En Lituanie, le Pape médite sur la figure du “juste persécuté”

A Kaunas, le Pape plaide pour une Église en sortie : «La vie chrétienne traverse toujours des moments de croix.» Devant plus de 100 000  fidèles réunis au parc Santakos, le Pape a évoqué l’occupation et les déportations, des épreuves subies par les Lituaniens qui ont vécu sous les jougs nazi et soviétique.

Plutôt que de rechercher le pouvoir et la gloire, refuge de celui qui ne réussit pas à guérir de son histoire, le Pape invite à suivre l’antidote proposé par Jésus : se mettre en sortie pour accompagner les plus faibles.

Reprenant la parole au terme de la messe, le Pape François est revenu sur le génocide subi par les juifs de Lituanie durant la Seconde guerre mondiale.

«Le livre de la Sagesse que nous avons entendu en première lecture nous parle du juste persécuté, de celui dont la présence gène les impies.» «L’impie a la prétention de penser que sa force est la norme de la justice. Soumettre les plus fragiles, user de la force sous quelque forme que ce soit, imposer une manière de penser, une idéologie, un discours dominant, user de la violence ou de la répression pour faire plier ceux qui, simplement par leur agir quotidien honnête, simple, assidu et solidaire, manifestent qu’un autre monde, une autre société est possible.»

Le Pape a évoqué l’anniversaire que célèbre la Lituanie en ce 23 septembre : «Il y a 75 ans, cette nation vivait la destruction définitive du Ghetto de Vilnius. L’anéantissement de milliers de juifs, commencé deux ans auparavant, culminait alors. Comme on lit dans le Livre de la Sagesse, le peuple juif est passé à travers les outrages et les tourments. Faisons mémoire de cette époque, et demandons au Seigneur de nous faire le don du discernement afin de découvrir à temps tout nouveau germe de cette attitude pernicieuse, toute atmosphère qui atrophie le cœur des générations qui n’en n’ont pas fait l’expérience et qui pourraient courir derrière ces chants des sirènes.»

Se faire serviteurs de tous

«Ici, en Lituanie, il y a une colline des croix, où des milliers de personnes, au cours des siècles, ont planté le signe de la croix. Je vous invite, alors que nous prions l’Angélus, à demander à Marie de nous aider à planter la croix de notre service, de notre dévouement là où on a besoin de nous, sur la colline où vivent les derniers, où une délicate attention aux exclus, aux minorités est requise, pour éloigner de nos milieux et de nos cultures la possibilité d’anéantir l’autre, de marginaliser, de continuer à rejeter celui qui gêne et dérange nos facilités.»

Au terme de l’Angélus, après avoir remercié les autorités lituaniennes, le Pape a adressé une pensée à la communauté juive. «Cet après-midi, je prierai devant le monument aux victimes du Ghetto de Vilnius, en ce 75ème anniversaire de sa destruction. Que le Très Haut bénisse le dialogue et l’engagement commun pour la justice et la paix»

Ce dimanche après-midi, le Pape François s’est longuement exprimé devant les prêtres, religieux et religieuses de Lituanie, rassemblés dans la cathédrale de Kaunas. Il les appelle  à être des témoins de la miséricorde de Dieu.

Puis à Vilnius il  a visité le Musée de l’occupation et de la lutte pour la liberté et le monument des victimes du ghetto où il a pris  un temps de prière.