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Editorial de la lettre aux associés de la Médaille miraculeuse

LA DOUCEUR DE MARIE

Botticelli - La Vierge et l'Enfant avec deux anges et Jean-Baptiste - vers 1470 - Galleria dell Accademia Florence
Botticelli – La Vierge et l’Enfant avec deux anges et Jean-Baptiste – vers 1470 – Galleria dell Accademia Florence

Notre-Dame, c’est la douceur, la fleur de la charité. Elle participe à cette délicatesse infinie avec laquelle Dieu guide et gouverne toutes choses. Car personne ne désire notre bien, notre sanctification aussi ardemment que Dieu qui n’use ni de dureté, ni de rigidité ou de violence, mais d’une douce force, respectant toujours notre liberté, soutenant nos efforts, attendant notre adhésion à la grâce avec une patience et une douceur infinies.

Ceux qui, dans le combat contre leurs misères, sentent le poids et la peine de la lutte quotidienne, Marie les invite à aller vers Jésus qui a dit : «Venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau : Je vous soulagerai… Mon joug est doux et mon fardeau léger» (Matthieu 11, 28 et 30). Fervente disciple de son Fils, Marie, depuis des siècles, pratique cette douce charité. Le Sanctuaire de la rue du Bac, comme bien d’autres de par le monde, peut en témoigner.

Comme Jésus, sa charité fraternelle s’épanouit dans cet esprit et adoucit les plaies d’autrui plutôt que de les exaspérer, allège les fardeaux au lieu de les augmenter, facilite et adoucit  l’accomplissement du devoir au lieu de le rendre plus dur. Sa charité pratique cette douceur envers tous, même envers ceux qui sont obstinés, ou lents à correspondre au bien, envers les faibles qui retombent toujours dans les mêmes défauts.

Même si un coeur ne possédait qu’une parcelle de bien, elle l’entoure de soins affectueux, afin qu’elle se développe. Vincent de Paul incitait ses Soeurs à pratiquer la douceur, «à la faire en la vue de Dieu seul et comme la sainte Vierge la fit en allant visiter sainte Elisabeth, c’est-à-dire en toute douceur, en amour, en charité».

Ô Marie, vous qui êtes toute douceur, enseignez-nous la douceur du coeur, la douceur dans nos rapports avec autrui. En voyant Jésus mourir sur la croix, votre coeur était si doux à notre égard et vous nous aimiez si délicatement, alors que nous étions cause de sa mort, aidez-nous à supporter avec douceur les défauts de notre prochain. ■

J.-Daniel Planchot, cm

L’humilité de Marie

L’Annonciation cathédrale de Beauvais XIIIe siècle|DR
L’Annonciation cathédrale de Beauvais XIIIe siècle|DR

La Vierge Marie fut sûrement la femme la plus honorée par Dieu, et cependant personne ne s’est abaissé et humilié autant qu’elle. L’Ange la salue «pleine de grâce», et Marie «se trouble» (Luc 1, 28-29). L’Ange lui révèle la grande mission que le Très-Haut lui confie, et Marie se déclare «la servante du Seigneur» (Luc 1, 38).

Son regard ne s’arrête pas sur le grand honneur d’avoir été choisie entre toutes les femmes pour être la mère du Fils de Dieu, mais elle contemple, émerveillée, le mystère d’un Dieu qui veut se donner à elle comme Fils. Elle en comprend la grandeur, aussi face à cela elle s’humilie. L’attitude est identique, lorsque Élisabeth la salue : «Tu es bénie entre les femmes » (Luc 1, 42).

Ces mots ne l’étonnent pas, car elle est déjà Mère de Dieu et, cependant, elle demeure fixée dans son humilité profonde : elle attribue tout au Seigneur dont elle chante la miséricorde : «Il s’est penché sur son humble servante» (Luc 1, 48). Dieu a opéré en elle de grandes choses, elle le sait et le reconnaît, mais au lieu de s’en vanter, elle fait tout tourner à la gloire divine.

«S’il ne t’est pas possible d’égaler Marie en candeur, dit saint Bernard, imite au moins son humilité. Marie plut à Dieu, certes, par sa virginité, mais elle devint mère par son humilité.»

Les qualités et les dons les plus précieux sont stériles s’ils ne sont pas unis à une humilité sincère. Plus est importante la mission que Dieu nous confie, et plus aussi nous avons besoin d’humilité. Si la maternité de Marie a été le fruit de son humilité, la fécondité de notre vie, de notre mission, dépendra de l’humilité et lui sera toujours proportionnée. Dieu peut accomplir en nous et par nous de grandes choses, mais seule l’humilité est le terrain propre à faire fructifier les dons du Seigneur.

« Sainte Vierge, qui dites à tout le monde dans votre cantique que c’est l’humilité qui est cause de votre bonheur, priez donc votre Fils, par les entrailles de votre ventre, où il a logé neuf mois, qu’il nous donne cette grâce.» (saint Vincent de Paul) ■

Jean-Daniel Planchot

L’Octave de la Chandeleur

mgr Pontier Georges Marseille
mgr Pontier Georges Marseille

Voilà huit jours, nous célébrions la Chandeleur, la présentation de Jésus au Temple par Marie et Joseph. Dans Église à Marseille, le mensuel du diocèse de Marseille n° 2 de  Février 2010, Mgr Georges Pontier vient de publier un éditorial qui nous a touchés et que nous reproduisons sur notre site.

***

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Ancienne et belle tradition de notre Église diocésaine !

Son déroulement commence le 2 février
à 5 heures du matin, au Vieux-Port,
par l’accueil du livre de la Parole de Dieu porté
par les jeunes de l’aumônerie de la Mission de la mer.
Nous commémorons l’arrivée de l’Évangile en
Provence, à Marseille. Nous ne le faisons pas
à la lumière nécessaire des historiens, mais
comme des croyants qui savent que l’Évangile
n’est pas de la plume de Jésus mais de celle
des hommes qui se sont laissés saisir par sa
personne, son message, sa vie, sa mort et sa
résurrection.

L’Évangile n’arrive pas comme un livre
contraignant, mais comme la source à laquelle
des hommes et des femmes ont étanché leur
soif de vivre et d’être heureux et veulent en
témoigner.

De là, nous montons à Saint-Victor pour
célébrer l’Eucharistie de ce jour de la fête de
la Présentation de Jésus au Temple. Nous voilà
profondément unis à ces premiers témoins,
proches d’eux par le dynamisme que donnent
la foi, l’espérance chrétienne et la charité
vécue. Nous venons à notre tour présenter
nos vies au Maître de la vie, les soumettre
à la lumière de son amour et nous lier à Lui
de manière si forte que toute notre existence
en soit éclairée. Nous portons fortement en
nous la conscience d’être très proches de
ces premiers témoins. Certes, les conditions
matérielles de la vie du monde n’ont rien à voir
avec celles qu’ils ont connues. Mais le même
message nous comble : l’univers et chaque être
humain sont aimés de Dieu. Nous sommes fils
de ce Dieu qui aime tout homme comme un
Père et qui nous invite à une vie fraternelle.
Oui, l’Octave est un temps fort : on va se
succéder à Saint-Victor pour célébrer et prier.
Mais, en venant comme en partant, nous
contemplons le Lacydon, le Vieux-Port, le
Panier et ces quartiers qui se serrent les uns
contre les autres sans qu’on puisse en désigner
les frontières !

Et c’est là, aujourd’hui, que nous voulons
projeter à notre tour la lumière de l’Évangile,
celle du fils de Marie et celle du fils de Dieu
fait homme, celle des Béatitudes et celle du
Jugement dernier ; celle du pardon et celle de
la conversion ; celle de l’amour des ennemis et
celle du don de sa vie pour les autres ; celle de
la fraternité universelle et celle de l’accueil des
étrangers ; celle de la pauvreté choisie et celle
de la lutte en faveur des plus pauvres ; celle
du refus de la violence et celle du respect de la
vie ; celle de la rencontre du Dieu d’amour et
celle de l’espérance ; celle de la place première
faite à l’homme et celle de la fraternité vécue.

Cette lumière nous vient de Celui qui nous dit
et nous redit : « N’ayez pas peur, confiance, lève-toi
et marche, c’est Moi, Celui qui est toujours
prêt à saisir votre main, Celui qui un jour vous
dira :  » Lève-toi d’entre les morts, le jour brille
pour toi, entre dans la joie de ton Maître ! « 
».
C’est par la conversion et les engagements de
nos vies que nous en sommes témoins !

+ Georges Pontier
Archevêque de Marseille