Sur l’Évangile d’aujourd’hui (Mt 16, 13-23), voici à la suite deux méditations, du Pape François (Mt16, 13-20) et de Benoît XVI (Mt 16, 21-23).
L’Évangile de ce jour (Mt 16, 13-20) est le célèbre passage, central dans le récit de Matthieu, où Simon, au nom des Douze, professe sa foi en Jésus comme «le Christ, le Fils du Dieu vivant»; et Jésus appelle Simon «bienheureux» pour sa foi, en reconnaissant dans celle-ci un don spécial du Père, et il lui dit: «Tu es Pierre et sur cette Pierre j’édifierai mon Église».
Arrêtons-nous un moment précisément sur ce point, sur le fait que Jésus attribue à Simon ce nouveau nom: «Pierre», qui dans la langue de Jésus sonne comme «Kefa», un mot qui signifie «roc». Dans la Bible, ce terme, «roc», se réfère à Dieu. Jésus l’attribue à Simon non pas pour ses qualités ou ses mérites humains, mais pour sa foi authentique et solide, qui lui vient d’en-haut.
Jésus ressent une grande joie dans son cœur, car il reconnaît chez Simon la main du Père, l’action du Saint-Esprit. Il reconnaît que Dieu le Père a donné à Simon une foi «fiable», sur laquelle Lui, Jésus, pourra construire son Église, c’est-à-dire sa communauté, c’est-à-dire nous tous. Jésus a comme projet de donner vie à «son» Église, un peuple non plus fondé sur la descendance, mais sur la foi, c’est-à-dire sur la relation avec Lui-même, une relation d’amour et de confiance. Notre relation avec Jésus construit l’Église. Et pour commencer son Église, Jésus a donc besoin de trouver chez les disciples une foi solide, une foi «fiable». C’est cela qu’Il doit vérifier à ce moment du chemin.
Le Seigneur a l’image de la construction à l’esprit, l’image de la communauté comme un édifice. Voilà pourquoi, quand il entend la profession de foi sincère de Simon, il l’appelle «roc», et manifeste l’intention de construire son Église sur cette foi.
Frères et sœurs, ce qui a eu lieu de manière unique chez saint Pierre, a également lieu chez chaque chrétien qui mûrit une foi sincère en Jésus Christ, le Fils du Dieu vivant. L’Evangile d’aujourd’hui interpelle également chacun de nous. Comment va ta foi? Que chacun donne la réponse dans son propre cœur. Comment va ta foi? Comment le Seigneur trouve-t-il nos cœurs? Un cœur solide comme la pierre ou un cœur de sable, c’est-à-dire plein de doutes, méfiant, incrédule? Cela nous fera du bien de penser à cela aujourd’hui. Si le Seigneur trouve dans notre cœur une foi, je ne dis pas parfaite, mais sincère, authentique, alors Il voit également en nous des pierres vivantes avec lesquelles construire sa communauté. De cette communauté, la pierre fondamentale est le Christ, pierre d’angle et unique. Pour sa part, Pierre est une pierre, en tant que fondement visible de l’unité de l’Église; mais chaque baptisé est appelé à offrir à Jésus sa propre foi, pauvre mais sincère, afin qu’Il puisse continuer à construire son Église, aujourd’hui, dans chaque partie du monde.
A notre époque également, de nombreuses personnes pensent que Jésus est un grand prophète, un maître de sagesse, un modèle de justice… Et aujourd’hui aussi, Jésus demande à ses disciples, c’est-à-dire à nous tous: «Mais vous, qui dites-vous que je suis?». Que répondrons-nous? Pensons-y. Mais surtout, prions Dieu le Père, par l’intercession de la Vierge Marie; prions-le de nous donner la grâce de répondre, avec un cœur sincère: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant». Cela est une confession de foi, cela est précisément «le credo». Répétons-le ensemble à trois reprises: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.
Prions avec la Vierge : Marie, Reine de la paix, prie pour nous!
PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS Place Saint-Pierre dimanche 24 août 2014
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Dans l’Évangile d’aujourd’hui [aussi], Jésus explique à ses disciples qu’il devra « partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des chefs des prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter » (Mt 16, 21). Tout semble se renverser dans le cœur des disciples ! Comment se peut-il que « le Christ, le Fils du Dieu vivant » (v. 16), puisse souffrir jusqu’à la mort ? L’apôtre Pierre se rebelle, il n’accepte pas ce chemin, il prend la parole et dit au Maître : « Dieu t’en garde, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas » (v. 22). La divergence entre le dessein d’amour du Père, qui va jusqu’au don de son Fils unique sur la croix pour sauver l’humanité, et les attentes, les désirs, les projets des disciples, apparaît évidente. Et ce contraste se répète aujourd’hui encore : quand la réalisation de la vie n’est orientée que vers le succès social, le bien-être physique et économique, on ne raisonne plus selon Dieu, mais selon les hommes (v. 23). Penser selon le monde, c’est mettre Dieu de côté, ne pas accepter son projet d’amour, presque l’empêcher d’accomplir sa sage volonté. C’est pourquoi Jésus s’adresse à Pierre à travers des paroles particulièrement dures : « Passe derrière moi, Satan, tu es un obstacle sur ma route » (ibid.). Le Seigneur enseigne que « le chemin des disciples est de le suivre, [marcher derrière Lui] Lui, le Crucifié. Dans les trois Évangiles, il explique cependant cette suite, sous le signe de la croix, comme le chemin de la “perte de soi-même”, nécessaire pour l’homme et sans lequel il ne lui est pas possible de se trouver lui-même » (Jésus de Nazareth, 2007).
Jésus nous adresse cette invitation, comme à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il se renie lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16, 24). Le chrétien suit le Seigneur lorsqu’il accepte sa croix avec amour — ce qui apparaît comme une défaite aux yeux du monde, et une « perte de sa vie » (cf. vv. 25-26) —, tout en sachant qu’on ne la porte pas seul, mais avec Jésus, en suivant le même chemin de don de soi que lui. Le serviteur de Dieu Paul VI écrit : « Mystérieusement, pour déraciner du cœur de l’homme le péché de présomption, et manifester au Père une obéissance totale et filiale, le Christ lui-même accepte… de mourir sur une croix » (Ex. ap. Gaudete in Domino [9 mai 1975]). En acceptant volontairement la mort, Jésus porte la croix de tous les hommes et devient source de salut pour toute l’humanité. Saint Cyrille de Jérusalem commente : « La croix victorieuse a illuminé qui était aveuglé par l’ignorance, a libéré qui était prisonnier du péché, a apporté la rédemption à toute l’humanité » (Catechesis Illuminandorum XIII, i : de Christo crucifixo et sepulto).
Chers amis, confions notre prière à la Vierge Marie afin que chacun de nous sache suivre le Seigneur sur le chemin de la croix et se laisser transformer par la grâce divine, en renouvelant sa façon de penser « pour pouvoir discerner la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait » (Rm 12, 2).
BENOÎT XVI ANGÉLUS Castel Gandolfo dimanche 28 août 2011
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