Dans la cathédrale Sainte-Marie-de-l’Assomption de Tbilissi, le Pape a rencontré ce samedi 1er octobre quelque 250 fidèles catholiques, 90 prêtres et religieux ou religieuses, et 140 laïcs impliqués dans les conseils pastoraux et organisations catholiques. Après l’intervention de bienvenue de l’administrateur apostolique du Caucase, le Saint-Père a écouté, attentif, en prenant des notes, un jeune, une maman, un séminariste et un prêtre. Il a ensuite tâché de leur répondre en abordant trois points essentiels : la solidité de la foi, les difficultés à surmonter pour les couples et le rapport avec les frères orthodoxes.
Après avoir rencontré le clergé et les religieux catholiques géorgiens, le Pape s’est ensuite rendu à la périphérie de la capitale dans un centre d’aide tenu par des religieux Camilliens. Ce centre socio-sanitaire a été réalisé en 1998 grâce à l’aide de la Caritas italienne et d’autres organisations catholiques internationales. Ce centre prodigue de nombreux soins médicaux gratuits aux plus démunis. Le Pape François y a rencontré les membres des œuvres de charité de l’Église catholique en Géorgie en particulier les membres de la Caritas locale, mais aussi les Missionnaires de la Charité ou de l’Œuvre de Malte.
La solidité de la foi, les difficultés à surmonter pour les couples et le rapport avec les frères orthodoxes –>
La solidité de la foi
Le Pape a amorcé son intervention, sans note, par un exemple. Celui d’une vieille femme rencontrée en Arménie au mois de juin. Une femme très humble, coincée derrière une barrière et qui lui faisait signe d’approcher, ce que fit François. Elle avait fait sept ou huit heures de bus pour le voir, depuis la Géorgie. Le lendemain, il la retrouve à nouveau dans une autre ville. Le Pape surpris, lui demande d’où vient cette énergie et sa détermination. «C’est la foi», lui a répondu cette vieille femme. «Être solide dans la foi, c’est le témoignage qu’a donné cette dame. Elle pensait que Jésus, fils de Dieu, avait laissé Pierre sur la terre, et elle voulait voir Pierre. Être solide dans la foi signifie la capacité de recevoir la foi de la part des autres ,de la conserver et de la transmettre.»
Pour François, être solide dans la foi suppose «de maintenir vivant l’histoire, le passé, et de rêver pour construire un futur lumineux». Il ne faut pas oublier ce que nous avons vécu et pour cette raison, lors des Journées mondiales de la jeunesse à Cracovie, le Pape a confié «une mission spéciale» aux jeunes : parler avec leurs grands-parents, car ils sont ceux qui transmettent la foi.
Ce samedi, le Pape recommande à ceux qui travaillent avec les jeunes de leur enseigner cela : «parler avec les grands-parents pour recevoir cette eau fraîche de la foi, puis travailler et malaxer la foi dans le présent, ne pas la cacher dans un tiroir, mais la faire croître.» «Recevoir l’héritage, le faire germer et le donner», car comme la plante qui, sans racine, ne grandit pas, «une foi sans les racines de la maman et de la grand-mère, ne grandit pas». Il interpelle également les parents. «Une foi qui m’a été donnée et que je ne donne pas à mes enfants, ne grandit pas non plus.» «Pour être solide dans la foi, il faut avoir la mémoire du passé, le courage dans le présent et l’espérance dans le futur.»
Faire mémoire de la venue de l’Esprit saint
Le Pape a interrogé un des neuf séminaristes de Géorgie qui venait de lui confier que tout jeune, il avait dit à sa mère qu’il souhaitait devenir prêtre comme le polonais qui célébrait devant lui. «Qu’a dit ta mère ?» «Fais ce que tu veux.» La mère perdait un fils, et se privait d’une belle-mère. Le Pape a rendu hommage aux femmes, et notamment «aux femmes fortes» de Géorgie. Mais le Saint-Père a également souligné le fait qu’il fallait faire trésor de ce moment passé. «A ce moment-là, ce n’est pas une fable qui s’est imposée à ton esprit. C’est l’Esprit saint qui venait à ta rencontre.»
«Nous tous dans notre vie, nous avons ou nous aurons, des moments sombres. Même nous, les consacrés, nous avons des moments sombres. Et quand on a l’impression que les choses n’avancent pas, qu’on a des difficultés dans nos communautés, dans ces moments-là ce qu’il faut faire, c’est s’arrêter et faire mémoire du moment où j’ai été touché par l’esprit saint.» Quand il y a des turbulences, le Pape a également invité chacun à se réfugier sous le manteau protecteur de la Vierge Marie, que Jésus nous a laissé pour qu’elle soit notre mère.
Le Pape a souligné en outre que «la persévérance dans la vocation est enracinée dans la mémoire de la caresse que Dieu nous a faite quand il a dit ‘viens avec moi’.» Il a conseillé aux fidèles de ne pas retourner en arrière quand des difficultés se présentent. «Si vous voulez retourner en arrière, la seule chose à faire c’est de retourner à la mémoire de ce moment , et ainsi la foi et la vocation demeurent solides, avec nos faiblesses et nos péchés, car nous sommes tous pêcheurs. Nous avons tous besoin de nous confesser. Mais la miséricorde l’amour de Jésus est plus grand que nos péchés. »
S’il te plaît, pardon merci
Comment vit-on la foi dans le mariage, «la chose la plus belle que Dieu a créée» ? À Irina, une jeune mère de famille, François rappelle que la Bible nous dit que Dieu a créé l’homme et la femme à son image. «L’homme et la femme qui sont une seule chaire, sont l’image de Dieu.» Bien sûr, les couples traversent des difficultés : tentations, incompréhensions. Irina évoquait le divorce de nombreux orthodoxes, influençant les catholiques. «Certains divorcent et trouvent quelqu’un d’autre.» Mais qui paie les coûts du divorce ? Les deux membres du couple, Dieu, car «lorsqu’une seule chaire se sépare cela salit son image», et bien sûr, les enfants. Combien les petits enfants souffrent quand ils voient les disputes et la séparation des parents.
«Il faut tout faire pour sauver un mariage.» Une recommandation aux couples. Les assiettes peuvent bien voler. Il est normal de se disputer, mais le Pape leur conseille de ne pas finir la journée sans faire la paix, «parce que la guerre froide du jour d’après est extrêmement dangereuse.» Le Pape rappelle qu’il existe trois paroles d’or pour que le couple aille de l’avant : puis-je ? Merci . Excuse-moi. Enfin, quand le Diable s’immisce, qu’un homme considère une femme comme étant plus belle que la sienne ou qu’une femme juge un homme plus fort que le sien, «il faut demander de l’aide.»
«Il faut tout faire pour sauver un mariage». Cette recommandation est également adressée au prêtres et religieux qu’il encourage à aider les couples, en les accueillant, avec proximité, et en les accompagnants. «Le discernement, c’est l’intégration dans le corps de l’Église.» Il faut «accueillir, accompagner, discerner et intégrer.» Dans la communauté catholique, on doit toujours aider à sauver le mariage.
Brièvement, le Pape a évoqué «un grand ennemi du mariage», la théorie du genre. «Aujourd’hui, il y a une guerre mondiale pour détruire le couple. Aujourd’hui, on ne détruit pas qu’avec les armes, mais avec les idées. Il y a une colonisation idéologique qui détruit. Ainsi, il faut se défendre des colonisations idéologiques.»
L’œcuménisme
Enfin le Pape a abordé la question de l’œcuménisme. «Ne jamais se disputer.» Il recommande de laisser les théologiens le faire. Que dois-je faire avec un voisin, un ami, un proche orthodoxe ? Le Pape répond qu’il ne faut pas condamner, mais être ouvert, cheminer ensemble, prier les uns pour les autres et accomplir des œuvres de charité ensemble «quand on peut». Pour le Pape, c’est cela l’œcuménisme. Dois faire un effort pour le convertir ? «Ce serait un gros péché contre l’œcuménisme.» «On ne doit jamais faire de prosélytisme avec les orthodoxes. Ce sont nos frères et nos sœurs, les disciples de Jésus-Christ. Pour des raisons compliquées, on en est là, mais eux et nous croyons dans le Père, le Fils, l’Esprit saint et la mère de Dieu.»
Avant de donner sa bénédiction apostolique, le Pape a récité un Ave Maria avec les fidèles.