Être là où Dieu nous veut

Être là où Dieu nous veut

MARDI (5e semaine de Carême) Nb 21,4-9 – Jn 8,21-30

Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne me laisse pas seul parce que je fais toujours ce qui lui plaît (Jn 8,29)

Lorsque nous désirons suivre Jésus, ne nous étonnons pas s’il ne nous le permet pas tout de suite, ou même s’il ne nous le permet jamais : et cela, tout légitime, tout conforme à ses propres conseils, tout agréable que soit à son cœur, tout inspiré de lui que soit ce désir.

En effet ses vues portent plus loin que les nôtres ; il veut, non seulement notre bien, mais celui de tous : en le suivant pas à pas, nous ne procurerions peut-être que notre bien ou celui d’un petit nombre.

Assurément, partager sa vie, avec et comme les apôtres, est un bien et une grâce, et on doit toujours tâcher de se rapprocher de cette imitation de sa vie. Mais ce n’est là qu’une grâce extérieure ; Dieu peut, en nous comblant intérieurement de grâce, nous rendre bien plus saints, sans cette parfaite imitation qu’avec elle…

La vraie, la seule perfection, ce n’est pas de mener tel ou tel genre de vie, c’est de faire la volonté de Dieu ; c’est de mener le genre de vie que Dieu veut, où il veut, et de le mener comme il l’aurait mené lui-même…

Lorsqu’il nous laisse le choix à nous-mêmes, alors oui, cherchons à le suivre pas à pas le plus exactement possible, à partager sa vie telle qu’elle fut, comme le firent ses apôtres pendant sa vie et après sa mort : l’amour nous pousse à cette imitation.

Si Dieu nous laisse ce choix, cette liberté, c’est précisément parce qu’il veut que nous tendions nos voiles au vent du pur amour et que, poussés par lui, nous courions à sa suite à l’odeur de ses parfums, dans une exacte imitation, comme saint Pierre et saint Paul…

Quand sa volonté nous voudra ailleurs, allons où il voudra, menons le genre de vie que sa volonté nous désignera, mais partout rapprochons-nous de lui de toutes nos forces et soyons dans tous les états, dans toutes les conditions, comme lui-même y aurait été, s’y serait conduit, si la volonté de son Père l’y avait mis comme elle nous y met…

Là seulement est la perfection… La volonté de Dieu, cette volonté seule, être où Dieu nous veut, faire ce que Dieu veut de nous, et en tous les états où Dieu nous veut, penser, parler, agir comme Jésus aurait pensé, parlé, agi, si son Père l’avait mis en cet état.

Charles de Foucauld  Vocation, méditation 194 sur les Évangiles., dans Œuvres spirituelles, Le Seuil, 1958, p. 212-215.