Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Le Christ et la femme adultère

Pietro DELLA VECCHIA (Venise, 1603 – 8 septembre 1678) – Le Christ et la femme adultère (vers 1650-1655) – Musée Calvet d’Avignon, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie – huile sur toile, 151 × 206 cm

«Les lectures d’aujourd’hui nous parlent de l’adultère», qui avec le blasphème et l’idolâtrie était considéré comme «un très grave péché dans la loi de Moïse», puni «de la peine de mort» par lapidation.

Dans le passage évangélique proposé dans la liturgie (Jean 8, 1-11), qui raconte l’histoire de la femme adultère, les scribes et les pharisiens posèrent cette question à Jésus: «Que devons-nous faire de cette femme? Tu nous parles de bonté mais Moïse nous a dit que nous devons la tuer!» Ils «disaient cela pour le mettre à l’épreuve, pour avoir un motif pour l’accuser.»

Leur unique objectif était «de mettre à l’épreuve et précisément de tendre un piège» à Jésus. «La femme ne leur importait pas, les adultères ne leur importaient pas». D’ailleurs, «peut-être certains d’entre eux étaient-ils adultères.» Pour sa part, bien qu’il y ait autant de gens autour, «Jésus voulait rester seul avec la femme, voulait parler au cœur de la femme: c’était la chose la plus importante pour Jésus».

Et «le peuple s’en était allé lentement» après avoir entendu ses paroles: «Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre.» La femme ne se proclame pas victime d’«une fausse accusation», elle ne se défend pas en affirmant: «Je n’ai pas commis d’adultère». Non, «elle reconnaît son péché» et répond à Jésus: «Personne, Seigneur, ne m’a condamnée.»

A son tour Jésus lui dit: «Moi non plus je ne te condamne pas, va et à présent ne pèche plus, pour ne pas passer un mauvais moment, pour ne pas avoir autant honte, pour ne pas offenser Dieu, pour ne pas salir la belle relation entre Dieu et son peuple.» Donc «Jésus pardonne. Mais il y a quelque chose de plus que le pardon. Car comme confesseur Jésus va au-delà de la loi». En effet, «la loi disait qu’elle devait être punie». D’ailleurs Jésus «était pur et pouvait jeter le premier la pierre.».

Mais il «va au-delà. Il ne lui dit pas: l’adultère n’est pas un péché. Mais il ne la condamne pas avec la loi». Précisément «cela est le mystère de la miséricorde de Jésus». Ainsi «Jésus pour faire miséricorde» va au-delà de «la loi qui commandait la lapidation». Au point de dire à la femme d’aller en paix.

«La miséricorde est quelque chose de difficile à comprendre: elle n’efface pas les péchés», car ce qui efface les péchés «c’est le pardon de Dieu». «La miséricorde est la manière dont pardonne Dieu». Cela «vaut aussi pour nous». Et il a affirmé: «Combien de nous mériteraient peut-être une condamnation! Et cela serait même juste. Mais lui il pardonne!» Comment? «Avec cette miséricorde» qui «n’efface pas le péché: c’est le pardon de Dieu qui l’efface», alors que «la miséricorde va au-delà».

C’est «comme le ciel: nous regardons le ciel, ses nombreuses étoiles, mais quand le soleil vient le matin, avec tant de lumière, les étoiles ne se voient pas». Et «la miséricorde de Dieu est ainsi: une grande lumière d’amour, de tendresse». Car «Dieu ne pardonne pas avec un décret, mais avec une caresse». Il le fait «en caressant nos blessures dues au péché car il participe au pardon, il participe à notre salut». A

Avec ce style «Jésus fait le confesseur». Il n’humilie pas la femme adultère, «il ne lui dit pas: qu’as-tu fait, quand l’as-tu fait, comment l’as-tu fait et avec qui l’as-tu fait?» Il lui dit en revanche «d’aller et de ne plus pécher: la miséricorde de Dieu est grande, la miséricorde de Jésus est grande: nous pardonner en nous donnant une caresse.

