Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Le Pape à la maison du bon samaritain de Panama

Laissons-nous émouvoir par notre prochain

Le Bon Pasteur - copie du Musée Pio Cristiano du Vatican offerte par le Pape François
Le Bon Pasteur – copie du Musée Pio Cristiano du Vatican offerte par le Pape François

Le pape François s’est rendu à Panama,  dans la Maison du Bon Samaritain, où « la caresse de Dieu se sent active » et y a fait la prière mariale de l’Angélus.

Parmi les activités du Pontife prévues pour son dernier jour à Panama, il convient de souligner la visite à la Casa Hogar del Buen Samaritano Juan Diaz, une fondation créée en 2005 et promue par l’Église panaméenne pour venir en aide aux jeunes et aux adultes atteints du VIH / sida, sans soutien familial ou économique. Là, le pape a été reçu à l’entrée principale par les directeurs des quatre institutions de l’Église (Casa Hogar del Buen Samaritano, Centre Juan Pablo II, Hogar San José et Kkottongnae Panamá) et il a rencontré 60 jeunes assistés par ces centres.

Renaître

Le pape François, s’adressant à tous, jeunes, directeurs et agents pastoraux, a déclaré qu’être avec eux signifiait pour lui « une raison de redonner espérance » et il les a remercié « de le lui avoir permis ». Il a ensuite expliqué que lors de la préparation de cette réunion, il avait lu le témoignage d’un des membres de la famille qui « avait touché son cœur » parce qu’il avait déclaré: « je suis né de nouveau. »

Compte tenu de cela, le Pape François  a déclaré que dans cette Maison « non seulement ceux qui pourraient être appelés les premiers bénéficiaires naissent de nouveau », mais qu’ici « l’Église et la foi naissent et sont continuellement recréées par la charité ».

Sentez la caresse de Dieu

En outre, il a assuré que « le miracle de faire l’expérience qu’on est né ici de nouveau », s’est produit grâce du fait que dans cet endroit tout le monde sent « active » la caresse de Dieu. « Être ici, c’est toucher le visage silencieux et maternel de l’Église, capable de prophétiser et de créer un foyer, créant une communauté ». c’est aussi le visage de l’Église qui est normalement « invisible et inaperçu ». C’est un signe « de la miséricorde et de la tendresse concrètes de Dieu ».

Créer la maison

« Créer un chez-soi » c’est « créer une famille », « apprendre à se sentir unis aux autres au-delà des liens utilitaires » et « créer des liens construits avec des gestes simples et quotidiens que nous pouvons tous faire ». « Personne ne peut être indifférent ou étranger, car chacun est une pierre nécessaire à sa construction ». « Demandons au Seigneur de nous donner la grâce d’apprendre à avoir de la patience, à pardonner et à apprendre chaque jour pour recommencer tous les temps nécessaires. »

Le prochain est avant tout une personne

Dans l’évangile selon Luc quand on demande à Jésus: « Qui est mon prochain? », il n’a pas répondu par des théories, ni prononcé un discours beau ou élevé, mais il a utilisé une parabole – le Bon Samaritain, « un exemple concret de la vie réelle que vous connaissez tous et vivez très bien ».

Le bon Samaritain, ainsi que toutes ces Maisons, « nous montre que notre voisin est avant tout une personne, une personne ayant un visage concret et réel et ne pouvant pas être ignoré, quelle que soit sa situation », avant tout « notre voisin est un visage que nous rencontrons en chemin et à travers lequel nous nous permettons d’être émus, de nous éloigner de nos schémas et de nos priorités et profondément émus par ce que cette personne vit pour lui donner une place dans notre marche. »

Don du pape à la Casa Hogar del Buen Samaritano

Après avoir terminé son discours, le Pape François a prié avec tous les assistants la prière mariale de l’Angélus et a remis au Centre une sculpture du Bon Pasteur, inspirée d’une célèbre statue exposée au Musée Pie-Cristiano des Musées du Vatican. Les paléochrétiens la trouvent des plus célèbres parmi celles que l’on trouve dans les Musées du Vatican, tout comme c’est également vrai que c’est l’œuvre la plus symbolique du christianisme primitif.

En fait, cette statue du Bon Pasteur, ainsi que celle des Musées du Vatican, ne représente apparemment qu’un homme vêtu d’une robe tenant un agneau sur les épaules, car elle contient en réalité un message iconographique extraordinaire: la miséricorde infinie de Dieu qui, comme Jean l’a écrit (3:16), « a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ».

