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EUCHARISTIE MÉDITÉE 23

EUCHARISTIE MÉDITÉE 23

Les grandes pluies.

Seigneur, donnez-moi de cette eau. Jn 4, 15

Eucharistie- Motif sculpté sur porte d'église - Bruxelles
Eucharistie- Motif sculpté sur porte d’église – Bruxelles

23e ACTION DE GRÂCES.

Je vous possède, je vous adore en moi, ô Jésus, vous qui n’êtes pas seulement l’auteur et le consommateur de tout don parfait, mais qui êtes encore la source de la grâce, vous venez à mon âme si pauvre, si misérable, pour l’enrichir et la combler de vos biens. Vos mains sont pleines de bienfaits et les eaux de votre grâce ne demandent qu’à s’épancher de votre divin cœur dans le mien.

Oh ! ne permettez pas, Seigneur, que par de coupables résistances, je mette obstacle aux divines effusions de votre amour ; ne souffrez pas que je vous empêche d’agir et d’opérer librement en moi ; ma volonté comme tout ce qui m’appartient est à vous, ô Jésus, je vous l’abandonne, je la remets entre vos mains ; fortifiez sa faiblesse, fixez son inconstance et ne permettez pas qu’elle puisse jamais vouloir, ni même désirer autre chose que ce que vous voulez vous-même pour moi.

Soyez béni, ô Jésus, pour toutes les grâces dont votre Eucharistie a été pour moi la source, pour toutes les lumières dont elle a éclairé mon intelligence, pour toutes les saintes affections qu’elle a fait naître dans mon cœur, pour le désir des biens qu’elle a si souvent communiqué à ma volonté, pour tant de saintes inspirations qui m’ont excité à la pratique de la vertu.

Soyez béni encore pour ces grâces de forces qui ont soutenu ma faiblesse dans les tentations, dans les occasions dangereuses, où tant de fois ma faible vertu aurait fait un triste naufrage si vous m’aviez abandonné à moi-même, et privé du secours tout-puissant de votre grâce.

Soyez béni encore, Seigneur, pour toutes les consolations dont vous avez si souvent inondé mon âme dans la réception du sacrement de votre amour, pour ses joies si douces et si pures dont vous avez par moment rassasié mon cœur, et qui parfois ont été pour moi comme l’avant-goût du ciel au milieu des amertumes et des douleurs de la vie.

Mais, ô Jésus, si le souvenir de vos bienfaits pénètre mon âme d’une vive et profonde reconnaissance, il y existe aussi une confusion non moins grande à la vue de l’abus que j’ai fait de vos bontés, et en vous offrant mes faibles actions de grâces, j’éprouve le besoin de faire à vos pieds l’aveu de mon ingratitude et de faire remonter vers le trône de votre miséricorde, avec la voix de ma reconnaissance, le cri de mon repentir.

Oui, Seigneur, je l’avoue à ma honte, j’ai bien souvent fermé les yeux à la lumière qui me montrait ce que vous demandiez de moi et ce que je devais faire pour vous être agréable, mon amour-propre et ma lâcheté m’ont suggéré de faux et vains prétextes pour me faire éluder les légers sacrifices que vous me demandiez, et trop souvent je vous les ai refusés, préférant quelques misérables satisfactions au bonheur de vous contenter.

Combien de fois encore n’ai-je pas laissé s’éteindre par ma faute l’ardeur dont vous embrasiez ma volonté, et reculé lâchement dans la pratique de la vertu toutes les fois qu’elle m’offrait quelques difficultés ! Et dans les consolations que vous m’avez données, dans les joies dont vous avez inondé mon cœur, que d’abus encore de vos grâces, ô mon bien-aimé Sauveur !

Loin de les recevoir avec actions de grâces comme un encouragement à ma faiblesse, loin d’y voir une grâce par laquelle votre miséricordieux amour voulait fortifier mon cœur pour de prochaines épreuves, ne les ai-je pas reçues sans reconnaissance et comme des grâces qui m’étaient dues?

Bien plus, ne m’en suis-je pas servi pour nourrir mon amour-propre, y cherchant ma satisfaction bien plus que la vôtre, attachant mon cœur à vos dons plus qu’à vous-même et me laissant aller au trouble, au découragement aussitôt que vous me priviez de vos grâces sensibles?

Ah! qu’un si coupable abus de vos grâces n’en tarisse pas pour moi la source, ô Jésus ; soyez touché de mon repentir et ne me punissez pas en m’enlevant pour les donner à d’autres ces grâces dont je n’ai pas su profiter.

