Après avoir rappelé aux religieuses péruviennes que leur vocation est fondamentale pour l’Église, après son appel à l’unité aux évêques du Pérou, le Pape François, devant plus d’un million de fidèles, dimanche 21 janvier 2018, a célébré la messe sur la base aérienne de las Palmas, au sud de Lima, point d’orgue de son voyage au Pérou.

Cette cérémonie s’est déroulée sous le regard du Seigneur des miracles, cette image du Christ crucifié révéré par tout un peuple, et qui avait été déplacée de son sanctuaire lors d’un impressionnant cortège quelques jours auparavant.
Au cours de son homélie, le Saint-Père a repris les paroles avec lesquelles le Seigneur s’adresse à Jonas dans la première lecture : « Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne, proclame le message que je te donne sur elle », tout comme dans l’Évangile, Jésus est en route vers la Galilée pour prêcher sa Bonne nouvelle.
Ces deux lectures nous révèlent Dieu en mouvement vers les villes d’hier et d’aujourd’hui. Le Seigneur se met en marche, et tout comme il va à Ninive ou en Galilée, il va aussi à Lima, à Trujillo et à Puerto Maldonado.
L’Emmanuel est le Dieu qui veut « être toujours avec nous. » Il est dans la vie quotidienne du travail routinier, dans l’éducation des enfants avec espérance, dans l’intimité du foyer et dans le bruit assourdissant de nos rues.
Ceux qui sont laissés au bord du chemin
Les « Ninive » existent aujourd’hui. Nous aussi nous pouvons avoir le « syndrome de Jonas », avoir la tentation initiale de fuir l’appel du Seigneur. Ces raisons de s’échapper ne manquent pas.
En regardant la ville nous pourrions constater qu’aux côtés de ceux qui ont les moyens de survivre, beaucoup sont laissés sur le bord du chemin et il est douloureux de constater que, très souvent, parmi ces “restes urbains” on distingue des visages de beaucoup d’enfants et d’adolescents.
Les villes ne doivent pas devenir le lieu de l’indifférence, qui nous transforme en des personnes anonymes et sourdes vis-à-vis des autres, qui nous font devenir des êtres impersonnels au cœur insensible.
L’Évangile, un antidote contre l’indifférence
Lorsque Jésus entre en Galilée, c’est pour annonce la proximité du Royaume de Dieu, et l’Évangile nous rappelle la joie que cela produit de savoir que Dieu est au milieu de nous. Cet Évangile a été porté jusqu’à nous dans l’histoire depuis les apôtres, en passant par les saints péruviens Rose de Lima, saint Torobio, Martin de Porres, Jean Macias, François Solano. « Il est parvenu jusqu’à nous pour être de nouveau un antidote renouvelé contre la globalisation de l’indifférence. »
Jésus a invité ses disciples à vivre aujourd’hui ce qui a saveur d’éternité : l’amour de Dieu et du prochain et il le fait de la seule manière dont il peut le faire, avec son amour miséricordieux. En parcourant les villes avec ses disciples, Jésus change leur regard, il leur montre de nouvelles urgences, lui qui a prêté attention à ceux qui ont succombé sous le manteau de l’indifférence, lapidés à cause du grave péché de la corruption.
Jésus continue à marcher dans nos rues
Combien, aujourd’hui encore Jésus continue à marcher dans nos rues ! Comme hier il continue à frapper aux portes, à frapper aux cœurs pour rallumer l’espérance et les aspirations : que l’avilissement soit surmonté grâce à la fraternité, l’injustice vaincue par la solidarité et la violence réduite au silence par les armes de la paix.
Dieu ne se lasse pas ni ne se lassera jamais de marcher pour rejoindre ses enfants, chacun d’entre eux. « Comment ferons-nous face à l’avenir s’il nous manque l’unité ? Comment Jésus parviendra-t-il à tant de lieux reculés si des témoins courageux et audacieux manquent ? » Le Seigneur invite chacun à parcourir la ville avec lui, à être son disciple missionnaire et à faire résonner dans nos vie cette certitude qu’il est avec nous.
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A l’issue de la messe finale à Lima, le Souverain pontife a pris la parole pour adresser ses remerciements au peuple péruvien, ses dirigeants et son Église, qui l’ont accueilli pendant trois jours.
« J’ai commencé mon pèlerinage parmi vous en disant que le Pérou est une terre d’espérance. Terre d’espérance par la biodiversité dont elle est dotée et par la beauté d’une géographie capable de nous aider à découvrir la présence de Dieu. »
« Terre d’espérance par la richesse de ses traditions et des coutumes qui ont marqué l’âme de ce peuple. Terre d’espérance en raison des jeunes qui ne sont pas l’avenir mais le présent du Pérou. A eux, je leur demande de découvrir dans la sagesse de leurs grands-parents, de leurs anciens, l’ADN qui a guidé vos grands saints. Qu’ils ne soient pas déracinés »
« Grands-parents et anciens, ne vous lassez pas de transmettre aux jeunes générations les racines de votre peuple et la sagesse concernant le chemin pour parvenir au ciel. Je vous invite tous à ne pas avoir peur d’être les saints du XXIème siècle. »
« Chers frères péruviens, vous avez tant de raisons d’espérer, je l’ai vu, je l’ai ‘‘touché’’ en ces jours. Gardez l’espérance. Il n’y a pas de meilleure manière de garder l’espérance que de rester unis, pour que toutes les raisons qui la soutiennent, grandissent chaque jour davantage. »
« L’espérance en Dieu ne déçoit pas » (cf. Rm 5, 5).
« Je vous porte dans mon cœur. Que Dieu vous bénisse ! Et, s’il vous plaît, je vous demande de ne pas oublier de prier pour moi. »
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Puis le Souverain Pontife s’est envolé de l’aéroport de Lima dimanche soir vers 19 heures locales pour rentrer à Rome. Il achève ainsi son 22 ème voyage apostolique, le 6ème de son pontificat en Amérique Latine.