Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le

La Transfiguration du Christ

Transfiguration - Raphaël
Transfiguration – Raphaël

Ce dimanche, deuxième dimanche de carême, est le dimanche de la Transfiguration du Christ. En effet, dans l’itinéraire quadragésimal, la liturgie, après nous avoir invités à suivre Jésus dans le désert, pour affronter et vaincre avec Lui les tentations, nous propose de gravir avec Lui la « montagne » de la prière, pour contempler sur son visage humain la lumière glorieuse de Dieu.

L’épisode de la transfiguration du Christ est attesté de manière concordante par les évangélistes Matthieu, Marc et Luc. On y trouve deux éléments essentiels.

. Tout d’abord, Jésus monte avec les disciples Pierre, Jacques et Jean sur une haute montagne, où « il fut transfiguré devant eux » (Mt 17, 2), son visage et ses vêtements resplendirent d’une lumière fulgurante, tandis qu’à côté de Lui apparurent Moïse et Élie.

. Deuxièmement, une nuée couvrit le sommet de la montagne et d’elle sortit une voix qui disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé , en qui je trouve ma joie : écoutez-le » (Mt 17, 5). Il y a donc la lumière et la voix : la lumière divine qui resplendit sur le visage de Jésus, et la voix du Père céleste qui témoigne pour Lui et ordonne de l’écouter.

Le cheminement de Jésus

On ne saurait détacher le mystère de la Transfiguration de son contexte, qui est le chemin que Jésus est en train de parcourir. Celui-ci est désormais résolu à aller jusqu’au bout de sa mission, pourtant il sait bien que, pour atteindre la résurrection, il devra passer par la passion et la mort sur la croix.

C’est de cela qu’il a parlé ouvertement aux disciples, mais ceux-ci n’ont pas compris, et ils ont même refusé cette perspective, car ils ne raisonnent pas selon Dieu mais selon les hommes (cf. Mt 16, 23). Aussi Jésus emmène-t-il avec lui sur la montagne trois d’entre eux et il révèle sa gloire divine, splendeur de Vérité et d’Amour.

Jésus veut que cette lumière puisse éclairer leurs cœurs quand ils traverseront l’obscurité profonde de sa passion et de sa mort, quand le scandale de la croix sera, pour eux, insupportable. Dieu est lumière, et Jésus veut offrir à ses amis les plus intimes l’expérience de cette lumière, qui demeure en Lui.

Ainsi, après cet événement, Il sera en eux cette lumière intérieure qui saura les protéger de l’assaut des ténèbres. Même dans la nuit la plus sombre, Jésus est une lampe qui ne s’éteint jamais. Saint Augustin résume ce mystère en utilisant cette très belle expression, il dit : « Ce qu’est ce soleil pour les yeux de la chair, Jésus l’est pour les yeux du cœur » (Sermons 78, 2 : pl 38, 490).

Le besoin de lumière intérieure

Chers frères et sœurs, nous avons tous besoin de lumière intérieure pour surmonter les épreuves de la vie. Cette lumière vient de Dieu, et c’est le Christ qui nous la donne, Lui en qui habite la plénitude de la divinité (cf. Col 2, 9). Gravissons avec Jésus la montagne de la prière et, en contemplant son visage plein d’amour et de vérité, laissons-nous remplir intérieurement de sa lumière.

N’ayez pas honte d’être chrétiens et de vivre le Carême dans vos lieux de vie. Offrez chaque jour au Seigneur un temps de prière ; montrez-vous bons et charitables avec qui est dans le besoin ; et privez-vous, non de nourriture terrestre nécessaire à votre âge mais, de ce qui vous éloigne de Dieu et du prochain. Il existe d’innombrables manières de jeûner qui sont adaptées à tout âge.

Demandons à la Vierge Marie, notre guide sur le chemin de la foi, de nous aider à vivre cette expérience en ce temps de Carême, trouvant chaque jour un moment pour prier en silence et pour écouter la Parole de Dieu. À l’exemple de la Vierge Marie, accueillez en vous la vie de Dieu, enracinez votre vie en Dieu ! Je souhaite à tous une belle montée vers Pâques !

BENOÎT XVI – ANGÉLUS – Place Saint-Pierre – Dimanche 4 mars 2012


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

La dernière marche

La dernière marche

En reprenant l’extrait évangélique proposé par le passage de la liturgie extrait de l’Évangile de Matthieu (5, 43-48) — dans lequel Jésus rappelle : « Vous avez entendu qu’il a été dit: Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi », et il ajoute ensuite : « Eh bien! moi je vous dis : Aimez vos ennemis! » — le Pape a souligné que sur cette route, « il n’y a pas de place pour la haine ».

aimez vos ennemis
aimez vos ennemis

La barre est toujours placée plus haut: Jésus, avant toute chose, « nous conduit à donner plus à nos frères, à nos amis », et maintenant « aussi à nos ennemis ». En effet, « la dernière marche de cet escalier » vers la guérison porte la recommandation : « Priez pour vos persécuteurs ».

Un commandement — celui de «prier pour ses ennemis» — qui peut nous étonner, car «pour la blessure que nous avons tous dans le cœur », il nous vient naturellement l’envie de souhaiter « quelque chose d’un peu mauvais » à un ennemi qui, par exemple, parle mal de nous.

Au contraire, « Jésus nous dit : “Non, non! Prie pour lui et fais pénitence pour lui” ». Dans ce sens, le Pape a raconté que lorsqu’il était jeune, il entendait parler «de l’un des plus grands dictateurs qui étaient dans le monde de l’après-guerre», dont on disait: «Que Dieu emporte en enfer le plus vite possible!»

Si ce sentiment émanait du cœur de manière immédiate, le commandement nouveau demandait au contraire : « Priez pour cela ». On aurait envie de demander : « Mais pourquoi Seigneur, tant de générosité?» La réponse, c’est Jésus qui la donne, précisément dans l’extrait évangélique : pour être les « enfants de votre Père qui est aux cieux ».

Si c’est ainsi qu’il « fait le Père », c’est ainsi que nous sommes appelés à le faire pour être « fils ». Autre objection : mais Dieu est-il également père « de ce criminel, de ce dictateur? ». La réponse est claire : « Oui, c’est son Père! Comme il est mon Père! Il ne renie jamais sa paternité! ». Et si nous voulons lui « ressembler », nous devons aller « sur cette voie ».

En effet, Jésus conclut son discours en disant : « Et vous, soyez parfaits comme votre Père est parfait ». En d’autres termes, « une route qui n’a pas de fin » nous est proposée. A cet égard, «une chose pratique» est proposée à tous, c’est de se demander: «Est-ce que je prie pour mes ennemis ou ai-je envie de leur souhaiter quelque chose de mal? »

« Cinq minutes, pas plus » suffisent pour se demander : « Qui sont mes ennemis ou ceux qui m’ont fait du mal ou que je n’aime pas ou avec lesquels il existe une fracture? Qui sont-ils? Est-ce que je prie pour eux? ». Que chacun « donne une réponse ».

« Que le Seigneur nous donne la grâce » de « prier pour nos ennemis ; de prier pour ceux qui nous veulent du mal, qui ne nous veulent pas du bien; prier pour ceux qui nous font du mal, qui nous persécutent », avec « leur nom et prénom ». Et nous verrons que cette prière portera deux fruits: à notre ennemi, « elle le rendra meilleur, car la prière est puissante », et à nous, « elle nous rendra davantage fils du Père ».

PAPE FRANÇOIS – MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE
Mardi 14 juin 2016


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Le plein accomplissement de la Loi

Le plein accomplissement de la Loi

L’Évangile de ce jour (Mt 5, 20-26) fait encore partie de ce qu’on appelle le « discours sur la montagne », la première grande prédication de Jésus. Aujourd’hui, le thème est l’attitude de Jésus à l’égard de la loi juive. Il a affirmé : « Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5, 17).

Le sermon sur la montagne Jacques Callot 1635
Le sermon sur la montagne Jacques Callot 1635

Jésus ne veut donc pas supprimer les commandements que le Seigneur a donnés par Moïse, mais il veut les porter à leur plénitude. Et il ajoute tout de suite après que “l’accomplissement” de la Loi demande une justice supérieure, une observance plus authentique. Il dit en effet à ses disciples : « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 5, 20).

Mais que signifie ce « plein accomplissement » de la Loi ? Et cette justice supérieure, en quoi consiste-t-elle? Jésus lui-même nous répond avec quelques exemples. Jésus était concret, il parlait toujours avec des exemples pour se faire comprendre.

Il commence par le cinquième commandement du décalogue : « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : ‘Tu ne commettras pas de meurtre’… Eh bien moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère en répondra au tribunal » (vv. 21-22). Par là, Jésus nous rappelle que les paroles aussi peuvent tuer !

Quand on dit d’une personne qu’elle a une langue de vipère, que veut-on dire ? Que ses paroles tuent ! Par conséquent, non seulement il ne faut pas attenter à la vie du prochain, mais il ne faut pas non plus déverser sur lui le poison de la colère ni le frapper de la calomnie. Ni dire du mal de lui.

Nous arrivons aux médisances : les médisances, aussi, peuvent tuer, car elles tuent la renommée des personnes ! Il est si laid de médire ! Au début, cela peut sembler une chose agréable, même plaisante, comme sucer un bonbon. Mais à la fin, cela nous remplit le cœur d’amertume, et nous empoisonne nous aussi.

Je vous dis la vérité, je suis convaincu que si chacun de nous prenait la résolution d’éviter les médisances, à la fin il deviendrait saint ! C’est une belle route ! Voulons-nous devenir saints ? Oui ou non ? [les fidèles: Oui!] Voulons-nous vivre attachés aux médisances comme à une habitude ? Oui ou non ? [les fidèles: Non !] Alors nous sommes d’accord: pas de médisances!

Jésus propose à celui qui le suit la perfection de l’amour: un amour dont l’unique mesure est de ne pas avoir de mesure, d’aller au-delà des calculs. L’amour du prochain est une attitude tellement fondamentale que Jésus va jusqu’à affirmer que notre rapport avec Dieu ne peut être sincère si nous ne voulons pas faire la paix avec le prochain.

Il a dit ainsi : « Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande sur l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère » (vv. 23-24). C’est pourquoi nous sommes appelés à nous réconcilier avec nos frères avant de manifester notre dévotion au Seigneur dans la prière.

De tout cela, on comprend que Jésus ne donne pas d’importance à l’observance disciplinaire et à la conduite extérieure seules. Il va à la racine de la Loi, visant surtout l’intention, c’est-à-dire le cœur de l’homme, où prennent leurs origines nos actions bonnes ou mauvaises.

Pour obtenir des comportements bons et honnêtes, les règles juridiques ne suffisent pas, mais il faut des motivations profondes, expression d’une sagesse cachée, la Sagesse de Dieu, qui peut être accueillie grâce à l’Esprit Saint. Et nous, par la foi en Christ, nous pouvons nous ouvrir à l’action de l’Esprit, qui nous rend capables de vivre l’amour divin.

À la lumière de cet enseignement, chaque précepte révèle sa pleine signification comme exigence d’amour, et tous se rejoignent dans le plus grand commandement: aime Dieu de tout ton cœur et aime ton prochain comme toi-même.

PAPE FRANÇOIS – ANGÉLUS Place Saint-Pierre – dimanche 16 février 2014


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana