la véritable autorité est de servir, non d’exploiter les autres

«L’autorité est un service» «pour le bien de tous» : le Pape François est revenu sur l’épisode des vignerons homicides lors de l’angélus, place Saint-Pierre, ce dimanche 4 octobre. Il a mis en garde contre la tentation pour ceux qui ont une autorité dans le peuple de Dieu de ne servir que leurs propres intérêts au détriment de ceux de Dieu.

Vendanges de hautains en automne de l'an 1390 Tacuinum Sanitatis (ca. 1390), Wien, Codex Vindobonensis Series nova 2644, fol. 54 verso
Vendanges de hautains en automne de l’an 1390 Tacuinum Sanitatis (ca. 1390), Wien, Codex Vindobonensis Series nova 2644, fol. 54 verso

C’est une parabole «très dure» de Jésus que le Pape François a expliquée avant la prière de l’angélus. Celle des vignerons homicides qui n’hésitent pas à frapper, à lapider et même à tuer les serviteurs ainsi que le fils du maître de la vigne dont ils avaient soin.

La vigne, c’est le peuple de Dieu, les serviteurs sont les prophètes envoyés par Dieu et le fils, c’est Jésus, lui aussi «repoussé et tué». Si Jésus prend la parole et s’adresse aux grands prêtres et aux anciens du peuple, c’est pour les avertir qu’ils sont «sur le point de prendre une mauvaise route». Jésus prévoit en effet sa passion et sa mort.

***

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint Pierre
Dimanche 4 octobre 2020

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans l’Évangile d’aujourd’hui (cf. Mt 21, 33-43), Jésus, prévoyant sa passion et sa mort, raconte la parabole des locataires meurtriers, pour avertir les grands prêtres et les anciens du peuple qui s’apprête à prendre un mauvais chemin. Ceux-ci, en fait, ont de mauvaises intentions à son égard et cherchent un moyen de l’éliminer.

Le récit allégorique décrit un maître qui, après avoir pris grand soin de sa vigne (cf. v. 33), la confie à des paysans pour qu’ils la quittent. Puis, au moment de la récolte, il envoie des serviteurs pour ramasser le fruit; mais ces locataires accueillent les domestiques avec des bâtons et certains les tuent même.

Le maître envoie d’autres serviteurs, plus nombreux, qui reçoivent cependant le même traitement (cf. vv. 34-36). Le point culminant est atteint lorsque le propriétaire décide d’envoyer son fils: les vignerons n’ont aucun respect pour lui, au contraire, ils pensent qu’en l’éliminant ils pourront reprendre la vigne, donc ils le tuent aussi (cf. vv. 37-39).

L’image de la vigne est claire: elle représente le peuple que le Seigneur a choisi et formé avec tant de soin; les serviteurs envoyés par le maître sont les prophètes, envoyés par Dieu, tandis que le fils est la figure de Jésus, et tout comme les prophètes ont été rejetés, Christ a été rejeté et tué.

A la fin de l’histoire, Jésus demande aux dirigeants du peuple: « Quand le propriétaire de la vigne viendra, que fera-t-il à ces agriculteurs? » (v.40). Et eux, pris par la logique du récit, prononcent leur propre condamnation: le maître – disent-ils – punira sévèrement les méchants et confiera la vigne « à d’autres fermiers, qui livreront le fruit en temps voulu » (v. 41).

Avec cette parabole très dure, Jésus place ses interlocuteurs devant leur responsabilité, et il le fait avec une extrême clarté. Mais nous ne pensons pas que cet avertissement s’applique uniquement à ceux qui ont rejeté Jésus à ce moment-là. Il est valable à tout moment, même pour le nôtre. Aujourd’hui encore, Dieu attend les fruits de sa vigne de ceux qu’il a envoyés y travailler. Nous tous.

À chaque époque, ceux qui ont une autorité, une autorité quelconque, même dans l’Église, dans le peuple de Dieu, peuvent être tentés de faire leurs propres intérêts, au lieu de ceux de Dieu lui-même. Et Jésus dit que la véritable autorité, c’est quand on fait du service, c’est en servant, pas en exploitant les autres.

