faire à Jésus, ce qu’il veut nous faire : nous désespérer.

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Mais Jésus surmonte les tentations. Et comment les gagne-t-il ? Éviter de discuter avec le diable et répondre par la Parole de Dieu, c’est important : on ne discute pas avec le diable, on ne dialogue pas avec le diable ! Jésus le confronte à la Parole de Dieu.

Il cite trois phrases de l’Écriture qui parlent d’affranchissement (cf. Dt 8, 3), de confiance (cf. Dt 6, 16) et de service à Dieu (cf. Dt 6, 13). , trois phrases opposées aux tentations. Il ne dialogue jamais avec le diable, ne négocie pas avec lui, mais rejette ses insinuations avec les Paroles bienfaisantes de l’Écriture. C’est une invitation pour nous aussi : il n’y a pas de dispute avec le diable !

Il n’y a pas de négociation, pas de dialogue ; vous ne le battez pas en traitant avec lui, il est plus fort que nous. Nous vainquons le diable en lui opposant fidèlement la Parole divine. De cette manière, Jésus nous apprend à défendre l’unité avec Dieu et les uns avec les autres contre les attaques du diviseur. La Parole divine qui est la réponse de Jésus à la tentation du diable.

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Et nous nous demandons : quelle place la Parole de Dieu a-t-elle dans ma vie ? Est-ce que j’y recours dans mes luttes spirituelles ? Si j’ai un vice ou une tentation récurrente, pourquoi, avec de l’aide, est-ce que je ne cherche pas un verset de la Parole de Dieu qui réponde à ce vice ? Puis, quand vient la tentation, je la récite, je la prie en me confiant à la grâce du Christ.

Essayons, il nous aidera dans les tentations, il nous aidera beaucoup, car la voix bienfaisante de la Parole de Dieu résonnera parmi les voix qui s’agitent en nous. Marie, vous qui avez accueilli la Parole de Dieu et avec son humilité, qui avez vaincu l’orgueil du diviseur, accompagnez-nous dans le combat spirituel du Carême.

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Après l’angélus

Chers frères et sœurs !

Des nouvelles douloureuses arrivent encore de Terre Sainte : de nombreuses personnes tuées, dont des enfants… Comment arrêter cette spirale de violence ? Je renouvelle mon appel au dialogue pour qu’il l’emporte sur la haine et la vengeance, et je prie Dieu pour les Palestiniens et les Israéliens, afin qu’ils retrouvent le chemin de la fraternité et de la paix, avec l’aide de la communauté internationale.

Je suis également très préoccupé par la situation au Burkina Faso, où les attentats terroristes se poursuivent. Je vous invite à prier pour la population de ce cher pays, afin que les violences qu’elle a subies ne lui fassent pas perdre foi dans la voie de la démocratie, de la justice et de la paix.

Ce matin, j’ai appris avec douleur le naufrage qui s’est produit sur la côte calabraise, près de Crotone. Une quarantaine de morts ont déjà été repêchés, dont de nombreux enfants. Je prie pour chacun d’eux, pour les disparus et pour les autres migrants survivants. Je remercie ceux qui ont apporté leur aide et ceux qui sont accueillants.

Que Notre-Dame soutienne nos frères et sœurs. Et n’oublions pas la tragédie de la guerre en Ukraine, déjà une année de guerre. Et n’oublions pas la douleur des peuples syrien et turc pour le tremblement de terre.

J’adresse mes salutations à vous tous qui êtes venus d’Italie et d’autres pays. Je souhaite la bienvenue à l’Association italienne des donneurs d’organes, qui célèbre son 50e anniversaire : je vous remercie pour votre engagement en faveur de la solidarité sociale et je vous exhorte à continuer à promouvoir la vie par le don d’organes.

Un salut particulier, donc, à tous ceux qui sont venus à l’occasion de la Journée des Maladies Rares, qui aura lieu après-demain : je renouvelle mes encouragements aux Associations de patients et aux membres de leurs familles ; ne manquez pas notre proximité, surtout avec les enfants, pour leur faire sentir l’amour et la tendresse de Dieu.

Et je souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

l’Esprit éclaire notre chemin

l’Esprit éclaire notre chemin

Pour le premier jour du Carême de l’année 2023, le Pape François, lors de l’audience générale en salle Paul VI au Vatican, a continué  sur la passion de l’évangélisation. Il a invité les croyants à ne pas rester enfermés mais à aller à la rencontre de Jésus, et à faire de l’Esprit Saint le moteur de l’évangélisation.

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 22 février 2023

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Résumé de la catéchèse

Frères et sœurs, dans notre itinéraire de catéchèse sur la passion d’évangéliser, repartons aujourd’hui des paroles de Jésus qui demande aux siens d’aller faire des disciples et d’aller baptiser, en portant la joie de la présence de Dieu qui est proche de nous et qui agit en nous. En leur disant cela, tout comme à nous, Jésus communique aussi le Saint-Esprit qui permet de recevoir et d’accomplir la mission.

Grâce à Lui, à la Pentecôte, les Apôtres changeront le monde. C’est par sa force, qui précède les missionnaires et prépare les cœurs, que l’annonce de l’Évangile se réalise. Dans les Actes des Apôtres, on découvre comment le Saint-Esprit est le protagoniste de l’annonce.

Aux débuts de l’Église, s’agissant de la conduite à tenir envers les païens qui se convertissaient à la foi, les Apôtres ont tenu le “Concile de Jérusalem”, le premier de l’histoire, sous la mouvance de l’Esprit Saint qui nous enseigne, aujourd’hui encore, que toute tradition religieuse n’est utile que lorsqu’elle favorise la rencontre avec Jésus.

La décision du premier concile était fondée sur le principe de l’annonce et tout, dans l’Église, doit se conformer à ce principe. Ainsi, l’Esprit éclaire et oriente le chemin de l’Église. C’est pourquoi il est nécessaire de l’invoquer souvent et, plus encore, en ce début de Carême. Sans l’Esprit, l’Église se replie sur elle-même et la flamme de la mission s’éteint. Comme Église, partons et repartons du Saint-Esprit.


Catéchèse
– La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant
– 5. Le protagoniste de l’annonce : l’Esprit Saint

Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenus !

Dans notre itinéraire de catéchèse sur la passion d’évangéliser, aujourd’hui repartons des paroles de Jésus que nous avons entendues : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (Mt 28,19).

Allez, – dit le Ressuscité -, non pas pour endoctriner, non pas pour faire des prosélytes, mais pour faire des disciples, c’est-à-dire pour donner à chacun la possibilité d’entrer en contact avec Jésus, de le connaître et de l’aimer en toute liberté.

Allez et baptisez : baptiser signifie immerger et donc, avant d’indiquer une action liturgique, il exprime une action vitale : immerger sa vie dans le Père, dans le Fils, dans l’Esprit Saint ; expérimenter chaque jour la joie de la présence de Dieu qui nous est proche comme Père, comme Frère, comme Esprit qui agit en nous, dans notre propre esprit. Baptiser c’est s’immerger dans la Trinité.

Lorsque Jésus dit à ses disciples – et aussi à nous – « Allez ! », il ne communique pas seulement une parole. Non. Il communique ensemble l’Esprit Saint, car c’est seulement par Lui, l’Esprit Saint, que l’on peut recevoir la mission du Christ et la réaliser (cf. Jn 20, 21-22). Les Apôtres, en effet, restent enfermés dans le Cénacle, par peur, et jusqu’au jour de la Pentecôte où l’Esprit Saint descend sur eux (cf. Ac 2, 1-13).

Et à ce moment-là, la peur se dissipe et avec sa force, ces pêcheurs, pour la plupart sans instruction, vont changer le monde. « Mais s’ils ne savent pas parler… ». Mais c’est la parole de l’Esprit, la force de l’Esprit qui les entraîne pour changer le monde. L’annonce de l’Évangile ne se réalise donc que dans la force de l’Esprit, qui précède les missionnaires et prépare les cœurs : c’est Lui le “moteur de l’évangélisation”.

Nous le découvrons dans les Actes des Apôtres, où, à chaque page, nous constatons que le protagoniste de l’annonce n’est ni Pierre, ni Paul, ni Étienne, ni Philippe, mais c’est l’Esprit Saint. Toujours dans les Actes, on raconte un moment décisif des débuts de l’Église, qui peut aussi nous en dire long.

À l’époque, comme aujourd’hui, ensemble avec les consolations les tribulations ne manquaient pas, – des moments heureux et des moments moins heureux – les joies s’accompagnaient de soucis, les deux choses ensemble. Une d’elles en particulier était par exemple comment se comporter avec les païens qui venaient à la foi, avec ceux qui n’appartenaient pas au peuple juif.

Étaient-ils, oui ou non, tenus d’observer les prescriptions de la loi de Moïse ? Ce n’était pas une mince affaire pour ces gens. Deux groupes se forment ainsi, entre ceux qui considéraient l’observance de la Loi comme indispensable et les autres non. Pour discerner, les Apôtres se réunissent, dans ce qu’on appellera le « Concile de Jérusalem », le premier de l’histoire.

Comment résoudre le dilemme ? On aurait pu chercher un bon compromis entre tradition et innovation : certaines règles doivent être respectées, et d’autres laissées de côté. Pourtant, les Apôtres ne suivent pas cette sagesse humaine à la recherche d’un équilibre diplomatique entre l’un et l’autre, ils ne le font pas, mais s’adaptent à l’œuvre de l’Esprit, qui les avait devancés, en descendant sur les païens comme sur eux.

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Et donc, en supprimant presque toutes les obligations liées à la Loi, ils communiquent les décisions finales, prises – et ils écrivent ainsi : – « par l’Esprit Saint et nous-mêmes » (cf. Ac 15,28) voilà ce qui est décidé, le Saint-Esprit avec nous, c’est ainsi qu’agissent toujours les Apôtres. Ensemble, sans se diviser, même s’ils avaient des sensibilités et des opinions différentes, ils se mettent à l’écoute de l’Esprit.

Et Il enseigne une chose, valable aussi aujourd’hui : toute tradition religieuse est utile si elle favorise la rencontre avec Jésus, toute tradition religieuse est utile si elle favorise la rencontre avec Jésus.

Nous pourrions dire que la décision historique du premier Concile, dont nous bénéficions également, fut motivée par un principe, le principe de l’annonce : dans l’Église, tout doit être conforme aux exigences de l’annonce de l’Évangile ; non pas aux opinions des conservateurs ou des progressistes, mais au fait que Jésus puisse entrer dans la vie des gens.

Par conséquent, tout choix, tout usage, toute structure et toute tradition doivent être évalués selon le critère où ils favorisent l’annonce du Christ. Quand on trouve des décisions dans l’Église, par exemple des divisions idéologiques :  » Je suis conservateur parce que… je suis progressiste parce que… « .

Mais où est l’Esprit Saint ? Faites attention l’Évangile n’est pas une idée, l’Évangile n’est pas une idéologie : l’Évangile est une annonce qui touche le cœur et qui te fait changer de cœur, mais si tu te réfugies dans une idée, dans une idéologie qu’elle soit de droite ou de gauche ou du centre, tu es en train de faire de l’Évangile un parti politique, une idéologie, un club de personnes.

L’Évangile te donne toujours cette liberté de l’Esprit qui agit en toi et te fait avancer. Et combien est-il nécessaire aujourd’hui de retrouver la liberté de l’Évangile et de nous laisser conduire par l’Esprit.

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Ainsi l’Esprit éclaire le chemin de l’Église, toujours. En effet, Il n’est pas seulement la lumière des cœurs, Il est la lumière qui oriente l’Église : Il fait la clarté, aide à distinguer, aide à discerner. C’est pourquoi il est nécessaire de L’invoquer souvent ; faisons-le plus encore aujourd’hui, au début du Carême.

Car comme Église, nous pouvons avoir des temps et des espaces bien définis, des communautés, des instituts et des mouvements bien organisés, mais sans l’Esprit, tout reste sans âme. L’organisation ne suffit pas : c’est l’Esprit qui donne vie à l’Église.

L’Église, si elle ne Le prie pas et ne l’invoque pas, se replie sur elle-même, dans des débats stériles et épuisants, dans des polarisations lassantes, tandis que la flamme de la mission s’éteint. C’est bien triste de voir l’Église comme si elle était un parlement ; non, l’Église est autre chose.

L’Église est la communauté d’hommes et de femmes qui croient et annoncent Jésus-Christ, mais mus par l’Esprit Saint, et non par leurs propres raisons. Oui, on utilise sa raison mais l’Esprit vient l’éclairer et la mouvoir. L’Esprit, nous fait sortir, nous pousse à proclamer la foi pour nous confirmer dans la foi, nous pousse à partir en mission pour retrouver qui nous sommes.

C’est pourquoi l’apôtre Paul recommande ceci : « N’éteignez pas l’Esprit » (1 Th 5,19). N’éteignez pas l’Esprit. Prions souvent l’Esprit, invoquons-le, demandons-lui chaque jour d’allumer en nous sa lumière. Faisons-le avant chaque rencontre, pour devenir des apôtres de Jésus auprès des personnes que nous rencontrons. Ne pas éteindre l’Esprit dans les communautés chrétiennes et aussi en chacun de nous.

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Chers frères et sœurs, comme Église, partons et repartons de l’Esprit Saint. « Il est sans doute important que, dans notre planification pastorale, nous partions des enquêtes sociologiques, des analyses, de la liste des difficultés, de la liste des attentes et des réclamations. Cependant, il est bien plus important de partir des expériences de l’Esprit : c’est là le vrai point de départ.

Et il faut donc les rechercher, les répertorier, les étudier, les interpréter. C’est un principe fondamental qui, dans la vie spirituelle, s’appelle la primauté de la consolation sur la désolation. D’abord il y a l’Esprit qui console, ranime, éclaire, meut ; ensuite il y aura aussi la désolation, la souffrance, les ténèbres, mais le principe pour s’ajuster dans les ténèbres est la lumière de l’Esprit » (C.M. MARTINI, Evangéliser dans la consolation de l’Esprit, 25 septembre 1997).

C’est le principe pour nous réguler dans les choses que nous ne comprenons pas, dans les confusions, même dans les plus sombres, c’est important. Demandons-nous si nous nous ouvrons à cette lumière, si nous lui donnons de l’espace : est-ce que j’invoque l’Esprit ? Que chacun réponde en son for intérieur.

Combien d’entre nous prient l’Esprit ? « Non, Père, je prie la Vierge, je prie les Saints, je prie Jésus, mais parfois, je prie le Notre Père, je prie le Père » – « Et l’Esprit ? Tu ne pries pas l’Esprit, qui est celui qui fait mouvoir ton cœur, qui t’apporte la consolation, qui t’apporte le désir d’évangéliser et de faire la mission ? ».

Je vous laisse avec cette question : est-ce que je prie l’Esprit Saint ? Est-ce que je me laisse guider par Lui, qui m’invite à ne pas me replier sur moi-même mais à porter Jésus, à témoigner de la primauté de la consolation de Dieu sur la désolation du monde ? Que la Vierge, qui a bien compris cela, nous le fasse comprendre.


Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier les pèlerins de Paris et de Belgique.

Frères et sœurs, en ce début de Carême, demandons au Saint-Esprit de nous inspirer les voies et les moyens pour être des témoins de la consolation de Dieu et des acteurs dévoués de la réconciliation entre nos frères et sœurs, afin de favoriser paix dans notre société.

Que Dieu vous bénisse !

APPELS

Chers frères et sœurs,

après-demain, 24 février, cela fera un an depuis l’invasion de l’Ukraine, depuis le début de cette guerre absurde et cruelle. Un triste anniversaire ! Le bilan des morts, des blessés, des réfugiés et des personnes déplacées, des destructions, des dommages économiques et sociaux est éloquent.

Le Seigneur peut-il pardonner tant de crimes et tant de violence ? Il est le Dieu de la paix. Restons proches du peuple ukrainien meurtri, qui continue à souffrir. Et posons-nous la question : a-t-on fait tout ce qui était possible pour arrêter la guerre ?

J’en appelle à ceux qui ont autorité sur les nations pour qu’ils s’engagent concrètement à mettre fin au conflit, à obtenir un cessez-le-feu et à entamer des négociations de paix. Sur des décombres on ne construira jamais une vraie victoire !

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés. Le Carême commence aujourd’hui, temps privilégié de conversion et de pénitence pour notre esprit. Je voudrais vous demander à tous d’intensifier vos prières, votre méditation sur la parole de Dieu et le service de vos frères pendant cette période.


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