Il y a plus de martyrs chrétiens qu’aux premiers siècles

premiers martyrs chrétiens mosaïque
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«Les martyrs de tous les temps, par leur fidélité au Christ, nous disent que l’injustice n’a pas le dernier mot : dans le Seigneur ressuscité nous pouvons continuer à espérer». Suivant ses prédécesseurs, le Pape François a rappelé la vérité des martyrs contemporains dans un tweet publié mercredi 24 avril.

 

«Il y a plus de martyrs aujourd’hui qu’aux premiers siècles», dit-t-il souvent, en cohérence avec les nombreuses études renseignant sur la fréquence des persécutions chrétiennes dans le monde numériquement les plus importantes.

Tués en Haine de la foi

«Nous pensons à nos frères égorgés sur la plage en Libye, nous pensons à cet enfant brulé vif parce que chrétien, nous pensons à ces migrants jetés à la mer car ils sont chrétiens, ces Éthiopiens assassinés car chrétiens…»

Aujourd’hui, l’Église est une Église des martyrs, disait la Pape le 21 avril 2015 lors de la messe à Sainte-Marthe.

Le silence, complice des pouvoirs

Le Souverain pontife répétait cinq mois plus tard toujours à Sainte-Marthe qu’il n’y avait pas de christianisme sans persécutions, rappelant la dernière des Béatitudes : «Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu’on vous chassera, vous outragera, et qu’on rejettera votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme!».

Deux types de persécutions

Il a aussi souvent évoqué deux types de persécution contre les chrétiens: l’une est explicite, violente et brutale, et l’autre est «instruite», sous un vernis de culture, de modernité et de progrès.

Dans la lignée de ses prédécesseurs, Saint Jean-Paul II et Benoît XVI, le Pape François a pris sévèrement la parole pour dénoncer l’instrumentalisation de la religion et l’usage de la violence au nom de Dieu, sans jamais toutefois donner de connotation religieuse à ces actes. Et ce, pour deux raisons, car une partie des musulmans ne se reconnait pas dans ces violences et pour ne pas prendre en otage, surtout, le dialogue interreligieux.

Jean Paul II: le dialogue avec les musulmans plus que jamais nécessaire

Le dialogue entre chrétiens et musulmans est plus que jamais nécessaire aujourd’hui, affirmait Jean-Paul II au stade de Casablanca, le 19 août 1985.

«Il découle de notre fidélité à Dieu et suppose que nous sachions reconnaître Dieu avec foi et en témoigner par des paroles et des actes dans un monde de plus en plus sécularisé et parfois même athée.» Il a dû réagir sous son pontificat aux attentats du 11 septembre 2001, «un terrible affront à la dignité de l’homme».

Deux semaines après ces attentats, Jean-Paul II en déplacement au Kazakhstan s’adresse aux musulmans, majoritaires dans ce pays d’Asie centrale: «Ne permettons pas l’esprit de division. La religion ne doit jamais être utilisée comme source de conflit».

«Dieu aime la vie, pas la mort» 

Si Jean-Paul II ne mentionnait jamais l’islam lors de ces messages délivrés le lendemain d’attentats, Benoît XVI en faisait de même.  

Le 7 juillet 2005, une série d’attentats-suicides à la bombe perpétrés par des extrémistes islamistes frappe Londres en plein cœur, faisant 56 morts. Le 10 juillet, à l’Angélus, Benoît XVI exprime sa «profonde douleur» : «Prions pour les personnes tuées, pour ces blessures et pour leurs proches. Mais nous prions aussi pour les assaillants: que le Seigneur touche leurs cœurs. À ceux qui entretiennent des sentiments de haine et à ceux qui commettent des actes terroristes aussi répugnants, je dis: Dieu aime la vie, qu’il a créée, pas la mort. Arrêtez-vous au nom de Dieu

L’instrumentalisation de la parole

Le 12 septembre 2006, Benoît XVI prononçait sa célèbre lectio magistralis à l’Université de Regensburg (Ratisbonne), en Allemagne, citant les paroles de l’empereur byzantin Manuel II Paléologue. Un passage qui a provoqué des manifestations et des incidents dans le monde musulman, alors que ce texte était avant tout une dénonciation de la marginalisation de la foi religieuse dans la société occidentale.

Pour clarifier publiquement sa pensée, Benoît XVI a rencontré à Castel Gandolfo, le 25 septembre 2006, les ambassadeurs de pays à majorité musulmane, rappelant que «l’Église estime également les musulmans qui vénèrent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant.»

Benoît XVI réaffirmait avec force que «le dialogue interreligieux et interculturel entre chrétiens et musulmans ne pouvait être réduit au choix du moment, mais qu’il était une nécessité vitale». Les positions actuelles du Pape François s’inscrivent en pleine continuité avec le magistère de ses prédécesseurs.