
Voici un texte sur la Sainte Mère de Dieu qui date de plus de deux siècles. Il a été élaboré en 1786, un peu avant la Révolution Française, par un prêtre, un vieux professeur de collège, bien connu naguère des jeunes latinistes pour son De viris illustribus.
Après Dieu, le plus digne objet de notre culte et de nos hommages, c’est la sainte Vierge, mère de Dieu. Elle a été choisie, avant tous les siècles, pour être le temple vivant de la sagesse éternelle et l’instrument glorieux du salut des hommes. Par son auguste qualité de mère de Dieu, elle est élevée au-dessus de tous les saints et de tous les anges, dont elle est la reine. Aussi le culte que l’Église lui rend est-il un culte particulier qui ne convient à aucun autre saint.
Prévenue dès sa conception des dons les plus excellents et les plus divins, elle a été un parfait modèle de toutes les vertus et la plus sainte des créatures : par un privilège spécial, elle a été exempte de tout péché: Pleine de bonté, elle a pour nous une tendresse de mère : nous sommes en effet devenus ses enfants, lorsque Jésus-Christ mourant sur la croix la donna pour mère à saint Jean, et dans sa personne à tous les chrétiens.
Elle est donc votre mère : quel nom plus tendre, plus touchant, plus propre à vous inspirer pour elle les sentiments d’une entière confiance, et à vous faire espérer de sa part tous les secours dont vous avez besoin ? Elle est sensible à nos misères; son cœur s’attendrit sur nos besoins, quand nous les lui exposons avec confiance. Jamais personne, dit saint Bernard, ne l’a invoquée sans ressentir les effets de sa protection.
Elle s’intéresse singulièrement au salut des jeunes gens, dont elle connaît la faiblesse. Elle sait à combien de dangers ils sont exposés : elle voit les combats que leur livre le démon, les pièges qu’il leur tend, les efforts qu’il fait pour leur enlever leur innocence. Elle les protège d’une manière particulière, quand ils ont recours à elle.
Il y a mille exemples de personnes qu’elle a préservées des écueils de cet âge. Pour n’en citer qu’un seul, ce fut par l’assistance de cette reine des vierges que saint François de Sales, dans sa jeunesse, fut délivré en un instant d’une tentation dangereuse qui le tourmentait depuis longtemps.
Vous concevrez combien son intercession est puissante auprès de votre Dieu, si vous faites attention qu’elle a sur lui tout le crédit d’une mère chérie : sa puissance n’a point de bornes, parce que l’amour de Jésus-Christ pour sa sainte mère est infini. Son Fils, qui est tout-puissant, ne refuse rien à la meilleure, à la plus tendre des mères; il partage, pour ainsi dire, son autorité avec elle; il n’est point auprès de Jésus-Christ de médiation ni de recommandation égale à celle de son auguste mère; il l’a établie l’arbitre de ses trésors et la dispensatrice des grâces qu’il répand sur les hommes; il veut que nous nous adressions à elle pour obtenir tout de lui.
Vous devez donc recourir à la sainte Vierge avec la confiance d’un enfant qui se jette entre les bras de sa mère; ayez pour elle une tendre dévotion, et vous éprouverez que l’on ne réclame jamais en vain son secours; invoquez-la dans la tentation et dans les dangers; s’il s’élève quelque nuage dans votre esprit, si quelque passion agite votre cœur, dans vos perplexités, dans vos troubles, pensez à elle, ayez son nom dans la bouche et plus encore dans votre cœur : elle vous consolera, elle dissipera vos doutes, elle calmera vos agitations, elle soutiendra votre faiblesse.
Si vous êtes juste, elle vous affermira dans la vertu; elle vous fera persévérer et croître dans la justice. Si vous avez eu le malheur de tomber dans quelque péché, recourez promptement à cette mère de miséricorde : elle est-le refuge des pécheurs; elle vous réconciliera avec son Fils. Priez-la d’obtenir pour vous la grâce d’une sincère conversion. Elle demandera et obtiendra ces secours puissants qui vous feront sortir de l’esclavage du démon et rentrer dans la douce liberté des enfants de Dieu.
En quelque état que vous soyez, considérez les vertus qui ont éclaté en elle, surtout son humilité profonde et son inviolable pureté, et appliquez-vous à les pratiquer à son exemple. En vivant ainsi, vous serez du nombre de ses véritables enfants : elle sera votre mère, et, tant que vous serez sous sa sauvegarde, vous ne périrez point.
Charles-François LHOMOND, DOCTRINE CHRÉTIENNE, CVIIe Lecture