Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Prier le Notre Père comme Jésus nous l’a enseigné

Catéchèse sur le « Notre Père »: 6. Notre père à tous

Il faut prendre exemple sur Jésus, qui invite à prier dans le secret du cœur, sans chercher à se faire remarquer par les autres. Le Pape François l’a exprimé ce matin lors de l’audience générale de ce mercredi matin, tenue en Salle Paul VI dans le cycle de ses catéchèses sur le Notre Père.

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 13 février 2019


Chers frères et sœurs, nous continuons d’apprendre à prier comme Jésus nous l’a enseigné. A la racine, il y a un dialogue silencieux, comme un carrefour, un échange de regard entre deux personnes qui s’aiment : l’homme et Dieu. Jésus ne veut pas l’hypocrisie. La vraie prière est celle qui s’accomplit dans le secret de la conscience, du cœur : insondable, visible seulement pour Dieu. Moi et Dieu. La prière nous place en vérité devant Dieu : elle fuit le mensonge.

Dans le secret de sa conscience, le chrétien ne s’éloigne pas du monde derrière la porte de sa chambre, mais il porte dans son cœur les personnes et les situations, les problèmes. Dans son enseignement, Jésus souligne que la prière est un dialogue avec Dieu qui passe du « Tu » au « nous ».  «Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour»doit d’ailleurs concerner tous les pauvres du monde et nous inciter au partage.

En effet, dans la prière chrétienne, personne ne demande pour lui-même : c’est la prière d’une communauté de frères et de sœurs en disant “nous”. Cela m’empêche de rester tranquille tout seul et m’invite à me sentir responsable des autres.

Dans la prière, un chrétien porte toutes les difficultés des personnes qui vivent à côté de lui (…) : il pose devant lui de nombreux visages amis ou même hostiles; il ne les chasse pas comme des distractions dangereuses. A la suite de Jésus qui a éprouvé une grande compassion devant les misères du monde, «éprouver de la compassion» est une attitude-clé de l’Évangile.

Ainsi, le bon samaritain s’approche de l’homme blessé, contrairement à ceux qui ont le cœur dur. Quand je prie, est-ce que je m’ouvre au cri de tant de personnes proches ou éloignées ? Jésus nous demande de prier pour ceux qui apparemment ne cherchent pas Dieu, car Dieu les cherche plus que tous les autres, lui qui est toujours bon avec tous. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” » Mt 25, 40)

Je vous invite à prendre chaque jour un moment pour prier afin d’ouvrir votre cœur à Dieu et aux autres. Que Jésus soit votre guide sur le chemin de la prière ! Bon pèlerinage à tous.


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l’engagement à la suite du Christ face au ritualisme

Une opposition frontale

A la scène paisible et silencieuse de la piété populaire qui touche Notre-Seigneur par la foi et obtient le salut, s’oppose aujourd’hui l’attitude critique des pharisiens, qui argumentent de mille pseudo-raisons pour ne pas s’engager à la suite du Christ.

Ernst Karl Georg Zimmermann - Jésus et des pharisiens - 1900
Ernst Karl Georg Zimmermann – Jésus et des pharisiens – 1900

Elles sont loin les foules accourant vers le Seigneur comme des brebis se rassemblant autour de leur berger ! Jésus consent néanmoins à descendre dans l’arène pour y subir l’interrogation des pharisiens, car eux aussi sont des enfants du Père, qu’il a mission de sauver.

Notre passage ne nous donne que quelques brefs échos des controverses que Notre-Seigneur a dû endurer, des flots de paroles bruyantes et agressives qu’il a dû supporter de la part de ces fils d’Israël, jaloux de son ascendant sur le peuple ; de la haine aussi à laquelle il a consenti à s’exposer.

Les accusateurs et la tradition des anciens

Contrairement aux foules qui humblement « suppliaient Jésus de leur laisser toucher ne serait-ce que la frange de son manteau » (Mc 6, 56), les pharisiens et autres scribes « venus de Jérusalem, se réunissent autour de Jésus » ; ils l’encerclent comme des juges se tenant autour d’un accusé.

L’interpellation est déjà une accusation implicite : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? » Nous imaginons spontanément que les disciples se sont rendus coupable d’un écart doctrinal ou moral significatif ; or il n’en est rien : l’objet de la controverse se résume à une règle d’hygiène élémentaire : se laver les mains avant de prendre son repas.

En quoi cela concerne-t-il la « tradition des anciens », c’est-à-dire la religion des Pères ? Posée ainsi, la question peut en effet sembler oiseuse, voire mesquine, pour nous qui avons à ce point séparé la foi de la vie que les signes d’appartenance à la Tradition chrétienne se limitent bien souvent à la participation à la liturgie dominicale.

Pour Israël, toute activité possède une dimension religieuse essentielle ; aussi la tradition des anciens avait-elle établi un certain nombre de prescriptions – prières, bénédictions et autres rites – qui devaient aider le croyant à garder sans cesse en mémoire l’orientation surnaturelle de sa vie quotidienne.

La contestation de Jésus et le commandement de Dieu

Ce n’est certes pas cela que Jésus conteste ; loin de lui de se présenter comme un défenseur d’un laïcisme qui prétendrait renvoyer à la sphère privée l’expression de la foi et de l’appartenance à la communauté croyante. Mais Notre-Seigneur réagit contre une pratique religieuse vidée de son âme, de son intériorité, de son intentionnalité spirituelle.

Un tel ritualisme n’accomplit plus ce à quoi il était destiné : « S’il me manque l’amour je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante » (1 Co 13, 1). Sans la charité, la « tradition des anciens » est stérile ; elle n’est plus l’expression d’une attitude intérieure de foi, c’est-à-dire de vie en communion avec le Père et le Fils dans l’Esprit.

C’est ce clivage entre le paraître extérieur et l’être intérieur que Jésus dénonce comme hypocrisie : « Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est loin de moi. Il est inutile le culte qu’ils me rendent ». L’exemple que donne Notre-Seigneur pour illustrer son propos est particulièrement significatif de la perversité de cette dérive.

Le commandement de Dieu explicitement mentionné dans les Écritures : « Honore ton père et ta mère », est annulé par un décret d’une tradition toute humaine, dont les motivations sont loin d’être spirituelles, puisqu’elles visent au profit du temple et surtout de ceux qui le desservent.

Sous couvert de religiosité, la fameuse « tradition des anciens » fait passer l’intérêt de la caste sacerdotale avant la charité la plus élémentaire, et ceci malgré le précepte divin.

« Vous annulez la parole de Dieu par la tradition que vous transmettez » : tel est le douloureux constat auquel aboutit Notre-Seigneur en observant le comportement des pharisiens de son époque et de tous les temps, y compris le nôtre.

A l’heure où tant de voix s’approprient les Évangiles pour réinterpréter la personne du Christ à leur convenance, c’est-à-dire au service de leurs idéologies, il est bon de faire un examen de conscience sur la manière dont j’accueille la Parole : dans la pauvreté d’un cœur humble tout disposé à lui obéir, ou avec la suffisance de celui qui la met au service de son propre discours, afin de justifier sa volonté propre ?

Sainte Marie, aidez-nous à demeurer à chaque instant en présence de votre Fils dans une attitude d’humble soumission à sa Parole ; que l’Esprit Saint repose sur nous, afin que « tout ce que vous direz, tout ce que vous ferez, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père. » (Col 3, 17).

adapté de P. Joseph-Marie

Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement

Le Bon Samaritain soigne à l'auberge l'homme blessé - cathédrale de Chartres
Le Bon Samaritain soigne à l’auberge l’homme blessé – cathédrale de Chartres

Instituée par le saint Pape Jean-Paul II le 13 mai 1992, la Journée mondiale du malade est célébrée chaque année le 11 février par l’Église universelle, en la mémoire de Notre-Dame de Lourdes. Cette année, son thème met l’accent sur le don de soi au service de ceux qui souffrent, avec cette phrase de l’Évangile: «Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement» (Mt 10,8).

Dans son message rendu public le 8 janvier dernier, le Pape François souligne l’importance de la gratuité dans la relation entre le malade et le personnel soignant.

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MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS
À L’OCCASION DE LA XXVIIe JOURNÉE MONDIALE DU MALADE 2019

« Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10, 8)

Chers frères et sœurs,

« Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10, 8). Ce sont les mots prononcés par Jésus au moment d’envoyer les Apôtres proclamer l’Évangile, afin que son Royaume s’étende à travers des gestes d’amour gratuit.

À l’occasion de la XXVIIème Journée Mondiale du Malade, qui sera célébrée de façon solennelle à Calcutta, en Inde, le 11 février 2019, l’Église, Mère de tous ses enfants, surtout des malades, rappelle que les gestes de don gratuit, comme ceux du Bon Samaritain, sont la voie la plus crédible de l’évangélisation.

Le soin des malades a besoin de professionnalisme et de tendresse, de gestes gratuits, immédiats et simples comme une caresse, à travers lesquels on fait sentir à l’autre qu’il nous est « cher ».

La vie est un don de Dieu, et comme interroge Saint Paul : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (1 Co 4, 7). Précisément parce que c’est un don, l’existence ne peut pas être considérée comme une simple possession ou comme une propriété privée, surtout face aux conquêtes de la médecine et de la biotechnologie qui pourraient amener l’homme à céder à la tentation de la manipulation de l’« arbre de la vie » (cf. Gn 3, 24).

Face à la culture du déchet et de l’indifférence, je tiens à affirmer que le don doit être considéré comme le paradigme capable de défier l’individualisme et la fragmentation sociale contemporaine, pour établir de nouveaux liens et diverses formes de coopération humaine entre les peuples et les cultures.

Le dialogue, qui apparaît comme un présupposé du don, ouvre des espaces relationnels de croissance et de développement humain capables de rompre les schémas établis d’exercice du pouvoir de la société. Donner n’est pas l’équivalent de l’action d’offrir car cela ne peut s’employer que s’il s’agit d’un don de soi et cela ne peut pas être réduit au simple transfert d’une propriété ou de quelque objet.

Donner se différencie d’offrir précisément parce que cela contient le don de soi et suppose le désir d’établir un lien. Le don est donc avant tout une reconnaissance réciproque, qui constitue le caractère indispensable du lien social. Dans le don, il y a le reflet de l’amour de Dieu, qui culmine dans l’incarnation du Fils Jésus et dans l’effusion de l’Esprit Saint.

Tout homme est pauvre, nécessiteux et indigent. Quand nous naissons, nous avons besoin pour vivre des attentions de nos parents, et de même, à chaque phase et étape de la vie, chacun de nous ne parviendra jamais à se libérer totalement du besoin et de l’aide des autres, il ne réussira jamais à arracher de soi la limite de l’impuissance face à quelqu’un ou quelque chose.

C’est aussi une condition qui caractérise notre être de « créature ». La reconnaissance loyale de cette vérité nous invite à rester humbles et à pratiquer courageusement la solidarité, comme vertu indispensable à l’existence.

Cette conscience nous pousse à une pratique responsable et responsabilisante, en vue d’un bien qui est inséparablement personnel et commun. Ce n’est que quand l’homme cesse de se concevoir comme un monde à part, mais comme quelqu’un qui, par nature, est lié à tous les autres, originellement pressentis comme des « frères », qu’une pratique sociale solidaire, imprégnée du sens du bien commun, est possible.

Nous ne devons pas craindre de reconnaître que nous sommes pauvres et que nous sommes incapables de nous procurer tout ce dont nous aurions besoin, car seuls et avec nos seules forces, nous ne parvenons pas à vaincre toutes nos limites.

Ne craignons pas de le reconnaître, car Dieu lui-même, en Jésus, s’est abaissé (cf. Ph 2, 8) et il se penche sur nous et sur nos pauvretés pour nous aider et nous donner ces biens que seuls nous ne pourrions jamais avoir.

En cette circonstance de la célébration solennelle en Inde, je souhaite rappeler avec joie et admiration la figure de la Sainte Mère Teresa de Calcutta, un modèle de charité qui a rendu visible l’amour de Dieu pour les pauvres et les malades.

Comme je l’affirmais à l’occasion de sa canonisation : « Mère Teresa, tout au long de son existence, a été une généreuse dispensatrice de la miséricorde divine, en se rendant disponible à tous à travers l’accueil et la défense de la vie humaine, la vie dans le sein maternel comme la vie abandonnée et rejetée. […]

Elle s’est penchée sur les personnes abattues qu’on laisse mourir au bord des routes, en reconnaissant la dignité que Dieu leur avait donnée ; elle a fait entendre sa voix aux puissants de la terre, afin qu’ils reconnaissent leurs fautes face aux crimes […] de la pauvreté qu’ils ont créée eux-mêmes.

La miséricorde a été pour elle le ‘‘ sel ’’ qui donnait de la saveur à chacune de ses œuvres, et la ‘‘ lumière ’’ qui éclairait les ténèbres de ceux qui n’avaient même plus de larmes pour pleurer leur pauvreté et leur souffrance.

Sa mission dans les périphéries des villes et dans les périphéries existentielles perdure de nos jours comme un témoignage éloquent de la proximité de Dieu aux pauvres parmi les pauvres » (Homélie, 4 septembre 2016).

Sainte Mère Teresa nous aide à comprendre que le seul critère d’action doit être l’amour gratuit envers tous, sans distinction de langue, de culture, d’ethnie ou de religion. Son exemple continue à nous guider pour ouvrir des horizons de joie et d’espérance pour l’humanité qui a besoin de compréhension et de tendresse, surtout pour ceux qui souffrent.

La gratuité humaine est le levain de l’action des volontaires qui ont tant d’importance dans le secteur socio-sanitaire et qui vivent de façon éloquente la spiritualité du bon Samaritain.

Je remercie et j’encourage toutes les associations de volontaires qui s’occupent du transport et du secours des patients, celles qui pourvoient aux dons de sang, de tissus et d’organes.

Un secteur spécial dans lequel votre présence exprime l’attention de l’Église est celui de la protection des droits des malades, surtout de ceux qui sont affectés par des pathologies qui requièrent des soins spéciaux, sans oublier le domaine de la sensibilisation et de la prévention.

Vos services revêtent une importance fondamentale dans les structures sanitaires et à domicile, qui vont de l’assistance médicale au soutien spirituel. Beaucoup de personnes malades, seules, âgées, présentant des fragilités psychiques ou motrices, en bénéficient.

Je vous exhorte à continuer d’être un signe de la présence de l’Église dans le monde sécularisé. Le volontaire est un ami désintéressé auquel on peut confier ses pensées et ses émotions ; grâce à l’écoute, il crée les conditions qui font passer le malade, d’objet passif de soins, à l’état de sujet actif et protagoniste d’un rapport de réciprocité, capable de retrouver l’espérance, mieux disposé à accepter les thérapies.

Le volontariat communique des valeurs, des comportements et des styles de vie qui sont animés par le ferment du don. C’est ainsi également que se réalise l’humanisation des soins.

La dimension de la gratuité devrait surtout animer les structures sanitaires catholiques, car c’est la logique évangélique qui caractérise leur action, tant dans les régions les plus avancées que dans les plus défavorisées du monde.

Les structures catholiques sont appelées à exprimer le sens du don, de la gratuité et de la solidarité, en réponse à la logique du profit à tout prix, du donner pour obtenir, de l’exploitation qui ne s’embarrasse pas des personnes.

Je vous exhorte tous, à différents niveaux, à promouvoir la culture de la gratuité et du don, indispensable pour dépasser la culture du profit et du déchet. Les institutions sanitaires catholiques ne devraient pas tomber dans le travers consistant à privilégier les intérêts de l’entreprise, mais sauvegarder l’attention à la personne plutôt que le gain.

Nous savons que la santé est relationnelle, elle dépend de l’interaction avec les autres et a besoin de confiance, d’amitié et de solidarité ; c’est un bien dont on ne peut jouir « en plénitude » que s’il est partagé. La joie du don gratuit est l’indicateur de santé du chrétien.

Je vous confie tous à Marie, Salus infirmorum. Qu’elle nous aide à partager les dons reçus dans l’esprit du dialogue et de l’accueil réciproque, à vivre comme des frères et sœurs attentifs aux besoins les uns des autres, à savoir donner d’un cœur généreux, à apprendre la joie du service désintéressé.

Je vous assure que je suis proche de vous tous dans la prière, avec mon affection, et je vous envoie de tout cœur la Bénédiction Apostolique.

Du Vatican, le 25 novembre 2018 – Solennité du Christ-Roi de l’Univers

Pape François


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