imiter la patience du Seigneur
Le bon grain et l’ivraie, une vision de l’histoire

Dans la première des paraboles, celle de l’ivraie. «Jésus raconte que dans le champ où le bon blé a été semé, l’ivraie germe aussi, un terme qui résume toutes les herbes nuisibles qui infestent le sol.»
Les serviteurs vont alors voir le maître pour savoir d’où vient l’ivraie, et il répond: «Un ennemi a fait cela!» (v. 28). Ils voudraient l’arracher immédiatement; en effet, l’agriculteur doit débarrasser le champ des mauvaises herbes les plus visibles afin de permettre aux bonnes plantes de mieux pousser.
Au lieu de cela, le propriétaire dit non, parce qu’il risquerait d’arracher les mauvaises herbes et le bon grain ensemble. Il faut attendre le moment de la récolte: ce n’est qu’alors qu’ils se sépareront et que l’ivraie sera brûlée. Il ne s’agit pas d’une tolérance hypocrite mais d’une justice atténuée par la miséricorde.
L’adversaire a un nom: le diable
«On peut lire dans cette parabole une vision de l’histoire.» «À côté de Dieu – le maître des champs – qui sème toujours et uniquement de bonnes graines, il y a un adversaire, qui étend l’ivraie pour entraver la croissance du grain. Le maître agit ouvertement, à la lumière du soleil, et son but est une bonne récolte ; l’autre, en revanche, profite de l’obscurité de la nuit et travaille par envie, par hostilité, pour tout gâcher. L’adversaire a un nom: il est le diable, l’adversaire par excellence de Dieu.»
L’intention du diable est «d’entraver l’œuvre du salut, de faire en sorte que le Royaume de Dieu soit entravé par des travailleurs injustes, semeurs de scandale». En effet donc, la bonne graine et les conflits ne représentent pas le bien et le mal dans l’abstrait, mais nous, êtres humains, qui pouvons suivre Dieu ou le diable, a insisté le Saint-Père.
Persécution et hostilité, parties de la vocation chrétienne
Et si l’intention des serviteurs est d’éliminer le mal d’un seul coup, c’est-à-dire les gens mauvais, le maître est plus sage, il voit plus loin : «ils doivent savoir attendre, car endurer la persécution et l’hostilité fait partie de la vocation chrétienne».
«Le mal, bien sûr, doit être rejeté, mais les méchants sont des gens avec lesquels il faut faire preuve de patience.» Il ne s’agit pas de «cette tolérance hypocrite qui cache des ambiguïtés, mais d’une justice tempérée par la miséricorde». Ainsi, l’action des disciples de Jésus doit aussi être orientée non pas pour supprimer les méchants, mais pour les sauver.
Fixer le bon grain, garder les mauvaises herbes
L’Évangile d’aujourd’hui présente donc deux façons d’agir et de demeurer dans l’histoire : d’une part, le regard du maître; d’autre part, le regard des serviteurs. Les serviteurs se soucient d’un champ sans mauvaises herbes, le maître se soucie du bon grain.
«Le Seigneur nous invite à prendre son propre regard, celui qui est fixé sur le bon grain, qui sait le garder même dans les mauvaises herbes. Ceux qui cherchent les limites et les défauts des autres ne coopèrent pas bien avec Dieu, mais plutôt ceux qui savent reconnaître le bien qui pousse silencieusement dans le domaine de l’Église et de l’histoire, le cultivant jusqu’à ce qu’il mûrisse. Et alors ce sera Dieu, et Lui seul, qui récompensera les bons et punira les méchants.»
«L’Évangile d’aujourd’hui présente deux manières d’agir et de vivre l’histoire: d’une part, le regard du maître, qui voit loin; de l’autre, le regard des domestiques, qui voient le problème. Les serviteurs se soucient d’un champ sans mauvaises herbes, le propriétaire a du bon blé à cœur. Le Seigneur nous invite à prendre son propre regard, celui qui est fixé sur le bon blé, qui sait le garder même dans les mauvaises herbes.»
«Ceux qui recherchent les limites et les défauts des autres ne coopèrent pas bien avec Dieu, mais plutôt ceux qui savent reconnaître le bien qui grandit silencieusement dans le domaine de l’Église et de l’histoire, le cultivant jusqu’à maturité. Et alors ce sera Dieu, et seulement Lui, de récompenser les bons et de punir les méchants.»
«Que la Vierge Marie nous aide à comprendre et à imiter la patience de Dieu, qui veut que personne ne se perde de ses enfants, qu’il aime avec l’amour du Père.»
Après l’Angélus
Le Pape a appelé à un cessez-le-feu global et immédiat, après notamment la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU approuvée le 1er juillet dernier. Il a confié ses inquiétudes quant aux hostilités sévissant entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, qui ont conduit à de violents affrontements ces derniers jours.
En cette période où la pandémie ne montre aucun signe d’arrêt, je tiens à assurer ma proximité avec ceux qui sont confrontés à la maladie et à ses conséquences économiques et sociales. Mes pensées vont particulièrement à ces populations dont les souffrances sont aggravées par les situations de conflit. Sur la base d’une récente résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, je renouvelle l’appel à un cessez-le-feu global et immédiat, qui permette à la paix et à la sécurité essentielles de fournir l’aide humanitaire nécessaire.
En particulier, je suis avec inquiétude la recrudescence des tensions armées dans la région du Caucase entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ces derniers jours. Tout en vous assurant de mes prières pour les familles de ceux qui ont perdu la vie lors des affrontements, j’espère qu’avec l’engagement de la communauté internationale et par le dialogue et la bonne volonté des parties, une solution pacifique durable pourra être trouvée, qui ont à cœur le bien de ces populations bien-aimées
© Copyright – Libreria Editrice Vaticana