Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Briser les idoles mondaines

entrer dans la logique de l’amour

Avant de réciter l’Angélus place Saint-Pierre de Rome, le Pape François a livré une méditation sur les Quatre Béatitudes et l’esprit du monde dans l’évangile du jour selon saint Luc (cf. Lc 6, 17-20-26), ce dimanche 17 février 2019. Il a mis en garde contre «les professionnels de l’illusion.»
Les Béatitudes -Évangile de Luc - vitrail de l'église de Senzoku au Japon, réalisé par Gilles Caron en 1985.
Les Béatitudes dans l’Évangile de Luc – vitrail de l’église de Senzoku au Japon, réalisé par Gilles Caron en 1985.

Au-delà des apparences

Avec ces Béatitudes fortes et incisives, «Jésus ouvre nos yeux, nous fait voir avec son regard, au-delà des apparences, outre la superficie, et nous enseigne à discerner les situations avec foi.» Jésus déclarait bienheureux «les pauvres, les affamés, les affligés, les persécutés», et mettait en garde «ceux qui sont riches, repus, rieurs et acclamés par les gens.»

Tant qu’il en est encore temps

Jésus voit la Béatitude au-delà des réalités négatives.  C’était pour cette raison paradoxale que les problèmes surgissant sur le chemin de «ceux qui vivent bien aujourd’hui», étaient plutôt destinés à les «réveiller de la dangereuse illusion de l’égoïsme», de même qu’à les ouvrir à «la logique de l’amour», «tant qu’il en est temps

Le péché d’idolâtrie

Il s’agit donc «de briser les idoles mondaines, ouvrir son cœur au Dieu vivant et vrai», d’autant que «nombreux sont ceux qui se proposent comme distributeurs de bonheur: ceux qui promettent le succès en peu de temps, qui promettent de gros gains ou des solutions magiques à chaque problème.» L’idolâtrie se profile alors, péché contre le premier commandement.

Ne pas faire confiance au matériel et à l’éphémère

Or Jésus ouvre nos yeux à la réalité: «Nous sommes appelés au bonheur, à être dans la Béatitude, et nous le devenons à partir du moment où nous nous plaçons du côté de Dieu, de son royaume, du côté de ce qui n’est pas éphémère mais dure pour la vie éternelle.»

«Nous atteignons la joie si nous évitons les idoles auxquelles nous vendons notre âme, mais que nous partageons avec nos frères.» «Les Béatitudes du Christ sont un message déterminant, qui nous encourage à ne pas faire confiance aux choses matérielles et passagères, à ne pas rechercher le bonheur en suivant les vendeurs de fumée et les professionnels de l’illusion.»

Un regard plus pénétrant sur le réel

Ainsi, le Seigneur nous aide à acquérir un regard plus pénétrant sur la réalité, à guérir de la myopie chronique dont l’esprit mondain nous contamine. «Il nous secoue et nous fait reconnaître ce qui nous enrichit vraiment, nous satisfait, nous donne joie et dignité. En somme, ce qui donne vraiment du sens et de la plénitude à nos vies.»

«Que la Vierge Marie nous aide à écouter cet évangile avec un esprit et un cœur ouverts, afin qu’il porte ses fruits et que nous devenions des témoins du bonheur qui ne déçoit pas, de celui de Dieu qui ne déçoit jamais.»

reconnaître le Christ en toute personne rencontrée

reconnaître le Christ en toute personne rencontrée

Le Pape François s’est rendu près de Rome, à Sacrofano, afin de célébrer une messe ce vendredi après-midi à la Fraterna Domus pour l’ouverture de la rencontre des structures d’accueil des migrants, qui se tient jusqu’au 17 février sur le thème «Libérés de la peur». Dans son homélie, le Saint-Père a invité à mettre toute sa confiance dans le Seigneur et à reconnaître le Christ en toute personne rencontrée.

N’ayez pas peur

Telle est la phrase qui résume le mieux les textes choisis pour cette messe. La lecture et le psaume, extraits du livre de l’Exode (Ex 14, 5-18 et Ex 15,1-7a.17-18), ainsi que l’Évangile (Mt 14,22-33), sont en effet un appel à la confiance en Dieu en temps d’épreuve.

«N’ayez pas peur! Tenez bon! Vous allez voir aujourd’hui ce que le Seigneur va faire pour vous sauver!», lance ainsi Moïse aux fils d’Israël (Ex 14, 13). «Confiance! c’est moi ; n’ayez plus peur!» (Mt 14,27), demande aussi Jésus à ses disciples regroupés dans la barque.

«À travers ces épisodes bibliques, le Seigneur nous parle aujourd’hui et nous demande de le laisser Lui nous libérer de nos peurs». Des mots qui ont touché l’assemblée présente à cette messe: migrants, familles et associations engagées dans l’accueil et l’intégration des migrants en Italie. De nombreux prêtres occupaient aussi les premiers rangs.

La peur, sentiment répandu et paralysant

«La peur est à l’origine de l’esclavage» et de «toute dictature, parce que sur la peur du peuple grandit la violence des dictateurs». «Face aux méchancetés et aux horreurs de notre temps, nous sommes tentés d’abandonner notre rêve de liberté» et parfois «nous éprouvons une peur légitime».

«Les paroles humaines d’un chef ou d’un prophète ne suffisent pas à nous rassurer, quand nous ne parvenons pas à sentir la présence de Dieu et que  nous ne sommes pas capables de nous abandonner à sa providence.» D’où un «repli sur soi», dans «nos fragiles sécurités humaines, dans le cercle des personnes aimées, dans notre routine rassurante».

Une attitude qui «accroît notre peur envers les ‘autres’.» Une attitude répandue aujourd’hui, vis-à-vis des «migrants et réfugiés qui frappent à notre porte». Mais «la crainte est légitime», car «la préparation à cette rencontre manque». Pour autant, «renoncer à une rencontre n’est pas humain».

Faire confiance et reconnaître Jésus-Christ

Les textes bibliques nous ouvrent un autre chemin: celui du dépassement de la peur «pour nous ouvrir à la rencontre». Pour s’y engager, «les justifications rationnelles et les calculs statistiques ne suffisent pas.» Il s’agit d’avoir «pleine confiance en l’action salvifique et mystérieuse du Seigneur», et de croire que «la rencontre avec l’autre» est une «rencontre avec le Christ».

L’Évangile lui-même ne l’affirme-t-il pas? «Amen, je vous le dis: chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (Mt 25, 40).

Comme l’apôtre Pierre, nous pourrions être tentés «de mettre Jésus à l’épreuve» ou peiner à Le reconnaître. Pourtant, «c’est vraiment Lui», «avec les vêtements cassés, avec les pieds sales, avec le visage déformé, le corps couvert de plaies, incapable de parler notre langue…»

Et si la peur vient à reprendre le dessus, «le Seigneur ne nous abandonne pas», «le Christ continue à tendre sa main pour nous sauver et permettre la rencontre avec Lui, une rencontre qui nous sauve et nous rend la joie d’être ses disciples.»

Une rencontre dont témoigner

Par conséquent, «nous devrions commencer à remercier» ces «’autres’ qui frappent à notre porte, nous offrant la possibilité de surmonter nos peurs pour rencontrer, accueillir et aider Jésus en personne». Celui qui est libéré de la peur et porteur de la joie de la rencontre est «appelé aujourd’hui à l’annoncer sur les toits, ouvertement, pour aider les autres à faire de même.»

Plus qu’un devoir, c’est «une grâce qui porte en elle-même une mission, fruit d’une confiance totale dans le Seigneur, qui est pour nous l’unique véritable certitude.»

Pour conclure cette homélie pleine d’espérance, le Souverain Pontife a repris le verset du psaume: «Ma force et mon chant, c’est le Seigneur: il est pour moi le salut» (Ex 15,2).

Mots à la fin de la messe

Avant de dire au revoir, je voudrais remercier chacun de vous pour tout ce que vous faites : les petits pas … Mais les petits pas font le grand voyage de l’histoire.

N’ayez pas peur, soyez courageux!

Que le Seigneur vous bénisse. Merci.

Prier le Notre Père comme Jésus nous l’a enseigné

Catéchèse sur le « Notre Père »: 6. Notre père à tous

Il faut prendre exemple sur Jésus, qui invite à prier dans le secret du cœur, sans chercher à se faire remarquer par les autres. Le Pape François l’a exprimé ce matin lors de l’audience générale de ce mercredi matin, tenue en Salle Paul VI dans le cycle de ses catéchèses sur le Notre Père.

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 13 février 2019


Chers frères et sœurs, nous continuons d’apprendre à prier comme Jésus nous l’a enseigné. A la racine, il y a un dialogue silencieux, comme un carrefour, un échange de regard entre deux personnes qui s’aiment : l’homme et Dieu. Jésus ne veut pas l’hypocrisie. La vraie prière est celle qui s’accomplit dans le secret de la conscience, du cœur : insondable, visible seulement pour Dieu. Moi et Dieu. La prière nous place en vérité devant Dieu : elle fuit le mensonge.

Dans le secret de sa conscience, le chrétien ne s’éloigne pas du monde derrière la porte de sa chambre, mais il porte dans son cœur les personnes et les situations, les problèmes. Dans son enseignement, Jésus souligne que la prière est un dialogue avec Dieu qui passe du « Tu » au « nous ».  «Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour»doit d’ailleurs concerner tous les pauvres du monde et nous inciter au partage.

En effet, dans la prière chrétienne, personne ne demande pour lui-même : c’est la prière d’une communauté de frères et de sœurs en disant “nous”. Cela m’empêche de rester tranquille tout seul et m’invite à me sentir responsable des autres.

Dans la prière, un chrétien porte toutes les difficultés des personnes qui vivent à côté de lui (…) : il pose devant lui de nombreux visages amis ou même hostiles; il ne les chasse pas comme des distractions dangereuses. A la suite de Jésus qui a éprouvé une grande compassion devant les misères du monde, «éprouver de la compassion» est une attitude-clé de l’Évangile.

Ainsi, le bon samaritain s’approche de l’homme blessé, contrairement à ceux qui ont le cœur dur. Quand je prie, est-ce que je m’ouvre au cri de tant de personnes proches ou éloignées ? Jésus nous demande de prier pour ceux qui apparemment ne cherchent pas Dieu, car Dieu les cherche plus que tous les autres, lui qui est toujours bon avec tous. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” » Mt 25, 40)

Je vous invite à prendre chaque jour un moment pour prier afin d’ouvrir votre cœur à Dieu et aux autres. Que Jésus soit votre guide sur le chemin de la prière ! Bon pèlerinage à tous.


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