Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

catéchèse sur le discernement – consolation authentique

catéchèse sur le discernement – consolation authentique

L’Audience générale du mercredi 30 novembre a eu lieu à 9h00 sur la place Saint-Pierre, où le Saint-Père a rencontré des groupes de pèlerins et de fidèles d’Italie et du monde entier. Dans le discours en italien, le Pape, reprenant le cycle de catéchèse sur le Discernement, a centré sa méditation sur le thème : « Consolation authentique » (Lecture : Ph 1, 9-11).

Après avoir résumé sa catéchèse en plusieurs langues, le Saint-Père a adressé des expressions particulières de salutation aux fidèles présents. L’Audience générale s’est terminée par la récitation du Pater Noster et de la Bénédiction apostolique.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 1 décembre 2022

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Résumé de l’audience

Frères et sœurs, dans notre réflexion sur le discernement, particulièrement sur l’expérience spirituelle appelée «consolation», comment peut-on reconnaître la consolation authentique? Les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola nous donnent quelques critères portant sur le principe, le moyen et la fin de toute prière.

Le principe d’une pensée est orienté vers le bien lorsque celle-ci débouche sur des gestes de générosité, de charité. La prière n’est pas une fuite des responsabilités, mais une aide à réaliser le bien que nous devons faire, ici et maintenant. Le moyen et la fin d’une pensée peuvent être détournés par l’esprit mauvais.

Le style de l’ennemi est de se présenter de manière sournoise et masquée. Le patient et indispensable examen de l’origine et de la vérité de nos pensées est important, car il nous permet d’apprendre des expériences de ce qui nous arrive, pour ne pas répéter les mêmes erreurs.

D’où l’importance de l’examen de conscience quotidien. La consolation authentique est une confirmation du fait que nous faisons ce que Dieu attend de nous dans notre marche sur les routes de la vie, dans la joie et dans la paix.

AUDIENCE GÉNÉRALE

Chers frères et sœurs, bonjour !

Poursuivant notre réflexion sur le discernement, et en particulier sur l’expérience spirituelle appelée «consolation», dont nous avons parlé l’autre mercredi, nous nous demandons : comment reconnaître la vraie consolation ? C’est une question très importante pour un bon discernement, afin de ne pas se tromper dans la recherche de notre vrai bien.

On peut trouver quelques critères dans un passage des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. « Si dans les pensées tout est bon – dit saint Ignace – le début, le milieu et la fin, et si tout est orienté vers le bien, c’est un signe du bon ange. D’autre part, il se peut qu’au cours des pensées quelque chose de mauvais ou de distrayant ou de moins bon que ce que l’âme s’était proposé de faire auparavant, ou quelque chose qui affaiblit l’âme, la rende agitée, la mette dans l’agitation et lui enlève la paix, cela lui enlève la tranquillité et le calme qu’elle avait auparavant: c’est donc un signe clair que ces pensées viennent d’un esprit mauvais » (n. 333).

Parce que c’est vrai : il y a une vraie consolation, mais il y a aussi des consolations qui ne sont pas vraies. Et pour cela, nous devons bien comprendre le chemin de la consolation : comment va-t-il et où me mène-t-il ? Si ça m’amène à quelque chose qui ne va pas, qui n’est pas bon, la consolation n’est pas réelle, c’est « faux », disons-le.

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Et ce sont là de précieuses indications, qui méritent un bref commentaire. Que signifie que le principe est orienté vers le bien, comme dit saint Ignace d’une bonne consolation ? Par exemple, j’ai la pensée de prier, et je constate qu’elle s’accompagne d’affection envers le Seigneur et le prochain, elle invite à faire des gestes de générosité, de charité : c’est un bon principe.

Au lieu de cela, il peut arriver que cette pensée surgisse pour éviter un travail ou une mission qui m’a été confiée : chaque fois que je dois laver la vaisselle ou nettoyer la maison, j’ai un grand désir de commencer à prier ! Cela se passe dans les couvents. Mais la prière n’est pas une évasion de ses devoirs, au contraire c’est une aide pour réaliser le bien que nous sommes appelés à faire, ici et maintenant. C’est à propos du principe.

