
Nous pouvons interpréter la pêche nocturne au dernier chapitre de l’évangile de Saint Jean comme la description symbolique du travail d’évangélisation. C’est ce que confirme d’ailleurs le nombre de poissons capturés en jetant le filet de la Parole sur l’ordre de Jésus : le chiffre « cent cinquante-trois » correspond au total des nations connues à l’époque de la rédaction du quatrième évangile.
Ainsi donc les sept compagnons s’activent à l’annonce de la Parole, mais leurs efforts demeurent stériles. Pourtant, ils connaissent leur « métier » : n’ont-ils pas été à l’école du Seigneur lui-même ? On imagine sans peine le désarroi de ces hommes devant la fin de non-recevoir qu’opposent leurs interlocuteurs à leurs efforts d’évangélisation. Le Seigneur les aurait-il abandonné ?
Non, Jésus ne s’était pas éloigné ; mais il fallait que la communauté passe par cette expérience de l’échec, pour retrouver son dynamisme originel. L’écoute attentive du Seigneur et l’obéissance à son appel, sont bien plus importantes que nos stratégies longuement réfléchies et patiemment mises en place ; car le Maître, c’est le Christ (Mt 23, 10) : c’est lui qui appelle et qui envoie, c’est lui qui assure la fécondité.
Simon-Pierre comprend : oui c’est bien « le Seigneur » qui appelle. « il se jette à l’eau », pour rejoindre Jésus sur le rivage, où celui-ci a préparé pour les siens un repas. C’est autour de l’Eucharistie que toute communauté se constitue, se structure ; c’est dans l’Eucharistie qu’elle se retrouve et refait son unité.
Seigneur, donne-nous d’être assez humbles pour ne pas nous approprier ce que tu nous confies ; apprends-nous à ne pas confondre efficacité et fécondité. Et si nous nous sommes égarés, accorde-nous de savoir interpréter les temps de stérilité comme un appel à revenir à toi pour te laisser reprendre l’initiative dans nos vies personnelles, familiales ou communautaires. Que nous demeurions toujours unis à toi en ton Eucharistie, car hors de toi, nous ne pouvons rien faire. (Jn 15, 5)