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sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Le Pape François encourage prêtres et religieuses à servir les pauvres

Le Pape François encourage prêtres et religieuses à servir les pauvres

C'est vraiment lui, le Prophète annoncé !
C’est vraiment lui, le Prophète annoncé !

Lors de la messe de ce samedi 28 mars, célébrée et retransmise en direct depuis la chapelle de la maison Sainte-Marthe, le Pape François a renouvelé sa prière pour les familles qui souffrent des conséquences de la pandémie de Covid-19. Dans son homélie, il a parlé des prêtres et des religieuses qui continuent d’aider les pauvres et les malades pendant cette période.

 

Au début de cette 20e messe, le Souverain Pontife a d’abord lu l’antienne d’entrée:

«Les liens de la mort m’entouraient, le torrent fatal m’épouvantait ; des liens infernaux m’étreignaient: j’étais pris aux pièges de la mort. Dans mon angoisse, j’appelai le Seigneur ; de son temple il entend ma voix» (Ps 17, 5-7).

Puis il a formulé l’intention suivante:

«Ces derniers jours, dans certaines régions du monde, les conséquences – certaines conséquences – de la pandémie sont devenues apparentes ; l’une d’entre elles est la faim. Les gens commencent à voir des gens qui ont faim, parce qu’ils ne peuvent pas travailler, parce qu’ils n’ont pas d’emploi stable, et pour tant d’autres raisons. Nous commençons déjà à voir le « plus tard », qui viendra plus tard mais commence maintenant. Prions pour les familles qui commencent à être dans le besoin à cause de la pandémie».

homélie :

Dans son homélie, le Pape François a commenté l’Évangile d’aujourd’hui (Jn 7, 40-53), affirmant avec force que les prêtres et les religieuses font bien de se salir les mains en aidant les pauvres et les malades, même en ce moment. Les prêtres et consacrés ne doivent pas devenir une élite enfermée dans un service religieux détaché du peuple, ils font partie de celui-ci et doivent le servir.

« « Puis ils s’en allèrent chacun chez soi »: après la discussion, chacun retourna à ses convictions. Il y a une brèche dans le peuple: les gens qui suivent Jésus et l’écoutent – ils ne réalisent pas combien de temps ils passent à l’écouter, parce que la Parole de Jésus entre dans leur cœur – et le groupe des docteurs de la Loi, qui a priori rejettent Jésus parce qu’ils n’agit pas selon la loi, selon eux.

Il s’agit de deux groupes de personnes. Le peuple qui aime Jésus, le suit ainsi que le groupe des intellectuels de la Loi, les dirigeants d’Israël, les dirigeants du peuple. C’est clair : « Les gardes revinrent auprès des grands prêtres et des pharisiens, qui leur demandèrent: «Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ?» Les gardes répondirent: «Jamais un homme n’a parlé de la sorte !»

Les pharisiens leur répliquèrent: «Alors, vous aussi, vous vous êtes laissé égarer? Parmi les chefs du peuple et les pharisiens, y en a-t-il un seul qui ait cru en lui? Quant à cette foule qui ne sait rien de la Loi, ce sont des maudits !» ». Ce groupe de docteurs de la loi, l’élite, éprouve du mépris pour Jésus. Mais ils ont aussi du mépris pour les gens, « ces gens », qui sont ignorants, qui ne savent rien.

Le peuple de Dieu saint fidèle croit en Jésus, le suit, et ce petit groupe d’élites, les Docteurs de la Loi, se détache du peuple et ne reçoit pas Jésus. Mais comment ça se fait, s’ils étaient illustres, intelligents, et qu’ils avaient étudié? Mais ils avaient un grand défaut: ils avaient perdu le souvenir de leur appartenance à un peuple.

Le peuple de Dieu suit Jésus … il ne peut pas expliquer pourquoi, mais il le suit et cela leur va au cœur, et il ne se fatigue pas. Pensons au jour de la multiplication des pains: ils ont passé toute la journée avec Jésus, au point que les apôtres lui disent: «Renvoie-les, pour qu’ils s’en aillent s’acheter de quoi manger».

Les apôtres ont également pris leurs distances, ils n’ont pas considéré, ils n’ont pas méprisé mais ils n’ont pas considéré le peuple de Dieu. «Qu’ils aillent manger». La réponse de Jésus: «Donnez-leur vous-mêmes à manger». Il les remet parmi le peuple.

Ce fossé entre l’élite des chefs religieux et le peuple est une tragédie qui vient de loin. Pensons, dans l’Ancien Testament, à l’attitude des fils d’Eli dans le temple: ils se servaient du peuple de Dieu; et si certains d’entre eux, un peu athées, venaient accomplir la Loi, ils disaient: « Ils sont superstitieux ».

Mépris pour le peuple. Le mépris des gens « qui ne sont pas éduqués comme nous qui avons étudié, qui savons… ». Mais au contraire, le peuple de Dieu a une grande grâce: son flair. Le flair de savoir où se trouve l’Esprit. Il est pécheur, comme nous: il est pécheur. Mais il a ce flair pour connaître les chemins du salut.

Le problème des élites, des clercs d’élite comme ceux-ci, c’est qu’ils ont perdu la mémoire de leur appartenance au Peuple de Dieu; ils sont devenus sophistiqués, ils sont passés à une autre classe sociale, ils se sont sentis comme des dirigeants. C’est le cléricalisme qui était déjà là.

« Mais comment se fait-il – ai-je entendu dire ces jours-ci – que ces religieuses, ces prêtres qui sont en bonne santé aillent nourrir les pauvres, ils peuvent attraper le coronavirus ? Mais dites à la mère supérieure qu’elle ne laisse pas sortir les religieuses, dites à l’évêque qu’il ne laisse pas sortir les prêtres ! Ils sont faits pour les sacrements! Mais pour donner à manger, c’est au gouvernement de pourvoir ».

C’est ce dont on parle ces jours-ci: le même argument. « Ce sont des gens de seconde classe: nous nous sommes la classe dirigeante, nous ne devons pas nous salir les mains avec les pauvres ».

Je me dis souvent: ce sont des gens bien – des prêtres, des religieuses – qui n’ont pas le courage d’aller servir les pauvres. Il manque quelque chose. C’est ce qui manquait à ces personnes, aux docteurs de la loi.

Ils ont perdu la mémoire, ils ont perdu ce que Jésus ressentait dans son cœur: qu’il faisait partie de son peuple. Ils ont perdu le souvenir de ce que Dieu a dit à David: « Je t’ai pris du troupeau ». Ils ont perdu la mémoire de leur propre appartenance au troupeau.

Et ceux-ci, chacun, est rentré chez lui. Un fossé. Nicodème, qui a vu quelque chose – c’était un homme inquiet, peut-être pas si courageux, trop diplomatique, mais inquiet – est allé voir Jésus ensuite, mais il a été fidèle dans ce qu’il pouvait; il a essayé de faire une médiation et a pris la Loi:

« Notre Loi permet-elle de juger un homme sans l’entendre d’abord pour savoir ce qu’il a fait ? » Ils lui répondirent, mais ils ne répondirent pas à sa question sur la Loi: « Serais- tu, toi aussi, de Galilée? Étudie. Tu es un ignorant, et tu verras que jamais aucun prophète ne surgit de Galilée ! ». Et l’histoire s’est terminée comme ça.

Pensons aussi aujourd’hui à tant d’hommes et de femmes qualifiés au service de Dieu qui sont bons et vont servir le peuple; tant de prêtres qui ne se détachent pas du peuple. Avant-hier, j’ai reçu une photo d’un prêtre, un prêtre de montagne, de nombreux petits villages, dans un endroit où il neige, et dans la neige, il a porté l’ostensoir dans les petits villages pour donner la bénédiction.

Il ne se souciait pas de la neige, il ne se souciait pas de la brûlure que le froid lui faisait sentir dans ses mains en contact avec le métal de l’ostensoir: il ne se souciait que d’apporter Jésus au peuple.

Pensons, chacun de nous, de quelle partie nous sommes, si nous sommes au milieu, un peu indécis, si nous avons l’ouïe du peuple de Dieu, du peuple fidèle de Dieu qui ne peut pas échouer: il a cette infallibilitas in credendo, cette infaillibilité dans le croire. Et pensons à l’élite qui se détache du peuple de Dieu, à ce cléricalisme.

Et peut-être que le conseil que Paul donne à son disciple, le jeune évêque Timothée, nous fera du bien à tous: «Souviens-toi de ta mère et de ta grand-mère». Si Paul a donné ce conseil, c’est parce qu’il savait bien à quel danger portait ce sentiment d’élite de notre classe dirigeante.»

Le Pape François a conclu cette messe par un temps d’adoration et la  bénédiction eucharistique, en invitant les fidèles à faire la communion spirituelle.

Prière récitée par le Pape :

«Mon Jésus, je t’adore dans le Saint-Sacrement de ton amour, désireux de te recevoir dans la pauvre demeure que t’offre mon cœur. En attente du bonheur de la communion sacramentelle, je veux te posséder en esprit. Viens à moi, Ô mon Jésus, pour que je vienne à Toi. Que ton amour enflamme tout mon être, pour la vie et pour la mort. Je crois en toi, j’espère en toi, je t’aime. Ainsi soit-il.»

Avant que le Pape ne quitte la chapelle, dédiée au Saint-Esprit, l’antienne mariale Ave Regina Caelorum a été chantée.

bénédiction Urbi et Orbi pour les personnes affectées par la pandémie

bénédiction Urbi et Orbi pour les personnes affectées par la pandémie

Le Pape François a présidé ce vendredi soir, depuis le parvis puis l’atrium de la basilique Saint-Pierre, un temps de prière marqué par l’écoute de la Parole de Dieu, suivi d’une homélie, par une adoration du Saint-Sacrement et une bénédiction Urbi et Orbi pour les personnes affectées par la pandémie actuelle de coronavirus.

Cette cérémonie au format inédit s’est tenue dans une atmosphère de profonde gravité, quelques minutes après l’annonce du bilan humain de près d’un millier de morts pour cette seule journée en Italie, un chiffre aussi glaçant que la pluie et le froid qui balayaient la Place Saint-Pierre vide de tout pèlerin.

Après la proclamation de l’extrait de l’Évangile, tiré du 4e chapitre de saint Marc, le Pape François, abrité sous l’auvent habituellement utilisé pour les audiences générales et les messes en extérieur, a délivré une méditation mettant en relief les points communs entre la crise traversée par les disciples et celle vécue actuellement par une grande partie de la population mondiale, confrontée à une pandémie d’une ampleur inconnue dans l’histoire récente et aux effets sociaux et économiques dévastateurs.

«Depuis des semaines, la nuit semble tomber. D’épaisses ténèbres couvrent nos places, nos routes et nos villes ; elles se sont emparées de nos vies en remplissant tout d’un silence assourdissant et d’un vide désolant, qui paralyse tout sur son passage : cela se sent dans l’air, cela se ressent dans les gestes, les regards le disent. Nous nous retrouvons apeurés et perdus», a souligné le Pape.

«Comme les disciples de l’Évangile, nous avons été pris au dépourvu par une tempête inattendue et furieuse. Nous nous nous rendons compte que nous nous trouvons dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps tous importants et nécessaires, tous appelés à ramer ensemble, tous ayant besoin de nous réconforter mutuellement».

Tout comme les disciples, nous pouvons nous sentir «perdus» et surpris par l’attitude de Jésus dans cette scène de l’Évangile :  «Malgré tout le bruit, il dort serein, confiant dans le Père – c’est la seule fois où, dans l’Évangile, nous voyons Jésus dormir –. Puis, quand il est réveillé, après avoir calmé le vent et les eaux, il s’adresse aux disciples sur un ton de reproche : “Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ?” (v. 40).»

Les disciples réagissent en adressant aussi un reproche à Jésus :  «“Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ?” (v. 38). Ils pensent que Jésus se désintéresse d’eux, qu’il ne se soucie pas d’eux. Entre nous, dans nos familles, l’une des choses qui fait le plus mal, c’est quand nous nous entendons dire : “Tu ne te soucies pas de moi ?”. C’est une phrase qui blesse et déclenche des tempêtes dans le cœur. Cela aura aussi touché Jésus, car lui, plus que personne, tient à nous. En effet, une fois invoqué, il sauve ses disciples découragés.»

Une supplication au Seigneur pour guérir une humanité blessée

«La tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos agendas, nos projets, nos habitudes et priorités (…) avec des habitudes apparemment “salvatrices”, incapables de faire appel à nos racines et d’évoquer la mémoire de nos anciens, en nous privant ainsi de l’immunité nécessaire pour affronter l’adversité.»

S’adressant directement au Seigneur dans une supplication dramatique, seul devant une Place Saint-Pierre vide, sous la pluie et la pénombre, le Pape a évoqué les péchés de l’humanité.

«Dans notre monde, que tu aimes plus que nous, nous sommes allés de l’avant à toute vitesse, en nous sentant forts et capables dans tous les domaines. Avides de gains, nous nous sommes laissé absorber par les choses et étourdir par la hâte. Nous ne nous sommes pas arrêtés face à tes rappels, nous ne nous sommes pas réveillés face à des guerres et à des injustices planétaires, nous n’avons pas écouté le cri des pauvres et de notre planète gravement malade. Nous avons continué notre route, imperturbables, en pensant rester toujours sains dans un monde malade. Maintenant, alors que nous sommes dans une mer agitée, nous t’implorons : “Réveille-toi Seigneur !”»

Le Carême, une chance pour réorienter sa vie

Ce temps de Carême est une occasion pour «réorienter la route de la vie vers toi, Seigneur, et vers les autres. Et nous pouvons voir de nombreux compagnons de voyage exemplaires qui, dans cette peur, ont réagi en donnant leur vie. C’est la force agissante de l’Esprit déversée et transformée en courageux et généreux dévouements. C’est la vie de l’Esprit capable de racheter, de valoriser et de montrer comment nos vies sont tissées et soutenues par des personnes ordinaires, souvent oubliées, qui ne font pas la une des journaux et des revues ni n’apparaissent dans les grands défilés du dernier show mais qui, sans aucun doute, sont en train d’écrire aujourd’hui les évènements décisifs de notre histoire : médecins, infirmiers et infirmières, employés de supermarchés, agents d’entretien, fournisseurs de soin à domicile, transporteurs, forces de l’ordre, volontaires, prêtres, religieuses et tant et tant d’autres qui ont compris que personne ne se sauve tout seul».

Saisir les opportunités de reconstruire du lien

Toujours attaché au soin du lien entre les générations, le Pape François s’est réjoui de voir des liens familiaux se retisser en ces temps de confinement : «Combien de pères, de mères, de grands-pères et de grands-mères, combien d’enseignants montrent à nos enfants, par des gestes simples et quotidiens, comment affronter et traverser une crise en réadaptant les habitudes, en levant les regards et en stimulant la prière ! Combien de personnes prient, offrent et intercèdent pour le bien de tous. La prière et le service discret : ce sont nos armes gagnantes !»

Le Pape a souligné que la force de Dieu consiste à «orienter vers le bien tout ce qui nous arrive, même les choses tristes. Il apporte la sérénité dans nos tempêtes, car avec Dieu la vie ne meurt jamais.» «Dans l’isolement où nous souffrons du manque d’affections et de rencontres, en faisant l’expérience du manque de beaucoup de choses, écoutons une fois encore l’annonce qui nous sauve : il est ressuscité et vit à nos côtés.»

Le Pape s’est enfin adressé à tous ceux qui l’écoutaient, non pas physiquement, mais par le biais de la radio, de la télévision et des médias numériques : «Chers frères et sœurs, de ce lieu, qui raconte la foi, solide comme le roc, de Pierre, je voudrais ce soir vous confier tous au Seigneur, par l’intercession de la Vierge, salut de son peuple, étoile de la mer dans la tempête. Que, de cette colonnade qui embrasse Rome et le monde, descende sur vous, comme une étreinte consolante, la bénédiction de Dieu. Seigneur, bénis le monde, donne la santé aux corps et le réconfort aux cœurs. Tu nous demandes de ne pas avoir peur. Mais notre foi est faible et nous sommes craintifs. Mais toi, Seigneur, ne nous laisse pas à la merci de la tempête. Redis encore : “N’ayez pas peur” (Mt 28, 5). Et nous, avec Pierre, “nous nous déchargeons sur toi de tous nos soucis, car tu prends soin de nous” (cf. 1P 5, 7). »

Adoration et bénédiction Urbi et Orbi avec le Saint-Sacrement

Le Saint-Père s’est rendu devant l’image de la Salus Populi Romani et le crucifix de Saint Marcel, dont l’exposition avait mis fin, en 1522, à la grande peste de Rome. François est ensuite entré dans l’atrium par la porte centrale de la basilique.

L’adoration du Saint-Sacrement exposé sur l’autel, enveloppé d’encens, précédait la supplication pour demander au Seigneur de sauver l’humanité «de tous les maux qui affligent l’humanité», «des maladies, des épidémies et de la peur du frère». Les derniers mots de la supplication ont évoqué le «désert» du Carême et l’horizon de Pâques : «ouvre-nous à l’espérance, Seigneur, si la douleur nous visite, si l’indifférence nous angoisse, si la mort nous anéantit».

Après la supplication, le rite de la bénédiction eucharistique Urbi et Orbi a suivi, à la ville et au monde. Le cardinal Angelo Comastri, archiprêtre de la basilique Saint-Pierre, a prononcé la formule pour la proclamation de l’indulgence.

Tous ceux qui ont reçu la bénédiction eucharistique également par la radio, la télévision et d’autres technologies de communication, mais aussi tous ceux qui se sont unis à cet évènement simplement dans la prière même sans accès aux médias, ont obtenu l’indulgence plénière dans la forme établie par l’Église.

 

 

merci à ceux qui se préoccupent des personnes en difficulté

merci à ceux qui se préoccupent des personnes en difficulté

Au cours de la messe de célébrée ce vendredi matin et diffusée en direct depuis la chapelle de la maison Sainte-Marthe, le Pape a de nouveau adressé ses pensées aux malades, aux personnes âgées seules, aux familles qui n’ont plus rien pour vivre, et il a exprimé sa gratitude à ceux qui s’occupent d’eux. Dans son homélie, le Saint-Père a parlé du courage de garder le silence face à la folie destructrice du diable. C’est ce que Jésus a fait, et c’est ce qu’il faut faire face aux petites tentations, telles que les bavardages.

 

«Ces jours-ci, on a appris que tant de gens commencent à se faire du souci pour les autres de manière plus générale, et à penser aux familles qui n’ont pas assez pour vivre, aux personnes âgées seules, aux malades à l’hôpital ; ils prient et essaient d’obtenir de l’aide… C’est un bon signe. Remercions le Seigneur d’avoir suscité ces sentiments dans le cœur de ses fidèles».

homélie :

Dans son homélie, le Saint-Père a commenté les lectures du jour, issues du livre de la Sagesse (Sg 2, 1. 12-22) et de l’Évangile selon saint Jean (Jn 7, 1-2. 10. 25-30).

Attirons le juste dans un piège
Attirons le juste dans un piège

«La première lecture est presque une chronique (anticipée) de ce qui arrivera à Jésus. C’est une chronique qui a de l’avance, c’est une prophétie. Cela semble être une description historique de ce qui s’est passé par la suite. Que disent les impies?

«Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie, il s’oppose à nos entreprises, il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu, et nous accuse d’infidélités à notre éducation. Elle est devenue pour nous une condamnation de nos pensées. Il est un démenti pour nos idées, sa seule présence nous pèse ; car il mène une vie en dehors du commun. Si le juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera, et l’arrachera aux mains de ses adversaires».

Réfléchissons à ce qu’ils ont dit à Jésus sur la Croix: « Si tu es le Fils de Dieu, descends ; qu’il vienne te sauver. » Et puis, le plan d’action : mettons-le à l’épreuve « Soumettons-le à des outrages et à des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience. Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un interviendra pour lui. »

C’est une prophétie, précisément, de ce qui s’est passé. Et les Juifs essayaient de le tuer, dit l’Évangile. Puis, ils ont également essayé de l’arrêter – nous dit l’Évangile – « mais personne n’a pu mettre la main sur lui, car son heure n’était pas encore venue. »

Cette prophétie est trop détaillée; le plan d’action de ces personnes malfaisantes n’est que détails sur détails… n’épargnons rien, testons-le avec violence et tourment, et testons l’esprit d’endurance … tenons le dans des pièges, piégeons-le, (pour voir) s’il tombe …

Ce n’est pas une simple haine, il n’y a pas de plan d’action – certainement malfaisant – d’une partie contre une autre : c’est autre chose. C’est ce qu’on appelle la fureur: quand le diable qui est derrière, toujours, à chaque tentative d’acharnement, essaie de détruire et n’épargne pas les moyens.

Pensons au début du Livre de Job, qui est prophétique à ce sujet : Dieu est satisfait du mode de vie de Job, et le diable lui dit : « Oui, car il a tout, il n’a pas d’épreuves ! Mets-le à l’épreuve ! » Et d’abord le diable lui prend ses biens, puis il lui prend sa santé, et Job n’a jamais, jamais été séparé de Dieu. Mais le diable, ce qu’il fait, c’est de l’acharnement. Toujours.

Derrière toute fureur se cache le diable, pour détruire l’œuvre de Dieu. Derrière une dispute ou une inimitié, c’est peut-être le diable, mais de loin, avec des tentations normales. Mais quand il y a de la fureur, on ne doute pas: il y a la présence du diable. Et la fureur est subtile.

Pensons à la façon dont le diable a été féroce non seulement contre Jésus, mais aussi dans les persécutions des chrétiens ; comment il a cherché les moyens les plus sophistiqués pour les conduire à l’apostasie, pour les éloigner de Dieu. C’est, comme on le dit dans le discours quotidien, c’est diabolique : oui, une intelligence diabolique.

Certains évêques d’un des pays qui ont souffert de la dictature d’un régime athée m’ont dit qu’ils allaient jusqu’à des détails comme celui-ci : le lundi après Pâques, les enseignants devaient demander aux enfants: « Qu’as-tu mangé hier ?», et les enfants disaient ce qu’il y avait pour le déjeuner. Et certains disaient: « Des œufs», et ceux qui disaient « des œufs » étaient alors persécutés pour voir s’ils étaient chrétiens parce que dans ce pays ils mangeaient des œufs le dimanche de Pâques. Jusqu’à ce point, de voir, d’espionner, là où il y a un chrétien, pour le tuer. C’est du harcèlement dans la persécution, et c’est le diable.

Et que fait-on dans les moments d’acharnement? On ne peut faire que deux choses: discuter avec ces gens n’est pas possible parce qu’ils ont leurs propres idées, des idées fixes, des idées que le diable a semées dans leur cœur. Nous avons entendu leur plan d’action. Que peut-on faire ? Ce que Jésus a fait: se taire. Il est frappant de lire dans l’Évangile que devant toutes ces accusations, toutes ces choses, Jésus s’est tu.

Devant l’esprit de fureur, seulement le silence, jamais la justification. Jamais. Jésus a parlé, il a expliqué. Et quand Il a compris qu’il n’y avait pas de mots, le silence. Et en silence, Jésus a vécu sa Passion. C’est le silence des justes face à la ténacité.

Et cela vaut aussi pour – appelons-les ainsi – le petit acharnement quotidien, quand l’un de nous sent qu’il y a un bavardage là, contre lui, et que l’on dit des choses et que rien ne sort … Être silencieux. Silence. Et supporter et tolérer la dureté du bavardage.

Le bavardage est aussi un harcèlement, un harcèlement social: dans la société, dans le quartier, sur le lieu de travail, mais toujours contre l’autre. C’est un acharnement pas aussi fort que celui-là, mais c’est un acharnement, pour détruire l’autre parce qu’on voit que l’autre est dérange, perturbe.

Demandons au Seigneur la grâce de lutter contre le mauvais esprit, de discuter lorsque nous devons discuter; mais devant l’esprit d’acharnement, ayez le courage de vous taire et de laisser les autres parler. Y compris face à ce petit acharnement quotidien qu’est le bavardage: laissez-les parler. En silence, devant Dieu».

Le Pape François a conclu cette messe par un temps d’adoration et la  bénédiction eucharistique, en invitant les fidèles à faire la communion spirituelle.

Voici la prière récitée par le Pape :

«Je crois, mon Jésus, que tu es réellement présent au très Saint Sacrement de l’autel. Je t’aime par-dessus toute chose et je désire ardemment te recevoir dans mon âme. Puisque je suis incapable de Te recevoir de façon sacramentelle, entre au moins spirituellement dans mon cœur. Je T’embrasse comme si Tu y étais déjà et je m’unis entièrement à Toi. Ne permets jamais que je sois séparé de Toi. Ainsi soit-il.»

Avant que le Pape ne quitte la chapelle, dédiée au Saint-Esprit, l’antienne mariale Ave Regina Caelorum a été chantée.