
Au terme de près de trois jours passés en Thaïlande, ce samedi 23 novembre commence la visite du Pape François au Japon, deuxième et ultime étape de son voyage apostolique en Asie.
Après avoir célébré la messe en privé dans la chapelle de la Nonciature apostolique de Bangkok, le Saint-Père a pris la direction de l’aéroport de Bangkok, où il a été accueilli par un membre du Conseil de la Couronne. Il a ensuite salué 11 enfants thaïlandais en habits traditionnels, des évêques, des membres de l’Église locale et quelques autorités.
Il est ensuite monté à bord de l’avion qui est arrivé à l’aéroport de Tokyo Haneda, après environ 6 heures de vol, à 17h32 heure locale. Il faisait déjà nuit et une légère pluie tombait. Le Pape y a été accueilli par le vice-premier ministre japonais, des évêques et des membres du clergé, ainsi que par une centaine d’étudiants des écoles catholiques. Ensuite, il a brièvement rencontré le vice-premier ministre du gouvernement.
À la nonciature apostolique de Tokyo, il a rencontré les évêques de la Conférence épiscopale du Japon. Celle-ci réunit les évêques des trois archevêchés métropolitains et des 13 diocèses suffragants du Japon. Dans son discours, il a dépeint le visage actuel de l’Église japonaise et la mission qu’elle doit accomplir au sein d’une société parfois désorientée. Malgré leur caractère minoritaire (0,42% de la population), les catholiques nippons doivent continuer de porter un témoignage clair du message évangélique.
La devise de ce voyage au Pays du Soleil levant est ‘Protéger chaque vie’. Demain dimanche, le Saint Père se rendra à Nagasaki, où son arrivée est prévue à 9h20 (heure locale). Il y prononcera un «message sur les armes nucléaires» à l’Atomic Bomb Hypocenter Park, avant de rendre hommage aux «saints martyrs». À Hiroshima, ce sera un message sur la paix.
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Discours du Pape devant les évêques du Japon
Une Église née du sang des martyrs
Dans son discours, le Pape a d’emblée rappelé son affection particulière pour le Pays du soleil levant: «depuis ma jeunesse j’éprouvais de la sympathie et de l’affection pour ce pays», a-t-il confié, se réjouissant de venir aujourd’hui «sur les pas de grands témoins de la foi», tels que le jésuite saint François Xavier, arrivé il y a 470 ans, ou le martyr Paul Miki et ses compagnons.
Puis cet hommage du Souverain Pontife a tous les témoins de la foi du Japon, comme les «‘‘chrétiens cachés’’ de la région de Nagasaki, qui ont gardé la foi pendant des générations grâce au baptême, à la prière et à la catéchèse».
C’est une inébranlable fidélité dans les épreuves que le Pape a salué: «Vous êtes une Église vivante qui a survécu en prononçant le Nom du Seigneur et en contemplant comment il vous guidait au milieu de la persécution». «Le grain semé, le témoignage des martyrs et l’attente patiente des fruits que le Seigneur accorde en son temps ont caractérisé la façon apostolique dont vous avez su accompagner la culture japonaise».
Que signifie «protéger toute vie» ?
Par leurs «nombreuses contributions au commun», ces pasteurs de l’Église ont façonné «un visage de l’Église très apprécié». Aujourd’hui Le Pape propose une perspective, correspondant au thème de ce voyage apostolique au Japon: «protéger toute vie».
La mission déjà menée pendant des siècles, caractérisée «par une forte volonté d’inculturation et de dialogue», est déjà une preuve du «regard contemplatif capable d’aimer la vie de tout le peuple» confié aux missionnaires.
«Protéger toute vie et annoncer l’Évangile ne sont pas deux choses séparées ni opposées, elles s’appellent et ont besoin l’une de l’autre». Cela implique de «déceler, avant tout, ce qui peut aujourd’hui constituer dans ce pays un frein au développement intégral des personnes confiées à la lumière de l’Évangile de Jésus».
Le rôle des chrétiens dans une société blessée
Le Saint-Père a encouragé les évêques à s’engager pour une évangélisation qui prenne la forme «d’un témoignage humble, quotidien et d’un dialogue avec d’autres traditions religieuses». Il a relevé leur attention envers les travailleurs étrangers, «qui représentent plus de la moitié des catholiques au Japon, [et] servent non seulement de témoignage évangélique dans la société japonaise, mais encore attestent de l’universalité de l’Église».
Les catholiques japonais, rappelons-le, sont peu nombreux dans ce pays de tradition shinto-bouddhiste: sur presque 127 millions d’habitants, ils sont 536 000, soit 0,42% de la population.
Une Église minoritaire donc, et une Église de martyrs «qui peut parler plus librement», surtout en matière de justice et de paix. Le Papa a assuré qu’à Hiroshima et Nagasaki, qu’il visitera ce dimanche, il priera «pour les victimes du bombardement affreux de ces deux villes» et se fera l’écho des «appels prophétiques» des évêques japonais «pour le désarmement nucléaire».
La souffrance des rescapé du «triple désastre» (le tsunami, le tremblement de terre et la catastrophe nucléaire de Fukushima en mars 2011) rappellent aussi le «devoir humain et chrétien d’aider ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit et d’offrir à tous le message évangélique d’espérance, de guérison et de réconciliation».
Une attention aux jeunes et aux familles
Le Souverain Pontife a ensuite donné quelques indications pour la mission actuelle de l’Église. D’abord, «porter haut la voix et de défendre toute vie comme un don précieux du Seigneur». Ensuite, «garantir que la communauté catholique au Japon offre un témoignage évangélique clair dans toute la société», et particulièrement dans le domaine de l’éducation, où l’apostolat de l’Église est déjà «apprécié».
Puis «prêter une attention spéciale» aux jeunes, «ainsi qu’à leurs besoins», en offrant à tous «les possibilités d’une vie heureuse et épanouie». Des «fléaux» affectent et désorientent la société japonaise: «augmentation du nombre de suicides» en ville, «harcèlement (ijime) et diverses formes d’auto-exigence», sur fond de «solitude», de «désespoir» et d’«isolement». Les jeunes «peuvent être une source importante d’espérance pour leurs contemporains et donner un témoignage vital de charité chrétienne».
Le Pape a enfin exhorté à promouvoir une mission qui implique «les familles» et rejoigne «les personnes où qu’elles se trouvent, en correspondant à la réalité», car «le point de départ de tout apostolat naît de là où se trouvent les gens avec leurs habitudes et leurs activités». Le défi est d’atteindre «l’âme des villes, des professions, des universités pour accompagner par l’Évangile de la compassion et de la miséricorde les fidèles qui nous ont été confiés».
Le Successeur de Pierre a rappelé le but de ce voyage apostolique : «vous confirmer dans la foi», mais aussi «toucher et se laisser renouveler sur les traces de tant de martyrs témoins de la foi».