Je mérite ce châtiment, je l’avoue, je me reconnais indigne du moindre de vos bienfaits, et cependant malgré mon indignité, j’ose faire appel à la miséricorde de votre divin cœur, et le supplier de faire abonder cette miséricorde dont il est la source, là où ont abondé l’ingratitude et le péché.

Oui, ô Jésus, j’ose vous le dire avec une sainte hardiesse, vous avez trop fait pour moi pour m’abandonner, vous m’avez comblé de trop de grâces pour que vous puissiez souffrir qu’elles me soient inutiles.

Vos miséricordes passées me répondent de vos miséricordes à venir, et me confiant en votre généreux amour, en cet amour qui m’a prévenu, recherché, alors même que j’en étais le plus indigne, j’ose vous demander avec une humble confiance, non pas seulement de ne pas me retirer votre grâce, mais de la faire surabonder en moi, de m’accorder surtout d’y être fidèle, et de ne plus mettre à l’avenir aucun obstacle à vos miséricordieux desseins sur moi.

Oui, ô Jésus, aidé, soutenu par vous, je veux à l’avenir correspondre à toutes les grâces que vous daignerez encore m’accorder. Je craindrai d’en abuser en me souvenant que toutes s’enchaînent mutuellement et qu’en en rejetant quelques-unes, je risque de me priver de toutes celles qui les auraient suivies et qui dans les vues de votre providence étaient peut-être décisives pour ma sanctification et mon salut.

Si votre grâce, ô mon Dieu, me demande des sacrifices, si elle m’excite à me faire de salutaires violences, à pratiquer des vertus qui me semblent difficiles et pénibles à la nature, vous soutiendrez mon courage, ô mon bien-aimé Sauveur, vous vous souviendrez de la faiblesse de votre pauvre créature, et abaissant sur elle un regard de miséricordieuse compassion, vous la rendrez forte, généreuse et fidèle, en lui rappelant ce que chacune de ces grâces que vous lui prodiguez vous a coûté de sang et de sacrifices.

Ah! je n’oublierai plus que chacune de ces grâces dont j’ai si souvent abusé, était le prix de vos larmes, de vos travaux, de vos douleurs, et que vous les avez achetées par l’effusion de votre sang adorable et votre mort sur la croix. En abuser, c’est fouler aux pieds ce sang précieux, c’est anéantir pour moi les fruits de votre douloureux sacrifice.

Lorsque votre grâce, ô Jésus, sera douce et consolante, je la recevrai avec action de grâces, mais sans y attacher mon cœur; je ne la regarderai que comme un encouragement que vous accordez à ma faiblesse, comme un secours que vous me donnez à l’avance pour me préparer à de nouvelles épreuves, d’avance aussi je me soumettrai à votre sainte et toujours adorable volonté.

Et lorsque vous me donnerez votre grâce sous la forme de l’affliction et de la croix, j’espère encore, aidé par vous, ô Jésus, ne plus laisser défaillir ma foi et reconnaître votre miséricorde et votre amour dans vos apparentes rigueurs.

J’appuierai alors mon faible cœur contre le vôtre, ô Dieu si bon de l’Eucharistie, afin que vous releviez à la hauteur de vos desseins sur moi, et que Je sache reconnaître dans les épreuves et les croix que vous m’enverrez, quelque lourdes et quelque multipliées qu’elles soient, les marques les plus précieuses de votre amour, et les grâces de choix que vous réservez à vos amis les plus chers.

Faites, Seigneur, qu’imposant silence à tous les sentiments de la nature, je les accepte, non pas seulement avec résignation, mais avec joie et reconnaissance, que je les supporte avec courage, heureux de pouvoir ainsi vous donner la marque la plus certaine de mon amour, et afin de recueillir un jour les fruits de gloire dont le germe est renfermé dans chacune de nos croix.

O Marie, vierge toujours fidèle, vous qui dès le premier instant de votre conception jusqu’au dernier soupir de votre vie, avez coopéré avec une si constante fidélité à toutes les grâces que la libéralité du Seigneur faisait pleuvoir sur vous, et qui par là en méritiez sans cesse de nouvelles, obtenez-moi le pardon de l’abus que j’ai fait de tant de grâces et celle d’être plus fidèle à l’avenir.

