Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Le Christ donne la vraie liberté

Rabbi Gamaliel l'ancien
Rabbi Gamaliel l’ancien

Dans l’homélie de la messe célébrée ce vendredi 13 avril 2018, le Pape a évoqué les trois exemples de liberté que nous proposent les lectures du jour: Gamaliel, les apôtres Pierre et Jean, et Jésus lui-même. Ils montrent que la vraie liberté est de faire place à Dieu et de le suivre dans la joie, malgré les souffrances.

Le temps pascal nous parle de cette liberté filiale que Jésus nous a rendue «par son œuvre rédemptrice». La liturgie nous présente d’abord un premier personnage, le pharisien Gamaliel, docteur de la Loi, qui convainc le Sanhédrin de libérer Pierre et Jean, emprisonnés pour avoir guéri le paralytique de la «Belle Porte».

Gamaliel est un homme libre, il «raisonne avec sang-froid», il fait réfléchir ses confrères, et les persuade que le temps fait son œuvre. La patience est en effet une des caractéristiques de l’homme vraiment libre, qui sait que Dieu agit en son temps.

Le procurateur Pilate raisonnait aussi avec sang-froid, mais il était «esclave du carriérisme, de l’ambition et du succès». En somme, il n’était pas libre, et n’a donc pas été en mesure de résoudre le problème qui se présentait à lui.

Suivre Jésus dans la joie, malgré les souffrances

Guérison par Pierre d'un paralytique - église Saint Pierre - Bordeaux
Guérison par Pierre d’un paralytique – église Saint Pierre – Bordeaux

Le second exemple de liberté, nous le trouvons dans les figures de Pierre et Jean, présentés devant le Sanhédrin pour avoir guéri un paralytique. Le Conseil suprême finit par les libérer, mais non sans les avoir fait flageller. Punis injustement, «ils s’en allèrent du Sanhédrin tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus (Ac 5-41)».

«La joie d’imiter Jésus est une autre liberté: plus grande, plus large, plus chrétienne». Pierre , avec Jean, accepte de souffrir pour le nom de Jésus, et en ressent de la joie. C’est cela la liberté d’un amoureux de Jésus. (…) Seigneur, tu m’as tant donné, tu as tant souffert pour moi. Et moi, que puis-je faire pour toi ? Prends ma vie, mon esprit, mon cœur, tout est à toi».

Le Christ, exemple parfait de cette liberté intérieure

Le dernier exemple de liberté est Jésus lui-même, qui accomplit le miracle de la multiplication des pains et des poissons. Il comprend que le peuple, galvanisé par le prodige, veut l’enlever pour en faire son roi. Mais Lui se retire dans la montagne. «Il ne se laisse pas tromper par le triomphalisme et s’en éloigne». Cette liberté s’exerce également lorsqu’il repousse les tentations de Satan, dans le désert, lorsqu’il suit la volonté du Père.

Et notre liberté propre, celle que Dieu nous a donnée ? «Sommes-nous libres de raisonner avec sang-froid, et de faire place à Dieu dans notre vie, comme Gamaliel? Sommes-nous libres de suivre Jésus avec joie, même dans les souffrances, comme Pierre et Jean? Sommes-nous libres des passions, des ambitions, de la mode? Ou bien sommes-nous à l’image du monde, un peu «schizophrènes»: criant «liberté !» mais devenant toujours plus esclaves ?»

le grand signe de la multiplication des pains

pains et poissons, mosaïque de Tabgha
pains et poissons, mosaïque de Tabgha

L’Évangile du [jour] (Jn 6, 1-15) présente le grand signe de la multiplication des pains, dans le récit de l’évangéliste Jean. Jésus se trouve sur la rive du lac de Galilée et est entouré d’une «grande foule», attirée par les «signes qu’il opérait sur les malades» (v. 2). En lui agit la puissance miséricordieuse de Dieu, qui guérit de tout mal du corps et de l’esprit.

Mais Jésus n’est pas seulement guérisseur, il est aussi maître: en effet, il gravit la montagne et s’assoit, dans l’attitude typique du maître lorsqu’il enseigne: il monte sur cette «chaire» naturelle créée par son Père céleste. A ce moment là, Jésus qui sait bien ce qu’il s’apprête à faire, met ses disciples à l’épreuve.

Que faire pour rassasier tous ces gens? Philippe, l’un des Douze, fait un calcul rapide: en organisant une collecte, l’on pourra rassembler au maximum deux cents sous pour acheter du pain, ce qui ne suffirait toutefois pas à rassasier cinq mille personnes.

Les disciples réfléchissent en termes de «marché», mais Jésus substitue une autre logique à la logique de l’achat, celle du don. C’est alors qu’André, un autre des apôtres, frère de Simon Pierre, présente un enfant qui met à disposition tout ce qu’il a: cinq pains et deux poissons; mais bien sûr — dit André — cela ne représente rien pour cette foule (cf. v. 9).

Mais Jésus attendait précisément cela. Il commande aux disciples de faire asseoir les gens, puis prit ces pains et ces deux poissons, rendit grâce au Père et les distribua (cf. v. 11). Ces gestes anticipent ceux de la Dernière Cène, qui donnent au pain de Jésus sa signification la plus vraie. Le pain de Dieu est Jésus lui-même.

En faisant la communion avec lui, nous recevons sa vie en nous et devenons enfants du Père céleste et frères entre nous. En faisant la communion, nous rencontrons Jésus réellement vivant et ressuscité! Participer à l’Eucharistie signifie entrer dans la logique de Jésus, la logique de la gratuité, du partage.

Et même si nous sommes pauvres, nous pouvons donner quelque chose. «Faire la communion» signifie aussi puiser dans le Christ la grâce qui nous rend capables de partager avec les autres ce que nous sommes et ce que nous avons.

La foule est frappée par le prodige de la multiplication des pains; mais le don que Jésus offre est la plénitude de vie pour l’homme affamé. Jésus rassasie non seulement la faim matérielle, mais également la faim plus profonde, la faim de sens de la vie, la faim de Dieu.

Face à la souffrance, à la solitude, à la pauvreté et aux difficultés de tant de gens, que pouvons-nous faire? Se plaindre ne résout rien, mais nous pouvons offrir ce peu que nous avons, comme le garçon de l’Évangile. Nous avons certainement quelques heures de temps, quelques talents, quelques compétences…

Qui parmi nous n’a pas ses «cinq pains et ses deux poissons»? Nous en avons tous! Si nous sommes disposés à les mettre entre les mains du Seigneur, ils suffiront à faire qu’il y ait dans le monde un peu plus d’amour, de paix, de justice et surtout de joie. Comme la joie dans le monde est nécessaire! Dieu est capable de multiplier nos gestes de solidarité les plus petits et de nous faire participer à son don.

Que notre prière soutienne l’engagement commun afin que ne manque jamais à personne le Pain du ciel qui donne la vie éternelle et le nécessaire pour une vie digne, et que s’affirme la logique du partage et de l’amour. Puisse la Vierge Marie nous accompagner de son intercession maternelle.

PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS 26 juillet 2015

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Sang vivant des martyrs

Saints martyrs de l'Ouganda
Saints martyrs de l’Ouganda

Les messes quotidiennes du Pape à Sainte Marthe ont repris ce jeudi 12 avril 2018. Dans l’homélie de ce jour, François s’est attardé sur ce qui caractérise la joie pascale: l’obéissance, le témoignage et le sens du concret.  Il a rappelé qu’il y a plus de chrétiens persécutés aujourd’hui que dans les premiers siècles: en prison, égorgés et frappés en raison de leur foi en Jésus.

La joie pascale

Les cinquante jours  qui ont suivi la résurrection du Christ ont été pour les apôtres un «temps de joie». Une joie véritable, mais encore empreinte de doute, de peur, d’incertitude, et qui devient finalement «courageuse», après la venue de l’Esprit Saint, le jour de la Pentecôte. Avant, «les apôtres comprenaient pourquoi ils voyaient le Seigneur, ils étaient heureux mais ils ne comprenaient pas tout» ; «c’est l’Esprit Saint qui leur fait tout comprendre.»

L’obéissance, c’est de faire la volonté de Dieu

Il était défendu aux apôtres de prêcher, ni même d’annoncer le nom de Jésus. Comme le raconte la Première lecture tirée du Livre des Actes des apôtres, Pierre et Jean sont donc traduits devant le Sanhédrin, où le Grand Prêtre leur avait exprimé cette interdiction formelle. Mais la réponse de Pierre est tout aussi formelle: «Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.»

La parole «obéissance» revient également dans l’Évangile du jour (Jn  3, 31-36), et le Pape la relève, en affirmant que c’est précisément une «vie d’obéissance» qui caractérise les apôtres qui ont reçu l’Esprit Saint. Obéissance pour suivre le chemin de Jésus, lui-même «obéissant jusqu’à la mort». Obéissance qui consiste faire la volonté de Dieu. L’obéissance est la voie que le Fils nous a ouverte, insiste François, et le chrétien est donc celui qui «obéit à Dieu».

Les chrétiens persécutés

La seconde caractéristique des apôtres est le témoignage. Le témoignage chrétien gêne car il ne brade pas la vérité, comme peuvent en témoigner les nombreux chrétiens tués et persécutés, comme en Afrique et au Moyen-Orient. « Il y en a plus aujourd’hui que dans les premiers siècles, en prison, égorgés et frappés, parce qu’ils confessent Jésus.» Le témoignage chrétien ne doit pas s’embarrasser de compromissions.

Se souvenir de la première rencontre avec le Christ.

Enfin, les apôtres parlent de choses concrètes: ils ont vu et touché. «Tant de fois, les péchés, la peur et les compromissions nous ont fait oublier la première rencontre avec Jésus, celle qui a changé notre vie. Tout cela fabrique des chrétiens ‘à l’eau de rose’, superficiels.» Demandons deux grâces: celle de toujours nous souvenir de cette rencontre fondatrice avec Jésus, et celle de la joie pascale.

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Rappel :

Pape François – Extraits de l’ homélie lors de la messe  du 7 avril 2016, maison Sainte Marthe au Vatican

L’Église « a besoin de témoins »

L’Église « a besoin de témoins », de martyrs, de chrétiens « cohérents » qui « vivent leur vie sérieusement ». La sève vitale de l’Église, ce « sang vivant » la fait avancer jour après jour:  le témoignage. Dans la liturgie du jour, en particulier de la première lecture, tirée des Actes des apôtres (5, 27-33), est présenté « un extrait de cette longue histoire » qui débute lorsque Jean et Pierre guérissent « l’estropié qui était à la belle porte du temple ».

Tous « avaient vu cette guérison », et personne ne pouvait nier le caractère exceptionnel du fait, car « tous connaissaient cet homme qui avait quarante ans ». Pourtant, les chefs, les prêtres, en colère, interdirent aux apôtres « d’enseigner, de prêcher au nom de Jésus ». Face à eux, « fort dans son témoignage », se trouvait Pierre. Rappelons, en comparaison, l’attitude différente de l’apôtre à l’occasion du reniement du Christ : « Pensons à Pierre, le lâche, cette nuit du Jeudi saint, lorsque, rempli de crainte, il renie trois fois le Seigneur.»

Obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes

Au contraire, en cette circonstance, l’apôtre affirme : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Le Dieu de nos Pères a ressuscité Jésus, que vous avez tué, en le pendant à une croix. Dieu l’a élevé à sa droite comme chef et sauveur et nous sommes témoins de ces faits, de même que l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent ». Il nous vient l’envie de dire : « Quel courage ! »

« Ce Pierre n’a rien à voir avec ce Pierre du Jeudi, rien ! Un Pierre plein de force qui rend témoignage. En entendant ces choses, ils — les chefs, les grands prêtres — furent pris de fureur et voulurent le mettre à mort. Pourquoi Pierre devint-il si fort dans son témoignage ? »

Après avoir guéri l’impotent, l’apôtre avait dit : « Nous ne pouvons taire ce que nous avons vu et écouté ». C’est-à-dire, que « la cohérence entre la vie et ce que nous avons vu et écouté est précisément le début du témoignage ».

Sans l’Esprit Saint, pas de témoignage chrétien

 Mais le témoignage chrétien a une autre caractéristique, « il n’appartient pas seulement à celui qui le donne : le témoignage chrétien se fait toujours à deux ». C’est ce qu’explique saint Pierre lui-même : « Nous sommes témoins de ces faits, de même que l’Esprit Saint ».

Par conséquent, « sans l’Esprit Saint, il n’y a pas de témoignage chrétien ». Cette compréhension provient également de l’Évangile. C’est, du reste, le témoignage même de Jésus : « Il atteste de ce qu’il a vu et entendu avec l’Esprit qui donne à ses disciples ».

Le courage des chrétiens martyrs

Et cela « est le courage chrétien, tel est le témoignage ». Un témoignage que nous retrouvons chez « nos martyrs d’aujourd’hui, nombre d’entre eux étant chassés de leur terre, déplacés, égorgés, persécutés ». Ceux-ci « ont ce courage de confesser Jésus jusqu’au moment de la mort, précisément ».

Combien de fois, « dans des moments difficiles de l’histoire », l’on a entendu dire : « Aujourd’hui, la patrie a besoin de héros.» L’on peut se demander de la même manière : « De quoi l’Église a-t-elle besoin aujourd’hui ? ». La réponse est immédiate: «de témoins, de martyrs », à savoir « des saints de tous les jours, ceux de la vie ordinaire » conduite « avec cohérence » mais aussi de ceux qui ont le courage d’être « des témoins jusqu’au bout, jusqu’à la mort ».

Tous « sont le sang vivant de l’Église  ». Ce sont eux « qui font avancer l’Église, les témoins : ceux qui attestent que Jésus est ressuscité, que Jésus est vivant, et ils l’attestent avec cohérence de vie et avec l’Esprit Saint qu’ils ont reçu en don ».