Catéchèse – 30. La prière vocale,
moyen le plus sûr de s’adresser à Dieu
Résumé de la catéchèse
Frères et sœurs, la prière est dialogue avec Dieu. En un certain sens, chaque créature dialogue avec Dieu mais chez l’être humain, la prière devient parole, invocation, chant, poésie. Les paroles naissent de nos expériences et façonnent notre existence.
C’est pourquoi les Saintes Écritures nous enseignent à prier aussi avec des paroles parfois audacieuses. Personne ne naît saint et lorsque des sentiments mauvais frappent à la porte de notre cœur, nous devons être capables de les désamorcer avec la prière et la parole de Dieu.
La première prière humaine est toujours une récitation vocale. Même si prier ne signifie pas répéter des paroles, la prière vocale est cependant la plus sûre et il est toujours possible de la pratiquer. La prière des lèvres, murmurée ou récitée en chœur, est toujours possible.
Nous devrions tous avoir l’humilité de certaines personnes âgées qui, dans l’Église, récitent à mi-voix les prières apprises durant l’enfance. Ces pratiquants de la prière humble sont souvent les grands intercesseurs des paroisses.
On peut toujours demeurer fidèle à la prière vocale. Nous ne devons pas la mépriser car elle présente à Dieu les demandes qu’il veut écouter. Jésus ne nous a pas laissés dans le brouillard. Il nous a enseigné la prière du Notre Père.
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PAPE FRANÇOIS
AUDIENCE GÉNÉRALE
Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 21 avril 2021
Chers frères et sœurs, bonjour!
La prière est un dialogue avec Dieu; et chaque créature, dans un certain sens, «dialogue» avec Dieu. Dans l’être humain, la prière devient parole, invocation, chant, poésie… La Parole divine s’est faite chair, et dans la chair de chaque homme la parole revient à Dieu dans la prière.
Les paroles sont nos créatures, mais elles sont aussi nos mères et, dans une certaine mesure, elles nous façonnent. Les paroles d’une prière nous font traverser sans danger une vallée obscure, elles nous dirigent vers des prés verts et riches en eaux, nous faisant banqueter sous les yeux de l’ennemi, comme nous enseigne à réciter le psaume (cf. Ps 23).
Les paroles naissent des sentiments, mais il existe aussi le chemin inverse: celui selon lequel les paroles modèlent les sentiments. La Bible éduque l’homme à faire en sorte que tout ait lieu à la lumière de la parole, que rien d’humain ne soit exclu, censuré.
La douleur, en particulier, est dangereuse si elle reste cachée, enfermée en nous… Une douleur enfermée en nous, qui ne peut pas s’exprimer ou se manifester, peut empoisonner l’âme; elle est mortelle.
C’est pour cette raison que l’Ecriture Sainte nous enseigne à prier également avec des paroles parfois audacieuses. Les auteurs sacrés ne veulent pas nous tromper sur l’homme: ils savent que son cœur abrite également des sentiments peu édifiants, et même de la haine.
Aucun de nous ne naît saint, et quand ces mauvais sentiments frappent à la porte de notre cœur, il faut être capables de les désamorcer par la prière et par les paroles de Dieu.
Dans les psaumes, nous trouvons également des expressions très dures contre les ennemis – des expressions que les maîtres spirituels nous enseignent à rapporter au diable et à nos péchés –; pourtant ce sont des paroles qui appartiennent à la réalité humaine et qui ont fini dans le cadre des Saintes Écritures.
Elles sont là pour témoigner que si les paroles n’existaient pas face à la violence, pour rendre les mauvais sentiments inoffensifs, pour les canaliser de manière à ce qu’ils ne nuisent pas, le monde en serait entièrement submergé.
La première prière humaine est toujours une récitation vocale. Ce sont toujours les lèvres qui bougent les premières. Même si nous savons tous que prier ne signifie pas répéter des mots, toutefois la prière vocale est la plus sûre et il est toujours possible de l’exercer.
Les sentiments, en revanche, pour autant qu’ils soient nobles, sont toujours incertains: ils vont et viennent, ils nous abandonnent et reviennent. Pas seulement, les grâces de la prière sont elles aussi imprévisibles: dans certains moments les consolations abondent, mais dans les jours les plus sombres, elles semblent entièrement s’évaporer.
La prière du cœur est mystérieuse et quelquefois elle disparaît. La prière des lèvres, celles que l’on murmure ou que l’on récite en chœur, est en revanche toujours disponible, et nécessaire comme le travail manuel. Le Catéchisme affirme:«La prière vocale est une donnée indispensable de la vie chrétienne.
Aux disciples, attirés par la prière silencieuse de leur Maître, Celui-ci enseigne une prière vocale: le “Notre Père”» (n. 2701). « Enseigne-nous à prier », demandent les disciples à Jésus, et Jésus enseigne une prière vocale: le Notre Père. Et dans cette prière, il y a tout.
Nous devrions tous avoir l’humilité de certaines personnes âgées qui, à l’église, peut-être parce que leur ouïe n’est désormais plus très fine, récitent à mi-voix les prières qu’elles ont apprises étant enfants, remplissant la nef de murmures.
Cette prière ne dérange pas le silence, mais témoigne de la fidélité au devoir de l’oraison, pratiquée pendant toute une vie, sans jamais y manquer. Ces orants à la prière humble sont souvent les grands intercesseurs des paroisses: ils sont les chênes qui, d’année en année, élargissent leurs frondaisons, pour offrir de l’ombre au plus grand nombre possible de personnes.
Seul Dieu sait quand et combien leur cœur était uni à ces prières récitées: ces personnes ont sûrement dû elles aussi affronter des nuits et des moments de vide. Mais on peut toujours rester fidèles à la prière vocale. Elle est comme une ancre: il faut s’agripper à la corde pour rester là, fidèles, quoi qu’il arrive.
Nous avons tous quelque chose à apprendre de la constance de ce pèlerin russe, dont parle une œuvre de spiritualité célèbre, qui a appris l’art de la prière en répétant la même invocation un nombre de fois infini: «Jésus, Christ, Fils de Dieu, Seigneur, aie pitié de moi, pécheur!» (cf. CEC, n. 2616; n. 2667).
Il répétait seulement cela. Si des grâces arrivent dans sa vie, si la prière devient un jour ardente au point de percevoir la présence du Royaume ici-bas parmi nous, si son regard se transforme jusqu’à être comme celui d’un enfant, c’est parce qu’il a insisté dans la récitation d’une simple jaculatoire chrétienne.
A la fin, celle-ci devient une partie de son souffle. L’histoire du pèlerin russe est belle: il s’agit d’un livre à la portée de tous. Je vous conseille de le lire: il vous aidera à comprendre ce qu’est la prière vocale.
Nous ne devons donc pas mépriser la prière vocale. Certains disent: «Mais c’est quelque chose pour les enfants, pour les gens ignorants; moi, je recherche la prière mentale, la méditation, le vide intérieur pour que Dieu vienne». Je vous en prie, il ne faut pas tomber dans l’arrogance de mépriser la prière vocale.
C’est la prière des simples, celle que Jésus nous a enseignée: Notre Père, qui es aux cieux… Les paroles que nous prononçons nous prennent par la main; à certains moments elles redonnent le goût, elles éveillent même le plus endormi des cœurs, elles réveillent des sentiments dont nous avions égaré la mémoire, et nous conduisent par la main vers l’expérience de Dieu.
Et ce sont surtout les seules qui, de manière certaine, adressent à Dieu les questions qu’Il veut écouter. Jésus ne nous a pas laissés dans le brouillard. Il nous a dit: «Vous donc, priez ainsi!». Et il a enseigné la prière du Notre Père (cf. Mt 6, 9).
Salutations
Je suis heureux de saluer les personnes de langue française ! Que nos paroles, nos chants et nos invocations deviennent pour notre Dieu louange, action de grâce et adoration en vue d’une plus grande fécondité de nos vies. A tous, ma bénédiction !
Je salue cordialement les fidèles anglophones. Dans la joie du Christ ressuscité, j’invoque sur vous et vos familles l’amour miséricordieux de Dieu notre Père. Que le Seigneur vous bénisse!
Je salue cordialement les frères et sœurs germanophones. La prière vocale nous aide à être fidèles et constants dans la prière, surtout lorsque nous vivons des moments de vide. Que le Saint-Esprit nous guide dans la prière et la vie selon la parole de Dieu.
Je salue cordialement les fidèles de langue espagnole. Demandons au Seigneur Jésus, Parole faite chair, de nous apprendre à prier comme il l’a enseigné à ses disciples, afin qu’avec l’aide du Saint-Esprit, restons fidèles à la prière toute notre vie, et sachons comment mettre nos paroles en accord avec les intentions de notre cœur. Que Dieu te bénisse. Merci beaucoup.
Je salue cordialement les fidèles lusophones. Je vous invite à ne pas abandonner les simples prières que nous avons apprises dans notre famille en tant qu’enfants et que nous gardons dans notre mémoire et dans nos cœurs. Ce sont des moyens sûrs d’accéder au cœur du Père. Que Dieu te bénisse!
Je salue les fidèles arabophones. Je salue les fidèles arabophones. Nous n’avons pas peur si les grâces de la prière semblent avoir disparu dans un moment d’obscurité, mais nous tenons plutôt à réciter ne serait-ce qu’une simple prière jaculatoire chrétienne, de sorte que cela devienne une partie de notre souffle qui nous fait ressentir la présence du Royaume de Dieu, ici, parmi nous. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal!
Je salue cordialement les Polonais. Après-demain, vous fêterez la solennité de saint Adalbert, évêque et martyr, saint patron de la Pologne. Homme de foi profonde, de prière et de force, son martyre est devenu le fondement de l’identité de l’Église en Pologne. Qu’il obtienne pour vous, de Dieu, le courage de la foi et la croissance humaine, sociale et spirituelle de votre patrie. Je vous bénis de tout mon cœur.
J’adresse un salut cordial aux fidèles italophones. Que le temps de Pâques, nous vivons en vous la renaissance dans le Saint-Esprit, pour vivre une vie nouvelle, pleine d’amour et d’enthousiasme.
Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. En cette période pascale, qui nous invite à méditer sur le mystère de la résurrection du Christ, que la gloire du Seigneur soit une source d’énergie nouvelle pour tous sur le chemin du salut.
Ma bénédiction à tous!
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