la pierre sur laquelle construire

 

Au milieu des fidèles, comme un simple pèlerin, en procession vers la porte sainte, le Pape François a participé à la célébration jubilaire de la Curie romaine et de toutes les institutions liées au Saint-Siège, ce lundi 22 février, fête liturgique de la Chaire de Saint-Pierre.

Avant la messe, tous les participants s’étaient réunis dans la salle Paul VI, pour une méditation sur le thème de « la miséricorde dans notre vie quotidienne ».  Puis ils ont quitté la salle et, derrière la croix, se sont dirigés vers la basilique Saint-Pierre, sont entrés par la Porte Sainte en procession pour la célébration de la messe.

« Il est tout d’abord nécessaire aux Pasteurs – a dit le Saint-Père dans son homélie – d’avoir comme modèle Dieu lui-même qui prend soin de son troupeau . »

« Dieu va à la recherche de la brebis perdue, ramène dans l’enclos celle qui s’était égarée, panse celle qui est blessée et soigne celle qui est malade. »

« Ce genre de comportement est le signe d’un amour qui ne connaît pas de frontières. C’est un dévouement fidèle, constant, inconditionnel, de sorte que sa miséricorde puisse atteindre même les plus faibles. »

Homélie du pape François –>

La fête liturgique de la Chaire de Saint Pierre nous voit rassemblés pour célébrer le Jubilé de la miséricorde, comme communauté de service de la Curie romaine, du Gouvernatorat et des Institutions liées au Saint-Siège. Nous avons passé la Porte Sainte et nous sommes arrivés à la tombe de l’apôtre Pierre pour faire notre profession de foi ; et aujourd’hui, la Parole de Dieu éclaire tout particulièrement nos gestes.

En ce moment, à chacun de nous le Seigneur Jésus répète sa question : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » (Mt 16, 15). Une question claire et directe, devant laquelle il n’est pas possible de fuir ou de rester neutre, ni de renvoyer la réponse à plus tard ou de la déléguer à quelqu’un d’autre. Mais il n’y a rien d’inquisiteur en elle, au contraire, elle est pleine d’amour ! L’amour de notre unique Maître qui, aujourd’hui, nous appelle à renouveler notre foi en lui, en le reconnaissant comme le Fils de Dieu et Seigneur de notre vie. Et le premier appelé à renouveler sa profession de foi est le Successeur de Pierre qui porte la responsabilité de confirmer ses frères (cf. Lc 22,32).

Laissons la grâce façonner à nouveau notre cœur pour que nous croyions, et ouvrir notre bouche pour que nous confessions notre profession de foi et obtenions le salut (cf. Rm 10,10). Faisons donc nôtres les paroles de Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,16). Que notre pensée et que notre regard soient fixés sur Jésus-Christ, commencement et fin de toutes les actions de l’Église. Il est le fondement et personne ne peut en mettre un autre (1 Cor 3,11). Il est la « pierre » sur laquelle nous devons construire. Saint Augustin le rappelle avec des paroles expressives lorsqu’il écrit que l’Église, bien qu’agitée et secouée par les événements de l’histoire, « ne croule pas parce qu’elle est fondée sur la pierre, dont dérive le nom de Pierre. Ce n’est pas la pierre qui tire son nom de Pierre, mais c’est Pierre qui tire le sien de la pierre ; de même que ce n’est pas le nom de Christ qui dérive de chrétien, mais le nom de chrétien qui dérive du Christ […] La pierre est le Christ, fondement sur lequel Pierre aussi a été édifié » (In Jn 124, 5).

De cette profession de foi découle pour chacun de nous la tâche de correspondre à l’appel de Dieu. Aux pasteurs, avant tout, il est demandé d’avoir pour modèle Dieu lui-même qui prend soin de son troupeau. Le prophète Ézéchiel a décrit la manière d’agir de Dieu : il va à la recherche de la brebis perdue, ramène dans l’enclos celle qui s’était égarée, panse celle qui est blessée et soigne celle qui est malade (34,16). Un comportement qui est un signe de l’amour qui ne connaît pas de limites. C’est un dévouement fidèle, constant, inconditionnel, pour que sa miséricorde puisse rejoindre tous les plus faibles. Et cependant, nous ne devons pas oublier que la prophétie d’Ézéchiel part de la constatation du manque de pasteurs d’Israël. C’est pourquoi, cela nous fait du bien à nous aussi, appelés à être pasteurs dans l’Église, de laisser le visage de Dieu, Bon Pasteur, nous illuminer, nous purifier, nous transformer et nous renvoyer, pleinement renouvelés, à notre mission. Puissions-nous, dans nos lieux de travail aussi, sentir, cultiver et pratiquer un fort sens pastoral, avant tout envers les personnes que nous rencontrons tous les jours. Que personne ne se sente négligé ou maltraité, mais que chacun puisse faire l’expérience, avant tout ici, de l’attention pleine de sollicitude du Bon Pasteur.

Nous sommes appelés à être les collaborateurs de Dieu dans une entreprise aussi fondamentale et unique que celle de témoigner par notre existence de la force de la grâce qui transforme et de la puissance de l’Esprit qui renouvelle. Laissons le seigneur nous libérer de toutes les tentations qui éloignent de l’essentiel de notre mission, et redécouvrons la beauté de professer notre foi dans le Seigneur Jésus. Que la fidélité au ministère se conjugue bien avec la miséricorde dont nous voulons faire l’expérience. Dans l’Écriture Sainte, par ailleurs, fidélité et miséricorde sont un binôme inséparable. Là où est l’une, là se trouve aussi l’autre et c’est justement dans leur réciprocité et complémentarité que l’on peut voir la présence même du Bon Pasteur. La fidélité qui nous est demandée est d’agir selon le cœur du Christ. Comme nous l’avons entendu dans les paroles de l’apôtre Pierre, nous devons paître le troupeau avec « dévouement » et devenir un « modèle » pour tous. Ainsi, « quand se manifestera le Chef des pasteurs », nous pourrons recevoir la « couronne de gloire qui ne se flétrit pas » (1 P 5,14).