Ensuite, il y a les moyens : saint Ignace a dit que le début, le milieu et la fin doivent être bons. Le principe est le suivant : je veux prier pour ne pas laver la vaisselle : allez, faites la vaisselle et ensuite allez prier.

Ensuite, il y a le milieu, c’est-à-dire ce qui vient après, ce qui suit cette pensée. Pour en rester à l’exemple précédent, si je commence à prier et, comme le fait le pharisien dans la parabole (cf. Lc 18, 9-14), j’ai tendance à être content de moi et à mépriser les autres, peut-être avec un cœur rancunier et acide, alors ce sont des signes que l’esprit maléfique a utilisé cette pensée comme une clé d’accès pour entrer dans mon cœur et me transmettre ses sentiments.

Si je vais prier et que les paroles du célèbre pharisien me viennent à l’esprit – « Je te remercie, Seigneur, parce que je prie, je ne suis pas comme les autres qui ne te cherchent pas, qui ne prie pas » – là, cette prière finit mal . Cette consolation de la prière, c’est de se sentir comme un paon devant Dieu, et c’est le moyen qui ne marche pas.

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Et puis il y a la fin : le début, le milieu et la fin. La fin est un aspect que nous avons déjà rencontré, à savoir : où me mène une pensée ? Par exemple, où l’idée de prier me mène. Par exemple, ici il peut arriver que je travaille dur pour un travail beau et digne, mais cela me pousse à ne plus prier, car je suis occupé par tellement de choses, je me trouve de plus en plus agressif et vicieux, je crois que tout dépend sur moi, au point de perdre la foi en Dieu.

Voici évidemment l’action de l’esprit malin. Je commence à prier, puis dans la prière je me sens tout-puissant, que tout doit être entre mes mains car je suis le seul à savoir faire avancer les choses : évidemment il n’y a pas de bon esprit là.

Nous devons examiner attentivement le chemin de nos sentiments et le chemin des bons sentiments, de la consolation, quand je veux faire quelque chose. Comment est le début, comment est le milieu et comment est la fin.

Le style de l’ennemi – quand on parle de l’ennemi, on parle du diable, parce que le diable existe, il existe ! – son style, on le sait, est de se présenter de manière subtile, déguisée : il part de ce qui nous est le plus cher puis nous attire à lui, petit à petit : le mal entre en cachette, sans qu’on s’en aperçoive. Et avec le temps la douceur devient dureté : cette pensée se révèle telle qu’elle est réellement.

D’où l’importance de cet examen patient mais indispensable de l’origine et de la vérité de sa pensée ; c’est une invitation à apprendre des expériences, de ce qui nous arrive, pour ne plus répéter les mêmes erreurs. Plus nous nous connaissons, plus nous percevons par où entre le mauvais esprit, ses « mots de passe », les portes d’entrée de notre cœur, qui sont les points sur lesquels nous sommes le plus sensibles, afin d’y prêter attention pour l’avenir .

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D’où l’importance de cet examen patient mais indispensable de l’origine et de la vérité de la pensée ; c’est une invitation à apprendre des expériences, de ce qui nous arrive, pour ne plus répéter les mêmes erreurs. Plus nous nous connaissons, plus nous percevons par où entre le mauvais esprit, ses « mots de passe », les portes d’entrée de notre cœur, qui sont les points sur lesquels nous sommes le plus sensibles, afin d’y prêter attention pour l’avenir .

Chacun de nous a les points les plus sensibles, les points les plus faibles de sa personnalité : et c’est de là que le mauvais esprit entre et nous entraîne sur le mauvais chemin, ou nous éloigne du vrai bon chemin. Je vais prier mais cela m’éloigne de la prière.

Les exemples pourraient être multipliés à volonté, reflétant notre époque. C’est pourquoi l’examen de conscience quotidien est si important : avant de terminer la journée, arrêtez-vous un moment. Qu’est-il arrivé? Pas dans les journaux, pas dans la vie : que s’est-il passé dans mon cœur ? Mon cœur a-t-il prêté attention ? Il a grandi ? Était-ce une route qui passait tout, à mon insu ? Que s’est-il passé dans mon cœur ?

Et cet examen est important, c’est l’effort précieux de relire l’expérience d’un point de vue particulier. Réaliser ce qui se passe est important, c’est un signe que la grâce de Dieu travaille en nous, nous aidant à grandir dans la liberté et la conscience. Nous ne sommes pas seuls : c’est le Saint-Esprit qui est avec nous. Voyons comment les choses se sont passées.

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La consolation authentique est une sorte de confirmation du fait que nous faisons ce que Dieu veut de nous, que nous marchons sur ses chemins, c’est-à-dire sur les chemins de la vie, de la joie, de la paix.

Le discernement, en effet, ne se concentre pas simplement sur le bien ou sur le plus grand bien possible, mais sur ce qui est bon pour moi ici et maintenant : je suis appelé à grandir là-dessus, en mettant des limites à d’autres propositions séduisantes mais irréelles, pour ne pas être trompé dans la recherche du vrai bien.

Frères et sœurs, nous devons comprendre, avancer dans la compréhension de ce qui se passe dans mon cœur. Et pour cela, nous avons besoin d’un examen de conscience, pour voir ce qui s’est passé aujourd’hui. «Aujourd’hui je me suis fâché là, je n’ai pas fait ça… » : mais pourquoi ? Aller au-delà du pourquoi, c’est chercher la racine de ces erreurs.

« Mais, aujourd’hui, j’étais heureux mais j’étais ennuyeux parce que je devais aider ces gens, mais à la fin je me sentais rempli, rempli pour cette aide »: et il y a le Saint-Esprit. Apprenez à lire dans le livre de notre cœur ce qui s’est passé pendant la journée. Faites-le, juste deux minutes, mais ça vous fera du bien, je vous assure.

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Je salue cordialement les pèlerins de langue française. Frères et sœurs, nous sommes entrés dans le temps de l’Avent pleins d’espérance et nous implorons le Prince de la Paix avec ferveur afin qu’il apporte à nos cœurs blessés, ainsi qu’aux nations meurtries par les guerres et les crises de tout genre, la consolation authentique, pour une vie digne et sereine.

Aujourd’hui 30 novembre, nous célébrons la fête de l’Apôtre Saint André, frère de Simon Pierre, Patron de l’Église qui est à Constantinople, où une Délégation du Saint-Siège s’est rendue comme d’habitude. Je souhaite exprimer mon affection particulière à mon cher frère le patriarche Bartholomée Ier et à toute l’Église de Constantinople.

Que l’intercession des saints frères apôtres Pierre et André accorde bientôt à l’Église de jouir pleinement de son unité et de la paix dans le monde entier, particulièrement en ce moment dans la chère et martyre Ukraine, toujours dans nos cœurs et dans nos prières.

Que Dieu vous bénisse!


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Texte traduit et présenté par l’Association de  la Médaille Miraculeuse

Angélus de l’Avent: réveillons-nous!

Angélus de l’Avent: réveillons-nous!

Le Pape François, lors de ce premier dimanche de l’Avent qui commence le temps de Noël, a exhorté les fidèles à sortir de leur torpeur et à se réveiller pour reconnaître et accueillir le Seigneur qui se cache dans les situations les plus communes et ordinaires de notre vie.

LE PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
dimanche 27 novembre 2022

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Chers frères et sœurs, bonjour, bon dimanche !

