En cliquant sur l’image, petite biographie du Père Vincent Carme, Lazariste, missionnaire à Madagascar, décédé le 27 août 2016.
Avant mon départ pour Madagascar, je voulus à tout prix aller à Lourdes pour confier à Marie ma future mission et tous les Malgaches que le Seigneur allait placer sur mon chemin.
J’ai oublié les dates de mon pèlerinage, je pense que c’était en mars-avril 61. N’ayant que très peu d’argent, mais sachant que bientôt à Madagascar-la-pauvre j’aurai besoin d’argent, j’ai décidé de faire le trajet en stop. Mais comme je trouvais malhonnête de laisser les bons samaritains qui me prendraient dans leur voiture sans contrepartie, je pris la résolution de leur proposer à tous un court prêche sur Jésus. Le temps passé au bord de la route en attendant la voiture suivante, je réciterai des rosaires pour ma future mission. Enfin, s’il se présenterait des occasions de faire du bien à des pauvres rencontrés au bord de la route, ne pas hésiter à aller vers eux comme s’ils étaient Jésus en personne.
Je n’ai pas compté le nombre de voitures qui se sont charitablement arrêtées pour me prendre, mais elles étaient nombreuses et tous, chauffeurs ou occupants, étaient d’une exquise gentillesse (délicatesse). A tous je leur ai proposé de parler de Jésus ainsi qu’une courte prière. Certains, avant de nous déposer, m’ont même demandé une bénédiction.
Je vous raconterai brièvement [une des] petites aventures qui me sont arrivées durant ce long trajet… A la sortie d’une petite ville, une camionnette de commerçant s’arrêta et me prit.
Avant de démarrer, il me dévisagea avec colère et me dit : « Je n’avais pas voulu vous prendre, car je hais les prêtres. Je ne sais pas pourquoi je vous ai pris ! » Et pendant toute une heure, il me raconta avec colère, parfois en criant, tout le mal qu’il savait des « curés », surtout de l’ancien curé qui avait – paraît-il – fait beaucoup de mal à son père. Entre deux explosions de colère, j’ai essayé de lui exposer mon petit sermon sur Jésus… Il me le permit finalement et en parut assez content. « Et votre curé actuel, comment est-il ? », lui demandais-je. « D’après ma femme, me dit-il, il est infiniment mieux que l’autre, mais moi, je les ai tous exclus de ma vie ! »
Moi : « Et la Sainte Vierge Marie, qu’en pensez-vous ? »
Lui : « Oh ! celle-là, nous l’aimons bien, moi et toute ma famille. Malheur à celui qui serait du mal d’elle devant moi ! »
Soudain, il arrêta la voiture et arrêta le moteur… Je l’interrogeais du regard. « Je suis presque chez moi et notre discussion n’est pas encore fini », me dit-il.
Moi : « Vous me donnerez aussi un peu la parole ? »
Lui : « Allez-y, je vous écoute ! ».
Alors je lui conseillais d’aller voir son nouveau curé pour se réconcilier avec lui.
« Ça ferait un plaisir fou à la Sainte Vierge ! » fis-je.
Lui : « Vous pensez qu’elle le connaît ? — Bien sûr qu’elle le connaît et je puis vous assurez que même elle l’aime bien ! »
Et je repris la parole :
« Et maintenant, avant de nous séparer je voudrais que nous prions ensemble. »
Mais avant de commencer, je lui citais des paroles de réconciliation. Comme il ne parlait plus, ni ne bougeait, je me tournais vers lui… Il pleurait !… Puis, il sortit un gros billet de sa poche :
« Avec ça, me dit-il, vous achèterez pour la Sainte Vierge le plus gros cierge que vous trouverez à Lourdes. »
Puis arrivés au village de mon nouvel ami, nous continuâmes chacun de son côté. Longtemps encore après cette rencontre, je remerciais Dieu de m’avoir fait rencontrer ce brave homme.
+ Père Vincent Carme, cm