Ô vous qu’on nomme à si juste titre Mère de la divine grâce, vous qui avez porté dans votre chaste sein l’auteur même de la grâce, vous que Jésus a choisi pour être le canal par lequel ces eaux célestes qui rejaillissent jusqu’à la vie éternelle s’épanchent sur nous, vous la distributrice de ses bienfaits à tous ceux qu’il confia à votre sollicitude maternelle du haut de l’arbre de la croix, daignez, ô tendre Mère, abaisser sur moi un regard de miséricordieuse compassion, voyez mon indigence, ma faiblesse, et soyez-en touchée.

Ne m’abandonnez pas à mon inconstance, mais soyez mon appui, mon soutien. Obtenez-moi toutes les grâces qui me sont nécessaires pour opérer mon salut. Aidez-moi à y coopérer avec une entière fidélité, et obtenez-moi enfin celle de la persévérance finale. Ainsi soit-il.

Léonie Guillebaut

Te rencontrer, Seigneur, Père de toute miséricorde

Te rencontrer, Seigneur, Père de toute miséricorde

Christ_Heinrich_Hofmann
Christ_Heinrich_Hofmann

Te rencontrer, Seigneur,

Ce n’est pas le résultat d’un raisonnement.

C’est l’éclair de ta Présence en moi,

Présence immédiate,

Présence silencieuse,

Présence bouleversante,

Car Elle illumine tout mon être

Quand je me fais très silencieux.

Je sens que je vis,

Je sens mon être en moi,

Et à travers cette conscience de mon être,

Je te rencontre,

Toi mon Seigneur et mon Dieu.

*

Dieu, Père de toute bonté et de toute miséricorde, tu m’as donné un cœur capable d’aimer et de se donner : béni sois-tu ! Continue de le façonner à l’image de ton cœur.

A la suite de Notre Dame de l’Annonciation, je me présente à toi et je t’offre ma disponibilité et mon désir de servir. Fais-moi la grâce d’accomplir ta volonté en étant utile à mes frères et en faisant grandir l’Église dans la charité.

Donne-moi ton Esprit Saint, Esprit de force pour qu’il me  donne le courage d’accomplir ma mission avec désintéressement, donne-moi ton Esprit de charité pour que je sois accueillant à tous et attentif à chacun, mets sur mes lèvres des paroles d’encouragement ! et de bienveillance pour qu’à l’exemple de ton Fils bien aimé je sois, doux et humble de cœur.

Donne-moi enfin la joie, celle de donner qui est plus grande encore que celle de recevoir pour qu’à l’exemple de la Vierge Marie je sache te dire en toute vérité : « Je suis la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi selon ta parole. Amen!»

Prière des bénévoles do Jubilé de Notre-Dame du Puy

*

Père de miséricorde,
qui as donné ton Fils pour notre salut
et qui nous soutiens sans cesse par les dons de ton Esprit,
donne-nous des communautés chrétiennes
vivantes, ferventes et joyeuses,
qui soient source de vie fraternelle
et qui suscitent chez les jeunes
le désir de se consacrer à Toi et à l’évangélisation.

Soutiens-les dans leur application
à proposer une catéchèse vocationnelle adéquate
et différents chemins de consécration particulière.
Donne la sagesse pour le nécessaire discernement vocationnel,
afin qu’en tous resplendisse
la grandeur de ton Amour miséricordieux.

Marie, Mère et éducatrice de Jésus,
intercède pour chaque communauté chrétienne,
afin que, rendue féconde par l’Esprit Saint,
elle soit source de vocations authentiques
au service du peuple saint de Dieu. Amen.

Pape François

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

EUCHARISTIE MÉDITÉE 22

EUCHARISTIE MÉDITÉE 22

Solitude, repos, loi d’amour.

Je la conduirai dans la solitude et je parlerai à son cœur. Osée 2, 16

Eucharistie- Motif sculpté sur porte d'église - Bruxelles
Eucharistie- Motif sculpté sur porte d’église – Bruxelles

22e ACTION DE GRÂCES.

O Jésus, hôte divin du tabernacle, Dieu caché dans votre Eucharistie, je vous adore dans le fond de mon cœur. Vous voulez aussi y être seul, ô bien-aimé, et qu’il soit comme un jardin fermé où nul autre que vous ne puisse pénétrer.

Ce que vous voulez, je le veux aussi, Seigneur, mais je ne le puis sans le secours de votre sainte grâce. Daignez donc faire vous-même le vide dans ce cœur où vous n’avez pas dédaigné de descendre.