La vigne appartient au Seigneur, pas à la nôtre. L’autorité est un service, et en tant que telle elle doit être exercée, pour le bien de tous et pour la diffusion de l’Évangile. C’est mal de voir quand les personnes en position d’autorité dans l’Église cherchent leurs propres intérêts.

Saint Paul, dans la seconde lecture de la liturgie d’aujourd’hui, nous dit comment être de bons ouvriers dans la vigne du Seigneur: ce qui est vrai, noble, juste, pur, aimable, honoré; ce qui est vertu et mérite louange, que tout cela soit l’objet quotidien de notre engagement (cf. Ph 4,8).

Je le répète: ce qui est vrai, noble, juste, pur, aimable, honoré; ce qui est vertu et mérite des éloges, que tout cela soit l’objet quotidien de notre engagement. C’est l’attitude d’autorité et aussi de chacun de nous, car chacun de nous, à sa manière, a une certaine autorité.

De cette manière, nous deviendrons une Église toujours plus riche en fruits de sainteté, nous rendrons gloire au Père qui nous aime avec une tendresse infinie, au Fils qui continue de nous donner le salut, à l’Esprit qui ouvre nos cœurs et nous pousse vers la plénitude du bien.

Nous nous tournons maintenant vers Marie Très Sainte, spirituellement unie avec les fidèles rassemblés dans le sanctuaire de Pompéi pour la supplication, et au mois d’octobre nous renouvelons l’engagement de prier le Saint Rosaire.

Après l’angélus

Chers frères et sœurs!

Hier, j’étais à Assise pour signer la nouvelle Encyclique Frères Tous sur la fraternité et l’amitié sociale. Je l’ai offerte à Dieu au tombeau de saint François, qui l’a inspiré, comme la précédente Laudato si ‘. Les signes des temps montrent clairement que la fraternité humaine et le souci de la création constituent la seule voie vers le développement intégral et la paix, déjà indiquée par les Saints Papes Jean XXIII, Paul VI et Jean Paul II.

Aujourd’hui, à vous qui êtes sur la place – et aussi à l’extérieur de la place – j’ai la joie de vous donner la nouvelle encyclique, dans l’édition extraordinaire de l’Osservatore Romano. Et avec cette édition, l’édition quotidienne papier de l’Osservatore Romano recommence. Que saint François accompagne le chemin de la fraternité dans l’Église, parmi les croyants de toutes les religions et parmi tous les peuples.

Aujourd’hui se termine le Temps de la Création, qui a commencé le 1er septembre, au cours duquel nous avons célébré un «Jubilé pour la Terre» avec nos frères de diverses Églises chrétiennes. Je salue les représentants du Mouvement catholique mondial pour le climat, les différents cercles Laudato si ‘et les associations de référence, engagés dans les voies de l’écologie intégrale. Je me réjouis des initiatives qui se déroulent aujourd’hui dans divers endroits, en particulier celle du delta du Pô.

Le 4 octobre, il y a 100 ans, Stella Maris Opera est né en Écosse pour soutenir les gens de la mer. En cet anniversaire important, j’encourage les aumôniers et les bénévoles à témoigner joyeusement de la présence de l’Église dans les ports, parmi les gens de mer, les pêcheurs et leurs familles.

Aujourd’hui, à Bologne, Don Olinto Marella est béatifié, prêtre natif du diocèse de Chioggia, berger selon le cœur du Christ, père des pauvres et défenseur des faibles. Que son témoignage extraordinaire soit un modèle pour tant de prêtres, appelés à être des serviteurs humbles et courageux du peuple de Dieu.

Je vous salue tous, Romains et pèlerins de différents pays – je vois beaucoup de drapeaux… -: familles, paroisses, associations et fidèles individuels. En particulier, je salue la famille et les amis de la Garde suisse qui sont venus aujourd’hui assister à l’assermentation des nouvelles recrues. Ces gars sont bons! La Garde suisse fait un voyage de vie au service de l’Église, du Souverain Pontife. Ce sont de bons gars qui viennent ici depuis 2, 3, 4 ans et plus. Je vous demande un chaleureux applaudissement pour la Garde suisse.

Et je souhaite à tous un bon dimanche. N’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!

 


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana