« Il leur parlait encore quand un chef vint se prosterner devant lui, en disant : » Ma fille est morte à l’instant. Mais viens poser la main sur elle et elle vivra. » Et, se levant, Jésus le suivit ainsi que ses disciples.
Et voici qu’une femme, atteinte d’une perte de sang depuis douze années, s’avançant par-derrière, toucha la frange de son manteau. Car elle se disait : » Si seulement je touche son manteau, je serai sauvée. » Jésus, se retournant, la regarda et dit : » Courage, ma fille, ta foi t’a sauvée. » Et la femme fut guérie dès cette heure-là. » (Matthieu, 9-18 à 22.)
Impure, l’hémorroïsse ne touche pas Jésus pour ne pas le souiller, elle se contente d’effleurer son manteau. Elle espère follement en l’efficacité magique de ce contact indirect. A côté du chef de la synagogue, elle ne représente rien, pauvre petite bonne femme anonyme perdue dans la foule. Mais elle a le mérite inouï de vouloir l’impossible et elle l’obtient.
Dans cette croyance primitive, Jésus reconnaît une foi éblouissante. Il la rassure et l’adopte : « Courage, ma fille. »
Ma fille… apostrophe unique dans l’Évangile : Jésus se proclame le père de cette misérable créature. Si je l’avais rencontrée, je l’aurais sans doute méprisée, imputant sa démarche à une superstition d’illettrée. Lui, dans cette ingénuité, il découvre une confiance illimitée dont je me révèle à chaque instant incapable. Sa guérison, elle ne la doit qu’à elle-même.
Ma fille… Jésus assume sa parenté avec l’humble croyante qui soulève des montagnes.
Françoise Verny – Mais si, messieurs, les femmes ont une âme