Messe finale des JMJ: Vous êtes le « maintenant » de Dieu!

Le Pape François a présidé ce dimanche la messe de clôture des 34e Journées Mondiales de la Jeunesse,  Dans son homélie, le Saint-Père a appelé les jeunes à réaliser sans attendre l’amour du Seigneur, pour vivre dès à présent, avec passion, la mission particulière que Dieu leur confie.

Le Saint-Père est arrivée à une heure matinale au Campus Saint Jean-Paul II, où des centaines de milliers de jeunes étaient déjà rassemblées. Plusieurs chefs d’États étaient également présents: les présidents du Panama, du Costa Rica, de Colombie, du Guatemala, du Honduras, du Portugal et du Salvador.

Pour éviter une chaleur trop forte, le début de la messe finale de ces JMJ était fixé à 7 heures. Dans la lumière du soleil levant, l’assemblée, parsemée de drapeaux de tous les pays du monde, a accueilli le Pape dans la liesse et les chants. Une importante chorale donnait le rythme en applaudissant avec enthousiasme.

Au début de la cérémonie, l’archevêque de Panama, Mgr Jose Domingo Ulloa Mendieta, a prononcé une brève allocution, notamment pour remercier le Pape.

Dieu nous appelle maintenant

Dans son homélie, le Pape François s’est appuyé sur l’Évangile du jour, tiré de saint Luc (Lc 1, 1-4; 4, 14-21).  Jésus y «révèle l’heure de Dieu qui sort à notre rencontre». «L’heure de Dieu qui, avec Jésus, se rend présent, se fait visage, chair, amour de miséricorde qui n’attend pas de situations idéales ou parfaites pour sa manifestation, ni n’accepte d’excuses pour sa réalisation.» Ainsi, «en Jésus, l’avenir promis commence et prend vie.»

«Tous les habitants de Nazareth n’étaient pas prêts à croire en quelqu’un qu’ils connaissaient et avaient vu grandir et qui les invitait à mettre en œuvre un rêve tant espéré»

Cela coûte d’accepter le caractère concret de l’amour de Dieu

«Nous ne croyons pas toujours que Dieu peut être si concret et si quotidien, si proche et si réel, et encore moins qu’il se rend si présent et agissant à travers une personne connue, comme peut l’être un voisin, un ami, un parent. Nous ne croyons pas toujours que le Seigneur peut nous inviter à travailler et à nous salir les mains avec lui pour son royaume, de manière si simple mais si forte».

Les «fois sont nombreuses où nous nous comportons comme les habitants de Nazareth et préférons un Dieu à distance: beau, bon, généreux, mais à distance et qui ne gêne pas».

Un amour exigeant

«Dieu proche et quotidien, ami et frère, nous demande de tirer les enseignements en terme de proximité, de vie quotidienne et surtout de fraternité». «Il n’a pas voulu se manifester de manière angélique ou spectaculaire, mais il a voulu nous offrir un visage fraternel, amical, concret, familier. Dieu est réel parce que l’amour est réel, Dieu est concret parce que l’amour est concret».

«Et ce qui est né pour être prophétie et annonce du Royaume de Dieu finit enchaîné et appauvri. Vouloir enchaîner la parole de Dieu est chose quotidienne.»

Jeunes, sentez que votre mission est aujourd’hui

«Il peut vous arriver la même chose chaque fois que vous pensez que votre mission, votre vocation, que même votre vie est une promesse seulement pour l’avenir et n’a rien à voir avec votre présent. Comme si être jeune était synonyme de salle d’attente de celui qui attend son heure.»

«Et dans l’”entre-temps” nous vous inventons ou vous vous inventez un avenir hygiéniquement bien emballé et sans conséquences, bien armé et garanti, tout “bien assuré”. C’est la “fiction” de la joie.»

Alors, «vos rêves perdent de la hauteur, commencent à s’assoupir et deviennent des “rêvasseries” au ras du sol, mesquines et tristes, seulement parce que nous considérons ou vous considérez que ce n’est pas encore votre heure; qu’il y a assez de jeunes à s’impliquer, à rêver et à travailler à demain.»

Le Synode, un temps précieux de rencontre

Le Saint-Père a ensuite fait référence au Synode d’octobre 2018 consacré aux jeunes, mentionnant l’un de ses fruits:  «la richesse de l’écoute entre générations, la richesse de l’échange et la valeur de reconnaître que nous avons besoin les uns des autres, que nous devons faire des efforts pour favoriser les canaux et les espaces où s’impliquer pour rêver et travailler à demain, dès aujourd’hui. Mais pas de manière isolée», plutôt «ensemble, en créant un espace commun. Un espace qui ne s’offre ni ne se gagne à la loterie, mais un espace pour lequel vous devez aussi vous battre».

Vous êtes «l’heure de Dieu»

«Chers jeunes, vous n’êtes pas l’avenir mais l’heure de Dieu. Il vous convoque et vous appelle dans vos communautés et vos villes à aller à la recherche de vos grands-parents, de vos aînés ; à vous lever et, à prendre la parole avec eux et à réaliser le rêve que le Seigneur a rêvé pour vous.»

«Ce qui vous fait tomber amoureux atteindra non seulement votre imagination mais aussi affectera tout. Ce sera ce qui vous fera lever le matin et vous poussera dans les moments de lassitude, ce qui brisera le cœur et ce qui vous remplira d’étonnement, de joie et de gratitude».

«Sentez que vous avez une mission et tombez-en amoureux, cela décidera tout. Nous pourrons tout avoir, mais s’il manque la passion de l’amour, tout manquera. Laissons le Seigneur nous aimer!»

Face aux obstacles, participer à la joie du Seigneur

Jésus «n’est pas un ”entre-temps” dans la vie ou une mode passagère, il est amour de don qui invite à se donner. Il est amour concret, proche, réel ; il est joie festive qui naît en choisissant et en prenant part à la pêche miraculeuse de l’espérance et de la charité, de la solidarité et de la fraternité face à tant de regards paralysés et paralysants, à cause des craintes et de l’exclusion, de la spéculation et de la manipulation.»

«Le Seigneur et sa mission ne sont pas un ”entre-temps” dans notre vie, une chose passagère. Ils sont notre vie!»

La foi et le courage de Marie

Faisant référence au thème de ces 34e Journées Mondiales de la Jeunesse, le Pape a noté que le ‘oui’ de la Vierge Marie «a été murmuré de manière spéciale comme une musique de fond» ces derniers jours.

«Non seulement elle a cru en Dieu et en ses promesses comme une chose possible, elle a cru en Dieu et a osé dire “oui” pour participer à cette heure du Seigneur.» «Elle a senti qu’elle avait une mission, elle est tombée amoureuse et cela a décidé de tout.»

prière à Marie à la fin de la messe finale des JMJ
prière à Marie à la fin de la messe finale des JMJ

«Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre» (Lc 4, 21).  «Voulez-vous vivre la réalisation de son amour?» «Que votre “oui” continue d’être la porte d’entrée, pour que l’Esprit Saint offre une nouvelle Pentecôte au monde et à l’Église.»

Au terme de la messe, le Pape a prié Marie, en lui confiant tous les jeunes qui ont participé à ces JMJ de Panama.

Veillée des JMJ de Panama : soyez des influenceurs comme Marie

« Seul l’amour nous rend plus humains, plus complets, tout le reste sont des placebos, bons mais vides », déclare le pape François devant les centaines de milliers de jeunes rassemblés pour la JMJ de Panama 2019, ce samedi soir, 26 janvier 2019, sur la « Bande côtière » de la ville de Panama pour la grande veillée de la JMJ.

L’exemple de Marie, une femme qui a bouleversé l’histoire

Vierge Marie Veillée JMJ Panama
Vierge Marie Veillée JMJ Panama

Après des témoignages de jeunes, le pape leur a demandé s’ils voulaient « influencer » le monde comme Marie, dont la statue de Fatima était présente sur le podium: « Voulez-vous être “influenceur” à la manière de Marie qui a osé dire qu’«il en soit ainsi»?  » Marie elle-même « influencée » par Dieu!

Le pape a ensuite publié ce tweet : « Par son oui, Marie est la femme qui a le plus influencé l’histoire. Sans réseaux sociaux elle a été la première “influente”, l’“influente” de Dieu. »

Présentes aussi des reliques de l’un des saints patrons de la JMJ, saint Oscar Romero, l’évêque salvadorien martyr: son aube tachée de sang et sa mitre épiscopale avec sa devise: « Sentir avec l’Église ».

Les jeunes ont aussi ovationné saint Jean Bosco qui, a dit le pape, « n’est pas allé chercher les jeunes en des lieux lointains ou particuliers, mais qui a appris à voir tout ce qui se passait dans la ville avec les yeux de Dieu ».

« N’ayez pas peur d’ouvrir votre cœur (à Jésus)… qu’il vous pousse à embrasser la vie avec toute sa fragilité et sa petitesse, mais aussi avec tte sa grandeur et sa beauté. Qu’il vous aide à découvrir la beauté d’être vivants… vous pouvez faire plus ! »

Aux parents d’Inès, atteinte du syndrome de Down, qui ont témoigné de leur accueil, le « pape lance : « Vous avez cru que le monde n’est pas seulement pour les forts ! Merci ! »

Le pape a ainsi introduit les jeunes à l’adoration de « Jésus Saint-Sacrement » dans un silence contemplatif avec un cœur comme celui de la Vierge Marie: « Qu’il me soit fait selon ta parole », pour prier pour les vocations en Église.

Un temps d’adoration

« Dans un moment  nous allons rencontrer Jésus vivant dans l’adoration eucharistique. Je suis certain que vous aurez beaucoup de choses à lui dire, à lui raconter sur les situations diverses de vos vies, de vos familles et de vos pays. »

« Devant lui, face à face, n’ayez pas peur de lui ouvrir votre cœur, qu’il renouvelle le feu de son amour, qu’il vous pousse à embrasser la vie avec toute sa fragilité et sa petitesse, mais aussi avec toute sa grandeur et sa beauté. Qu’il vous aide à découvrir la beauté d’être vivants. »

« N’ayez pas peurde lui dire que vous aussi, voulez prendre part à son histoire d’amour dans le monde, que vous pouvez faire plus! »

Le pape leur a aussi demandé leur prière pour sa mission et il a ensuite exposé le Saint-Sacrement dans un immense ostensoir porté par une statue de la Vierge Marie: le pape l’a encensé et il a adoré le Saint-Sacrement avec les jeunes.

Un silence impressionnant, suivi par des chants et une prière d’intercession et d’action de grâce – en espagnol, en français, en polonais – pour les familles, les couples, la paternité et la maternité; pour les formes de vie consacrée; le sacerdoce; les missionnaires.

Le soleil s’était couché à Panama, et le Saint-Sacrement brillait dans la nuit.

L’adoration s’est achevée par la prière du « Tantum Ergo » en latin et des invocations du Saint-Sacrement, répétées par la foule des jeunes.

Sous les applaudissements, le pape s’est approché de la statue de la Vierge de Fatima: « Chers jeunes, vous n’êtes jamais seuls sur votre chemin de foi » est avec vous la Vierge Marie: « elle nous accompagne toujours. Accueillez-la dans votre vie. Elle nous dit: Tout ce qu’Il vous dira, faites-le ».

Le trio de jeunes chanteurs italiens « Il Volo » – Piero Barone, Ignazio Boschetto, Gianluca Ginoble – a alors chanté un Ave Maria d’une poignante émotion. Puis le pape s’est retiré et les jeunes ont scandé une nouvelle fois: « Esta es la juventud del Papa » – « Voilà les jeunes du Pape! »

Les jeunes ont ensuite emporté en procession la statue couronnée de la Vierge de Fatima et la veillée s’est prolongée par des chants. Il était  20h20 à Panama.

Discours préparé par le pape François

(sans les improvisations ajoutées d’abondance du cœur)

Chers jeunes, bonsoir!

Nous avons regardé ce beau spectacle sur l’Arbre de Vie qui nous montre comment la vie que Jésus nous offre est une histoire d’amour, une histoire de vie qui veut se mêler à la nôtre et plonger ses racines dans la terre de chacun. Cette vie n’est pas un salut suspendu “dans les nuages” attendant d’être déversé, ni une “application” nouvelle à découvrir, ni un exercice mental fruit de techniques de dépassement de soi.

Elle n’est pas non plus un “tutoriel” avec lequel on apprendrait la dernière nouveauté. Le salut que le Seigneur nous offre est une invitation à faire partie d’une histoire d’amour qui se tisse avec nos histoires; qui vit et veut naître parmi nous pour que nous donnions du fruit là où nous sommes, comme nous sommes et avec qui nous sommes. C’est là que le Seigneur vient planter et se planter; il est le premier à dire “oui” à notre vie, à notre histoire, et il veut que nous aussi disions “oui” avec lui.

Il a de cette manière surpris Marie et il l’a invitée à faire partie de cette histoire d’amour. Bien sûr, la jeune de Nazareth ne sortait pas sur les “réseaux sociaux” de l’époque, elle n’était pas une “influenceur”, mais sans le demander ni le rechercher, elle est devenue la femme qui a le plus influencé l’histoire.

Marie, l’“influenceur” de Dieu. En peu de mots elle a osé dire “oui” et faire confiance à l’amour et aux promesses de Dieu, seule force capable de rendre toutes choses nouvelles.

Le force du “oui” de cette jeune attire toujours l’attention, son “qu’il en soit ainsi” dit à l’ange. Ce fut une chose différente d’une acceptation passive ou résignée, d’un “oui” voulant dire: on verra bien ce qui va se passer. Ce fut quelque chose de plus, quelque chose de différent. Ce fut le “oui” de celle qui veut s’engager et risquer, de celle qui veut tout parier, sans autre sécurité que la certitude de savoir qu’elle était porteuse d’une promesse.

Elle aura, sans doute, une mission difficile, mais les difficultés n’étaient pas une raison pour dire “non”. Elle aura des difficultés, certainement, mais ce ne seront pas les mêmes difficultés qui apparaissent quand la lâcheté nous paralyse du fait que tout n’est pas clair ni assuré par avance. Le “oui” et les envies de servir ont été plus forts que les doutes et les difficultés.

Dire « oui » signifie embrasser la vie telle qu’elle est

Ce soir aussi, nous écoutons comment le “oui” de Marie fait écho et se multiplie de génération en génération. Beaucoup de jeunes, à l’exemple de Marie, risquent et parient guidés par une promesse.

Merci Erika et Rogelio pour le témoignage que vous nous avez offert. Vous avez partagé vos craintes, vos difficultés et le risque vécu à la naissance de votre fille Inés. Vous avez dit à un moment: «A nous parents, en diverses circonstances, il en coûte d’accepter l’arrivée d’un bébé qui a une maladie ou un handicap», cela est certain et compréhensible.

Mais le plus surprenant est lorsque vous avez ajouté: «A la naissance de notre fille, nous avons décidé de l’aimer de tout notre cœur». Avant son arrivée, face à toutes les annonces et les difficultés qui apparaissaient, vous avez pris une décision et avez dit comme Marie: «Qu’il en soit ainsi», vous avez décidé de l’aimer. Devant la vie de votre fille fragile, sans défense et dans le besoin, la réponse a été un “oui” et là nous avons Inès. Vous avez cru que le monde n’est pas seulement pour les forts!

Dire “oui” au Seigneur, c’est oser embrasser la vie comme elle vient, avec toute sa fragilité, sa petitesse et, souvent, avec toutes ses contradictions et ses insignifiances, du même amour dont Erika et Rogelio nous ont parlé. C’est embrasser notre patrie, nos familles, nos amis tels qu’ils sont, aussi avec leurs fragilités et petitesses.

Embrasser la vie se manifeste aussi quand nous accueillons tout ce qui n’est pas parfait, pur ou distillé, mais non pas moins digne d’amour. Une personne, n’est-elle pas digne d’amour parce qu’elle est handicapée ou fragile?

Une personne n’est-elle pas digne d’amour parce qu’elle est étrangère, parce qu’elle s’est trompée, parce qu’elle est malade ou en prison? Jésus a fait ainsi: il a embrassé le lépreux, l’aveugle et le paralytique, il a embrassé le pharisien et le pécheur. Il a embrassé le larron sur la croix et il a même embrassé et pardonné à ceux qui le crucifiaient.

Pourquoi? Parce que seul celui qui aime peut être sauvé. Seul celui qui embrasse peut être transformé. L’amour du Seigneur est plus grand que toutes nos contradictions, nos fragilités et nos petitesses, mais c’est précisément à travers nos contradictions, nos fragilités et nos petitesses qu’il veut écrire cette histoire d’amour.

Dieu nous embrasse toujours et nous aide à nous relever

Il a embrassé le fils prodigue, il a embrassé Pierre après son reniement et il nous embrasse toujours, toujours, après nos chutes, en nous aidant à nous relever et nous remettre sur pieds. Parce que la véritable chute, celle qui est capable de ruiner notre vie, c’est de rester à terre et ne pas se laisser aider.

Qu’il est difficile, souvent, de comprendre l’amour de Dieu! Mais, quel don c’est de savoir que nous avons un Père qui nous embrasse au-delà de toutes nos imperfections!

Le premier pas consiste à ne pas avoir peur de recevoir la vie comme elle vient, d’embrasser la vie !

Merci Alfred pour ton témoignage et pour le courage de l’avoir partagé avec nous tous. J’ai été très impressionné quand tu as dit: «J’ai commencé à travailler dans le bâtiment jusqu’à ce que tel projet se termine. Sans emploi, les choses ont pris une autre couleur: sans école, sans occupation et sans travail». Je le résume dans les quatre “sans” qui rendent notre vie sans racines et la dessèche: sans travail, sans éducation, sans communauté, sans famille.

Il est impossible que quelqu’un grandisse s’il n’a pas de racines fortes qui aident à être bien soutenu et enraciné dans la terre. Il est facile de “se faire exploser”, quand il n’y a pas de lieu pour se fixer. Cela c’est une question que nous, les aînés, sommes obligés de nous poser, et plus encore, c’est une question que vous aurez à nous poser et à laquelle nous aurons le devoir de répondre: quelles racines nous donnons-vous, quels fondements, pour vous construire, nous fournissons-vous?

Pour rêver de l’avenir, je dois savoir pour qui je vis

Combien il est facile de critiquer les jeunes et de passer son temps à murmurer, si nous vous privons des opportunités de travail, éducatives et communautaires auxquelles vous raccrocher et rêver l’avenir. Sans éducation il est difficile de rêver l’avenir, sans travail, il est très difficile de rêver l’avenir, sans famille ni communauté il est quasi impossible de rêver l’avenir. Parce que rêver l’avenir, c’est apprendre non seulement pour quoi je vis, mais aussi pour qui je vis, pour qui il vaut la peine de dépenser la vie.

Comme nous le disait Alfred, quand quelqu’un décroche et reste sans travail, sans éducation, sans communauté et sans famille, à la fin de la journée on se sent vide et on termine en remplissant ce vide avec n’importe quoi. Parce que nous ne savons pas encore pour qui vivre, lutter, aimer.

Je me rappelle une fois en bavardant avec des jeunes, l’un d’eux me demanda: Père, pourquoi aujourd’hui beaucoup de jeunes ne se demandent pas si Dieu existe ou pourquoi il leur est difficile de croire en lui et pourquoi ils n’ont pas beaucoup d’engagements dans la vie? Je leur ai répondu: et vous, qu’en pensez-vous?

Parmi les réponses qui furent données dans la conversation, je me souviens d’une qui m’a touché au cœur et qui a rapport avec l’expérience qu’Alfred a partagée: “c’est parce que beaucoup d’entre eux sentent que, peu à peu, ils cessent d’exister pour les autres, ils se sentent souvent invisibles”.

C’est la culture de l’abandon et du manque de considération. Je ne dis pas tous, mais beaucoup sentent qu’’ils n’ont pas beaucoup ou rien à apporter, parce qu’ils n’ont pas de véritables espaces où ils se sentent appelés. Comment vont-ils penser que Dieu existe, s’il y a longtemps qu’ils ont cessé d’exister pour leurs frères?

Pour se sentir aimé, le « réseau » ne suffit pas

Nous le savons bien, il ne suffit pas d’être toute la journée connecté pour se sentir reconnu et aimé. Se sentir considéré et invité à quelque chose est plus important qu’être “sur le réseau”. Cela signifie trouver des espaces où ils peuvent avec leurs mains, avec leur cœur et avec leur tête se sentir faire partie d’une communauté plus grande qui a besoin d’eux et qui a aussi besoin de vous.

Cela, les saints l’ont très bien compris. Je pense par exemple à Don Bosco qui n’est pas allé chercher les jeunes en des lieux lointains ou particuliers, mais qui a appris à voir tout ce qui se passait dans la ville avec les yeux de Dieu et, ainsi, il a été touché par des centaines d’enfants et de jeunes abandonnés sans études, sans travail et sans la main amie d’une communauté.

Beaucoup vivaient dans la même ville, beaucoup critiquaient ces jeunes, mais ils ne savaient pas les regarder avec les yeux de Dieu. Lui l’a fait, et il osé faire le premier pas: embrasser la vie comme elle se présente et, à partir de là, il n’a pas eu peur de faire le second pas : créer avec eux une communauté, une famille où, avec le travail et l’étude, ils se sentent aimés. Leur donner des racines où se fixer pour qu’ils puissent parvenir au ciel.

Je pense à beaucoup de lieux de notre Amérique Latine qui promeuvent ce qu’on appelle la grande famille foyer du Christ qui, avec le même esprit que celui de la Fondation Jean Paul II dont nous parlait Alfred et de beaucoup d’autres centres, cherchent à recevoir la vie comme elle vient dans sa totalité et sa complexité, parce qu’ils savent qu’«il y a pour l’arbre un espoir: une fois coupé, il peut verdir encore et les jeunes pousses ne lui feront pas défaut» (Jb, 14, 7).

Et toujours on peut“reverdir et donner de jeunes pousses” quand il y a une communauté, la chaleur d’un foyer où prendre racine, qui donne la confiance nécessaire et prépare le cœur à découvrir un nouvel horizon: horizon d’enfant aimé, cherché, rencontré et donné à une mission. C’est par le moyen de visages concrets que le Seigneur se rend présent.

Bâtisseurs de communautés ecclésiales

Dire: “oui” à cette histoire d’amour, c’est dire “oui” au fait d’être des instruments pour construire, dans nos quartiers, des communautés ecclésiales capables de se promener dans la ville, d’embrasser et de tisser de nouvelles relations.

Être un “influenceur” au XXIème siècle, c’est être gardien des racines, gardien de tout ce qui empêche que notre vie devienne évanescente, s’évapore dans le rien. Soyez des gardiens de tout ce qui nous permet de nous sentir partie les uns des autres. Que nous nous appartenons.

C’est ainsi que l’a vécu Nirmeen, lors des JMJ de Cracovie. Elle a rencontré une communauté vivante, joyeuse, qui est sortie à sa rencontre, qui lui a donnée une appartenance et lui a permis de vivre la joie qu’implique être rencontrée par Jésus.

Une fois, un saint s’est demandé: «Le progrès de la société, consistera-t-il seulement à parvenir à posséder la dernière voiture ou acquérir la dernière technique du marché? Est-ce en cela que se résume la grandeur de l’homme? N’y a-t-il rien d’autre que de vivre pour cela? (cf. Saint Alberto Hurtado, Meditación de Semana Santa para jóvenes, 1946).

Je vous demande: c’est là votre grandeur? Vous n’avez été créés pour rien d’autre? Marie l’a compris et a dit: Qu’il en soit ainsi! Erika et Rogelio l’ont compris et ils ont dit: qu’il en soit ainsi! Alfredo l’a compris et a dit: qu’il en soit ainsi! Nirmeen l’a compris et a dit: qu’il en soit ainsi! Chers amis, je vous demande: êtes-vous disposés à dire “oui”?

Pour un monde meilleur, il faut des gens qui disent « oui » à l’amour de Dieu

L’Évangile nous apprend que le monde ne sera pas meilleur, parce qu’il y aurait moins de personnes malades, faibles, fragiles ou âgées dont il faut s’occuper, pas même parce qu’il y aurait moins de pécheurs. Mais il sera meilleur quand plus nombreuses seront les personnes qui, comme ces amis, seront prêts et oseront concevoir demain et croire en la force transformatrice de l’amour de Dieu.

Voulez-vous être “influenceur” à la manière de Marie qui a osé dire qu’«il en soit ainsi»? Seul l’amour nous rend plus humains, plus complets, tout le reste sont des placebos, bons mais vides.

Un temps d’adoration

Dans un moment, nous allons rencontrer Jésus vivant dans l’adoration eucharistique. Je suis certain que vous aurez beaucoup de choses à lui dire, à lui raconter sur les situations diverses de vos vies, de vos familles et de vos pays.

Devant lui, face à face, n’ayez pas peur de lui ouvrir votre cœur, qu’il renouvelle le feu de son amour, qu’il vous pousse à embrasser la vie avec toute sa fragilité et sa petitesse, mais aussi avec toute sa grandeur et sa beauté. Qu’il vous aide à découvrir la beauté d’être vivants.

N’ayez pas peur de lui dire que vous aussi, voulez prendre part à son histoire d’amour dans le monde, que vous pouvez faire plus!

Chers amis, je vous demande aussi que, dans ce face à face avec Jésus, vous priez pour moi pour que je n’ai pas, moi non plus, peur d’embrasser la vie, que je garde les racines et dise comme Marie: qu’il me soit fait selon ta parole!

[Texte original: Espagnol]

© Librairie éditrice du Vatican