Embellissez cette solitude, elle est aride, c’est le désert, vous n’y trouverez que des ronces et des épines, brûlez-les au feu de votre amour, faites croître à leur place les vertus qui vous sont chères, et faites-y couler avec abondance l’eau vivifiante de votre grâce, qui seule peut faire produire les fruits de salut et de vie.

Recueillez en vous, ô Jésus, toutes les puissances de mon âme, afin qu’elle puisse s’entretenir seule à seule avec vous, et ne rien perdre des heureux, mais trop courts instants où elle a le bonheur de vous recevoir.

Que le monde disparaisse pour moi, que ses vains bruits ne viennent pas troubler la douce paix donc je jouis avec vous ; que toutes les créatures s’effacent de mon souvenir et me laissent au moins quelques instants jouir de mon Créateur et être tout à lui.

Que les préoccupations de la vie présente, les soucis, les agitations qui si souvent troublent mon cœur, s’évanouissent aussi en présence du Dieu de l’éternité, de ce Dieu qui est à la fois mon premier principe et ma dernière fin.

Vous le savez, ô Jésus, mon âme n’aspire qu’à vous, elle ne désire, elle ne veut, elle ne cherche que vous. Tout ce qui n’est pas vous ne saurait la satisfaire, et le monde est pour elle un désert où elle se consume dans la douleur et dans les larmes.

Vous l’avez faite pour vous, cette âme, ô mon Dieu, pour vous seul; vous avez mis en elle un vide que rien ne peut combler, des aspirations que je puis appeler infinies puisqu’elles s’élèvent sans cesse vers vous comme vers le seul objet capable de la satisfaire et d’étancher la soif qui la dévore.

Hélas! vous le savez, Seigneur, que de fois séduite par de trompeuses apparences, entraînée par de vaines illusions, n’a-t-elle pas demandé aux créatures ce bonheur qu’elle ne peut trouver qu’en vous? Combien de fois ne leur a-t-elle pas donné une trop large place dans son cœur, et prodigué un amour dont vous étiez jaloux et qu’elle devait réserver pour vous seul?

Mais soyez-en à jamais béni; toujours votre divine jalousie est venue se placer entre mon cœur et les objets qui vous le disputaient, et toujours votre miséricordieux amour a permis que je ne rencontre qu’amertume, déceptions, oubli, indifférence, ingratitude, là où j’avais cru ou espéré trouver le bonheur.

Et maintenant, ô mon Dieu, j’ai vécu. Les rêves, les illusions de la jeunesse se sont évanouis comme un songe fugitif qui laisse à peine un faible souvenir. La vie a passé sur mon âme avec toutes ses tristesses et ses douleurs ; chaque année a marqué son passage par quelque nouvelle douleur, quelque nouvelle séparation.

En jetant mon regard en arrière, je ne vois plus que des ruines, que des tombes refermées sur les êtres que j’ai le plus aimés. Le vide, l’isolement s’est fait autour de moi et se fait chaque jour de plus en plus en moi.

Désabusée de tout, mon âme ne demande plus rien aux créatures, elle ne cherche plus ni le repos, ni le bonheur ici-bas, ses espérances s’élèvent plus haut que la terre, et plus encore mon âme se détache de ce monde où tout passe, où tout finit, où bientôt j’aurai passé moi-même sans y laisser autre chose qu’un léger souvenir dans le cœur de quelques amis, souvenir qui s’effacera bientôt, qui passera avec ceux qui me le garderont pour laisser poser sur ma tombe ce voile de l’oubli qui s’étend sur celles de tous ceux qui nous ont précédés dans la vie.

Plus, dis-je, je me détache de ce monde périssable, plus je sens mes espérances grandir et se fortifier, plus je me sens fait pour cette autre vie dont j’entrevois l’aurore dans un prochain avenir. Déjà j’entrevois les radieuses splendeurs du beau jour de l’éternité, et je salue d’avance cette terre de la vraie patrie où rien ne change, où tout est stable, permanent, éternel.

Mais c’est surtout près de votre cœur, ô Jésus, et dans une union intime avec vous, que mon espérance se fortifie, car vous n’êtes pas seulement, Seigneur, l’appui de mon espérance, vous êtes vous-même le bien que j’espère. N’êtes-vous pas le Ciel auquel j’aspire, la vie dont je veux vivre, le bonheur dont je suis affamé, l’amour que je veux éternellement aimer?

Et quand dans votre Eucharistie vous vous donnez à moi, quand vous venez par votre adorable présence adoucir les tristesses de mon long exil, consoler ses douleurs, comment n’espérerais-je pas de votre amour et de votre miséricorde que vous ne me refuserez pas dans l’éternité ce que déjà vous m’aviez si souvent donné sur la terre?

Oui, oui, ô Jésus, je l’espère de votre infinie bonté, vous êtes à moi dans le temps, vous serez encore à moi dans l’éternité. Ici vous vous donnez à moi sous les voiles de cet adorable mystère, je ne vous entrevois qu’à travers les ombres de la foi, mon âme appesantie par les liens qui l’unissent à mon corps ne vous connaît qu’imparfaitement, ne vous aime que faiblement.

Mais le moment approche, et je soupire après lui, comme le prisonnier soupire après l’heure de sa délivrance, où votre main brisera les liens qui retiennent mon âme loin de vous, où vous lèverez tous les voiles, où vous permettrez enfin à la pauvre exilée de la terre de s’abreuver à longs traits aux sources de l’éternel amour, de s’y perdre, de s’y abîmer et de jouir sans crainte de les perdre jamais des inénarrables délices de l’éternelle communion du ciel.

Soyez béni, Seigneur, de m’accorder avant ce suprême bonheur, celui de m’approcher de vous dans votre Eucharistie, de pouvoir m’y unir à vous par la plus intime, la plus sainte de toutes les unions. Là je jouis de vous, ô bien-aimé Sauveur, là je vous trouve seul à seul, je puis épancher mon âme à vos pieds, reposer mon cœur si souvent fatigué des luttes, des orages, des douleurs de la vie sur votre cœur adorable.

Je puis m’entretenir cœur à cœur avec vous dans le silence et le recueillement de cette divine solitude, préférable mille fois à ces fêtes, à ces réunions brillantes dont le monde est avide, qui étourdissent et laissent le cœur vide et sans consolation.

Auprès de vous, ô Jésus, mon âme reprend des forces, elle y puise un nouveau courage pour supporter les épreuves et le poids de la vie; vous lui communiquez une vigueur toute divine qui lui rend plus facile la pratique de la vertu et l’accomplissement du devoir, car vous devenez vous-même ma force, ma lumière et ma vie.

Et puis, ô mon Sauveur, je puis encore à chaque instant du jour vous retrouver dans la solitude de votre tabernacle; rien ne m’interdit l’entrée de votre temple, il est pour moi l’oasis au milieu du désert.

Quand la lassitude s’empare de mon âme, elle peut toujours venir se reposer à vos pieds; quand elle se sent comme desséchée par cette poussière du monde qui s’attache à elle, parce que l’air que nous respirons en est imprégné, elle peut venir à vous qui la faites tomber et qui la lavez et la rafraîchissez avec l’eau de votre divine grâce.

Enfin quand elle est troublée, découragée, quand la douleur la presse, c’est encore auprès de vous qu’elle retrouve la paix, le courage, que ses larmes perdent leur amertume et qu’elle comprend cette divine parole: Bienheureux ceux qui pleurent!

O Marie, vierge immaculée, vous dont le chaste sein fut la première et la plus douce solitude de Jésus; vous qui pendant neuf mois avez possédé seule le trésor et la joie du ciel et qui pendant ce long espace de temps avez reçu du divin solitaire tous les trésors de son amour, et qui êtes entrée en participation de sa vie divine en échange de la vie naturelle qu’il recevait de vous, obtenez-moi l’amour de la solitude intérieure, l’esprit de silence et de recueillement.

Apprenez-moi à attirer Jésus en moi, à l’y retenir, à l’y fixer. Ornez-vous même, ô ma tendre Mère, cette solitude de mon âme si aride, si dénuée de tout ce qui peut la lui rendre agréable, faites-y croître les fleurs de ces humbles et petites vertus dont le parfum lui plaît et qui charment son divin cœur.

Vous êtes riche, ô ma Mère, ayez pitié de l’indigence de votre enfant, faites-le participer à l’humilité, à la douceur, à la pureté, à la charité de votre cœur immaculé, afin que Jésus, en reconnaissant dans mon âme l’image bien imparfaite, hélas! des vertus de sa Mère bien-aimée, s’abaisse vers elle, y entre et y fixe à jamais son séjour. Ainsi soit-il.

Léonie Guillebaut