22 Jésus-Christ est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers – Lhomond

Notre-Seigneur, après avoir souffert d’extrêmes douleurs sur la croix, où il resta attaché pendant trois heures mourut le jour même où l’on immolait l’Agneau pascal, dont le sacrifice était la figure de sa mort. Un soldat, pour s’assurer de sa mort, lui perça le côté droit avec une lance, et de la blessure il sortit du sang et de l’eau.

Vous comprenez aisément, mon cher Théo-phile, le sens de ces paroles : Jésus-Christ est mort : elles signifient que son âme a été séparée de son corps ; mais il faut bien remarquer que sa divinité n’a point été séparée de l’âme ni du corps ; elle est toujours demeurée unie à l’une et à l’autre ; en sorte que le corps de Notre-Seigneur, même dans le tombeau, était le corps du Fils de Dieu, et son âme, dans cet état de séparation, était aussi l’âme du Fils de Dieu.

Jésus-Christ, en mourant, a cessé d’être un homme vivant ; mais il n’a jamais cesse un instant d’être le Fils de Dieu. Jésus-Christ, en mourant, a cessé d’être un homme vivant ; mais il n’a jamais cessé un instant d’être le Fils de Dieu. C’est le Fils de Dieu qui a été enseveli dans son corps ; c’est le Fils de Dieu qui, par son âme, est descendu aux enfers ; et partout il est digne de nos adorations.

Vous comprenez aussi aisément ce que signifient ces paroles : Jésus-Christ a été enseveli. Vous avez vu, dans l’Évangile, que Joseph d’Arimathie alla trouver Pilate, et lui demanda le corps de Jésus-Christ, afin de l’ensevelir honorablement, et qu’en ayant obtenu la permission, il détacha le corps de la croix, qu’il l’embauma avec des parfums précieux, et le mit dans un sépulcre neuf qu’il avait taillé dans le roc.

Il faut bien remarquer que le corps de Noire-Seigneur, quoique mis dans le tombeau, n’a point été sujet à la corruption ; David l’avait prédit en ces termes : « Vous ne permettrez pas que votre Saint éprouve la corruption dans le » tombeau. » Les paroles qui suivent, dans le Symbole, ont besoin d’être expliquées : Il est descendu aux enfers.

Que doit-on entendre par les enfers ? Ce mot est employé, dans l’Écriture sainte, pour désigner différents lieux. Le premier est l’endroit où les démons et les réprouvés souffrent et souffriront éternellement : ce n’est point-là que l’âme de Jésus-Christ est descendue ; ce n’est pas non plus le purgatoire, où les âmes des justes, qui ont encore quelque péché à expier, achèvent de se purifier.

Mais il y a un troisième lieu où reposaient, avant la venue de Jésus- Christ , les âmes des Patriarches et des Saints qui étaient morts depuis le commencement du monde : ces âmes saintes aimaient et glorifiaient Dieu dans l’attente du divin libérateur, mais elles n’étaient point admises dans le ciel, parce que l’entrée en avait été fermée par le péché de nos premiers parents, et qu’il ne devait leur être ouvert que par la mort et l’ascension de Jésus-Christ : c’est dans ce lieu que Notre-Seigneur descendit pour en retirer ces Âmes saintes, et pour les mener avec lui en triomphe dans le ciel.

Faisons maintenant quelques réflexions, mon cher Théophile, sur le mystère de la sépulture de Notre-Seigneur, et tirons-en quelques instructions propres à nourrir notre piété.

Ceux qui avaient enseveli son corps, avaient roulé une grosse pierre à l’entrée du sépulcre ; les Juifs, de leur côté, avaient scellé la pierre, et ils y avaient mis une garde de soldats, de peur, disaient-ils, que ses disciples ne vinssent enlever son corps, et ne publiassent ensuite que leur maître était ressuscité comme il l’avait promis.

Ainsi la Providence divine disposait-elle les choses pour rendre la mort et la résurrection de Jésus-Christ plus certaines et plus authentiques, par les précautions mêmes que prirent ses ennemis pour empêcher toute tromperie. Dieu fait servir à l’exécution de ses desseins les obstacles mêmes que les hommes lui opposent.

La sépulture était nécessaire pour prouver la vérité de sa mort. Si Notre-Seigneur était ressuscité aussitôt, ou peu de temps après avoir expiré, ses ennemis n’auraient pas manqué de dire qu’il n’était pas mort. Si les Juifs n’avaient pas fait garder avec tant de soin le sépulcre, où le corps de Jésus-Christ avait été déposé, ils auraient pu dire que ses disciples l’avaient enlevé.

Mais sa demeure pendant trois jours dans un sépulcre fermé, scellé et bien gardé, prouve qu’il était véritablement mort, et elle sert à établir la foi de sa résurrection ; car, sa mort étant une fois certaine et indubitable, le témoignage que les Apôtres ont rendu ensuite en faveur de sa résurrection, ce témoignage, dis-je, confirmé par leurs miracles, ne laissait plus aucun lieu de douter qu’il ne fût ressuscité.

Ainsi a été achevée l’œuvre de notre rédemption. Jésus-Christ s’est soumis à la mort, et par sa mort il a sanctifié la nôtre, il nous a mérité la grâce de faire, de cette peine du péché, un sacrifice volontaire et très-agréable à Dieu. Jésus-Christ s’est soumis à l’humiliation de la sépulture, afin d’ôter à cet état ce qu’il a de triste à la nature, afin de nous remplir de l’espérance consolante de la résurrection future de notre corps.

La vue de notre chef enfermé dans le tombeau, d’où il doit sortir plein de vie, nous assure l’accomplissement de ce que l’Apôtre nous promet pour nous-mêmes, en ces termes : « Le corps, comme une semence, est mis en terre dans un état de corruption, et il ressuscitera incorruptible ; il est mis en terre tout difforme, et il ressuscitera glorieux ; il est mis en terre comme un corps tout animal, et il ressuscitera » comme un corps spirituel. »

Charles François LHOMOND – DOCTRINE CHRÉTIENNE EXPLIQUÉE (1783)

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse