Le Pape aux évêques français :
porter le fardeau de la honte avec foi
Le Pape François a écrit une lettre aux évêques réunis à Lourdes depuis lundi dernier et pendant huit jours en plénière avec un programme qui laisse amplement de place à la question des abus un mois après la publication du rapport préparé par la commission spéciale indépendante dirigée par Jean-Marc Sauvé. Ses données ont provoqué un véritable choc, à commencer par le nombre de personnes agressées par des religieux entre 1950 et 2020, soit plus de 216 000. Sachons que le Pape a récemment reçu des évêques français en visite ad limina.
« Alors que vous traversez la tempête causée par la honte et le drame de la maltraitance des enfants commis dans l’Église, je vous encourage à porter le fardeau avec foi et espérance, et je le porte avec vous. »
Dans son message adressé au président de la Conférence épiscopale de France (CEF), Éric de Moulins-Beaufort, le Pape se dit « convaincu qu’ensemble, et sous la conduite de l’Esprit Saint, vous trouverez les outils pour rendre hommage aux victimes et les consoler, pour exhorter tous les croyants à la pénitence et à la conversion des cœurs, pour prendre toutes les mesures nécessaires pour que l’Église soit un foyer sûr pour tous, pour prendre soin du saint peuple de Dieu, blessé et profondément troublé, et enfin pour reprendre la mission avec joie, résolument tournée vers l’avenir. »
« Dans les épreuves et les contradictions que vous êtes contraints de vivre – soyez assurés du soutien et de la communion du Siège Apostolique. Ne doutez pas que les Français attendent la Bonne Nouvelle du Christ, ils en ont plus que jamais besoin. C’est pourquoi je confie avec une tendresse particulière à votre sollicitude paternelle l’immense majorité de vos prêtres qui exercent leur ministère avec générosité et dévouement, et dont la belle vocation est malheureusement embrouillée. Ils ont besoin d’être renforcés et soutenus en cette période difficile. »
Le premier jour de l’assemblée plénière, pour montrer la grande importance qu’ils entendent accorder à l’écoute de la parole des victimes, les évêques ont invité cinq d’entre elles à occuper les places habituellement réservées à la présidence de l’épiscopat dans la grande salle de le sanctuaire, pour témoigner de leur terrible expérience.
Avant l’épiscopat, les victimes ont exprimé leur irritation, leur tristesse, leur déception, mais aussi leurs attentes et leurs espoirs. Des mots « forts, difficiles mais nécessaires », a reconnu Luc Crépy, évêque de Versailles et président du groupe permanent de lutte contre la pédophilie au CEF.
« Nous devons mettre en œuvre les changements et c’est l’affaire de tous », a-t-il déclaré à la presse. Faisant écho aux attentes des victimes, François Touvet, évêque de Châlons, a estimé urgent de passer désormais des paroles aux actes, non plus « se contenter de produire des discours et des textes », mais « agir avec force ». « Nous devons être à la hauteur de cette attente et nous n’avons ni le droit ni la possibilité de perdre cet appel. »
Dans la salle de classe, où se trouvaient des victimes qui ont participé à la rédaction du rapport sur les abus, de nombreux évêques ont lu certains passages du document. Au cours de la rencontre, la question de l’indemnisation des victimes a également été abordée, au centre de nombreuses attentes :
« L’Église doit reconnaître ces personnes même lorsque les faits sont caducs », insiste Luc Crépy. L’après-midi d’aujourd’hui et de demain après-midi seront également consacrés à la question des abus, tandis qu’un moment de pénitence est prévu samedi dans le cimetière de la basilique de Notre-Dame du Rosaire. Les décisions finales, en revanche, seront votées le dernier jour de la plénière.
La protection de la création est l’autre thème principal de cette assemblée d’automne, qui a lieu au moment même où les dirigeants mondiaux sont réunis à Glasgow pour participer à la conférence sur le Changement climatique de l’ONU. Un choix que le pape François a félicité dans sa lettre. Trois demi-journées sont consacrées à la lecture de l’encyclique Laudato si‘ et à sa mise en œuvre dans les diocèses français.
Le thème choisi par la Conférence épiscopale, « Clameur de la terre, clameur des pauvres », tiré du document pontifical, a été choisi par les évêques pour donner la parole aux personnes vivant dans des conditions précaires. Une initiative qui rappelle celle organisée il y a deux ans par la CEF lors de l’assemblée plénière d’automne, au cours de laquelle pas moins de deux cents laïcs ont été invités à présenter leur réflexion sur l’encyclique du Pape François.
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Extraits traduits et présentés par l’Association de la Médaille Miraculeuse