Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

le Seigneur t’appelle toi aussi

le Seigneur t’appelle toi aussi !

Ce mardi 1er octobre, le Pape a présidé les vêpres dans la basilique Saint-Pierre pour marquer l’ouverture du Mois missionnaire extraordinaire qu’il avait convoqué il y a deux ans afin que «l’Église retrouve (sa) fécondité dans la joie de la mission». Dans son homélie, il a demandé à l’ensemble des baptisés de témoigner par la vie qu’ils connaissent Jésus, en diffusant la paix et la joie partout où il se trouvent. Trois «serviteurs» les accompagnent : sainte Thérèse de Lisieux, Saint François d’Assise et la vénérable Pauline Jaricot.

 

La soirée a commencé par une veillée missionnaire en la basilique Saint-Pierre. Envoyés en Mongolie, en République démocratique du Congo ou en Papouasie- Nouvelle-Guinée pour témoigner de leur foi en Jésus, plusieurs missionnaires ont témoigné ce mardi soir devant notamment, cinq religieuses, trois prêtres et un couple s’apprêtant à recevoir la bénédiction du Pape avant de partir ad gentes au Kirghizstan, au Soudan du Sud ou encore à Taïwan. Le Pape François a remis à chacun un crucifix, à l’issue des vêpres.

Cet office, présidé par le Saint-Père, en la mémoire liturgique de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, a ouvert le Mois missionnaire extraordinaire convoqué en ce mois d’octobre, qui se veut comme une «secousse» afin que «l’Église retrouve sa fécondité dans la joie de la mission».

Dieu nous a confié ses plus grands biens: «notre vie, celles des autres, tant de dons différents à chacun». Des biens qu’il faut faire fructifier avec audace et créativité et non conserver «dans un coffre-fort». «Dieu ne nous demandera pas si nous avons conservé jalousement la vie et la foi, mais si nous nous sommes engagés, en prenant des risques, même en perdant la face.» Avec ce Mois missionnaire, les baptisés ont à «être actifs dans le bien, non comme des notaires de la foi ni les gardiens de la grâce».

Mais que faire pour être missionnaire ? Témoigner que l’on connaît Jésus par la vie, comme le font les martyrs, les premiers témoins. «Ils savent que la foi n’est ni de la propagande ni du prosélytisme, c’est un don respectueux de la vie», et vivent ainsi «en diffusant la paix et la joie, en aimant tout le monde, même leurs ennemis par amour pour Jésus». Chacun a à se demander comment il vit son témoignage, c’est-à-dire la joie d’être aimé et d’être toujours précieux aux yeux de Dieu, «une annonce que beaucoup de personnes attendent».

L’omission, le contraire de la mission

Le Pape met en garde contre les croyants «sur la défensive» qui ont reçu la vie «pour l’enfouir sous terre», au lieu de la mettre en valeur; qui l’ont thésaurisée au lieu de la donner, Or celui qui est avec Jésus sait qu’ «on a ce qu’on donne». Le secret pour posséder la vie, c’est de la donner. «Vivre d’omissions, c’est renier notre vocation: l’omission, c’est le contraire de la mission.»

Quand péchons-nous par omission ? Lorsque l’on s’enferme «dans une triste victimisation, en pensant que personne ne nous aime» au lieu de faire rayonner la joie; quand nous cédons à la résignation, en pensant ne pas être capables, notamment d’enrichir l’autre; lorsque l’on passe tout notre temps à dire que tout va mal; que l’on est «immobilisé par la peur»; quand on vit notre vie «comme on porte un poids et non comme un don»; quand «nous nous mettons au centre avec nos peines, à la place de nos frères et sœurs qui attendent d’être aimés».

Dans l’Évangile de Saint Matthieu (chapitre 25), le Seigneur déclare «bon et fidèle» celui qui a été entreprenant. Dieu aime une Église en sortie, qui ne perd pas de temps à déplorer «le manque de fidèles» ou «les valeurs d’autrefois». Il aime une Église en mission qui ne cherche «qu’à être sel de la terre et levain pour le monde». L’Église sait qu’elle tire sa force d’un amour humble et gratuit et non de son importance sociale ou institutionnelle.

Appelés là où manquent le plus l’espérance et la dignité

En ce mois de mission, «le Seigneur t’appelle toi aussi». Toi qui est père ou mère de famille, jeune, ouvrier, banquier, chômeur ou malade. «Le Seigneur te demande d’être un don là où tu es, comme tu es, pour celui qui est à côté de toi; de ne pas subir la vie, mais de la donner, de ne pas te plaindre, mais de te laisser toucher par les larmes de celui qui souffre». A tous, le Pape demande le courage de témoigner et d’aller là où manquent le plus l’espérance et la dignité, ad gentes, là où trop de personnes vivent encore sans la joie de l’Évangile.

Pour les accompagner, ils auront l’Esprit Saint. Le Pape a également désigné trois serviteurs de l’Église, une religieuse, un prêtre et une laïque. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus «qui a fait de la prière le carburant de l’action missionnaire». Saint François, «le plus grand missionnaire de tous les temps » qui «s’est départit de son confort pour l’Évangile» et la vénérable Pauline Jaricot, une ouvrière qui prélevait sur son salaire pour soutenir les missions et qui fut à l’origine des Œuvres Pontificales Missionnaires.

Message du Pape pour la Journée Missionnaire Mondiale

Message du Pape pour la Journée Missionnaire Mondiale (extraits)

Logo - mois missionnaire octobre 2019
Logo – mois missionnaire octobre 2019

Ce 1er octobre, en la fête de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, co-patronne des missions, s’ouvre le Mois missionnaire extraordinaire, convoqué il y a deux ans par le Pape François, à l’occasion du centenaire de la Lettre apostolique de Benoît XV, “Maximum illud”. Son thème “Baptisés et envoyés : l’Église du Christ en mission dans le monde”, souligne que la mission est une responsabilité de tous les baptisés.

«Célébrer ce mois nous aidera en premier lieu à retrouver le sens missionnaire de notre adhésion de foi à Jésus Christ, foi gratuitement reçue comme don dans le Baptême».

«Notre appartenance filiale à Dieu n’est jamais un acte individuel mais un acte toujours ecclésial : de la communion avec Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, naît une vie nouvelle avec beaucoup d’autres frères et sœurs. Et cette vie divine n’est pas un produit à vendre – nous ne faisons pas de prosélytisme – mais il s’agit d’une richesse à donner, à communiquer, à annoncer : voilà le sens de la mission.»

«Une Église en sortie jusqu’aux lointains confins demande une conversion missionnaire constante et permanente.» «Que de saints, que de femmes et d’hommes de foi nous donnent le témoignage, nous montrent comme possible et praticable cette ouverture illimitée, cette sortie miséricordieuse comme une incitation urgente de l’amour et de sa logique intrinsèque de don, de sacrifice et de gratuité.»

«Personne n’est inutile et insignifiant pour l’amour de Dieu. Chacun d’entre nous est une mission dans le monde parce qu’il est fruit de l’amour de Dieu.»

La mission se fonde sur le baptême, qui fait de nous des enfants de Dieu

Le baptême «nous donne la foi en Jésus Christ vainqueur du péché et de la mort, nous régénère à l’image et à la ressemblance de Dieu et nous insère dans le corps du Christ qu’est l’Église. En ce sens, le baptême est donc vraiment nécessaire pour le salut parce qu’il nous garantit que nous sommes fils et filles, toujours et partout, jamais orphelins, étrangers ou esclaves, dans la maison du Père».

«La sécularisation déferlante, quand elle devient un refus patent et culturel de la paternité active de Dieu dans notre histoire, empêche toute fraternité universelle authentique qui s’exprime dans le respect réciproque de la vie de chacun. Sans le Dieu de Jésus Christ, toute différence se réduit à une menace infernale en rendant impossibles tout accueil fraternel et toute unité féconde du genre humain.»

La mission n’est pas une colonisation 

«La destination universelle du salut offerte par Dieu en Jésus Christ a conduit Benoît XV à exiger que soit surmontées toute fermeture nationaliste et ethnocentrique, toute compromission de l’annonce de l’Évangile avec les puissances coloniales, avec leurs intérêts économiques et militaires. Dans sa lettre apostolique “Maximum illud”, le Pape rappelait que l’universalité divine de la mission de l’Église exige la sortie d’une appartenance exclusiviste à sa propre patrie et à sa propre ethnie».

«Aujourd’hui également, l’Église continue d’avoir besoin d’hommes et de femmes qui, en vertu de leur Baptême, répondent généreusement à l’appel à sortir de chez eux, de leur famille, de leur patrie, de leur langue, de leur Église locale. Ils sont envoyés aux peuples, dans le monde qui n’est pas encore transfiguré par les sacrements de Jésus Christ et de son Église sainte».

La «coïncidence providentielle» de ce Mois missionnaire mondial avec le Synode sur l’Amazonie souligne que «la mission qui nous a été confiée par Jésus avec le don de son Esprit est encore actuelle et nécessaire également pour ces terres et pour leurs habitants. Une Pentecôte renouvelée ouvre grand les portes de l’Église afin qu’aucune culture ne reste repliée sur elle-même et qu’aucun peuple ne soit isolé mais s’ouvre à la communion universelle de la foi.»

Le Pape conclut en exprimant son soutien pour les Œuvres Pontificales Missionnaires, qui «accomplissent leur service en faveur de l’universalité ecclésiale comme un réseau mondial qui soutient le Pape dans son engagement missionnaire par la prière, âme de la mission, et la charité des chrétiens répandus dans le monde entier».

Obsèques de Jacques Chirac : l’accueil de Mgr Aupetit, archevêque de Paris

Obsèques de Jacques Chirac : l’accueil de Mgr Aupetit, archevêque de Paris

Ce 30 septembre était une journée de deuil national en France, en hommage à l’ancien président de la république Jacques Chirac, décédé jeudi dernier à l’âge de 86 ans. Après une messe célébrée dans l’intimité familiale ce matin en la cathédrale Saint-Louis des Invalides, le cortège funéraire a rejoint l’église Saint-Sulpice pour une messe solennelle présidée par l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit.

 

Jacques Chirac
Jacques Chirac

Sur le seuil de l’église, l’archevêque de Paris est venu accueillir la dépouille de l’ancien président, devant la foule émue venue assister à cette messe de funérailles. Le cercueil a remonté la nef alors que résonnait le Requiem de Fauré. «Cette flamme, signe de la vie éternelle, Jacques Chirac l’a gardée», a dit Mgr Aupetit au début de la cérémonie, rappelant que «c’est une tradition ancestrale de l’Église de prier avec bienveillance et espérance pour tous ceux qui nous gouvernent».

Dans l’assemblée étaient bien sûr présents Claude Chirac, la fille de l’ancien président, son petit-fils, Martin, mais également le président Emmanuel Macron, trois anciens présidents – Valéry Giscard d’Estaing, Nicolas Sarkozy et François Hollande -, et des hommes politiques venus du monde entier, comme Vladimir Poutine, Bill Clinton, Denis Sassou N’Guesso, ou encore Saad Hariri.

À la fin de la messe, la Maîtrise de Notre-Dame a chanté le “Libera me”. Le cercueil a été accueilli par la foule sur le parvis de l’église Saint-Sulpice. Jacques Chirac a été inhumé cet après-midi dans la plus stricte intimité au cimetière du Montparnasse. Il y repose auprès de sa fille Laurence, décédée en 2016.

homélie de Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris :

Nous venons d’entendre saint Paul nous expliquer le sens de la cérémonie que nous sommes en train de vivre: «Frères, j’encourage avant tout à faire des prières et des actions de grâce pour tous les hommes, pour les Chefs d’état et tous ceux qui exercent l’autorité».

C’est donc une tradition ancestrale de l’Église de prier avec bienveillance et dans l’espérance pour ceux qui nous gouvernent. Si nous prions pour ceux qui sont chargés de nous diriger c’est parce qu’ils ont la responsabilité du bien commun, de chacune des personnes et de l’ensemble de la communauté afin que tous puissent atteindre leur plein épanouissement.

Ce n’est donc pas une prière facultative pour nous, c’est une obligation qui tient à l’amour du prochain. Nous le savons aussi, le bien commun n’est pas l’intérêt général car celui-ci peut supporter le sacrifice et l’oubli du plus faible.

Le président Jacques Chirac avait axé sa campagne de 1995 sur le thème de la fracture sociale, portant ainsi son regard sur ceux qui restent sur le bord de la route. La fracture sociale est un mal qu’il est sans doute difficile de traiter puisque, aujourd’hui encore, certains se ressentent comme exclus. Un des rôles de l’Église est de construire la fraternité, cette fraternité qui constitue un des trois piliers de notre République et qui permet d’édifier une véritable unité entre nous. Cette fraternité est évidente pour les chrétiens puisqu’elle se réfère à l’unique Paternité de Dieu. C’est au nom de cette Paternité que Dieu, dès le commencement de l’humanité fracturée, demande à Caïn qui vient de tuer son frère Abel : «Qu’as-tu fait de ton frère?»

L’attention aux plus petits, aux plus faibles, aux laissés-pour-compte est une caractéristique du christianisme. Nous l’avons entendu dans cet évangile choisi par la famille : «J’avais faim, tu m’as donné à manger, j’avais soif, tu m’as donné à boire, j’étais nu et tu m’as habillé, j’étais un étranger, tu m’as accueilli, j’étais malade et tu m’as visité, j’étais en prison et tu es venu jusqu’à moi.»

Il y avait chez notre ancien président, cet homme chaleureux soutenu par son épouse Bernadette, un véritable amour des gens. Aussi à l’aise dans les salons de l’Élysée qu’au Salon de l’agriculture, beaucoup en le rencontrant se sentaient considérés. Son amour pour sa famille était profond et, bien que pudique, chacun a pu percevoir la tendre compassion qu’il avait pour la vulnérabilité de sa fille Laurence.

Cette attention aux plus faibles a une raison plus profonde encore que la délicatesse de l’affection. Jésus dit «Ce que tu fais aux plus petits d’entre les miens c’est à moi que tu le fais». C’est en raison de l’étincelle divine qui réside dans notre humanité, que toute personne, du commencement de sa vie à la conception, jusqu’à sa mort naturelle, est appelée à être aimée et respectée.

Cela nous oblige à un changement de regard qui doit aller bien au-delà des apparences et des postures qui caractérisent nos sociétés humaines. Dieu voit le fond du cœur, il convient de se mettre à son école. En effet, les gestes que nous posons vis-à-vis d’un frère en humanité vont bien au-delà de l’entourage et de la dimension sociale et politique, car ils passent par le Christ et, par lui, atteignent les autres jusqu’aux extrémités du monde.

«Gouverner c’est prévoir» cette célèbre citation d’Émile de Girardin, le président Jacques Chirac l’a illustré à plusieurs reprises. En septembre 2002, lors du Sommet de la Terre, avant la prise de conscience écologique forte d’aujourd’hui, il avait dit : «Notre maison brûle et nous regardons ailleurs».

De même, en février 2001, au forum mondial des biotechnologies, il avait vu la nécessité d’une conscience éthique : «Face à l’importance des enjeux et à la rapidité des progrès, il est essentiel que les avancées de la science s’accompagnent partout d’une conscience démocratique et d’une réflexion politique et morale aussi large que possible».

Enfin, lorsque la France pouvait être engagée dans une guerre injuste et dangereuse pour l’équilibre mondial, il a su librement se démarquer des pays amis qui voulaient entraîner notre patrie dans une aventure imprudente. Puisse-t-il être entendu aujourd’hui sur tous ces sujets.

Mais si nous sommes ici, si nous célébrons cette messe de funérailles demandée par la famille et, je le crois, par tout le pays, c’est pour présenter cet homme à la Miséricorde de Dieu. Saint Paul nous l’a redit dans la première lecture : «Dieu veut que tous les hommes soient sauvés».

Si tous les hommes «naissent libres et égaux en droit», on sait aussi qu’ils ne naissent pas forcément égaux dans la réalité de leur existence. Tout dépend de la façon dont ils sont accueillis, acceptés, aimés et des conditions dans lesquelles émerge leur jeune vie. En revanche, la mort est bien le lieu commun de notre humanité et, au fond, l’égalité véritable de notre condition humaine.

Saint Jean de la Croix, ce grand mystique espagnol, nous l’avait révélé : «Au Ciel nous serons jugés sur l’amour». Si nous présentons notre ancien président à Dieu avec tant de confiance, c’est parce que nous savons que seul l’Amour peut juger l’amour. Le Christ, Jésus de Nazareth, nous a révélé l’immensité de cet amour de Dieu qui dépasse infiniment nos connaissances expérimentales et nos capacités intellectuelles de connaître l’au-delà du réel qui nous entoure.

Pour finir, je voudrais citer cette phrase du président Chirac, tellement d’actualité, qu’il a prononcée pour la visite du Pape saint Jean-Paul II en 1980 : «C’est en ces lieux, sous le commandement des tours de Notre-Dame, à portée de la chapelle où Saint-Louis a honoré la Passion, au pied de la Montagne sainte-Geneviève où flotte encore le souvenir de l’antique bergère de Nanterre, patronne de la capitale, sous le regard de la prestigieuse Sorbonne où tant de docteurs ont enseigné, c’est en ces lieux que la France sent le plus fortement battre son cœur».

Les événements récents et dramatiques survenus à Notre-Dame nous ont montré combien cette intuition était vraie. Adieu et merci M. Chirac.

Mgr Michel Aupetit,
archevêque de Paris