Dans l’Evangile de la liturgie d’aujourd’hui, nous entendons une belle promesse qui nous introduit au temps de l’Avent : « Ton Seigneur viendra » (Mt 24, 42). C’est le fondement de notre espérance, c’est ce qui nous soutient même dans les moments les plus difficiles et douloureux de notre vie : Dieu vient, Dieu est proche et Il vient. N’oublions jamais ça !

Le Seigneur vient toujours, le Seigneur nous visite, le Seigneur s’approche et reviendra à la fin des temps pour nous accueillir dans son étreinte. Avant cette parole, nous nous demandons : comment le Seigneur vient-il ? Et comment le reconnaître et l’accueillir ? Arrêtons-nous brièvement sur ces deux questions.

La première question : comment le Seigneur vient-il ? Nous avons souvent entendu dire que le Seigneur est présent dans notre cheminement, qu’il nous accompagne et nous parle. Mais peut-être, distraits que nous sommes par tant de choses, cette vérité ne nous reste-t-elle que théorique ; oui, nous savons que le Seigneur vient mais nous ne vivons pas cette vérité ou nous imaginons que le Seigneur vient de façon éclatante, peut-être par quelque signe prodigieux.

Et au lieu de cela, Jésus dit que cela se passera « comme aux jours de Noé » (cf. v. 37). Et que faisaient-ils à l’époque de Noé ? Simplement les choses normales et quotidiennes de la vie, comme toujours : « ils ont mangé et bu, se sont mariés et ont été donnés en mariage » (v. 38). Prenons ceci en compte : Dieu est caché dans nos vies, Il est toujours là, Il est caché dans les situations les plus courantes et les plus ordinaires de nos vies.

Cela ne vient pas dans des événements extraordinaires, mais dans les choses de tous les jours, cela se manifeste dans les choses de tous les jours. Il est là, dans notre travail quotidien, dans une rencontre fortuite, face à une personne dans le besoin, même lorsque nous affrontons des journées qui paraissent grises et monotones, le Seigneur est là, qui nous appelle, nous parle et inspire notre Actions.

Cependant, il y a une deuxième question : comment reconnaître et accueillir le Seigneur ? Nous devons être éveillés, attentifs, vigilants. Jésus nous avertit : il y a le danger de ne pas s’apercevoir de sa venue et de ne pas être préparé à sa visite. J’ai rappelé d’autres fois ce que disait saint Augustin : « Je crains le Seigneur qui passe » (Serm. 88,14.13), c’est-à-dire que je crains qu’il passe et je ne le reconnais pas !

En fait, de ces gens du temps de Noé, Jésus dit qu’ils mangèrent et burent « et ne savaient rien jusqu’à ce que le déluge vint et les emporta tous » (v. 39). Faisons attention à ceci : ils n’ont rien remarqué ! Ils étaient occupés avec leurs affaires et ne se rendaient pas compte que le déluge était sur le point de venir.

En effet, Jésus dit qu’à sa venue, « deux hommes seront dans les champs : l’un sera enlevé et l’autre laissé » (v. 40). Que veut-il dire? Quelle est la différence? Simplement qu’on était vigilant, attendu, capable de percevoir la présence de Dieu dans la vie quotidienne ; l’autre, au contraire, était distrait, il « passait » et ne remarquait rien.

Frères et sœurs, en ce temps de l’Avent, laissons-nous secouer notre torpeur et nous réveiller du sommeil ! Essayons de nous demander : suis-je conscient de ce que je vis, suis-je attentif, suis-je éveillé ? Est-ce que j’essaie de reconnaître la présence de Dieu dans les situations quotidiennes, ou suis-je distrait et un peu dépassé par les choses ?

Si nous ne remarquons pas sa venue aujourd’hui, nous ne serons pas non plus préparés lorsqu’il viendra à la fin des temps. Alors, frères et sœurs, restons vigilants ! Attendre que le Seigneur vienne, attendre que le Seigneur nous rapproche, parce qu’il est là, mais attendre attentivement.

Et la Sainte Vierge, Femme d’attente, qui a su saisir le passage de Dieu dans la vie humble et cachée de Nazareth et l’a accueilli en son sein, aide-nous dans ce cheminement d’attention à attendre le Seigneur qui est parmi nous et à passer .

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Après l’angélus

Chers frères et sœurs !

Je suis avec inquiétude la recrudescence de la violence et des affrontements qui se produisent depuis des mois dans l’État de Palestine et dans celui d’Israël. Mercredi dernier, deux lâches attentats à Jérusalem ont blessé de nombreuses personnes et tué un garçon israélien ; et le même jour, lors des affrontements armés à Naplouse, un garçon palestinien est mort.

La violence tue l’avenir, brise la vie des plus jeunes et affaiblit les espoirs de paix. Nous prions pour ces jeunes morts et pour leurs familles, en particulier leurs mères. J’espère que les autorités israéliennes et palestiniennes s’intéresseront davantage à la recherche du dialogue, à l’établissement d’une confiance mutuelle, sans laquelle il n’y aura jamais de solution pacifique en Terre Sainte.

Je suis proche de la population de l’île d’Ischia, frappée par une inondation. Je prie pour les victimes, pour ceux qui souffrent et pour tous ceux qui sont venus à la rescousse.

Et je me souviens aussi de Burkhard Scheffler, mort il y a trois jours ici sous la colonnade de la place Saint-Pierre : il est mort de froid.

Je vous salue tous avec affection, venant d’Italie et de divers pays, en particulier les pèlerins de Varsovie et de Grenade, les représentants de la communauté roumaine et ceux de la communauté du Timor oriental présents à Rome, ainsi que les Équatoriens qui célèbrent la Fête de Notre-Dame d’El Quinche.

Je salue les participants à la marche qui a eu lieu ce matin pour dénoncer les violences sexuelles faites aux femmes, malheureusement une réalité générale et répandue partout et également utilisée comme arme de guerre. Ne nous lassons pas de dire non à la guerre, non à la violence, oui au dialogue, oui à la paix ; surtout pour le peuple ukrainien battu. Hier, nous avons rappelé la tragédie de l’Holodomor.

J’adresse mes salutations au secrétariat du FIAC (Forum International de l’Action Catholique), réuni à Rome à l’occasion de la VIIIe Assemblée.

Et je souhaite à tous un bon dimanche et un bon voyage de l’Avent. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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Textes présentés par l’Association de la Médaille Miraculeuse

La consolation spirituelle

La consolation spirituelle, un don de l’Esprit pour la vie

A l’audience générale de ce mercredi 23 novembre, le Pape François a continué son cycle de catéchèse sur le discernement en parlant cette fois-ci de la consolation spirituelle. Il s’agit d’un don de l’Esprit, important pour le discernement et essentiel à la vie spirituelle, mais qui ne doit pas être pris pour acquis.

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 23 novembre 2022

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Catéchèse sur le discernement – 9. La consolation

Résumé

Chers frères et sœurs,

après avoir traité de la désolation, nous parlons aujourd’hui de la consolation qui est un autre élément important pour le discernement. La consolation spirituelle est une expérience profonde de joie intérieure qui permet de voir la présence de Dieu en toute chose. Elle est un grand don pour la vie spirituelle et pour la vie dans son ensemble.

La consolation est aussi un mouvement intime qui nous touche au plus profond de nous-mêmes. Ce n’est pas quelque chose qui essaie de forcer notre volonté, ni une euphorie passagère. Elle est liée avant tout avec l’espérance, tournée vers l’avenir. La consolation spirituelle n’est pas programmable à volonté. Elle est un don de l’Esprit Saint permettant une familiarité avec Dieu.

Il y a cependant de fausses consolations qui poussent à se replier sur soi et à ne pas prendre soin des autres. La fausse consolation finit par nous laisser vides et loin du centre de notre existence. C’est pourquoi il faut faire preuve de discernement, même lorsque nous nous sentons consolés.

La fausse consolation peut devenir un danger si nous la recherchons comme une fin en soi, de manière obsessionnelle, en oubliant le Seigneur, c’est-à-dire en recherchant les consolations de Dieu et non le Dieu des consolations qui est le don le plus beau.

Audience

Chers frères et sœurs, bonjour !

Continuons les catéchèses sur le discernement de l’esprit : comment discerner ce qui se passe dans notre cœur, dans notre âme. Et après avoir considéré certains aspects de la désolation – cette obscurité de l’âme – parlons aujourd’hui de la consolation, qui serait la lumière de l’âme, et qui est un autre élément important pour le discernement, et à ne pas prendre pour acquis, car il peut prêter à des malentendus.

Reconnaître la vraie consolation

Nous devons comprendre ce qu’est la consolation, tout comme nous avons essayé de bien comprendre ce qu’est la désolation. Qu’est-ce que la consolation spirituelle ? C’est une expérience de joie intérieure, qui permet de voir la présence de Dieu en toutes choses ; elle renforce la foi et l’espérance, ainsi que la capacité de faire le bien.

La personne qui expérimente la consolation n’abandonne pas face aux difficultés, car elle expérimente une paix plus forte que l’épreuve. C’est donc un grand don pour la vie spirituelle et pour la vie dans son ensemble. Vivez cette joie intérieure.

La consolation est un mouvement intime qui touche au plus profond de nous-mêmes. Ce n’est pas clinquant mais c’est doux, délicat, comme une goutte d’eau sur une éponge (cf. saint Ignace de Loyola, Exercices spirituels, 335) : la personne se sent enveloppée dans la présence de Dieu, d’une manière toujours respectueux de sa propre liberté.

Ce n’est jamais quelque chose de désaccordé qui tente de forcer notre volonté, ce n’est même pas une euphorie passagère : au contraire, comme nous l’avons vu, même la douleur – par exemple pour ses péchés – peut devenir un motif de consolation.

Des témoins de la consolation

Pensons à l’expérience vécue par saint Augustin lorsqu’il parla avec sa mère Monique de la beauté de la vie éternelle ; ou à la joie parfaite de saint François –associée d’ailleurs à des situations très dures à supporter-; et pensons aux nombreux saints qui ont pu faire de grandes choses, non parce qu’ils se sont crus bons et capables, mais parce qu’ils ont été conquis par la douceur apaisante de l’amour de Dieu.

C’est la paix que saint Ignace a constatée en lui-même avec étonnement quand il lisait la liste des saints. Se consoler, c’est être en paix avec Dieu, sentir que tout est réglé dans la paix, tout est harmonieux en nous.

C’est la paix qu’Édith Stein ressent après sa conversion ; un an après avoir reçu le Baptême, elle écrit : «Alors que je m’abandonne à ce sentiment, peu à peu une nouvelle vie commence à m’emplir et – sans aucune tension de ma volonté – à me pousser vers de nouvelles réalisations. Cet influx vital semble jaillir d’une activité et d’une force qui ne sont pas les miennes et qui, sans me faire violence, s’activent en moi» (Psychologie et sciences de l’esprit, Città Nuova, 1996, 116). C’est-à-dire qu’une paix authentique est une paix qui fait germer en nous de bons sentiments.

La consolation concerne avant tout l’espérance, elle tend vers l’avenir, elle met en route, elle permet de prendre jusqu’à présent des initiatives toujours repoussées, voire même pas imaginées, comme le Baptême d’Édith Stein.

La consolation est une telle paix mais il ne faut pas rester assis là à en profiter, non, cela vous donne la paix et vous attire vers le Seigneur et vous met sur la route pour faire des choses, pour faire de bonnes choses. Dans les moments de consolation, quand on est consolé, on éprouve le désir de faire tant de bien, toujours. Au lieu de cela, lorsqu’il y a un moment de désolation, nous ressentons le désir de nous replier sur nous-mêmes et de ne rien faire.

La consolation vous pousse en avant, au service des autres, de la société, des gens. La consolation spirituelle ne peut pas être « pilotée » – vous ne pouvez pas dire maintenant que la consolation vient, non, elle ne peut pas être pilotée – elle n’est pas programmable à volonté, c’est un don du Saint-Esprit : elle permet une familiarité avec Dieu qui semble annuler les distances.

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, visitant la basilique de Sainte Croix à Jérusalem à Rome à l’âge de quatorze ans, essaie de toucher le clou qui y est vénéré, un de ceux avec lesquels Jésus a été crucifié. Thérèse ressent cette audace comme un transport de d’amour et de confiance.

Et puis elle écrit : « J’ai vraiment été trop audacieuse. Mais le Seigneur voit le fond des cœurs, il sait que mon intention était pure […]. J’ai agi avec lui comme une enfant qui croit que tout est permis et considère les trésors du Père comme les siens» (Manuscrit autobiographique, 183).

La consolation est spontanée, elle vous amène à tout faire spontanément, comme si nous étions des enfants. Les enfants sont spontanés, et la consolation vous amène à être spontané avec une douceur, avec une très grande paix.

Une jeune fille de quatorze ans nous donne une splendide description de la consolation spirituelle : on perçoit un sentiment de tendresse envers Dieu, qui rend audacieux le désir de participer à sa propre vie, de faire ce qui lui plaît, de sorte que l’on se sente familier avec lui, nous sentons que sa maison est notre maison, nous nous sentons accueillis, aimés, rafraîchis.

Avec cette consolation on ne baisse pas les bras face aux difficultés : en effet, avec la même audace, Thérèse demandera au Pape l’autorisation d’entrer au Carmel, bien que trop jeune, et elle sera accordée. Qu’est-ce que ça veut dire? Cela veut dire que la consolation nous rend audacieux : quand nous sommes dans des temps de ténèbres, de désolation, et que nous pensons : « Je ne suis pas capable de faire cela ».

La désolation vous renverse, vous fait tout voir en noir : « Non, je ne peux pas le faire, je ne le ferai pas ». Au lieu de cela, dans les moments de consolation, vous voyez les mêmes choses différemment et dites : « Non, j’y vais, je le fais ». « Mais tu es sûr ? « Je sens la force de Dieu et j’avance ». Et ainsi la consolation vous pousse à aller de l’avant et à faire des choses dont vous ne seriez pas capable en des temps de désolation ; vous pousse à faire le premier pas. C’est la beauté de la consolation.

Se méfier de fausses consolations

Mais soyons prudents. Il faut bien distinguer la consolation qui vient de Dieu, des fausses consolations. Il se passe quelque chose de semblable dans la vie spirituelle à ce qui se passe dans les productions humaines : il y a les originaux et il y a les imitations.

Si la consolation authentique est comme une goutte sur une éponge, elle est douce et intime, ses imitations sont plus bruyantes et plus voyantes, elles sont de l’enthousiasme pur, elles sont des éclairs dans la casserole, sans substance, elles conduisent à se replier sur soi et à ne pas se soucier de d’autres.

La fausse consolation nous laisse finalement vides, loin du centre de notre existence. Pour cette raison, lorsque nous nous sentons heureux, en paix, nous sommes capables de tout. Mais ne confondez pas cette paix avec un enthousiasme passager, car l’enthousiasme est là aujourd’hui, puis il tombe et s’en va.

C’est pourquoi le discernement doit être fait, même quand on se sent consolé. Car la fausse consolation peut devenir un danger si nous la recherchons comme une fin en soi, de façon obsessionnelle, et en oubliant le Seigneur. Comme dirait saint Bernard, on cherche les consolations de Dieu et on ne cherche pas le Dieu des consolations.

Nous devons chercher le Seigneur et le Seigneur, par sa présence, nous console, nous fait avancer. Et ne cherchez pas Dieu qui nous apporte des consolations pour cela en bas : non, c’est mal, nous ne devons pas nous intéresser à cela. C’est la dynamique de l’enfant dont nous parlions la dernière fois, qui ne cherche ses parents que pour obtenir d’eux des choses, mais pas pour eux-mêmes : il se désintéresse.

« Papa, maman » Et les enfants savent faire ça, ils savent jouer et quand la famille est divisée, et ils ont cette habitude de regarder là et de regarder ici, ce n’est pas bien, ce n’est pas la consolation, c’est l’intérêt . Nous aussi nous risquons de vivre notre relation avec Dieu d’une manière enfantine, cherchant nos propres intérêts, essayant de réduire Dieu à un objet d’usage et de consommation, perdant le plus beau des dons qui est Lui-même.

Ainsi nous avançons dans notre vie, qui se déroule entre les consolations de Dieu et les désolations du péché du monde, mais en sachant distinguer quand c’est une consolation de Dieu, qui vous donne la paix au plus profond de votre âme, de quand c’est un enthousiasme passager qui n’est pas mauvais, mais ce n’est pas la consolation de Dieu.

SALUTATION

Je salue cordialement les personnes de langue française en particulier les pèlerins des diocèses de Troyes et de Lyon, l’Institut Stanislas de Saint-Raphaël et l’Institution Notre-Dame de Sannois. Frères et sœurs, apprenons à nous laisser guider au quotidien par les motions du Saint Esprit, ainsi nous pourront goûter à la douceur apaisante de l’amour de Dieu dans les difficultés de notre vie. Que Dieu vous bénisse !

Je voudrais adresser mes salutations aux joueurs, supporters et spectateurs qui suivent, depuis les différents continents, les championnats du monde de football qui se déroulent au Qatar. Puisse cet événement important être une occasion de rencontres et de concorde entre les nations, favorisant la fraternité et la paix entre les peuples.

APPEL

Ces dernières heures, l’île de Java, en Indonésie, a été frappée par un fort tremblement de terre. J’exprime ma proximité à cette chère population et je prie pour les morts et les blessés.

Dimanche dernier à Kalongo, en Ouganda, le Père Giuseppe Ambrosoli, missionnaire combonien, prêtre et médecin a été béatifié. Né dans le diocèse de Côme, il est mort en Ouganda en 1987 après avoir passé sa vie pour les malades, en qui il a vu le visage du Christ. Votre témoignage extraordinaire aide chacun de nous à être le signe d’une Église « en sortie ». Une salve d’applaudissements au nouveau Bienheureux !

Prions pour la paix dans le monde et pour la fin de tous les conflits, avec une pensée particulière pour les terribles souffrances de la chère et martyre Ukraine.

A cet égard, samedi prochain marquera l’anniversaire du terrible génocide de l’Holodomor, l’extermination par la faim en 1932-33 provoquée artificiellement par Staline en Ukraine. Prions pour les victimes de ce génocide et prions pour les nombreux Ukrainiens, enfants, femmes et personnes âgées, enfants, qui souffrent aujourd’hui du martyre de l’agression.

Journée mondiale de la pêche, célébrée avant-hier, pour promouvoir la durabilité de la pêche et de l’aquaculture, à travers le respect des droits des pêcheurs, qui, par leur travail, contribuent à la sécurité alimentaire, à la nutrition et à la réduction de la pauvreté dans le monde .

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Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux jeunes, aux malades, aux personnes âgées et aux jeunes mariés. Dimanche prochain marquera le début de l’Avent, la période liturgique qui précède et prépare la célébration du Saint Noël. Je souhaite à chacun de vous d’ouvrir son cœur au Seigneur – je vous recommande : ouvrez votre cœur au Seigneur – pour préparer le chemin à Celui qui vient combler toutes nos faiblesses humaines par la lumière de sa présence.

A vous tous ma bénédiction !


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Texte traduit et présenté par l’Association de  la Médaille Miraculeuse