Archives de catégorie : prière

prier pour ceux qui pleurent, comme Marthe et Marie à la mort de Lazare

prier pour ceux qui pleurent,
comme Marthe et Marie à la mort de Lazare

À la messe de ce 5ème dimanche de Carême 29 mars, célébrée en la chapelle de la maison Sainte-Marthe, le Pape François a adressé sa prière aux personnes qui pleurent : celles isolées ou en quarantaine, les malades et ceux qui ne peuvent pas nourrir leurs enfants.

 

Cela fait trois semaines que la célébration eucharistique est diffusée en direct à la demande du Pape qui souhaite toucher les fidèles qui ne peuvent pas assister à la messe en raison de la pandémie de coronavirus.

résurrection de Lazare Ducio di Buoninsegna 1310 - Kimbell Art Museum USA
résurrection de Lazare Ducio di Buoninsegna 1310 – Kimbell Art Museum USA

Aujourd’hui, il a donc prié pour ceux qui sont affligés.

«Je pense à toutes ces personnes qui pleurent : des personnes isolées, des personnes en quarantaine, des personnes âgées seules, des personnes hospitalisées et des personnes en thérapie, des parents qui voient que parce qu’ils n’ont pas de salaire, ils ne pourront pas nourrir leurs enfants. Beaucoup de gens pleurent. Nous aussi, de tout notre cœur, nous les accompagnons. Et cela ne nous fera pas de mal de pleurer un peu avec les pleurs du Seigneur pour tout son peuple.»

Dans son homélie, il a commenté l’Évangile de Jean (Jn 11, 1-45) sur la résurrection de Lazare et parlé des pleurs de Jésus pour son ami. «Jésus pleure avec amour, il pleure avec ses propres pleurs, il pleure toujours par amour, il a un cœur plein de compassion. Aujourd’hui, face à un monde qui souffre de la pandémie, sommes-nous capables de pleurer comme Jésus ? Nombreux sont ceux qui pleurent aujourd’hui. Nous demandons la grâce de pleurer.»

homélie :

«Jésus avait des amis. Il aimait tout le monde, mais il avait des amis avec lesquels il avait une relation spéciale, comme on le fait avec les amis, plus d’amour, plus de confiance … Et bien, bien des fois il est resté chez ces frères : Lazare, Marthe, Marie …

Et Jésus a ressenti de la douleur pour la maladie et la mort de son ami. Il est arrivé au tombeau et, profondément ému et très bouleversé, il a demandé : « Où l’avez-vous mis ? » Et Jésus a éclaté en sanglots. Jésus, Dieu mais homme, a pleuré.

Une autre fois dans l’Évangile, il est dit que Jésus a pleuré : quand il a pleuré sur Jérusalem. Et comme Jésus a pleuré tendrement ! Il pleure du cœur, il pleure d’amour, il pleure avec ses propres pleurs. Les pleurs de Jésus. Peut-être a-t-il pleuré à d’autres moments de sa vie – nous ne le savons pas -, certainement au Jardin des Oliviers. Mais Jésus crie par amour, toujours.

Il était profondément ému et très bouleversé, il a pleuré. Combien de fois avons-nous entendu cette émotion de Jésus dans l’Évangile, avec cette phrase qui est répétée : « Voyant, il en eut compassion« . Jésus ne peut pas voir les gens et ne pas ressentir de compassion. Ses yeux sont avec son cœur ; Jésus voit avec ses yeux, mais il voit avec son cœur et est capable de pleurer.

Aujourd’hui, devant un monde qui souffre tant, devant tant de personnes qui subissent les conséquences de cette pandémie, je me demande : suis-je capable de pleurer, comme Jésus l’aurait sûrement fait et comme Jésus le fait maintenant ? Mon cœur ressemble-t-il à celui de Jésus ?

Et si c’est trop dur, si je suis capable de parler, de faire le bien, d’aider, mais mon cœur n’entre pas, je ne suis pas capable de pleurer, de demander cette grâce au Seigneur : Seigneur, que je pleure avec toi, que je pleure avec ton peuple qui souffre en ce moment.

Beaucoup pleurent aujourd’hui. Et nous, de cet autel, de ce sacrifice de Jésus, de Jésus qui n’a pas eu honte de pleurer, nous demandons la grâce de pleurer. Que ce jour soit pour nous tous comme le dimanche des pleurs.»

Le Pape François a conclu cette messe par un temps d’adoration et la bénédiction eucharistique, en invitant les fidèles à faire la communion spirituelle.

Prière récitée par le Pape :

«Mon Jésus, je t’adore dans le Saint-Sacrement de ton amour, désireux de te recevoir dans la pauvre demeure que t’offre mon cœur. En attente du bonheur de la communion sacramentelle, je veux te posséder en esprit. Viens à moi, Ô mon Jésus, pour que je vienne à Toi. Que ton amour enflamme tout mon être, pour la vie et pour la mort. Je crois en toi, j’espère en toi, je t’aime. Ainsi soit-il.»

Avant que le Pape ne quitte la chapelle, dédiée au Saint-Esprit, l’antienne mariale Ave Regina Caelorum a été chantée.

Prière en temps d’épidémie

Le Christ miraculeux (église Saint Marcello à Rome) a sauvé Rome de la grande peste de 1522 et le pape est venu le prier lors d’un pèlerinage surprise le 15 mars dernier. Le vénéré Christ Miraculeux a exceptionnellement quitté l’église San Marcelo pour être installé à Saint-Pierre de Rome, où le Pape a prié à nouveau, ce vendredi 27 mars, lors d’une veillée de prière historique retransmise en direct.
Le Christ miraculeux (église Saint Marcello à Rome) a sauvé Rome de la grande peste de 1522 et le pape est venu le prier lors d’un pèlerinage surprise le 15 mars dernier. Le vénéré Christ Miraculeux a exceptionnellement quitté l’église San Marcelo pour être installé à Saint-Pierre de Rome, où le Pape a prié à nouveau, ce vendredi 27 mars, lors d’une veillée de prière historique retransmise en direct.

Notre Père,

 nous te prions afin que l’épidémie

soit maîtrisée rapidement.

Rends la santé aux personnes touchées

et la paix dans les pays où l’épidémie s’est propagée.

Accueille les personnes décédées de cette maladie,

et réconforte leurs familles.

Aide et protège le personnel de santé qui la combat,

et inspire et bénit ceux qui travaillent pour la contrôler.

Seigneur Jésus, Maître de la vie,

médecin de nos âmes et de nos corps,

nous nous sentons impuissants

dans cette situation d’urgence sanitaire internationale,

mais nous avons confiance en Toi,

Par l’Esprit Saint, donne-nous Ta paix et la santé.

ô Marie, protégez-nous,

continuez de prendre soin de nous

et de nous conduire vers votre Fils Jésus

dans la pais et la sérénité.

Notre Dame de Pitié, protégez-nous.

Amen

 

bénédiction Urbi et Orbi pour les personnes affectées par la pandémie

bénédiction Urbi et Orbi pour les personnes affectées par la pandémie

Le Pape François a présidé ce vendredi soir, depuis le parvis puis l’atrium de la basilique Saint-Pierre, un temps de prière marqué par l’écoute de la Parole de Dieu, suivi d’une homélie, par une adoration du Saint-Sacrement et une bénédiction Urbi et Orbi pour les personnes affectées par la pandémie actuelle de coronavirus.

Cette cérémonie au format inédit s’est tenue dans une atmosphère de profonde gravité, quelques minutes après l’annonce du bilan humain de près d’un millier de morts pour cette seule journée en Italie, un chiffre aussi glaçant que la pluie et le froid qui balayaient la Place Saint-Pierre vide de tout pèlerin.

Après la proclamation de l’extrait de l’Évangile, tiré du 4e chapitre de saint Marc, le Pape François, abrité sous l’auvent habituellement utilisé pour les audiences générales et les messes en extérieur, a délivré une méditation mettant en relief les points communs entre la crise traversée par les disciples et celle vécue actuellement par une grande partie de la population mondiale, confrontée à une pandémie d’une ampleur inconnue dans l’histoire récente et aux effets sociaux et économiques dévastateurs.

«Depuis des semaines, la nuit semble tomber. D’épaisses ténèbres couvrent nos places, nos routes et nos villes ; elles se sont emparées de nos vies en remplissant tout d’un silence assourdissant et d’un vide désolant, qui paralyse tout sur son passage : cela se sent dans l’air, cela se ressent dans les gestes, les regards le disent. Nous nous retrouvons apeurés et perdus», a souligné le Pape.

«Comme les disciples de l’Évangile, nous avons été pris au dépourvu par une tempête inattendue et furieuse. Nous nous nous rendons compte que nous nous trouvons dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps tous importants et nécessaires, tous appelés à ramer ensemble, tous ayant besoin de nous réconforter mutuellement».

Tout comme les disciples, nous pouvons nous sentir «perdus» et surpris par l’attitude de Jésus dans cette scène de l’Évangile :  «Malgré tout le bruit, il dort serein, confiant dans le Père – c’est la seule fois où, dans l’Évangile, nous voyons Jésus dormir –. Puis, quand il est réveillé, après avoir calmé le vent et les eaux, il s’adresse aux disciples sur un ton de reproche : “Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ?” (v. 40).»

Les disciples réagissent en adressant aussi un reproche à Jésus :  «“Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ?” (v. 38). Ils pensent que Jésus se désintéresse d’eux, qu’il ne se soucie pas d’eux. Entre nous, dans nos familles, l’une des choses qui fait le plus mal, c’est quand nous nous entendons dire : “Tu ne te soucies pas de moi ?”. C’est une phrase qui blesse et déclenche des tempêtes dans le cœur. Cela aura aussi touché Jésus, car lui, plus que personne, tient à nous. En effet, une fois invoqué, il sauve ses disciples découragés.»

Une supplication au Seigneur pour guérir une humanité blessée

«La tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos agendas, nos projets, nos habitudes et priorités (…) avec des habitudes apparemment “salvatrices”, incapables de faire appel à nos racines et d’évoquer la mémoire de nos anciens, en nous privant ainsi de l’immunité nécessaire pour affronter l’adversité.»

S’adressant directement au Seigneur dans une supplication dramatique, seul devant une Place Saint-Pierre vide, sous la pluie et la pénombre, le Pape a évoqué les péchés de l’humanité.

«Dans notre monde, que tu aimes plus que nous, nous sommes allés de l’avant à toute vitesse, en nous sentant forts et capables dans tous les domaines. Avides de gains, nous nous sommes laissé absorber par les choses et étourdir par la hâte. Nous ne nous sommes pas arrêtés face à tes rappels, nous ne nous sommes pas réveillés face à des guerres et à des injustices planétaires, nous n’avons pas écouté le cri des pauvres et de notre planète gravement malade. Nous avons continué notre route, imperturbables, en pensant rester toujours sains dans un monde malade. Maintenant, alors que nous sommes dans une mer agitée, nous t’implorons : “Réveille-toi Seigneur !”»

Le Carême, une chance pour réorienter sa vie

Ce temps de Carême est une occasion pour «réorienter la route de la vie vers toi, Seigneur, et vers les autres. Et nous pouvons voir de nombreux compagnons de voyage exemplaires qui, dans cette peur, ont réagi en donnant leur vie. C’est la force agissante de l’Esprit déversée et transformée en courageux et généreux dévouements. C’est la vie de l’Esprit capable de racheter, de valoriser et de montrer comment nos vies sont tissées et soutenues par des personnes ordinaires, souvent oubliées, qui ne font pas la une des journaux et des revues ni n’apparaissent dans les grands défilés du dernier show mais qui, sans aucun doute, sont en train d’écrire aujourd’hui les évènements décisifs de notre histoire : médecins, infirmiers et infirmières, employés de supermarchés, agents d’entretien, fournisseurs de soin à domicile, transporteurs, forces de l’ordre, volontaires, prêtres, religieuses et tant et tant d’autres qui ont compris que personne ne se sauve tout seul».

Saisir les opportunités de reconstruire du lien

Toujours attaché au soin du lien entre les générations, le Pape François s’est réjoui de voir des liens familiaux se retisser en ces temps de confinement : «Combien de pères, de mères, de grands-pères et de grands-mères, combien d’enseignants montrent à nos enfants, par des gestes simples et quotidiens, comment affronter et traverser une crise en réadaptant les habitudes, en levant les regards et en stimulant la prière ! Combien de personnes prient, offrent et intercèdent pour le bien de tous. La prière et le service discret : ce sont nos armes gagnantes !»

Le Pape a souligné que la force de Dieu consiste à «orienter vers le bien tout ce qui nous arrive, même les choses tristes. Il apporte la sérénité dans nos tempêtes, car avec Dieu la vie ne meurt jamais.» «Dans l’isolement où nous souffrons du manque d’affections et de rencontres, en faisant l’expérience du manque de beaucoup de choses, écoutons une fois encore l’annonce qui nous sauve : il est ressuscité et vit à nos côtés.»

Le Pape s’est enfin adressé à tous ceux qui l’écoutaient, non pas physiquement, mais par le biais de la radio, de la télévision et des médias numériques : «Chers frères et sœurs, de ce lieu, qui raconte la foi, solide comme le roc, de Pierre, je voudrais ce soir vous confier tous au Seigneur, par l’intercession de la Vierge, salut de son peuple, étoile de la mer dans la tempête. Que, de cette colonnade qui embrasse Rome et le monde, descende sur vous, comme une étreinte consolante, la bénédiction de Dieu. Seigneur, bénis le monde, donne la santé aux corps et le réconfort aux cœurs. Tu nous demandes de ne pas avoir peur. Mais notre foi est faible et nous sommes craintifs. Mais toi, Seigneur, ne nous laisse pas à la merci de la tempête. Redis encore : “N’ayez pas peur” (Mt 28, 5). Et nous, avec Pierre, “nous nous déchargeons sur toi de tous nos soucis, car tu prends soin de nous” (cf. 1P 5, 7). »

Adoration et bénédiction Urbi et Orbi avec le Saint-Sacrement

Le Saint-Père s’est rendu devant l’image de la Salus Populi Romani et le crucifix de Saint Marcel, dont l’exposition avait mis fin, en 1522, à la grande peste de Rome. François est ensuite entré dans l’atrium par la porte centrale de la basilique.

L’adoration du Saint-Sacrement exposé sur l’autel, enveloppé d’encens, précédait la supplication pour demander au Seigneur de sauver l’humanité «de tous les maux qui affligent l’humanité», «des maladies, des épidémies et de la peur du frère». Les derniers mots de la supplication ont évoqué le «désert» du Carême et l’horizon de Pâques : «ouvre-nous à l’espérance, Seigneur, si la douleur nous visite, si l’indifférence nous angoisse, si la mort nous anéantit».

Après la supplication, le rite de la bénédiction eucharistique Urbi et Orbi a suivi, à la ville et au monde. Le cardinal Angelo Comastri, archiprêtre de la basilique Saint-Pierre, a prononcé la formule pour la proclamation de l’indulgence.

Tous ceux qui ont reçu la bénédiction eucharistique également par la radio, la télévision et d’autres technologies de communication, mais aussi tous ceux qui se sont unis à cet évènement simplement dans la prière même sans accès aux médias, ont obtenu l’indulgence plénière dans la forme établie par l’Église.