La vie n’a de valeur que lorsqu’elle est donnée

Le roi corrompu et indécis, la femme haineuse et diabolique, la danseuse vaniteuse et capricieuse, et le prophète décapité en prison sont les quatre protagonistes de l’Évangile de ce jour qui narre la mort de saint Jean-Baptiste: Dans l’homélie de la messe célébrée ce matin à la Maison Sainte Marthe au Vatican, le Pape François a invité à méditer dessus.

Le Baptiste

Salomé avec la tête de saint Jean Baptiste -  Bernardino Luini (vers 1480-1532)
Salomé avec la tête de saint Jean Baptiste – Bernardino Luini (vers 1480-1532)

Le martyre de Jean, «le plus grand des enfants des hommes» selon Jésus, est un grand témoignage: la vie n’a de valeur que lorsqu’elle est donnée aux autres «dans l’amour, la vérité, la vie quotidienne, dans la famille».

l’Évangile proposé par la liturgie de ce jour raconte longuement la décapitation du Baptiste. Le récit met en scène quatre personnages, que le Pape invite à regarder «en ouvrant son cœur», parce que le Seigneur nous parle à travers eux: Hérode, le roi «corrompu et indécis», Hérodiade la femme de son frère, «qui ne savait qu’haïr», Salomé, «la danseuse vaniteuse», et le prophète décapité en prison.

Le Pape François part de ce récit en commençant par son épilogue, lorsque les disciples de Jean viennent récupérer son corps  et lui donnent une sépulture.

Jean nous fait voir Jésus, puis la lumière s’éteint

«Le plus grand finit ainsi», mais Jean savait tout cela, il l’avait dit dès le début, en parlant de Jésus: «Il faut qu’il croisse et que je diminue », et lui s’est finalement « diminué jusqu’à la mort ». Il fut le précurseur du Christ, il le montra à ses disciples et puis, la lumière s’est éteinte peu à peu, jusqu’à l’obscurité de cette cellule, en prison, où, seul, il a été décapité.

Et tout cela est arrivé à cause «d’attitudes humaines qui portent à prendre la vie d’un chrétien, d’une personne honnête et à en faire un martyr»

L’indécision d’Hérode

Tout d’abord, le roi Hérode, qui croyait que «Jean était un prophète», «il l’écoutait volontiers», et même le protégeait tout en le gardant en prison. Il était indécis, car Jean réprouvait ouvertement son l’adultère. À travers le prophète, «Hérode entendait la voix de Dieu qui lui disait : “change de vie”, mais il ne parvenait pas à le faire. Le roi était corrompu, et il est difficile de sortir de la corruption».

La haine d’Hérodiade

Hérodiade est la femme du frère du roi, tué par Hérode qui la convoitait. L’Évangile nous dit seulement qu’elle haïssait Jean, car il parlait clairement. «Et nous savons tous que la haine est capable de tout, c’est une grande force. La haine est le souffle de Satan. Il ne sait pas aimer, il ne peut pas. Son “amour”, c’est la haine. Et cette femme avait en elle l’esprit diabolique de la haine.»

Vaine Salomé

Et enfin, le troisième personnage, la fille d’Hérodiade, Salomé, dont la danse plut à tous les commensaux du roi. Dans son enthousiasme, Hérode lui dit : «je te donnerai tout ce que tu veux». Il utilise, sans même le savoir, les mêmes paroles de Satan qui essaie de tenter Jésus : «si tu te prosternes devant moi, je te donnerai tous les royaumes de la terre.»

Le témoignage du martyr

«Derrière ces personnages, se cache le diable, semeur de haine dans le cœur d’Hérodiade, semeur de vanité dans le cœur de la jeune fille, semeur de corruption dans le cœur du roi», et Jean meurt dans sa cellule, dans l’anonymat, «comme tant de nos martyrs.» La mort du prophète constitue le témoignage «d’un grand homme et d’un grand saint».

«La vie n’a de valeur que lorsqu’elle est donnée dans l’amour, dans la vérité, donnée aux autres, dans la vie quotidienne, dans la famille. Si quelqu’un prend la vie pour soi, pour la garder, (…)  la vie meurt, devient passive, ne sert pas.»