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sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Obsèques de Jacques Chirac : l’accueil de Mgr Aupetit, archevêque de Paris

Obsèques de Jacques Chirac : l’accueil de Mgr Aupetit, archevêque de Paris

Ce 30 septembre était une journée de deuil national en France, en hommage à l’ancien président de la république Jacques Chirac, décédé jeudi dernier à l’âge de 86 ans. Après une messe célébrée dans l’intimité familiale ce matin en la cathédrale Saint-Louis des Invalides, le cortège funéraire a rejoint l’église Saint-Sulpice pour une messe solennelle présidée par l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit.

 

Jacques Chirac
Jacques Chirac

Sur le seuil de l’église, l’archevêque de Paris est venu accueillir la dépouille de l’ancien président, devant la foule émue venue assister à cette messe de funérailles. Le cercueil a remonté la nef alors que résonnait le Requiem de Fauré. «Cette flamme, signe de la vie éternelle, Jacques Chirac l’a gardée», a dit Mgr Aupetit au début de la cérémonie, rappelant que «c’est une tradition ancestrale de l’Église de prier avec bienveillance et espérance pour tous ceux qui nous gouvernent».

Dans l’assemblée étaient bien sûr présents Claude Chirac, la fille de l’ancien président, son petit-fils, Martin, mais également le président Emmanuel Macron, trois anciens présidents – Valéry Giscard d’Estaing, Nicolas Sarkozy et François Hollande -, et des hommes politiques venus du monde entier, comme Vladimir Poutine, Bill Clinton, Denis Sassou N’Guesso, ou encore Saad Hariri.

À la fin de la messe, la Maîtrise de Notre-Dame a chanté le “Libera me”. Le cercueil a été accueilli par la foule sur le parvis de l’église Saint-Sulpice. Jacques Chirac a été inhumé cet après-midi dans la plus stricte intimité au cimetière du Montparnasse. Il y repose auprès de sa fille Laurence, décédée en 2016.

homélie de Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris :

Nous venons d’entendre saint Paul nous expliquer le sens de la cérémonie que nous sommes en train de vivre: «Frères, j’encourage avant tout à faire des prières et des actions de grâce pour tous les hommes, pour les Chefs d’état et tous ceux qui exercent l’autorité».

C’est donc une tradition ancestrale de l’Église de prier avec bienveillance et dans l’espérance pour ceux qui nous gouvernent. Si nous prions pour ceux qui sont chargés de nous diriger c’est parce qu’ils ont la responsabilité du bien commun, de chacune des personnes et de l’ensemble de la communauté afin que tous puissent atteindre leur plein épanouissement.

Ce n’est donc pas une prière facultative pour nous, c’est une obligation qui tient à l’amour du prochain. Nous le savons aussi, le bien commun n’est pas l’intérêt général car celui-ci peut supporter le sacrifice et l’oubli du plus faible.

Le président Jacques Chirac avait axé sa campagne de 1995 sur le thème de la fracture sociale, portant ainsi son regard sur ceux qui restent sur le bord de la route. La fracture sociale est un mal qu’il est sans doute difficile de traiter puisque, aujourd’hui encore, certains se ressentent comme exclus. Un des rôles de l’Église est de construire la fraternité, cette fraternité qui constitue un des trois piliers de notre République et qui permet d’édifier une véritable unité entre nous. Cette fraternité est évidente pour les chrétiens puisqu’elle se réfère à l’unique Paternité de Dieu. C’est au nom de cette Paternité que Dieu, dès le commencement de l’humanité fracturée, demande à Caïn qui vient de tuer son frère Abel : «Qu’as-tu fait de ton frère?»

L’attention aux plus petits, aux plus faibles, aux laissés-pour-compte est une caractéristique du christianisme. Nous l’avons entendu dans cet évangile choisi par la famille : «J’avais faim, tu m’as donné à manger, j’avais soif, tu m’as donné à boire, j’étais nu et tu m’as habillé, j’étais un étranger, tu m’as accueilli, j’étais malade et tu m’as visité, j’étais en prison et tu es venu jusqu’à moi.»

Il y avait chez notre ancien président, cet homme chaleureux soutenu par son épouse Bernadette, un véritable amour des gens. Aussi à l’aise dans les salons de l’Élysée qu’au Salon de l’agriculture, beaucoup en le rencontrant se sentaient considérés. Son amour pour sa famille était profond et, bien que pudique, chacun a pu percevoir la tendre compassion qu’il avait pour la vulnérabilité de sa fille Laurence.

Cette attention aux plus faibles a une raison plus profonde encore que la délicatesse de l’affection. Jésus dit «Ce que tu fais aux plus petits d’entre les miens c’est à moi que tu le fais». C’est en raison de l’étincelle divine qui réside dans notre humanité, que toute personne, du commencement de sa vie à la conception, jusqu’à sa mort naturelle, est appelée à être aimée et respectée.

Cela nous oblige à un changement de regard qui doit aller bien au-delà des apparences et des postures qui caractérisent nos sociétés humaines. Dieu voit le fond du cœur, il convient de se mettre à son école. En effet, les gestes que nous posons vis-à-vis d’un frère en humanité vont bien au-delà de l’entourage et de la dimension sociale et politique, car ils passent par le Christ et, par lui, atteignent les autres jusqu’aux extrémités du monde.

«Gouverner c’est prévoir» cette célèbre citation d’Émile de Girardin, le président Jacques Chirac l’a illustré à plusieurs reprises. En septembre 2002, lors du Sommet de la Terre, avant la prise de conscience écologique forte d’aujourd’hui, il avait dit : «Notre maison brûle et nous regardons ailleurs».

De même, en février 2001, au forum mondial des biotechnologies, il avait vu la nécessité d’une conscience éthique : «Face à l’importance des enjeux et à la rapidité des progrès, il est essentiel que les avancées de la science s’accompagnent partout d’une conscience démocratique et d’une réflexion politique et morale aussi large que possible».

Enfin, lorsque la France pouvait être engagée dans une guerre injuste et dangereuse pour l’équilibre mondial, il a su librement se démarquer des pays amis qui voulaient entraîner notre patrie dans une aventure imprudente. Puisse-t-il être entendu aujourd’hui sur tous ces sujets.

Mais si nous sommes ici, si nous célébrons cette messe de funérailles demandée par la famille et, je le crois, par tout le pays, c’est pour présenter cet homme à la Miséricorde de Dieu. Saint Paul nous l’a redit dans la première lecture : «Dieu veut que tous les hommes soient sauvés».

Si tous les hommes «naissent libres et égaux en droit», on sait aussi qu’ils ne naissent pas forcément égaux dans la réalité de leur existence. Tout dépend de la façon dont ils sont accueillis, acceptés, aimés et des conditions dans lesquelles émerge leur jeune vie. En revanche, la mort est bien le lieu commun de notre humanité et, au fond, l’égalité véritable de notre condition humaine.

Saint Jean de la Croix, ce grand mystique espagnol, nous l’avait révélé : «Au Ciel nous serons jugés sur l’amour». Si nous présentons notre ancien président à Dieu avec tant de confiance, c’est parce que nous savons que seul l’Amour peut juger l’amour. Le Christ, Jésus de Nazareth, nous a révélé l’immensité de cet amour de Dieu qui dépasse infiniment nos connaissances expérimentales et nos capacités intellectuelles de connaître l’au-delà du réel qui nous entoure.

Pour finir, je voudrais citer cette phrase du président Chirac, tellement d’actualité, qu’il a prononcée pour la visite du Pape saint Jean-Paul II en 1980 : «C’est en ces lieux, sous le commandement des tours de Notre-Dame, à portée de la chapelle où Saint-Louis a honoré la Passion, au pied de la Montagne sainte-Geneviève où flotte encore le souvenir de l’antique bergère de Nanterre, patronne de la capitale, sous le regard de la prestigieuse Sorbonne où tant de docteurs ont enseigné, c’est en ces lieux que la France sent le plus fortement battre son cœur».

Les événements récents et dramatiques survenus à Notre-Dame nous ont montré combien cette intuition était vraie. Adieu et merci M. Chirac.

Mgr Michel Aupetit,
archevêque de Paris

prendre soin des vieux et des jeunes

prendre soin des vieux et des jeunes

L’amour de Dieu pour son peuple ne connaît pas de «déchet», il reste toujours fort : il est grand, il est comme un feu qui nous rend plus humains, comme une flamme dont jaillit la promesse de salut pour chacun de nous, a expliqué le Pape François lors de la messe à la Maison Sainte-Marthe, ce lundi 30 septembre 2019.

 

Dans son homélie, le Pape a ainsi visité le 8e chapitre du livre du prophète Zacharie, dans lequel il est écrit :  «Ainsi parle le Seigneur de l’univers : J’éprouve pour Sion un amour jaloux, j’ai pour elle une ardeur passionnée. Ainsi parle le Seigneur : Je suis revenu vers Sion, et je fixerai ma demeure au milieu de Jérusalem.»

Le soin des anciens et des enfants est une promesse pour le futur

La Première lecture met en lumière les «signes de la présence du Seigneur» avec son peuple, une «présence qui nous rend plus humains et plus mûrs». «Le signe de la vie, le signe du respect de la vie, de l’amour de la vie, le signe de la croissance de la vie et ceci est le signe de la présence de Dieu qui fait mûrir un peuple». «Les vieux et les vieilles reviendront s’asseoir sur les places de Jérusalem, le bâton à la main, à cause de leur grand âge», comme «un signal de la présence de Dieu».

La culture du déchet est une ruine

Le Prophète Joël - icône russe du XIe siècle
Le Prophète Joël – icône russe du XIe siècle

Selon la prophétie de Joël : «Vos anciens feront des rêves, vos jeunes auront des visions», il y a entre les uns et les autres un échange réciproque ; au contraire, ce qui prévaut dans notre civilisation, c’est la culture du déchet, une ruine qui nous fait «renvoyer à l’envoyeur» les enfants qui arrivent et qui nous fait enfermer les personnes âgées dans des maisons de retraite parce qu’elles «ne produisent pas», «parce qu’elles empêchent la vie normale».

«Quand un pays vieillit et qu’il n’y a pas d’enfants, tu ne vois pas les poussettes des enfants dans les rues, tu ne voies pas les femmes enceintes… Quand tu lis que dans ce pays il y a plus de retraités que de travailleurs, c’est tragique ! Et de nombreux pays commencent aujourd’hui à vivre cet hiver démographique.»

«Et ensuite, quand on cache les vieux, on perd, disons-le sans honte, la tradition, la tradition qui n’est pas un musée de vieilles choses, qui est la garantie du futur, qui est le suc des racines qui fait grandir l’arbre et donner des fleurs et des fruits. C’est une société stérile pour les deux parties, et comme cela ça finit mal.»

«La jeunesse ne peut pas s’acheter.» De nombreuses entreprises prétendent l’offrir sous forme de maquillage ou de chirurgie esthétique, mais que tout ceci finit souvent «dans le ridicule».

Les vieux et les jeunes sont l’espérance de la patrie et de l’Église

Le cœur du message de Dieu est la «culture de l’espérance», représentée justement par «les vieux et les jeunes». Ce sont eux qui apportent la certitude de la survie «d’un pays, d’une patrie, de l’Église». La conclusion  s’est rapportée aux nombreux voyages du Pape dans le monde, quand les parents soulèvent leurs enfants pour la bénédiction et le font comme s’ils montraient leurs propres «bijoux», image qui doit faire réfléchir.

«Et je n’oublie jamais cette petite vieille sur la place centrale de Iași, en Roumanie. Quand la grand-mère m’ a regardé – elle était comme les grands-mères roumaines, avec le voile -, elle m’a regardé, elle avait le petit-fils dans les bras, et elle me l’a fait voir, comme en disant :“Ceci est ma victoire, ceci est mon triomphe”. L’amour de Dieu, c’est toujours semer de l’amour et faire grandir le peuple, non pas la culture du déchet.»

Le Pape François a invité les curés présents dans la chapelle à toujours se demander, lors de l’examen de conscience, s’ils se sont bien comportés «avec les enfants et avec les vieux».

N’être pas des cœurs anesthésiés face à la misère d’innocents

N’être pas des cœurs anesthésiés face à la misère d’innocents

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint Pierre
Dimanche, 29 septembre 2019


Chers frères et sœurs,

Je souhaite la bienvenue à tous ceux qui ont participé à ce moment de prière avec lequel nous avons renouvelé l’attention de l’Église sur les différentes catégories de personnes vulnérables qui se déplacent. En union avec les fidèles de tous les diocèses du monde, nous avons célébré la Journée mondiale des migrants et des réfugiés, afin de réaffirmer la nécessité de ne jamais exclure personne de la société, qu’il s’agisse d’un citoyen de longue date ou d’un nouvel arrivant.

Pour souligner cet engagement, j’inaugurerai bientôt la sculpture qui a pour thème ces mots de la Lettre aux Hébreux: «N’oubliez pas l’hospitalité; certains, pratiquant sans le savoir, acceptaient les anges « (13,2). Cette sculpture, en bronze et en argile, représente un groupe de migrants de différentes cultures et de différentes périodes historiques. Je voulais ce travail artistique ici sur la Place Saint Pierre, pour que vous puissiez rappeler à tous le défi évangélique de l’accueil.

Demain, lundi 30 septembre, une réunion de dialogue national s’ouvrira au Cameroun pour la recherche d’une solution à la difficile crise qui sévit dans le pays depuis des années. Au plus près des souffrances et des espoirs du peuple camerounais bien-aimé, j’invite tout le monde à prier pour que ce dialogue soit fructueux et conduise à des solutions de paix juste et durable, dans l’intérêt de tous. Marie, Reine de la Paix, intercède pour nous.

Paroles de la messe :

«Le Seigneur nous demande de restaurer leur humanité, en même temps que la nôtre, sans exclure personne, sans laisser personne en dehors… Malheur à ceux qui profitent et vivent bien tranquilles dans Sion, qui ne se soucient pas de la ruine du peuple de Dieu qui s’étale pourtant aux yeux de tous. Ils ne s’aperçoivent pas du désastre d’Israël, car ils sont trop occupés à s’assurer une belle existence, des mets délicats et des boissons raffinées.»

«Aujourd’hui encore une «culture du bien-être […] nous amène à penser à nous-mêmes, nous rend insensibles aux cris des autres, […] porte à l’indifférence envers les autres, et même à la mondialisation de l’indifférence.»

«Comme chrétiens, nous ne pouvons pas être indifférents face au drame des anciennes et des nouvelles pauvretés, des solitudes les plus sombres, du mépris et de la discrimination de ceux qui n’appartiennent pas à “notre” groupe. Nous ne pouvons pas demeurer insensibles, le cœur anesthésié, face à la misère de tant d’innocents. Nous ne pouvons pas ne pas pleurer. Nous ne pouvons pas ne pas réagir.»  «Tu aimeras ton prochain comme toi-même.»


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