PAPE FRANÇOIS extrait de sa MÉDITATION MATINALE en la CHAPELLE de la MAISON SAINTE-MARTHE au VATICAN lundi 7 avril 2014

Dieu de la vie qui vainc la mort

COLIN D’AMIENS (Originaire d’Amiens, connu à Paris de 1461 à 1488 – après 1495) La Résurrection de Lazare vers 1450 – 1460 Louvre

Le Pape François est arrivé ce dimanche 2 avril 2017 à Carpi, dans le nord de l’Italie, pour une visite pastorale dans une région frappée en 2012 par un séisme meurtrier (27 morts). Arrivé en hélicoptère, il a présidé la messe sur la place des Martyrs, devant la cathédrale. Dans son homélie, le Pape s’est appuyé sur les lectures du jour «qui parlent du Dieu de la vie qui vainc la mort» pour exhorter à choisir l’espérance de Dieu plutôt que la tristesse des tombeaux.

Le Pape est arrivé au milieu d’une foule nombreuse devant la cathédrale de Carpi flambant neuve, l’un des nombreux bâtiments endommagés par le séisme et tout récemment rénovée. Dans son homélie, commentant l’épisode biblique de la résurrection de Lazare, le Saint-Père appelle à choisir entre rester «du côté du tombeau», «enfermé dans la tristesse», «coincé dans les décombres de la vie» ou aller «du côté de Jésus», ouvert «à l’espérance», «comme vous», «avec l’aide de Dieu» soulever les décombres et reconstruire «avec une patiente espérance.»

Dans une comparaison à peine voilée avec ce qu’ont vécu les habitants de l’Émilie-Romagne après le tremblement de terre,  devant la tombe de Lazare, fermée d’une grande pierre, «tout semble fini» et même Jésus «est secoué par le mystère dramatique de la perte d’une personne chère.»  «Il ne fuit pas la souffrance, qui appartient à cette vie, mais il ne se fait pas emprisonner par le pessimisme» ou «emporter par le découragement.»

«Ouvrir la voie du lève-toi! Lève-toi! Viens dehors!»

Le Pape appelle ainsi à laisser la «grande désillusion» que constitue «la précarité de notre vie mortelle» pour s’ouvrir à «l’espérance qui s’appelle Jésus». Comment? En identifions nos blessures , nos «petits tombeaux», et en laissant Jésus y entrer. «Quel que soit le poids du passé, la grandeur du péché, la force de la honte, ne barrons jamais l’entrée au Seigneur.» Le Pape rappelle la parole de Jésus: «Enlevez la pierre!» qui bloque le tombeau. «Le Seigneur désire au contraire ouvrir la voie de la vie, celle de la rencontre avec Lui, de la confiance en Lui, de la résurrection du cœur.» «La voie du lève-toi! Lève-toi! Viens dehors! Voilà ce que nous demande le Seigneur. Et lui est à coté de nous pour le faire.»

Certes, «il y aura toujours des problèmes», mais nous pouvons trouver une «nouvelle stabilité» en Jésus, qui «est la résurrection et la vie: avec Lui la joie habite le cœur, l’espérance renait, la douleur se transforme en paix, la peur en confiance, l’épreuve en offrande d’amour.» «Il y aura toujours sa main qui relève, sa Parole qui encourage et nous dis, à nous tous, à chacun de nous: “Viens dehors! Viens à moi!”» Ainsi, «visités et libérés par Jésus», nous pourrons être des «témoins de vie dans ce monde qui en est assoiffé, des témoins qui suscitent et ressuscitent l’espérance du Dieu vivant.»

La Colombie, le Kasaï, le Venezuela et le Paraguay étaient au cœur des prières du Pape François. Avant de réciter la prière de l’angélus, il a évoqué une catastrophe naturelle et trois situations politiques particulières.

« Je suis profondément attristé par la tragédie qui a frappé la Colombie où une gigantesque coulée de boue provoquée par des pluies torrentielles a déferlé sur la ville de Mocoa, causant de nombreux morts et blessés. Je prie pour les victimes. J’assure de ma et de votre proximité ceux qui pleurent la disparition de leurs proches. Je remercie ceux qui prêtent secours. »

la résurrection de Lazare, signe prodigieux de Jésus

Giotto La résurrection de Lazare 1304-1306. Fresque Chapelle des Scrovegni Padoue Italie.

L’Évangile de ce cinquième dimanche de Carême, nous raconte la résurrection de Lazare. C’est le sommet des « signes » prodigieux accomplis par Jésus : c’est un geste trop grand, trop clairement divin pour être toléré par les grands prêtres, qui, ayant appris l’événement, ont pris la décision de tuer Jésus (cf. Jn 11, 53).

Lazare était déjà mort depuis trois jours quand Jésus est arrivé ; et à ses sœurs, Marthe et Marie, il a dit des paroles qui sont restées imprimées pour toujours dans la mémoire de la communauté chrétienne. Jésus dit ceci : « Je suis la résurrection et la vie, qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (Jn 11, 25).

Sur cette parole du Seigneur, nous croyons que la vie de qui croit en Jésus et suit son commandement, sera, après la mort, transformée en une vie nouvelle, pleine et immortelle. Comme Jésus est ressuscité dans son corps, mais n’est pas revenu à une vie terrestre, ainsi nous ressusciterons avec nos corps qui seront transfigurés en corps glorieux. Il nous attend auprès du Père et la force de l’Esprit Saint, qui l’a ressuscité, ressuscitera aussi celui qui est en union avec lui.

Devant la tombe scellée de son ami Lazare, Jésus « s’est écrié d’une voix forte : “Lazare, viens dehors !”. Le mort sortit, debout, les pieds et les mains liés de bandelettes, et son visage était enveloppé d’un suaire » (vv. 43-44). Ce cri péremptoire s’adresse à tout homme, parce que nous sommes tous marqués par la mort, nous tous ; c’est la voix de celui qui est le maître de la vie et qui veut que tous « nous l’ayons en abondance » (Jn 10, 10).

Le Christ ne se résigne pas aux tombeaux que nous nous sommes construits avec nos choix de mal et de mort, avec nos erreurs, avec nos péchés. Il ne se résigne pas à cela ! Il nous invite, il nous ordonne presque de sortir du tombeau où nos péchés nous ont ensevelis. Il nous appelle avec insistance à sortir des ténèbres de la prison dans laquelle nous nous sommes enfermés, en nous contentant d’une vie fausse, égoïste, médiocre. « Viens dehors ! » nous dit-il, « Viens dehors ! »

C’est une belle invitation à la véritable liberté, à nous laisser saisir par ces paroles que Jésus répète aujourd’hui à chacun de nous. Une invitation à nous laisser libérer des « bandelettes », des bandelettes de l’orgueil. Parce que l’orgueil nous rend esclaves, esclaves de nous- mêmes, esclaves de tant d’idoles, de tant de choses.

Notre résurrection commence là : quand nous décidons d’obéir au commandement de Jésus en sortant à la lumière, à la vie ; quand les masques tombent de notre visage — si souvent, nous sommes masqués par le péché, les masques doivent tomber ! — et que nous retrouvons le courage de notre visage original, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Le geste de Dieu qui ressuscite Lazare montre jusqu’où peut arriver la force de la grâce de Dieu, et donc jusqu’où peut arriver notre conversion, notre changement. Mais écoutez bien : il n’y a pas de limite à la miséricorde divine offerte à tous ! Il n’y a pas de limite à la miséricorde divine offerte à tous !

Rappelez-vous bien de cette phrase. Nous pouvons la dire tous ensemble : « Il n’y a pas de limite à la miséricorde divine offerte à tous ». Disons-le ensemble : « Il n’y a pas de limite à la miséricorde divine offerte à tous ». Le Seigneur est toujours prêt à soulever la pierre tombale de nos péchés qui nous sépare de lui, Lumière des vivants.

PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS Place Saint-Pierre Ve Dimanche de Carême, 6 avril 2014