Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Saint Joseph, exemple et modèle de notre vie chrétienne

Saint Joseph, exemple et modèle de notre vie chrétienne

La fête de ce jour nous invite à la méditation sur saint Joseph, père légal et putatif de Jésus Notre-Seigneur. En raison de sa fonction près du Verbe Incarné pendant son enfance et sa jeunesse, il fut aussi déclaré protecteur de l’Église, qui continue dans le temps et reflète dans l’histoire l’image et la mission du Christ.

Statue de Saint Joseph - Oraoire Saint Joseph Montréal
Statue de Saint Joseph – Oraoire Saint Joseph Montréal

Pour cette méditation, de prime abord la matière semble faire défaut: que savons-nous de saint Joseph, outre son nom et quelques rares épisodes de la période de l’enfance du Seigneur? L’Évangile ne rapporte de lui aucune parole.

Son langage, c’est le silence; c’est l’écoute de voix angéliques qui lui parlent pendant le sommeil; c’est l’obéissance prompte et généreuse qui lui est demandée; c’est le travail manuel sous ses formes les plus modestes et les plus rudes, celles qui valurent à Jésus le qualificatif de « fils du charpentier » (Mt 13, 55). Et rien d’autre: on dirait que sa vie n’est qu’une vie obscure, celle d’un simple artisan, dépourvu de tout signe de grandeur personnelle.

Cependant cette humble figure, si proche de Jésus et de Marie, si bien insérée dans leur vie, si profondément rattachée à la généalogie messianique qu’elle représente le rejeton terminal de la descendance promise à la maison de David (Mt 1, 20), cette figure, si on l’observe avec attention, se révèle riche d’aspects et de significations. L’Église dans son culte et les fidèles dans leur dévotion traduisent ces aspects multiples sous forme de litanies.

Et un célèbre et moderne sanctuaire érigé en l’honneur du Saint par l’initiative d’un simple religieux laïc, Frère André, de la Congrégation de Sainte-Croix de Montréal, au Canada, met ces titres en évidence dans une série de chapelles situées derrière le maître-autel, toutes dédiées à saint Joseph sous les vocables de protecteur de l’enfance, protecteur des époux, protecteur de la famille, protecteur des travailleurs, protecteur des vierges, protecteur des réfugiés, protecteur des mourants.

Si vous observez avec attention cette vie si modeste, vous la découvrirez plus grande, plus heureuse, plus audacieuse que ne le paraît à notre vue hâtive le profil ténu de sa figure biblique. L’Evangile définit saint Joseph comme « juste » (Mt 1, 19). On ne saurait louer de plus solides vertus ni des mérites plus élevés en un homme d’humble condition, qui n’a évidemment pas à accomplir d’actions éclatantes.

Un homme pauvre, honnête, laborieux, timide peut-être, mais qui a une insondable vie intérieure, d’où lui viennent des ordres et des encouragements uniques, et, pareillement, comme il sied aux âmes simples et limpides, la logique et la force de grandes décision, par exemple, celle de mettre sans délai à la disposition des desseins divins sa liberté, sa légitime vocation humaine, son bonheur conjugal.

De la famille il a accepté la condition, la responsabilité et le poids, mais en renonçant à l’amour naturel conjugal qui la constitue et l’alimente, en échange d’un amour virginal incomparable. Il a ainsi offert en sacrifice toute son existence aux exigences impondérables de la surprenante venue du Messie, auquel il imposera le nom à jamais béni de Jésus (Mt 1, 21).

il Le reconnaîtra comme le fruit de l’Esprit-Saint et, quant aux effets juridiques et domestiques seulement, comme son fils. S. Joseph est donc un homme engagé. Engagé — et combien! —: envers Marie, l’élue entre toutes les femmes de la terre et de l’histoire, son épouse non au sens physique, mais une épouse toujours virginale; envers Jésus, son enfant non au sens naturel, mais en vertu de sa descendance légale.

A lui le poids, les responsabilités, les risques, les soucis de la petite et singulière Sainte Famille. A lui le service, à lui le travail, à lui le sacrifice, dans la pénombre du tableau évangélique, où il nous plaît de le contempler et, maintenant que nous savons tout, de le proclamer heureux, bienheureux.

C’est cela, l’Évangile, dans lequel les valeurs de l’existence humaine assument une tout autre mesure que celle avec laquelle nous avons coutume de les apprécier: ici, ce qui est petit devient grand (souvenons-nous des effusions de Jésus, au chapitre XI de saint Matthieu: « Je vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux simples »).

Ici, ce qui est misérable devient digne de la condition sociale du Fils de Dieu fait fils de l’homme; ici, ce qui est le résultat élémentaire d’un travail artisanal rudimentaire et pénible sert à initier à l’œuvre humaine l’Auteur du cosmos et du monde (cf. Jn 1, 3; 5, 17) et à fournir d’humble pain la table de celui qui se définira lui-même « le pain de vie » (Jn 6, 48).

Iici ce que l’on a perdu par amour du Christ est retrouvé (cf. Mt 10, 39), et celui qui sacrifie pour Lui sa vie en ce monde la conserve pour la vie éternelle (cf. Jn 12, 25). Saint Joseph est le type évangélique que Jésus, après avoir quitté l’atelier de Nazareth pour entreprendre sa mission de prophète et de maître, annoncera comme programme pour la rédemption de l’humanité.

Saint Joseph est le modèle des humbles que le christianisme élève à de grands destins. Saint Joseph est la preuve que pour être bon et vrai disciple du Christ, il n’est pas nécessaire d’accomplir de grandes choses; qu’il suffit de vertus communes, humaines, simples, mais authentiques.

Et ici la méditation porte son regard de l’humble Saint au tableau de notre humaine condition personnelle, comme il advient d’habitude dans l’exercice de l’oraison mentale. Elle établit un rapprochement, une comparaison entre lui et nous: une comparaison dont nous n’avons assurément pas à nous glorifier, mais où nous pouvons puiser quelque bonne réflexion.

Nous serons portés à imiter saint Joseph suivant les possibilités de nos conditions respectives; nous serons entraînés à le suivre dans l’esprit et la pratique concrète des vertus que nous trouvons en lui si vigoureusement affirmées, de la pauvreté, spécialement, dont on parle tant aujourd’hui.

Et nous ne nous laisserons pas troubler par les difficultés qu’elle présente, dans un monde tourné vers la conquête de la richesse économique, comme si elle était la contradiction du progrès, comme si elle était paradoxale et irréelle dans notre société de consommation et de bien-être.

Mais, avec saint Joseph pauvre et laborieux, occupé comme nous à gagner quelque chose pour vivre, nous penserons que les biens économiques aussi sont dignes de notre intérêt de chrétiens, à condition de n’être pas considérés comme fin en soi, mais comme moyens de sustenter la vie orientée vers les biens supérieurs.

À condition de n’être pas l’objet d’un égoïsme avare, mais le stimulant et la source d’une charité prévoyante; à condition encore de n’être pas destinés à nous exonérer d’un travail personnel et à favoriser une facile et molle jouissance des prétendus plaisirs de la vie, mais d’être au contraire honnêtement et largement dispensés au profit de tous.

La pauvreté laborieuse et digne de ce saint évangélique nous est encore aujourd’hui un guide excellent pour retrouver dans notre monde moderne la trace des pas du Christ.

Elle est en même temps une maîtresse éloquente de bien-être décent qui, au sein d’une économie compliquée et vertigineuse, nous garde dans ce droit sentier, aussi loin de la poursuite ambitieuse de richesses tentatrices que de l’abus idéologique de la pauvreté comme force de haine sociale et de subversion systématique.

Saint Joseph est donc pour nous un exemple que nous chercherons à imiter; et, en tant que protecteur, nous l’invoquerons. C’est ce que l’Église, ces derniers temps, a coutume de faire, pour une réflexion théologique spontanée sur la coopération de l’action divine et de l’action humaine dans la grande économie de la Rédemption.

Car, bien que l’action divine se suffise, l’action humaine, pour impuissante qu’elle soit en elle-même (cf. Jn 15, 5), n’est jamais dispensée d’une humble mais conditionnelle et ennoblissante collaboration. Comme protecteur encore, l’Église l’invoque dans un profond et très actuel désir de faire reverdir son existence séculaire par des vertus véritablement évangéliques, telles qu’elles ont resplendi en saint Joseph.

Enfin l’Église le veut comme protecteur, dans la confiance inébranlable que celui à qui le Christ voulut confier sa fragile enfance humaine voudra continuer du ciel sa mission tutélaire de guide et de défenseur du Corps mystique du même Christ, toujours faible, toujours menacé, toujours dramatiquement en danger.

Et puis nous invoquerons saint Joseph pour le monde, sûrs que dans ce cœur maintenant comblé d’une sagesse et d’une puissance incommensurables réside encore et pour toujours une particulière et précieuse sympathie pour l’humanité entière. Ainsi soit-il.

SOLENNITÉ DE SAINT JOSEPH – HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE PAUL VI – mercredi 19 mars 1969

© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

lutter contre la corruption du monde

lutter contre la corruption du monde

Dans le récit biblique, Dieu a confié à Noé la tâche de sauver la Terre de la corruption et du déluge. A son image, chacun d’entre nous est aujourd’hui invité à prendre particulièrement soin de la vie sous toutes ses formes. «Le monde a besoin de jeunes forts qui vont de l’avant, et de la sagesse des personnes âgées», a dit le Pape François aujourd’hui 16 mars 2022, lors de son audience.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 16 mars 2022

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Résumé de la catéchèse :

Le récit biblique nous rapporte l’amertume du Seigneur devant la méchanceté de l’homme et la solution radicale qu’il avait choisie. Mais pour sauver la vie de la terre de la corruption et du déluge, Dieu confie la tâche au plus ancien de tous, le fidèle et « juste » Noé.

Jésus, lorsqu’il parle des « Jours de Noé », souligne l’insouciance de l’être humain qui se limite à jouir de la vie en en perdant le sens et la dignité, en vivant même dans la corruption comme si cela faisait partie de la normalité. Les biens du monde sont consommés sans se soucier de la qualité spirituelle de la vie, de la mortification ou du découragement dont beaucoup souffrent, ni du mal qui empoisonne la communauté.

C’est donc l’insouciance qui ouvre la porte à la corruption en amollissant nos défenses, en émoussant notre conscience et en nous rendant – même involontairement – complices.

Les personnes âgées, par leur particulière sensibilité aux attentions, aux pensées et aux marques d’affection peuvent témoigner aux jeunes générations de ce qui rend vraiment humain, et Noé est l’exemple de cette vieillesse régénérative : il ne se plaint pas, il ne récrimine pas, mais il prend soin de l’avenir de la génération qui est en danger.

En prenant soin de la vie, sous toutes ses formes, Noé accomplit le commandement de Dieu et répète le geste tendre et généreux de la création.

CATÉCHÈSE DU SAINT-PÈRE SUR LA VIEILLESSE

3. une ressource pour une jeunesse insouciante

Chers frères et sœurs, bonjour !

Le récit biblique – dans le langage symbolique de l’époque où il fut écrit – nous dit une chose impressionnante : Dieu fut à tel point affligé face à la méchanceté généralisée des hommes, devenue un style normal de vie, qu’il pensa avoir fait erreur en les créant et décida de les éliminer. Une solution radicale.

Il pourrait même avoir une tournure paradoxale de miséricorde. Plus d’humains, plus d’histoire, plus de jugement, plus de condamnation. Et de nombreuses victimes prédestinées de la corruption, de la violence et de l’injustice seraient épargnées pour toujours.

Ne nous arrive-t-il pas aussi à nous, – accablés par le sentiment d’impuissance face au mal ou démoralisés par les « prophètes de malheur »- de penser qu’il aurait mieux valu n’être pas né ? Devons-nous accorder du crédit à certaines théories récentes qui dénoncent l’espèce humaine comme un préjudice évolutif pour la vie sur notre planète ? Tout est négatif, non ?

En fait, nous sommes sous pression, exposés à des sollicitations opposées qui nous déconcertent. D’un côté, nous avons l’optimisme d’une jeunesse éternelle, enflammé par les extraordinaires progrès de la technique, qui nous dépeint un avenir rempli de machines plus efficaces et plus intelligentes que nous, qui soigneront nos maux et imagineront pour nous les meilleures solutions pour ne pas mourir- le monde des robots …

D’autre part, notre imagination semble toujours plus focalisée sur la représentation d’une catastrophe finale qui nous fera disparaître. Ce qui se passe avec une éventuelle guerre atomique. Le « jour d’après » – s’il y a encore des jours et des humains – l’on devra recommencer à zéro. Détruire tout pour repartir de zéro.

Je ne veux pas banaliser le thème du progrès, naturellement. Mais il semble que le symbole du déluge gagne du terrain dans notre inconscient. La pandémie actuelle, après tout, fait peser une hypothèque non négligeable sur notre représentation insouciante des choses qui comptent, pour la vie et son destin.

Dans le récit biblique, lorsqu’il s’agit de sauver de la corruption et du déluge la vie de la terre, Dieu confie la tâche à la fidélité du plus ancien de tous, le « juste » Noé. La vieillesse sauvera-t-elle le monde ? Je me demande… Dans quel sens ? Et comment la vieillesse va-t-elle sauver le monde ? Et quel est l’horizon ? La vie par-delà la mort ou seulement la survie jusqu’au déluge ?

Une parole de Jésus, évoquant « les jours de Noé », nous aide à approfondir le sens de la page biblique que nous venons d’entendre. Jésus, parlant des derniers temps, dit : « Comme cela s’est passé dans les jours de Noé, ainsi en sera-t-il dans les jours du Fils de l’homme (de Lui). On mangeait, on buvait, on prenait femme, on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche et où survint le déluge qui les fit tous périr. ». (Lc 17, 26-27).

En fait, manger et boire, prendre femme et mari, sont des choses très normales et ne semblent pas être des exemples de corruption. Où est la corruption ? Où était la corruption là-bas ? En réalité, Jésus souligne le fait que les êtres humains, lorsqu’ils se limitent à jouir de la vie, ils perdent jusqu’à la perception de la corruption, qui en avilit la dignité et en intoxique le sens.

Quand se perd la perception de la corruption, et que la corruption devient une chose normale : tout a son prix, tout ! On achète, on le voit, des opinions, des actes de justice … Ceci, dans le monde des affaires, dans le monde de nombreux métiers, est commun. Et ils vivent alors la corruption avec insouciance, comme si cela faisait partie de la normalité du bien-être humain.

Quand tu vas faire quelque chose et que c’est lent, que le processus de réalisation est un peu lent, combien de fois entend-on dire :  » Mais, si tu me donnes un pourboire, je vais accélérer ça « . Tant de fois.  » Donne-moi quelque chose et moi je fais avancer « . Nous le savons tous très bien. Le monde de la corruption semble faire partie de la normalité de l’être humain. Et c’est mauvais, hein ?

Ce matin, j’ai parlé avec un monsieur qui me disait de ce problème dans son terroir. Les biens de la vie sont consommés et savourés sans se soucier de la qualité spirituelle de la vie, sans se soucier de l’habitat de la maison commune. On exploite tout, sans se préoccuper de la mortification et du découragement dont beaucoup souffrent, ni du mal qui empoisonne la communauté.

Tant que la vie normale peut être remplie de « bien-être », nous ne voulons pas penser à ce qui la rend vide de justice et d’amour. « Mais, je me sens bien ! Pourquoi dois-je penser aux problèmes, aux guerres, à la misère humaine, à toute cette pauvreté, à tout ce mal ? Non, je vais bien. Je ne me soucie pas des autres. C’est la pensée inconsciente qui nous conduit à vivre dans un état de corruption.

La corruption peut-elle devenir la normalité, je me le demande ? Frères et sœurs, malheureusement oui. On peut respirer l’air de la corruption comme on respire l’oxygène. Mais c’est normal ! « Si vous voulez que je fasse ça rapidement, combien vous me donnez ? ». C’est normal ! C’est normal, mais c’est mauvais, ce n’est pas bon !

Et qu’est-ce qui ouvre la voie ? Une chose : l’insouciance qui ne se soucie que de soi-même : voici le passage qui ouvre la porte à la corruption qui engloutit la vie de tous. La corruption profite largement de cette insouciance pas bonne.

Quand on … tout va bien, je ne me soucie pas des autres : cette insouciance amollit nos défenses, émousse la conscience et nous rend – même involontairement – complices. Car la corruption ne fait pas toujours cavalier seul, une seule personne : elle a toujours des complices. Et ça s’étend toujours, ça s’élargit.

La vieillesse est bien placée pour saisir la supercherie de cette normalisation d’une vie obsédée par la jouissance et vide d’intériorité : une vie sans pensée, sans sacrifice, sans intériorité, sans beauté, sans vérité, sans justice, sans amour : Ceci est de la corruption, tout.

La particulière sensibilité de nous autres, les personnes âgées, pour les marques d’attention, les pensées et les marques d’affection qui nous rendent humains, devrait redevenir une vocation pour beaucoup. Et ce sera un choix d’amour des personnes âgées envers les nouvelles générations. Il nous revient de donner l’alarme, l’alerte : « Attention, c’est de la corruption, ça ne te rapporte rien ».

La sagesse des anciens, on en a tant besoin aujourd’hui pour lutter contre la corruption. Les nouvelles générations attendent de nous, les personnes âgées, les vieux, une parole de prophétie, une parole qui ouvre des portes à de nouvelles perspectives hors de ce monde insouciant de la corruption, de l’habitude des choses corrompues.

La bénédiction de Dieu choisit la vieillesse pour ce charisme si humain et humanisant. Quel est le sens de ma vieillesse ? Chacun de nous, les personnes âgées, peut se demander. Eh, ceci : d’être un prophète de la corruption et dire aux autres : « Arrêtez, je suis passé par là et ça ne mène nulle part ! Maintenant je vous raconte mon expérience ».

Nous, les anciens, devons être des prophètes contre la corruption, tout comme Noé a été le prophète contre la corruption de son époque, car il était le seul en qui Dieu avait confiance. Je vous demande à vous tous – et je me demande aussi à moi-même : mon cœur est-il ouvert pour être un prophète contre la corruption d’aujourd’hui ?

C’est une chose laide, lorsque les personnes âgées n’ont pas mûri et que l’on devient vieux avec les mêmes habitudes corrompues que les jeunes. Pensons aux juges de Suzanne, par exemple : une vieillesse corrompue. Et nous, avec cet âge avancé, nous ne serions pas en mesure d’être des prophètes pour les jeunes générations.

Et Noé est l’exemple de cette vieillesse régénérative : elle n’est pas corrompue, elle est régénérative. Noé ne fait pas de prédications, il ne se plaint pas, il ne récrimine pas, mais il prend soin de l’avenir de la génération qui est en danger. Nous, les personnes âgées, nous devons prendre soin des jeunes, des enfants qui sont en danger. Il construit l’arche de l’accueil et y fait entrer hommes et animaux.

En prenant soin de la vie, sous toutes ses formes, Noé accomplit le commandement de Dieu en répétant le geste tendre et généreux de la création, qui en réalité est la pensée même qui inspire le commandement de Dieu : une nouvelle bénédiction, une nouvelle création [il dit : génération] (cf. Gn 8,15-9,17). La vocation de Noé reste toujours d’actualité. Le saint patriarche doit encore intercéder pour nous.

Et nous, femmes et hommes d’un certain âge – pour ne pas dire vieux, car certains s’en offusquent : d’un certain âge – n’oublions pas que nous avons la possibilité de la sagesse, de dire aux autres : « Regardez, ce chemin de corruption ne mène nulle part ». Nous devons être comme le bon vin – le bon vin – qui, à la fin, quand il est vieux, peut donner un message bon et non mauvais.

Je lance aujourd’hui un appel à tous ceux qui ont « un certain âge », pour ne pas dire  » vieux « . Faites attention : vous avez la responsabilité de dénoncer la corruption humaine dans laquelle nous vivons et dans laquelle se poursuit ce mode de vie du relativisme, totalement relatif, comme si tout était licite.

Allons de l’avant. Le monde a besoin, tant besoin de jeunes gens forts, qui vont de l’avant, et de vieux sages. Demandons au Seigneur la grâce de la sagesse. Merci.


Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents à cette audience, en particulier les étudiants des Beaux-Arts de Paris. Cette semaine nous fêterons, saint Joseph, patron de l’Église universelle. Puisse-t-il durant ce mois de mars qui lui est dédié être un intercesseur de choix pour la paix dont le monde a tant besoin ! Que Dieu vous bénisse !

APPEL ET PRIÈRE POUR L’UKRAINE

Chers frères et sœurs,

dans la douleur de cette guerre, nous prions tous ensemble,
demandant pardon au Seigneur et demandant la paix.
Nous prierons avec une prière écrite par un évêque italien.

Pardonne-nous la guerre, Seigneur.

Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, prends pitié de nous pécheurs.

Seigneur Jésus, né sous les bombes de Kiev, prends pitié de nous.

Seigneur Jésus, qui est mort dans les bras de sa mère dans un bunker à Kharkiv, prends pitié de nous.

Seigneur Jésus, envoyé au front à vingt ans, prends pitié de nous.

Seigneur Jésus, qui vois encore des mains armées à l’ombre de ta croix, prends pitié de nous !

Pardonne-nous Seigneur, pardonne-nous, si non satisfaits des clous dont nous avons percé ta main, nous continuons à boire le sang des morts déchirés par les armes.

Pardonne-nous, si ces mains que vous avez créées pour garder se sont transformées en instruments de mort.

Pardonne-nous, Seigneur, si nous continuons à tuer notre frère, pardonne-nous si nous continuons comme Caïn à enlever les pierres de notre champ pour tuer Abel.

Pardonne-nous si nous continuons à justifier la cruauté par notre fatigue, si par notre douleur nous légitimons la brutalité de nos actes.

Pardonne-nous la guerre, Seigneur. Pardonne-nous la guerre, Seigneur.

Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, nous te supplions ! Arrête la main de Caïn !

Éclaire notre conscience, notre volonté ne sera pas faite, ne nous abandonne pas à nos actions !

Arrête-nous, Seigneur, arrête-nous !

Et quand tu arrêtes la main de Caïn, prends soin de lui aussi. Il est notre frère.

O Seigneur, arrête la violence !

Arrête-nous, Seigneur ! Amen.

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux personnes âgées, aux malades, aux jeunes et aux jeunes mariés. En ce temps de carême, même en ce temps douloureux de guerre, je vous invite à vous tourner vers le Christ et à puiser en lui la force d’un engagement fidèle à la vie chrétienne.

A tous, ma bénédiction !


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Apprenons de Marie, durant ce Carême, à prier avec toute l’Église d’un seul cœur

Apprenons de Marie, durant ce Carême,
à prier avec toute l’Église d’un seul cœur

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 14 mars 2012 (dix ans)

Mengs Vierge Immaculée Conception 1728-1779
Mengs Vierge Immaculée Conception 1728-1779

Chers frères et sœurs,

Avec la Catéchèse d’aujourd’hui, je voudrais commencer à parler de la prière dans les Actes des Apôtres et dans les Lettres de saint Paul. Saint Luc nous a donné, on le sait, l’un des quatre Évangiles, consacré à la vie terrestre de Jésus, mais il nous a aussi laissé ce qu’on a défini comme le premier livre sur l’histoire de l’Église, c’est-à-dire les Actes de la Apôtres.

Dans ces deux livres, l’un des éléments récurrents est précisément la prière, de celle de Jésus à celle de Marie, des disciples, des femmes et de la communauté chrétienne. Le parcours initial de l’Église est surtout rythmé par l’action de l’Esprit Saint, qui transforme les Apôtres en témoins du Ressuscité jusqu’à l’effusion du sang, et par la diffusion rapide de la Parole de Dieu en Orient et en Occident.

Cependant, avant que l’annonce de l’Évangile ne se répande, Luc rapporte l’épisode de l’Ascension du Ressuscité (cf. Ac 1, 6-9). Le Seigneur donne aux disciples le programme de leur existence consacrée à l’évangélisation et dit : « Vous recevrez la force du Saint-Esprit qui descendra sur vous et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’à les confins de la terre » (Actes 1,8).

A Jérusalem, les Apôtres, restés à Onze pour la trahison de Judas Iscariote, sont réunis dans la maison pour prier, et c’est précisément dans la prière qu’ils attendent le don promis par le Christ ressuscité, l’Esprit Saint.

*

Dans ce contexte d’attente, entre l’Ascension et la Pentecôte, saint Luc mentionne pour la dernière fois Marie, la Mère de Jésus, et les membres de sa famille (v. 14). Il a dédié à Marie les débuts de son Évangile, depuis l’annonce de l’Ange jusqu’à la naissance et l’enfance du Fils de Dieu fait homme.

La vie terrestre de Jésus commence avec Marie et les premiers pas de l’Église commencent avec Marie ; dans les deux moments, l’atmosphère est celle de l’écoute de Dieu, du recueillement. Aujourd’hui, donc, je voudrais m’attarder sur cette présence priante de la Vierge dans le groupe de disciples qui sera la première Église naissante.

Marie a suivi discrètement tout le cheminement de son Fils durant sa vie publique jusqu’au pied de la croix, et maintenant elle continue à suivre le cheminement de l’Église par la prière silencieuse.

A l’Annonciation, dans la maison de Nazareth, Marie reçoit l’Ange de Dieu, est attentive à ses paroles, les accueille et répond au dessein divin, montrant sa pleine disponibilité : « Voici la servante du Seigneur : qu’il m’arrive selon ta volonté » (cf. Lc 1, 38). Grâce à son écoute intérieure, Marie est capable de lire sa propre histoire, reconnaissant humblement que c’est le Seigneur qui agit.

Lors d’une visite à sa parente Élisabeth, elle éclate dans une prière de louange et de joie, de célébration de la grâce divine, qui remplit son cœur et sa vie, faisant d’elle la Mère du Seigneur (cf. Lc 1, 46-55). Louange, action de grâce, joie : dans le cantique du Magnificat, Marie regarde non seulement ce que Dieu a fait en elle, mais aussi ce qu’elle a fait et continue de faire à travers l’histoire.

Saint Ambroise, dans un commentaire célèbre du Magnificat, nous invite à avoir le même esprit dans la prière et écrit : « Que l’âme de Marie soit en chacun pour magnifier le Seigneur ; Que l’esprit de Marie soit en chacun pour se réjouir en Dieu » (Expositio Evangelii secundum Lucam 2, 26 : PL 15, 1561).

*

Au Cénacle également, à Jérusalem, dans la « salle à l’étage où se réunissaient les disciples de Jésus » (cf. Ac 1, 13), dans une atmosphère d’écoute et de prière, elle est présente, devant le les portes s’ouvrent toutes grandes et ils commencent à proclamer le Christ Seigneur à tous les peuples, leur apprenant à observer tout ce qu’il a commandé (cf. Mt 28, 19-20).

Les étapes du cheminement de Marie, de la maison de Nazareth à celle de Jérusalem, en passant par la Croix où le Fils lui confie l’apôtre Jean, sont marquées par la capacité de maintenir une atmosphère persévérante de recueillement, de méditer chaque événement dans le silence de son cœur, devant Dieu (cf. Lc 2, 19-51) et dans la méditation devant Dieu comprennent aussi la volonté de Dieu et deviennent capables de l’accueillir intérieurement.

La présence de la Mère de Dieu auprès des Onze, après l’Ascension, n’est alors pas une simple annotation historique de quelque chose du passé, mais prend un sens de grande valeur, car avec eux elle partage ce qu’il y a de plus précieux : la mémoire vivante de Jésus, en prière; partage cette mission de Jésus : conserver la mémoire de Jésus et ainsi préserver sa présence.

*

La dernière mention de Marie dans les deux écrits de saint Luc est placée le jour du sabbat : le jour du repos de Dieu après la Création, le jour du silence après la mort de Jésus et l’attente de sa Résurrection. Et c’est sur cet épisode que s’enracine la tradition de Sainte Marie en Sabbat.

Entre l’Ascension du Ressuscité et la première Pentecôte chrétienne, les Apôtres et l’Église se réunissent avec Marie pour attendre avec elle le don de l’Esprit Saint, sans lequel on ne peut devenir témoin. Celle qui l’a déjà reçu pour engendrer le Verbe fait chair, partage avec toute l’Église l’attente du même don, afin que dans le cœur de chaque croyant « le Christ soit formé » (cf. Ga 4, 19).

S’il n’y a pas d’Église sans Pentecôte, il n’y a pas non plus de Pentecôte sans la Mère de Jésus, car elle a vécu de façon unique ce que l’Église vit chaque jour sous l’action de l’Esprit Saint. Saint Chromace d’Aquilée commente ainsi l’annotation des Actes des Apôtres :

« L’Église s’est donc réunie dans la salle de l’étage supérieur avec Marie, la Mère de Jésus, et avec ses frères. On ne peut donc pas parler d’Église si Marie, Mère du Seigneur n’est pas présente… L’Église du Christ est le lieu où l’Incarnation du Christ est prêchée par la Vierge, et où les apôtres, frères du Seigneur, prêchent, là, nous écoutons l’Évangile « (Sermon 30,1: SC 164, 135).

Le Concile Vatican II a voulu souligner d’une manière particulière ce lien qui se manifeste visiblement dans la prière avec Marie et les Apôtres, en un même lieu, dans l’attente de l’Esprit Saint. La Constitution Dogmatique Lumen Gentium stipule :

« Puisqu’il a plu à Dieu de ne pas manifester ouvertement le mystère du salut humain avant de répandre l’Esprit promis par le Christ, nous voyons les apôtres avant le jour de la Pentecôte » persévérant d’un seul cœur dans la prière avec les femmes et Marie mère de Jésus et de ses frères » (Actes 1 : 14) ; et nous voyons aussi Marie implorer par ses prières le don de l’Esprit qui l’avait prise sous son ombre à l’Annonciation » (n. 59).

Le lieu privilégié de Marie est l’Église, où elle est « reconnue comme le membre suprême et tout à fait singulier…, figure et modèle le plus excellent pour elle dans la foi et la charité » (ibid., n. 53).

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Vénérer la Mère de Jésus dans l’Église signifie donc apprendre d’elle à être une communauté qui prie : c’est l’une des notes essentielles de la première description de la communauté chrétienne esquissée dans les Actes des Apôtres (cf. 2, 42). La prière est souvent dictée par des situations difficiles, par des problèmes personnels qui amènent à se tourner vers le Seigneur pour la lumière, le réconfort et l’aide.

Marie nous invite à ouvrir les dimensions de la prière, à nous tourner vers Dieu non seulement dans le besoin et non seulement pour nous-mêmes, mais de manière unanime, persévérante, fidèle, avec « un seul cœur et une seule âme » (cf. Ac 4, 32) . ).

Chers amis, la vie humaine passe par diverses étapes de transition, souvent difficiles et exigeantes, qui exigent des choix impératifs, des renoncements et des sacrifices. La Mère de Jésus a été placée par le Seigneur dans des moments décisifs de l’histoire du salut et a toujours su répondre avec une pleine disponibilité, fruit d’un lien profond avec Dieu mûri dans une prière assidue et intense.

Entre le vendredi de la Passion et le dimanche de la Résurrection, le disciple bien-aimé et avec lui toute la communauté des disciples lui ont été confiés (cf. Jn 19, 26). Entre l’Ascension et la Pentecôte, elle se retrouve avec et dans l’Église en prière (cf. Ac 1, 14). Mère de Dieu et Mère de l’Église, Marie exerce sa maternité jusqu’à la fin de l’histoire.

Nous lui confions chaque phase passagère de notre existence personnelle et ecclésiale, et non la moindre celle de notre départ final. Marie nous enseigne la nécessité de la prière et nous montre comment ce n’est qu’avec un lien constant, intime et aimant avec son Fils que nous pouvons quitter « notre maison », de nous-mêmes, avec courage, pour atteindre les extrémités du monde et annoncer partout le Seigneur Jésus , Sauveur du monde. Merci.

Salutation:

Je salue avec joie les pèlerins francophones, en particulier l’Association des paralysés de France. Marie nous enseigne la nécessité de la prière. Seul un lien constant et plein d’amour avec son Fils, peut nous aider à l’annoncer partout comme le Sauveur du monde. Apprenons d’elle, durant ce Carême, à prier avec toute l’Église d’un seul cœur. Avec ma bénédiction!

… Enfin, j’adresse une pensée affectueuse aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. Que le temps précieux du Carême vous stimule, chers jeunes, à redécouvrir l’importance de la foi; aidez-vous, chers malades, à unir vos souffrances à la croix du Christ pour l’édification de la civilisation de l’amour; augmentez en vous, chers jeunes mariés, le sens de la présence de Dieu dans votre nouvelle famille.

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Présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse