La Médaille Miraculeuse et le Credo VII

L’EGLISE, PEUPLE DE DIEU

La Constitution dogmatique de l’Eglise est un texte très long, le plus solennel du Concile, le plus important et duquel presque tous les autres découlent. Un grand nombre de chapitres et de paragraphes se retrouvent dans les autres décisions du Concile. Une constitution a un caractère plus définitif qu’un décret ou qu’une déclaration. C’est pourquoi ce qui, répété ailleurs, est déjà dit ici, prend de ce fait une valeur plus grande et presque définitive. Aussi aurait-il fallu citer toute la Constitution. Il ne pouvait en être question : le texte à lui seul aurait requis trop de pages. D’autre part, sa lecture est très difficile et son résumé impossible, car malgré les apparences, son texte n’est pas d’une coulée homogène. Parmi les 69 articles groupés en 8 chapitres, nous citons uniquement, en larges extraits, ce qui ne se retrouve dans aucun autre texte subséquent.

Il s’agit principalement du premier cha­pitre qui détermine ce que l’on pourrait appeler la dimension verticale de l’Eglise, c’est-à-dire comment elle est née de l’ini­tiative de Dieu. D’admirables développe­ments montrent comment la Sainte Trinité s’est incorporée à l’histoire humaine par le Christ qui en est le début et la fin. Ce premier chapitre est de lec­ture difficile et écrit dans un vocabulaire allusif et mystérieux. Nous n’en ci­tons que le paragraphe qui le résume.

Par contre, nous citons largement le cha­pitre 2 qui définit le Peuple de Dieu, c’est-à-dire le Peuple chrétien, c’est-à-dire l’Egli­se. Ce chapitre est d’une portée incalcula­ble. C’est sur ce chapitre qui définit le Peuple de Dieu que s’articulent tous les autres.

Enfin, les chapitres 7 et 8 marquent avec clarté et chaleur la connexion de l’Eglise terrestre dite Eglise voyageuse avec l’Eglise du Ciel. L’une et l’autre, celle d’ici-bas et celle d’en-haut, ne forment qu’une seule Eglise unie par les liens d’affection et de collaboration, et l’une et l’autre domi­nées par celle qui en est le parfait accom­plissement en même temps que la Mère, la Sainte Vierge.

On sait qu’il avait été d’abord question de consacrer un texte séparé à la Sainte Vierge. Le souci d’oecuménisme et des con­sidérations pratiques ont fini par prévaloir. Et c’est tant mieux parce que – sans doute à l’insu des hommes mais sous l’impulsion de l’Esprit Saint, – on a abouti à cette synthèse capitale qui lie indissolublement la Terre et le Ciel. De larges extraits per­mettront de mieux goûter et mieux compren­dre.

Quant au merveilleux chapitre final, nous en citons quelques brefs passages.

CONSTITUTION DOGMATIQUE DE L’EGLISE

CHAPITRE I : Le mystère de l’Eglise

Le Christ a établi et maintient continuelle­ment sur cette terre sa sainte Eglise, commu­nauté de foi, d’espérance et de charité, comme un organisme visible, à travers lequel il répand sur tous la vérité et la grâce. L’Eglise terrestre et l’Eglise dotée déjà des biens célestes, c’est là l’unique Eglise du Christ. Cette Eglise constituée et organisée en ce monde comme société, subsiste dans l’Eglise catholique, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques en commu­nion avec Lui, encore que, en dehors de son organisme, on trouve plusieurs éléments de sanc­tification et de vérité qui, en tant que dons pro­pres à l’Eglise du Christ tendent à l’unité catholique (8).

CHAPITRE II : Le Peuple de Dieu

En tout temps et en toute nation, celui qui craint Dieu et pratique la justice, Lui est agréa­ble. Mais Dieu n’a pas voulu sanctifier et sauver les hommes individuellement. Il choisit donc par Lui-même le peuple israélite, conclut avec Lui une alliance et l’instruisit graduellement, en pré­paration de l’alliance nouvelle dans le Christ et de la révélation plus complète. Le Christ institua la nouvelle alliance en son sang afin de consti­tuer le nouveau Peuple de Dieu : « une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis… eux, qui, jadis, n’étaient même pas un peuple, et maintenant sont le Peuple de Dieu » (9).

Ce peuple messianique, bien qu’il ne com­prenne pas en réalité tous les hommes, et n’ap­paraisse parfois que comme un petit troupeau, n’en représente pas moins pour toute l’humanité un germe très fort d’unité, d’espérance et de salut. Dieu a fait l’Eglise afin qu’elle soit pour tous et pour chacun le sacrement visible de cette unité salvifique. Celle-ci devant s’étendre à toute la terre, entre dans l’histoire des hommes et en même temps dépasse le temps et les limites des peuples.

Le sacerdoce commun des fidèles et le sa­cerdoce ministériel ou hiérarchique, bien qu’ils différent par l’essence et non pas seulement en degré, sont cependant ordonnés l’un et l’autre, puisque l’un comme l’autre, chacun à sa façon, participent de l’unique sacer­doce du Christ. Le sacerdoce ministériel forme et régit le peuple sacerdotal ; les fidèles, en vertu de leur sacerdoce royal, concourent à l’oblation de l’Eucharistie et exercent ce sacerdoce par la réception des sacrements, la prière et l’action de grâces, par le témoignage d’une vie sainte, par l’abnégation et la charité active (10).

(Dans cette perspective, le Peuple de Dieu in­corporé par le baptême, est épanoui par la confirmation par laquelle) les fidèles sont obli­gés plus strictement de répandre et de défendre la foi par la parole et les œuvrées comme de véritables témoins du Christ (unifiés par la sainte Communion, réconciliés par la Pénitence, en priè­re fraternelle par l’onction des malades, grati­fiés d’un don propre aux époux par le sacrement du mariage) 11).

Tous les fidèles épars à travers le monde sont en communion les uns et les autres dans l’Esprit Saint. Mais, comme le Royaume du Christ n’est pas de ce monde, l’Eglise ou le Peuple de Dieu, en introduisant ce Royaume, n’enlève rien au bien temporel des peuples, mais favorise et assume les facultés, les richesses, les coutumes des peu­ples, en tout ce qu’elles ont de bon et, les assu­mant, les purifie, les renforce et les élève. Ce caractère d’universalité qui distingue le Peuple de Dieu est un don du Seigneur lui-même… (Dans la même perspective) des Eglises particulières jouissent de traditions propres.

Tous les hommes sont appelés à cette unité catholique du Peuple de Dieu, à cette même unité appartiennent ou sont ordonnés, soit les fidèles catholiques, soit les autres qui ont la foi dans le Christ, soit enfin tous, absolument tous les hommes, appelés au salut par la grâce de Dieu (13).

Le Concile enseigne que cette Eglise voya­geuse, dans laquelle on est introduit par le bap­tême comme par la porte, est nécessaire au sa­lut. Aussi ne pourraient pas être sauvés les hommes qui, sans ignorer que l’Eglise catholique a été établie par Dieu comme nécessaire, refu­seraient cependant d’y entrer ou de demeurer en elle. D’autre part, n’est pas sauvé, même s’il est incorporé à l’Eglise celui qui, faute de persé­vérer dans la charité, demeure dans l’Eglise « de corps » mais non pas de coeur » (14).

(Suit un texte sur les Chrétiens séparés ; puis un texte sur les non-chrétiens).

… Mais bien souvent, les hommes trompés par le Malin se sont abandonnés à la vanité de leurs pensées et ont changé la vérité divine en men­songe, servant la créature à la place du Créa­teur, ou vivant et mourant sans Dieu en ce mon­de, ils sont exposés à la damnation éternelle. Aussi, en vue de promouvoir la gloire de Dieu et le salut de tous ces hommes, l’Eglise dit avec l’Apôtre : « Malheur à moi, si je n’évangélise pas », et elle continue sans répit à envoyer des missionnaires jusqu’à ce que les nouvelles Egli­ses continuent, à leur tour, l’oeuvre de l’évangéli­sation (16).

[Chapitres 3, l’épiscopat – 4, les laïcs – 5, l’appel universel à la sainteté – 6, les religieux].

Le Peuple de Dieu n’a pas ici-bas de cité per­manente, il est en quête de la cité future. Or, l’état religieux manifeste davantage aux yeux de tous les croyants les biens célestes déjà pré­sents en ce temps, il annonce enfin la résurrec­tion à venir et la gloire du Royaume des cieux… (44).

CHAPITRE VII : L’Eglise en pèlerinage et son union avec l’Eglise du ciel

Comme nous ne connaissons ni le jour ni l’heure, nous devons veiller afin qu’au terme de notre vie terrestre, nous méritions d’être comptés avec les bienheureux, et qu’il ne nous soit pas signifié d’aller finir dans le feu éternel. Avant de régner avec le Christ glorieux, nous comparai­trons tous « devant le tribunal du Christ, pour recevoir chacun le salaire du bien ou du mal que nous aurons accompli durant notre vie cor­porelle » et à la fin du monde ceux qui auront fait le bien en sortiront pour la résurrection de la vie, et ceux qui auront fait le mal, pour la résurrection de la damnation (48).

  • Ainsi, certains sont pèlerins sur la terre, d’autres ayant terminé cette vie, sont en train de se purifier, et d’autres -jouissent de la gloire ; tous nous communions dans le même amour de Dieu et du prochain. L’union des voyageurs avec les frères qui se sont endormis dans la paix du Christ n’est donc nullement rompue. Elle est consolidée par la communication des biens spi­rituels. Les Bienheureux renforcent toute l’Eglise dans la sainteté. Ils ne cessent d’intercéder pour nous (49).

  • La communauté de biens avec les saints nous unit au Christ. Il est donc extrêmement juste que nous aimions ces amis et co-héritiers de Jésus-Christ, qui sont aussi nos frères et de re­marquables bienfaiteurs, et que pour eux nous rendions à Dieu de dignes actions de grâce, «que nous leur adressions des supplications et recou­rions à leurs prières et à leur aide puissante ».

Tout témoignage authentique d’amour que nous donnons aux saints par sa nature tend et aboutit au Christ. Mais notre union avec l’Eglise céleste se réalise de la manière la plus noble, spéciale­ment dans la Liturgie sacrée. Quand nous célé­brons le sacrifice eucharistique, nous nous unis­sons au plus haut degré avec le culte de l’Eglise céleste et vénérant d’abord la mémoire de la glorieuse Marie toujours Vierge, du Bienheureux Joseph et des bienheureux Apôtres et Martyrs et de tous les saints (50).

  • Le Concile exhorte tous ceux que cela con­cerne à enseigner aux fidèles que le vrai culte des Saints ne consiste pas tant dans la multipli­cité des actes extérieurs que plutôt dans l’inten­sité de notre affection, de l’amour avec lequel nous cherchons « dans la vie des Saints un exemple, dans leur communion une participation à leurs biens, et dans leur intercession un se­cours ». Et, d’autre part, qu’ils enseignent que nos relations avec les bienheureux dans la lu­mière plus pleine de la foi, ne diminuent en rien le culte d’adoration rendu à Dieu, mais au contraire, l’enrichissent davantage… (51).

CHAPITRE VIII : La Vierge Marie

La Vierge Marie qui, à l’annonce de l’Ange, accueillit dans le cœur et dans le corps le Verbe de Dieu et apporta la Vie au monde, est recon­nue et honorée comme la vraie Mère de Dieu Rédempteur. Rachetée d’une manière sublime en considération des mérites de son Fils et unie à Lui par un lien étroit et indissoluble, elle est revêtue de l’office suprême et de la dignité de Mère du Fils de Dieu et, en conséquence, elle dépasse toutes les autres créatures célestes et terrestres (53).

  • Le rôle maternel de Marie envers les hom­mes ne voile ou ne diminue en aucune manière cette médiation unique du Christ, mais en montre l’efficacité. Elle n’empêche pas l’union immédiate des croyants avec le Christ, mais au contraire, le facilite (60).

  • Marie est honorée d’un culte spécial. Ce culte diffère essentiellement du culte d’adoration rendu au Verbe Incarné exactement comme au Père et à l’Esprit Saint et il le favorise forte­ment (66).

  • Le Concile exhorte tous les fils de l’Eglise à promouvoir généreusement le culte, spéciale­ment le culte liturgique, à l’égard de la Bienheu­reuse Vierge, à tenir en grande estime les prati­ques et les exercices de dévotion à son égard qui sont recommandés depuis des siècles par le Magistère de l’Eglise, et à maintenir exactement ce qui, dans le passé, a été décidé relativement au culte des images du Christ, de la Bienheu­reuse Vierge et des Saints.

En outre, il exhorte fortement les théologiens et les prédicateurs à s’abstenir, avec le plus grand soin de toute fausse amplification, comme de toute étroitesse lorsqu’ils ont à considérer la dignité particulière de la Mère de Dieu. Ils doi­vent éviter avec soin tout ce qui pourrait induire en erreur au sujet de la véritable doctrine de l’Eglise. La vraie dévotion ne consiste ni dans un sentimentalisme stérile et passager, ni dans une certaine crédulité vaine, mais procède de la vraie foi par laquelle nous sommes portés à re­connaitre la prééminence de la Mère de Dieu, poussés à l’amour filial envers notre Mère et à l’imitation de ses vertus (67).

TABLE DES MATIERES DE « LUMEN GENTIUM »

CH 1 :
– Mystère de l’Eglise : créa­tion de Dieu (1).
– L’action de la Trinité (2-4).
– Fondation de l’Eglise par le Christ (5).
– Définition de l’Eglise (6-8).
CH 2 :
– Le peuple de Dieu : d’Is­raël à l’Eglise (9).
– Le sacerdoce commun et le sacerdoce ministériel (10).
– La vie sacramentelle (11).
– Les dons des charismes (12).
– Le Peuple de Dieu c’est le Peuple Chrétien (13-15).
– Les non-chrétiens (16, 17).
CH 3 :
– La structure hiérarchique de l’Eglise (18).
– Les successeurs des apô­tres (19-20).
– Le Pape, successeur de Pierre (21).
– Le collège épiscopal (22-24).
– Devoirs et prérogatives des évêques (25-26).
– Gouvernement des diocè­ses (27).
– Le clergé (28).
– Les diacres (29).
CH 4 :
– Notre temps met en va­leur le rôle des laïcs (30-31).
– Apostolat des laïcs (33-35).
– La vie de tous les jours et le monde temporel (35-38).
CH 5 :
– La vocation universelle à la sainteté (39-40).
– Selon les genres de vie (41-42).
CH 6 :
– Les religieux (43).
– Conseils évangéliques chasteté, pauvreté, obéis­sance (44).
– Témoins du monde à ve­nir (45-47).
CH 7 :
– Ici-bas, l’Eglise est en pè­lerinage (48).
– Son union avec l’Eglise du ciel (49).
– L’affection mutuelle en­tre le ciel et la terre (51).
CH 8 :
– Bienheureuse Vierge Ma­rie, Mère de Dieu (52-54).
– Son rôle dans l’économie du salut (55-59).
– Marie et l’Eglise (60-65).
– Le culte de la Sainte Vierge (66-67).
– Marie, signe d’espérance et consolation pour le peu­ple de Dieu en marche (68, 69).
Appendice : Le Pontife ro­main d’une part et d’autre part le Collège épiscopal uni au Pontife romain.