Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Dieu vit parmi nous, parlons-lui des problèmes de notre temps

«Dieu vit parmi nous, parlons-lui des problèmes de notre temps»

Le Pape François a prié l’Angélus ce dimanche midi depuis la fenêtre du Palais apostolique. Il a expliqué l’Évangile du jour, tiré du premier chapitre de saint Jean, selon un calendrier liturgique différent de celui de la France et d’autres pays.

Le Pape a exhorté les fidèles à entrer dans l’intimité avec le Seigneur : « Devant la crèche, parlons-lui de nos événements concrets. Invitons-le dans nos sombres écuries intérieures. »  » Invitation à ne pas avoir peur : « Si votre cœur semble trop désordonné ou pollué par le mal, ne vous enfermez pas. »

Au Vatican et en Italie, où l’Épiphanie sera célébrée le jeudi 6 janvier, les textes lus dans les messes d’aujourd’hui sont ceux du 2e dimanche de Noël.

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
dimanche 2 janvier 2022

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Chers frères et sœurs, bonjour!

L’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui nous offre une belle phrase, que nous prions toujours à l’Angélus et qui seule révèle le sens de Noël : « Le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous » (Jn 1, 14). Ces mots, si on y pense, contiennent un paradoxe. Ils rassemblent deux réalités opposées : la Parole et la chair.

La « Parole » indique que Jésus est le Verbe éternel du Père, Verbe infini, qui a toujours existé, avant toute chose créée; « chair » indique plutôt notre réalité, une réalité créée, fragile, limitée, mortelle. Avant Jésus, il y avait deux mondes séparés : le Ciel opposé à la terre, l’infini opposé au fini, l’esprit opposé à la matière.

Et il y a une autre opposition dans le Prologue de l’Évangile de Jean, un autre binôme : lumière et ténèbres (cf. v. 5). Jésus est la lumière de Dieu qui est entré dans les ténèbres du monde. Lumière et ténèbres. Dieu est lumière : en lui il n’y a pas d’opacité ; en nous, cependant, il y a beaucoup de ténèbres.

Maintenant, avec Jésus, la lumière et les ténèbres se rencontrent : la sainteté et la culpabilité, la grâce et le péché. Jésus, l’incarnation de Jésus est précisément le lieu de la rencontre, de la rencontre entre Dieu et les hommes, la rencontre entre la grâce et le péché.

*

Que veut annoncer l’Évangile avec ces polarités ? Chose splendide : la manière d’agir de Dieu Face à notre fragilité, le Seigneur ne se retient pas. Il ne demeure pas dans son éternité bienheureuse et dans sa lumière infinie, mais s’approche, se fait chair, descend dans les ténèbres, habite des terres qui lui sont étrangères. Et pourquoi ce Dieu fait-il ? Pourquoi descend-il vers nous ?

Il le fait parce qu’il ne se résigne pas au fait qu’on puisse se perdre en s’éloignant de lui, loin de l’éternité, loin de la lumière. Voici l’œuvre de Dieu : venir parmi nous. Si on se considère indigne, ça ne l’arrête pas, il vient. Si nous le refusons, il ne se lasse pas de nous chercher. Si nous ne sommes pas prêts et disposés à l’accueillir, il préfère quand même venir.

Et si on lui ferme la porte au nez, il attend. C’est le Bon Pasteur lui-même. Est-ce la plus belle image du Bon Pasteur ? Le Verbe fait chair pour partager notre vie. Jésus est le Bon Pasteur qui vient nous chercher là où nous sommes : dans nos problèmes, dans notre misère. Il y vient.

*

Chers frères et sœurs, nous gardons souvent nos distances avec Dieu parce que nous pensons que nous ne sommes pas dignes de lui pour d’autres raisons. Et c’est vrai. Mais Noël nous invite à voir les choses de son point de vue. Dieu désire s’incarner. Si votre cœur semble trop pollué par le mal, il semble désordonné, s’il vous plaît, ne vous fermez pas, n’ayez pas peur : Il vient.

Pensez à l’étable de Bethléem. Jésus est né là-bas, dans cette pauvreté, pour vous dire qu’il n’a certainement pas peur de visiter votre cœur, de vivre une vie minable. C’est le mot : vivre. Vivre est le verbe que l’Évangile utilise aujourd’hui pour signifier cette réalité : il exprime un partage total, une grande intimité. Et ce Dieu le veut : il veut vivre avec nous, il veut vivre en nous, ne pas rester loin.

*

Et je me demande, vous et tout le monde : voulons-nous faire de la place pour cela ? En mots, oui; personne ne dira : « Je ne veux pas » ; Oui. Mais concrètement ? Peut-être y a-t-il des aspects de la vie que nous gardons pour nous-mêmes, des aspects exclusifs, ou des endroits intérieurs où nous avons peur que l’Évangile n’entre, où nous ne voulons pas mettre Dieu au milieu.

Aujourd’hui je vous invite au concret. Quelles sont les choses intérieures que je crois que Dieu n’aime pas ? Quel est l’espace que je ne garde que pour moi et je ne veux pas que Dieu vienne là ? Chacun de nous est concret et nous y répondons.

« Oui, oui, je voudrais que Jésus vienne, mais cela ne le touche pas ; et ce non, et ce… ». Chacun a son propre péché – appelons-le par son nom – et Il n’a pas peur de nos péchés : Il est venu nous guérir. Qu’il le voie au moins, qu’il voie le péché. Nous sommes courageux, nous disons : « Seigneur, je suis dans cette situation, je ne veux pas changer. Mais vous, s’il vous plaît, n’allez pas trop loin ». Belle prière, celle-ci. Soyons honnêtes aujourd’hui.

*

En ces jours de Noël, cela nous fera du bien d’y accueillir le Seigneur. Comme, comment? Par exemple, en s’arrêtant devant la crèche, parce qu’elle montre Jésus venant habiter toute notre vie concrète, ordinaire, où tout ne va pas bien, il y a beaucoup de problèmes – certains à cause de nous, d’autres à cause des autres – et Jésus vient.

On y voit les bergers qui travaillent dur, Hérode menaçant les innocents, une grande pauvreté… Mais au milieu de tout cela, au milieu de tant de problèmes – et aussi au milieu de nos problèmes – il y a Dieu, là est Dieu qui veut vivre avec nous. Et il attend que nous lui présentions nos situations, ce que nous vivons. Alors, devant la crèche, parlons à Jésus de nos événements concrets.

Invitons-le officiellement dans notre vie, surtout dans les zones sombres : « Regarde, Seigneur, il n’y a pas de lumière là-bas, il n’y a pas d’électricité, mais s’il te plaît ne touche pas, car je n’ai pas envie de quitter cette situation ». Parlez clairement, concrètement.

Les zones sombres, nos « écuries intérieures » : chacun de nous en possède. Et racontons-lui aussi sans crainte les problèmes sociaux, les problèmes ecclésiaux de notre temps ; problèmes personnels, même les pires : Dieu aime vivre dans notre étable.

Que la Mère de Dieu, en qui le Verbe s’est fait chair, nous aide à cultiver une plus grande intimité avec le Seigneur.

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Après l’Angélus

Chers frères et sœurs,

Je vous salue tous chaleureusement, fidèles de Rome et pèlerins d’Italie et d’autres pays : je vois des drapeaux polonais, brésilien, uruguayen, argentin, paraguayen, colombien, vénézuélien : bienvenue à tous ! Je salue les familles, les associations, les groupes paroissiaux, en particulier ceux de Postioma et Porcellengo, dans le diocèse de Trévise, ainsi que les adolescents de la Fédération Regnum Christi et les enfants de l’Immaculée Conception.

En ce premier dimanche de l’année, je renouvelle tous les vœux de paix et de bien dans le Seigneur. Dans les moments heureux et tristes, confions-nous à Lui, qui est notre force et notre espérance. Et n’oubliez pas : nous invitons le Seigneur à venir en nous, à venir à notre réalité, si laide qu’elle soit, comme une étable : « Seigneur, je ne voudrais pas que tu entres, mais regarde-la, reste près ». Faisons-le.

Je vous souhaite un bon dimanche et un bon déjeuner. Et n’oubliez pas de prier pour moi. Au revoir!


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Dieu, dans les bras de sa Mère, nous encourage tendrement

Dieu, dans les bras de sa Mère, nous encourage tendrement

Pour le premier Angélus de l’année, le Pape François a rappelé combien la Vierge Marie nous rendait disponible Jésus et nous transmet «un merveilleux message: Dieu est proche, à notre portée».

 

SOLENNITÉ DE MARIE SAINTE MÈRE DE DIEU
LVe JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Samedi 1er janvier 2022

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Chers frères et sœurs, bonjour! Bonne Année!

Nous commençons la nouvelle année en la confiant à Marie Mère de Dieu, dont l’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui parle, nous renvoyant encore une fois à l’enchantement de la crèche. Les bergers se rendent sans tarder à la grotte et que trouvent-ils ? Ils trouvent – dit le texte –  » Marie, Joseph et l’enfant couché dans la crèche  » (Lc 2, 16).

Arrêtons-nous sur cette scène et imaginons Marie qui, en mère tendre et attentionnée, vient de placer Jésus dans la crèche. Dans cette pose, nous pouvons voir un don qui nous est fait : Notre-Dame ne garde pas son Fils pour elle, mais nous le présente ; non seulement elle le tient dans ses bras, mais elle le couche pour nous inviter à le regarder, l’accueillir et l’adorer.

Voici la maternité de Marie : le Fils qui est né elle nous l’offre à tous. Donner toujours le Fils, montrer le Fils, ne jamais garder le Fils comme sien, non. Et ainsi tout au long de la vie de Jésus.

Et en le plaçant devant nos yeux, sans dire un mot, elle nous donne un merveilleux message : Dieu est proche, à portée de main. Il ne vient pas avec la puissance de ceux qui veulent être craints, mais avec la fragilité de ceux qui demandent à être aimés ; il ne juge pas du haut d’un trône, mais nous regarde d’en bas comme un frère, voire comme un fils

Il est né petit et nécessiteux pour que personne n’ait honte de lui-même : au moment même où nous expérimentons notre faiblesse et notre fragilité, nous pouvons sentir Dieu encore plus proche, car il s’est présenté à nous ainsi, faible et fragile. C’est le Dieu-enfant qui naît pour n’exclure personne. Pour faire de nous tous des frères et sœurs.

Voilà donc : la nouvelle année commence avec Dieu qui, dans les bras de sa mère et couché dans une crèche, nous encourage avec tendresse. Nous avons besoin de cet encouragement. Nous vivons toujours une période incertaine et difficile en raison de la pandémie.

Beaucoup ont peur de l’avenir et sont alourdis par les situations sociales, les problèmes personnels, les dangers qui viennent de la crise écologique, les injustices et les déséquilibres économiques mondiaux. En regardant Marie avec son Fils dans ses bras, je pense à de jeunes mères et à leurs enfants fuyant les guerres et les famines ou attendant dans les camps de réfugiés. Ils sont tellement nombreux !

Et en contemplant Marie qui dépose Jésus dans la crèche, le rendant disponible à tous, nous nous souvenons que le monde change et que la vie de chacun ne s’améliore que si nous nous rendons disponibles aux autres, sans attendre qu’ils commencent à le faire. Si nous devenons artisans de fraternité, nous pourrons renouer les fils d’un monde déchiré par les guerres et la violence.

La Journée mondiale de la paix est célébrée aujourd’hui. La paix « est à la fois un don d’en haut et le fruit d’un engagement partagé » (Message pour la LVe Journée mondiale de la paix, 1). Don d’en haut : il doit être imploré par Jésus, car seuls nous ne pouvons pas le garder. Nous ne pouvons vraiment construire la paix que si nous l’avons dans nos cœurs, que si nous la recevons du Prince de la Paix.

Mais la paix est aussi notre engagement : elle nous demande de faire le premier pas, elle demande des gestes concrets. Elle se construit avec l’attention au moindre, avec la promotion de la justice, avec le courage du pardon, qui éteint le feu de la haine.

Et il faut aussi un regard positif : que nous regardions toujours – dans l’Église comme dans la société – non pas le mal qui nous divise, mais le bien qui peut nous unir ! Il n’est pas nécessaire de s’effondrer et de se plaindre, mais retroussez vos manches pour construire la paix. Que la Mère de Dieu, Reine de la Paix, en ce début d’année obtienne l’harmonie pour nos cœurs et pour le monde entier.

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Après l’Angélus

Chers frères et sœurs,

au début de la nouvelle année, je souhaite à tous la paix, qui est la quintessence de tout bien. Paix! Je salue chaleureusement et avec gratitude le Président de la République italienne, Sergio Mattarella, et je vous assure de mes prières pour lui et pour le peuple italien.

C’est aujourd’hui la Journée mondiale de la paix, commencée par saint Paul VI en 1968. Dans le Message de cette année, j’ai souligné que la paix se construit avec le dialogue entre les générations, avec l’éducation et avec le travail. Sans ces trois éléments, le fondement manque.

Je vous remercie pour toutes les initiatives promues à travers le monde à l’occasion de cette Journée, compatible avec la situation de la pandémie ; en particulier pour la Veillée tenue hier soir dans la Cathédrale de Savone comme expression de l’Église en Italie.

Je salue les participants à l’événement « Paix sur toutes les terres », organisé par la Communauté de Sant’Egidio ici à Rome et dans de nombreuses régions du monde – ceux de Sant’Egidio sont bons, ils sont bons ! – en collaboration avec les diocèses et les paroisses. Merci pour votre présence et votre engagement!

Et je vous salue tous, chers Romains et pèlerins ! Je salue les jeunes de Curtatone, les familles de Forlimpopoli, les fidèles de Padoue et ceux de Comun Nuovo, près de Sotto il Monte – patrie de Saint Jean XXIII, le Pape de l’Encyclique Pacem in terris, plus que jamais d’actualité !

Nous rentrons chez nous en pensant : paix, paix, paix ! Il faut de la paix. Je regardais les images de l’émission télévisée « A son image » aujourd’hui sur la guerre, sur les déplacés, sur les misères… Mais cela se passe aujourd’hui dans le monde. Nous voulons la paix!

Salutations à tous! S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bonne Année! Bon déjeuner et à demain.


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Saint Joseph, migrant persécuté et courageux

Saint Joseph, migrant persécuté et courageux

Le Pape François, dans sa dernière catéchèse de l’année lors de l’audience générale du 29 décembre en Salle Paul VI,  a médité sur saint Joseph «comme un migrant persécuté et courageux», tel que l’évangéliste Matthieu le décrit.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 29 décembre 2021

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Catéchèse sur saint Joseph – 5.

Résumé

Aujourd’hui, je voudrais vous présenter saint Joseph comme un migrant persécuté et courageux, ainsi qu’il est décrit par saint Matthieu dans l’évangile.

Joseph est le contraire du roi Hérode, et les attitudes de ces deux personnages manifestent les deux faces de notre humanité : alors qu’Hérode cherche à défendre son pouvoir par l’intimidation et la violence, Joseph affronte avec courage les vicissitudes d’un long et dangereux voyage en Égypte, confiant et obéissant dans la parole de l’ange.

Voici l’enseignement que Joseph nous laisse aujourd’hui : devant les adversités que la vie nous réserve, nous pouvons nous sentir menacés et avoir peur. Ce n’est pourtant pas en faisant ressortir le pire qui est en nous, comme Hérode, que nous pourrons surmonter ces moments, mais en nous comportant comme Joseph qui réagit à la peur par le courage de faire confiance à la Providence de Dieu.

Le courage n’est pas la vertu exclusive du héros. Il est aussi nécessaire pour affronter avec détermination les difficultés de la vie quotidienne. Prions aujourd’hui pour tous les migrants et tous les persécutés, qui se sentent abandonnés et qui se découragent. Que le Seigneur guide leurs pas et ouvre le cœur de ceux qui pourront leur venir en aide.

Catéchèse

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, je voudrais vous présenter Saint Joseph en tant que migrant persécuté et courageux. C’est ainsi que l’évangéliste Matthieu le décrit. Cet événement particulier de la vie de Jésus, qui voit aussi Joseph et Marie comme protagonistes, est traditionnellement appelé « la fuite en Égypte » (cf. Mt 2, 13-23).

La famille de Nazareth a subi cette humiliation et a vécu de première main la précarité, la peur, la douleur de devoir quitter sa terre. Encore aujourd’hui, beaucoup de nos frères et beaucoup de nos sœurs sont contraints de vivre la même injustice et la même souffrance. La cause est presque toujours l’arrogance et la violence des puissants. Cela s’est également produit pour Jésus.

Le roi Hérode apprend des mages la naissance du « roi des Juifs », et la nouvelle le bouleverse. Il se sent en insécurité, il se sent menacé en son pouvoir. Alors il rassemble toutes les autorités de Jérusalem pour s’enquérir du lieu de sa naissance, et demande aux Mages de le lui faire savoir précisément, afin que – dit-il faussement – lui aussi puisse aller l’adorer.

Réalisant, cependant, que les mages étaient partis pour un autre chemin, il conçut un dessein méchant : tuer tous les enfants de Bethléem à partir de deux ans parce que, selon le calcul des mages, c’était l’époque à laquelle Jésus est né.

Pendant ce temps, un ange ordonne à Joseph : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, fuis en Égypte et reste-y jusqu’à ce que je t’en avertisse. Hérode, en effet, veut chercher l’enfant pour le tuer » (Mt 2,13). Aujourd’hui, nous pensons à tant de personnes qui ressentent cette inspiration à l’intérieur : « Fuyons, fuyons, car il y a du danger ici ».

Le plan d’Hérode rappelle celui de Pharaon de jeter tous les enfants mâles du peuple d’Israël dans le Nil (cf. Ex 1,22). Et la fuite en Égypte évoque toute l’histoire d’Israël depuis Abraham, qui y résida aussi (cf. Gn 12, 10), jusqu’à Joseph, fils de Jacob, vendu par ses frères (cf. Gn 37, 36) puis devenu « Chef du pays » (cf. Gn 41, 37-57) ; et à Moïse, qui a libéré son peuple de l’esclavage des Égyptiens (cf. Ex 1, 18).

La fuite de la Sainte Famille en Égypte sauve Jésus, mais elle n’empêche malheureusement pas Hérode de procéder à son massacre. Nous sommes ainsi confrontés à deux personnalités opposées : d’une part Hérode avec sa férocité et d’autre part Joseph avec son souci et son courage.

Hérode veut défendre son pouvoir, sa propre « peau », avec une cruauté impitoyable, comme l’attestent également les exécutions d’une de ses épouses, de certains de ses enfants et de centaines d’opposants. C’était un homme cruel : pour résoudre les problèmes, il n’avait qu’une recette : « tuer ». Il est le symbole de tant de tyrans d’hier et d’aujourd’hui.

Et pour eux, pour ces tyrans, les gens ne comptent pas : le pouvoir compte, et s’ils ont besoin d’espace pour le pouvoir, ils tuent des gens. Et cela se produit aussi aujourd’hui : nous n’avons pas besoin d’aller à l’histoire ancienne, cela se produit aujourd’hui.

C’est l’homme qui devient un « loup » pour les autres hommes. L’histoire regorge de personnalités qui, vivant à la merci de leurs peurs, tentent de les conquérir en exerçant le pouvoir de manière despotique et en mettant en œuvre des intentions de violence inhumaines. Mais il ne faut pas penser qu’on ne vit dans la perspective d’Hérode que si on devient des tyrans, non !

En réalité c’est une attitude dans laquelle nous pouvons tous tomber, à chaque fois que nous essayons de bannir nos peurs avec arrogance, ne serait-ce que verbales ou constituées de petits abus mis en œuvre pour mortifier notre entourage. Nous aussi, nous avons dans nos cœurs la possibilité d’être des petits Hérode.

Joseph est le contraire d’Hérode : il est d’abord « un juste » (Mt 1,19), tandis qu’Hérode est un dictateur ; il se montre aussi courageux dans l’exécution de l’ordre de l’Ange. On peut imaginer les vicissitudes qu’il a dû affronter au cours du long et dangereux voyage et les difficultés rencontrées pour rester dans un pays étranger, avec une autre langue : autant de difficultés.

Son courage se manifeste aussi au moment de son retour, quand, rassuré par l’Ange, il surmonte des peurs compréhensibles et avec Marie et Jésus il s’installe à Nazareth (cf. Mt 2, 19-23). Hérode et Joseph sont deux personnages opposés, qui reflètent comme toujours les deux visages de l’humanité. C’est une idée fausse que le courage est la vertu exclusive du héros.

En réalité, la vie quotidienne de chacun – la vôtre, la mienne, de nous tous – demande du courage : vous ne pouvez pas vivre sans courage ! Le courage d’affronter les difficultés du quotidien. De tout temps et dans toutes les cultures, nous trouvons des hommes et des femmes courageux qui, pour être cohérents avec leurs croyances, ont surmonté toutes sortes de difficultés, enduré des injustices, des condamnations et même la mort.

Le courage est synonyme de force d’âme qui, avec la justice, la prudence et la tempérance, fait partie du groupe des vertus humaines, appelées « cardinales ».

La leçon que Joseph nous laisse aujourd’hui est celle-ci : la vie nous réserve toujours des épreuves, c’est vrai, et devant elles on peut aussi se sentir menacé, effrayé, mais ce n’est pas en faisant ressortir le pire en nous, comme le fait Hérode, que nous pouvons surmonter. certains moments, mais plutôt en se comportant comme Joseph qui réagit à la peur avec le courage de se confier à la Providence de Dieu.

Aujourd’hui, je crois que nous avons besoin d’une prière pour tous les migrants, tous persécutés et tous ceux qui sont victimes de circonstances défavorables : qu’il s’agisse de circonstances politiques, historiques ou personnelles.

Mais, pensons à tant de personnes victimes de guerres qui veulent fuir leur patrie et ne le peuvent pas ; on pense aux migrants qui commencent ce chemin pour être libres et beaucoup finissent sur la route ou dans la mer ; nous pensons à Jésus dans les bras de Joseph et de Marie en fuite, et nous voyons en lui chacun des migrants d’aujourd’hui.

C’est une réalité de la migration d’aujourd’hui, devant laquelle nous ne pouvons pas fermer les yeux. C’est un scandale social de l’humanité.

Prière

Saint-Joseph,
vous qui avez connu la souffrance de ceux qui doivent fuir
vous qui avez été forcé de fuir
pour sauver la vie d’êtres chers,
protégez tous ceux qui fuient la guerre,
la haine, la faim.
Accompagnez-les dans leurs difficultés,
fortifiez-les dans l’espérance et faites-leur rencontrer acceptation et solidarité.
Guidez leurs pas et ouvrez le cœur de ceux qui peuvent les aider. Amen.

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Salutations

Je salue cordialement les personnes de langue française présentes aujourd’hui. Que la joie de Noël ne nous fasse pas oublier ceux qui, comme la Sainte Famille en Égypte, sont loin de chez eux et de leurs proches. Que Dieu vous bénisse.

Je salue les pèlerins et visiteurs anglophones. Dans la paix de notre Seigneur Jésus-Christ, que chacun de vous et vos familles chérissent la joie de ce temps de Noël et s’approchent ainsi dans la prière du Sauveur qui est venu habiter parmi nous. Que Dieu vous bénisse!

Chers frères et sœurs germanophones, je vous demande vos prières pour les migrants, pour les persécutés et pour tous ceux qui se sentent abandonnés et découragés. Que le Seigneur leur donne l’espérance et nous aide à être proches d’eux. Bonnes fêtes!

Je salue cordialement les pèlerins hispanophones. En ce temps de Noël, implorons le Seigneur Jésus, par l’intercession de la Vierge et de saint Joseph, de nous accorder la grâce de nous confier en tout temps à la divine Providence, et aussi le courage d’accueillir avec un esprit chrétien de charité et de solidarité tous nos frères et sœurs qui ont dû fuir leur terre et abandonner leurs maisons. Que le Seigneur nous accorde une nouvelle année pleine de ses dons et bénédictions. Merci beaucoup.

Chers frères et sœurs lusophones, je vous salue tous du fond du cœur. Je souhaite à chacun de vous que la lumière du Sauveur resplendisse toujours dans vos cœurs et sur votre famille et votre communauté, nous révélant le visage tendre et miséricordieux du Père céleste. Tenons l’Enfant Jésus dans nos bras et mettons-nous à son service : il est source d’amour et de sérénité. Qu’il vous bénisse pour une nouvelle année paisible et heureuse !

Je salue les fidèles arabophones. Que le courage de Joseph, confié à la Providence de Dieu, soit pour nous tous une source d’inspiration et d’engagement devant les enfants, pour leur apprendre que ce n’est qu’ainsi qu’il est possible de rejeter tout mal et d’endiguer sans crainte toute fuite. Je souhaite à tous une bonne année !

Je salue cordialement les pèlerins polonais. Chers frères et sœurs, alors que nous approchons de la fin de cette année, nous remercions le Seigneur pour les grâces reçues et pour tout le bien qu’il nous a permis de vivre, malgré toutes les difficultés de notre temps. Par l’intercession de Marie Très Sainte Mère de Dieu et de Saint Joseph son époux, nous prions pour que l’année prochaine soit heureuse pour nous et pour tous les hommes, que la pandémie cesse et que nous puissions jouir de la paix dans nos cœurs, dans nos familles, dans nos nos sociétés et dans le monde. Que la bénédiction de Dieu soit toujours avec vous ! Merci.]

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Dans la joie de l’ambiance de Noël, je souhaite une cordiale bienvenue aux pèlerins de langue italienne. En particulier, je salue les Apôtres du Sacré-Cœur de Jésus et je les exhorte à renouveler leur adhésion au Christ pauvre, humble et obéissant afin de transmettre l’amour et la miséricorde de Dieu dans le contexte d’aujourd’hui. Ensuite, je salue les adolescents et les jeunes de Librino, San Fermo della Battaglia, Villa d’Almé, Portogruaro, Clusone, Celadina di Bergamo, Gravedona et Trento qui sont arrivés à Rome en cette période de Noël pour vivre des expériences formatrices et caritatives : allez de l’avant avec joie et ténacité dans le chemin parcouru.

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux personnes âgées, aux malades, aux jeunes et aux jeunes mariés. Sachez être fort dans la foi, en regardant vers l’Enfant divin qui, dans le mystère de Noël, s’offre en cadeau à toute l’humanité.

Ma bénédiction à tous.


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse