Catéchèse – 12. Jésus homme de prière

Lors de l’audience générale, le Pape François a poursuivi ce mercredi matin son cycle de catéchèses sur la prière, salle Paul VI, au Vatican. Il s’est exprimé sur la première prière de Jésus sur les bords du Jourdain lors de son baptême par Jean-Baptiste. Au milieu des pécheurs, il reçoit la bénédiction de Dieu le Père qu’il étendra ensuite à tout le peuple.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 28 octobre 2020


Catéchèse – 12. Jésus homme de prière

Résumé

Frères et sœurs, nous poursuivons notre parcours sur la prière par le récit du Baptême du Seigneur. Bien que sans péché, Jésus se fait solidaire de notre condition humaine et il prie avec les pécheurs du peuple de Dieu.

Il ne reste pas à distance mais se plonge dans les mêmes eaux de purification. Inaugurant sa mission, il se met à la tête d’un peuple de pénitents, se chargeant d’ouvrir une brèche à travers laquelle tous devront avoir le courage de passer après lui. L’évangéliste met en évidence le climat de prière dans lequel le baptême de Jésus se déroule.

C’est en priant que Jésus ouvre la porte des cieux, que descend l’Esprit Saint, et que le Père déclare qu’il est le Fils bien aimé. Cette prière de Jésus, qui, à ce moment, lui est personnelle, deviendra par grâce la prière de tous les baptisés dans le Christ.

Ainsi, dans les moments sombres de la vie nous devons supplier pour que la prière de Jésus devienne aussi la nôtre. Nous entendrons alors une voix du ciel nous dire avec tendresse : « Tu es aimé de Dieu, tu es fils du Père, tu es sa joie ».

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Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, dans cette audience, comme nous l’avons fait lors d’audiences précédentes, je resterai ici. J’aimerais descendre, dire bonjour à tout le monde, mais il faut garder nos distances, car si je descends tout de suite il y a un rassemblement pour dire bonjour, et c’est contre les traitements, les précautions qu’il faut avoir devant cette « dame » qui s’appelle Covid et cela nous fait tellement mal.

Pour cela, excusez-moi si je ne descends pas vous saluer: je vous salue d’ici mais je vous porte tous dans mon cœur. Et vous, portez-moi dans votre cœur et priez pour moi. De loin, on peut prier les uns pour les autres; Merci de votre compréhension.

Dans notre itinéraire de catéchèse sur la prière, après avoir parcouru l’Ancien Testament, nous arrivons maintenant à Jésus, et Jésus a prié. Le début de sa mission publique a lieu avec le baptême dans le Jourdain.

Les évangélistes sont d’accord pour attribuer une importance fondamentale à cet épisode. Ils racontent comment tous les gens se sont réunis dans la prière, et ils précisent en quoi ce rassemblement avait un caractère pénitentiel clair (cf. Mc 1,5; Mt 3,8). Les gens sont allés vers Jean pour se faire baptiser pour le pardon des péchés: il y a un caractère pénitentiel, de conversion.

Le premier acte public de Jésus est donc la participation à une prière chorale du peuple, une prière du peuple qui va se faire baptiser, une prière pénitentielle, où chacun se reconnaît comme pécheur. Pour cette raison, le Baptiste voudrait s’opposer et dit: « Est-ce moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et tu viens à moi? » (Mt 3, 14).

Le Baptiste comprend qui était Jésus, mais Jésus insiste: c’est un acte qui obéit à la volonté du Père (v. 15), un acte de solidarité avec notre condition humaine. Il prie avec les pécheurs du peuple de Dieu, gardons ceci à l’esprit: Jésus est le juste, il n’est pas un pécheur.

Mais Il voulait descendre vers nous, pécheurs, et Il prie avec nous, et quand nous prions, Il est avec nous en train de prier; Il est avec nous parce qu’il est au ciel en train de prier pour nous. Jésus prie toujours avec son peuple, il prie toujours avec nous toujours.

Nous ne prions jamais seuls, nous prions toujours avec Jésus. Il ne reste pas sur la rive opposée du fleuve – «Je suis juste, vous les pécheurs» – pour marquer sa diversité et sa distance par rapport aux désobéissants, mais il plonge ses pieds dans les mêmes eaux de purification. Il agit comme un pécheur. Et c’est la grandeur de Dieu qui a envoyé son Fils qui s’est anéanti et est apparu comme un pécheur.

Jésus n’est pas un Dieu lointain, et il ne peut pas l’être. L’incarnation l’a révélé d’une manière complète et humainement impensable. Ainsi, en inaugurant sa mission, Jésus se met à la tête d’un peuple de pénitents, comme s’il se chargeait d’ouvrir une brèche par laquelle nous devons tous, après lui, avoir le courage de passer. Mais le chemin, le chemin est difficile; mais Il s’en va, ouvrant la voie.

Le Catéchisme de l’Église catholique explique que c’est là la nouveauté de la plénitude des temps. Il dit: «La prière filiale, que le Père attendait de ses enfants, est finalement vécue par le Fils unique lui-même dans son humanité, avec les hommes et pour les hommes» (n. 2599). Jésus prie avec nous. Mettons ceci dans nos têtes et nos cœurs: Jésus prie avec nous.

Ce jour-là, sur les rives du Jourdain, il y a donc toute l’humanité, avec ses aspirations tacites à la prière. Il y a surtout le peuple des pécheurs: ceux qui pensaient ne pas pouvoir être aimés de Dieu, ceux qui n’osaient pas dépasser le seuil du temple, ceux qui ne priaient pas parce qu’ils ne se sentaient pas dignes. Jésus est venu pour tout le monde, même pour eux, et il commence précisément par les rejoindre.

Surtout, l’Évangile de Luc met en évidence le climat de prière dans lequel le baptême de Jésus a eu lieu: «Pendant que tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus, ayant également reçu le baptême, se tenait dans la prière, le ciel s’est ouvert» (3.21 ). En priant, Jésus ouvre la porte du ciel et le Saint-Esprit descend de cette brèche.

Et d’en haut une voix proclame la prodigieuse vérité: « Tu es mon Fils, le bien-aimé: en toi je me suis plu » (v. 22). Cette simple phrase contient un immense trésor: elle nous fait comprendre quelque chose du mystère de Jésus et de son cœur toujours tourné vers le Père.

Dans le tourbillon de la vie et du monde qui viendra le condamner, même dans les expériences les plus dures et les plus tristes qu’il devra endurer, même lorsqu’il éprouve qu’il n’a nulle part où reposer sa tête (cf.Mt 8, 20), même lorsque se déchaîne autour de lui haine et persécution, Jésus n’est jamais sans le refuge d’une demeure: il demeure éternellement dans le Père.

Cette prière de Jésus, qui sur les rives du Jourdain est totalement personnelle – et il en sera ainsi tout au long de sa vie terrestre – à la Pentecôte elle deviendra par grâce la prière de tous ceux qui sont baptisés dans le Christ. Il a lui-même obtenu ce don pour nous et nous invite à prier en priant.

Pour cette raison, si dans une soirée de prière nous nous sentons faibles et vides, s’il nous semble que la vie a été complètement inutile, nous devons à ce moment implorer que la prière de Jésus devienne aussi la nôtre. «Je ne peux pas prier aujourd’hui, je ne sais pas quoi faire: je n’en ai pas envie, je suis indigne, indigne». A ce moment, il faut se confier à lui pour prier pour nous.

Il est en ce moment devant le Père priant pour nous, il est l’intercesseur; que le Père voit les blessures pour nous. Nous avons confiance en cela! Si nous avons la foi, alors nous entendrons une voix du ciel, plus forte que celle qui monte des bidonvilles de nous-mêmes, et nous entendrons cette voix murmurer des paroles de tendresse: «Tu es le bien-aimé de Dieu, tu es le fils, tu es la joie du Père du Ciel .»

Précisément pour nous, pour chacun de nous la parole du Père résonne: même si nous avons été rejetés de tous, pécheurs de la pire espèce. Jésus n’est pas descendu dans les eaux du Jourdain pour lui-même, mais pour nous tous. C’était tout le peuple de Dieu qui s’est approché du Jourdain pour prier, demander pardon, faire ce baptême de pénitence. Et comme le dit ce théologien, ils se sont approchés du Jourdain « âmes nues et pieds nus ».

L’humilité aussi. Il faut de l’humilité pour prier. Il a ouvert les cieux, comme Moïse avait ouvert les eaux de la mer Rouge, pour que nous puissions tous passer derrière lui, Jésus nous a donné sa propre prière, qui est son dialogue d’amour avec le Père. Il nous l’a donné comme semence de la Trinité, qui veut s’enraciner dans nos cœurs. Accueillons-le! Accueillons ce don, le don de la prière. Toujours avec lui et nous n’irons pas mal.

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Salutations

Salut Je salue cordialement les personnes de langue française. Jésus nous propose sa prière, son dialogue d’amour avec le Père. Puissions-nous la faire nôtre, surtout dans les moments difficultés, afin de les traverser dans la foi, avec le secours de sa tendresse. Que Dieu vous bénisse.

Je salue cordialement les pèlerins anglophones. Sur vous et vos familles, j’invoque la joie et la paix du Christ. Que Dieu vous bénisse!

Je salue cordialement les fidèles germanophones. Nous remercions le Seigneur pour le don du baptême, par lequel nous sommes devenus enfants de Dieu et membres du Corps mystique du Christ qu’est l’Église. Vivons et partageons cette grâce ineffable avec une joie spirituelle, en restant toujours profondément enracinés dans l’amour paternel de Dieu.

Je salue cordialement les pèlerins hispanophones.Que le Seigneur Jésus nous accorde la grâce de faire de sa prière, qui est un dialogue d’amour avec le Père, devenir aussi la nôtre, avec l’assurance que Dieu nous aime, nous pardonne et nous invite à vivre comme ses fils et ses filles, en intimité avec Lui. Que Dieu vous bénisse tous.

Chers pèlerins de langue portugaise, je vous salue cordialement. Rien ne peut vous empêcher de vivre et de grandir dans l’amitié du Père céleste et de témoigner de toute sa bonté et de sa miséricorde! J’invoque sa bénédiction sur vous et vos familles.

Je salue les fidèles arabophones. La prière chrétienne est une invocation faite avec foi, espérance et charité qui implique la confiance en la volonté de Dieu. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal!

Je salue cordialement les pèlerins polonais. Le 22 octobre, nous avons célébré le mémorial liturgique de Saint Jean-Paul II, en cette année centenaire de sa naissance. Il a toujours exhorté un amour privilégié pour le plus petit et sans défense et pour la protection de chaque être humain, de la conception à la mort naturelle.

Par l’intercession de Marie Très Sainte et du Saint Pontife polonais, je demande à Dieu d’éveiller dans le cœur de tous le respect pour la vie de nos frères, en particulier les plus fragiles et sans défense, et de donner de la force à ceux qui les accueillent et prennent soin d’eux. , même quand il faut un amour héroïque. Que Dieu vous bénisse!

Appel

Je me joins à la douleur des familles des jeunes étudiants brutalement tués samedi dernier à Kumba, au Cameroun. Je suis très déconcerté par un acte aussi cruel et insensé, qui a arraché les petits innocents à la vie alors qu’ils prenaient des cours à l’école. Que Dieu illumine les cœurs, pour que des gestes similaires ne se répètent jamais et pour que les régions tourmentées du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays puissent enfin trouver la paix!

J’espère que les armes soient silencieuses et que la sécurité de tous et le droit de chaque jeune à l’éducation et à l’avenir puisseent être garantis. J’exprime mon affection aux familles, à la ville de Kumba et à tout le Cameroun et j’invoque le réconfort que seul Dieu peut donner.

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J’adresse un salut cordial aux fidèles italophones. Aujourd’hui, l’Église célèbre la fête des saints apôtres Simon et Judas Thaddée. Je vous exhorte à suivre leur exemple en mettant toujours le Christ au centre de votre vie, pour être de vrais témoins de son Évangile dans notre société.

Enfin, mes pensées vont, comme d’habitude, aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. Je souhaite que chacun grandisse chaque jour dans la contemplation de la bonté et de la tendresse qui rayonnent de la personne du Christ. Merci.