LE MOIS DU SAINT NOM DE JÉSUS – XIIIe JOUR.

LE MOIS DU SAINT NOM DE JÉSUS  – XIIIe JOUR.

MIRACLES DE JÉSUS-CHRIST.

Caeci vident, claudi ambulant, leprosi mundantur, surdi audiunt, mortui resurgunt, pauperes evangelizantur.

Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, l’Évangile est annoncé aux pauvres. Matthieu 11.

D’après LE MOIS DE JÉSUS – MALINES 1839

Ier Point.

IHS extrait des armes du Pape François
IHS extrait des armes du Pape François

Jésus étant venu établir sur la terre une religion nouvelle qui devait pren­dre la place de la religion judaïque, et abolir la plupart des cérémonies ancien­nes, il était nécessaire qu’il opérât des choses merveilleuses pour faire connaître aux hommes la divinité de sa mission.

Il est vrai que les prophètes avaient depuis longtemps annoncé qu’il naîtrait un rédemp­teur à Israël, qu’il réconcilierait le Ciel avec la terre, ils avaient même fixé l’époque prescrite de son apparition dans le monde ; mais comme les saintes Écritures étaient, pour le peuple Juif, remplies d’obscurité, le Fils de Dieu n’aurait point été reconnu s’il n’eût révélé sa divinité par des signes frappants et extraordinaires.

D’un autre cô­té, les prophéties qui annonçaient sa ve­nue sur la terre, parlaient des prodiges qui devaient signaler son séjour parmi les hommes. C’est pourquoi, aussitôt qu’il eut ouvert le cours de ses prédications, il com­mença à opérer des miracles.

Tous les ma­lades qu’on lui amenait étaient guéris, soit par l’imposition de ses mains, soit par la seule efficacité de sa parole ; la lumière était rendue aux aveugles, les paralyti­ques recouvraient l’usage de leurs mem­bres; les lépreux étaient purifiés ; les dé­mons étaient chassés ; les tombeaux mêmes s’ouvraient pour rendre à la vie les ca­davres qu’ils renfermaient ; les tempêtes étaient apaisées, et tous les éléments maî­trisés avec une puissance et une facilité qui ne pouvaient appartenir qu’à Dieu.

Tous ces prodiges, répétés fréquemment, et opérés en présence d’une foule immense de spectateurs, publiaient d’une manière irrécusable la vertu divine qui résidait en Jésus-Christ. Aussi voyait-on souvent un grand nombre de témoins de ces merveilles se joindre aux malades qui avaient été guéris, et célébrer avec eux la miséricorde du Seigneur, qui daignait visiter son peuple.

S’il est vrai que tout miracle soit l’effet d’une puissance surnaturelle et divine, il en résulte évidemment qu’une doctrine en faveur de laquelle des œuvres miraculeuses ont été opérées ne peut être qu’une doctrine céleste. Or, qui oserait contester à la Divinité le pouvoir exclusif d’opérer des miracles? s’ils ne sont point l’ouvrage de Dieu, à quelle cause étrangère faudra-t-il recourir ?

Pourrait – ou attribuer ce pouvoir à la nature ? mais il est en oppo­sition directe avec les lois qui la régissent, à l’industrie des hommes ; mais il excède tous leurs calculs et toutes leurs combinai­sons ; et ceux qu’on a vus opérer des pro­diges, étaient des hommes éminents en sainteté, à qui le Ciel avait départi ce pouvoir.

Oserons – nous nommer le dé­mon ? mais il surpasse ses forces, et porte des caractères opposés à sa malice. Tout ce que l’esprit de ténèbres peut faire, est limité, dit saint Thomas, à la vertu des causes naturelles, qu’il sait merveilleuse­ment mettre en œuvre, parce que ses con­naissances, quoique très bornées, sont beaucoup plus étendues que les nôtres. S. Thom. cap. 22, quœst. 178, art. 2.

Enfin, attribuerons-nous aux bons anges le pouvoir d’opérer des œuvres miraculeu­ses ? Non, dit encore saint Thomas : car, quoique les anges puissent produire des actes contraires à l’ordre de la nature cor­porelle, ils n’en peuvent cependant pro­duire de contraires à l’ordre de toute la nature, circonstance qui est requise pour constituer le miracle. S. Thom. part. 1. quœst. 110.

Ainsi donc ce sera toujours inutilement que nous chercherons hors de Dieu la cause qui produit les mi­racles. C’est un pouvoir qui surpasse les forces de toute intelligence créée, et qui est le partage exclusif du Dieu infiniment parfait. Écrie-toi donc ici, ô mon âme ! avec le Roi prophète : Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui est le seul qui opère des choses admirables !

Quel autre, en effet, peut déroger aux lois de la nature, que celui qui les a établies ? quel autre peut guérir les maladies et ressusciter les morts, que celui qui tient en sa main la santé et la douleur, qui tue et qui vivifie suivant sa volonté ?

Non, s’écrie Job, il n’y a point sur la terre de puissance capable d’être comparée à la puissance de notre Dieu. Il n’y a que le bras du Seigneur qui ait pu opérer les merveilles dont le monde a été témoin ; et la religion qui repose sur les miracles éclatants du Fils de Dieu ne peut avoir pour fondement que la vérité, et pour fin que le salut.

IIe Point.

Quoi qu’en dise l’incrédulité, les miracles de Jésus-Christ ne sauraient être révoqués en doute. Ils ont été opérés publiquement, et sous les yeux des phari­siens, ennemis déclarés du Fils de Dieu, lesquels n’ont pu

Or, est-il au pouvoir du démon de rendre la vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds, la santé aux malades ; de guérir des lépreux, des paralytiques; de délivrer des possédés; de calmer les vents et la tempête ; de ras­sasier avec cinq pains plusieurs milliers d’hommes ; de ressusciter les morts ? Tous ces prodiges ne portent-ils pas l’empreinte d’un Dieu puissant, d’un Dieu sage, d’un Dieu bienfaisant ?

D’ailleurs, les évangélistes qui ont rapporté ces miracles ont scellé leur rapport de leur sang; les apôtres qui en ont été les témoins les ont publiés par tout l’univers.

Or, si ces miracles avaient été supposés, si Jésus-Christ n’eût communiqué lui-même à ses apôtres le don d’en opérer de nouveaux, est-il croyable que le paga­nisme eût abjuré ses erreurs, abandonné ses temples, ses autels, ses dieux, pour s’attacher à une religion incompréhensible dans ses dogmes, austère dans sa morale, et annoncée par des gens grossiers et sans nom ?

S’il était vrai, dit saint Augustin, que le monde eût cru à l’Évangile sans miracle, ce fait serait lui-même un grand miracle.

Mais Jésus-Christ n’a pas seulement opéré des miracles pour prouver sa divinité; il avait aussi l’intention de soulager et de guérir ceux qui s’adressaient à lui ; et c’est ici le lieu de remarquer un des principaux caractères du véritable miracle. Toutes les fois que Dieu renverse Tordre de la nature, il n’agit que pour des fins nobles, sages et dignes de lui.

Ainsi un prodige qui ne tiendrait qu’à flatter la curiosité, ne devrait point être regardé comme un miracle., puis­qu’il ne décèlerait point cette sagesse infinie dont toutes les œuvres sont parfaites. C’est d’après ces principes, que l’Église rejette tous les prétendus miracles des païens.

Transporte-toi maintenant, ô mon âme! au temps où le Sauveur des hommes opé­rait sur la terre les merveilles dont tu fais aujourd’hui le sujet de tes méditations ; con­sidère cette multitude de malades qui se trouvent sans cesse sur les pas de Jésus-Christ, étalant à ses yeux le spectacle de leurs infirmités pour en obtenir la guérison.

Ta foi est-elle aussi vive que la leur? Le péché t’a réduite à l’état le plus déplo­rable : or connais-tu bien toute l’étendue de ton mal, et désires-tu sincèrement d’en être soulagée comme ces malades que l’Évangile nous représente? Hélas! ne peut-on pas dire de toi, au contraire, que tu te plais dans tes infirmités, et que tu serais fâchée qu’une main secourable t’en déli­vrât ?

O insensibilité mille fois plus funeste que la lèpre la plus hideuse ! ô aveugle­ment spirituel, infiniment plus déplorable que l’aveuglement corporel !

comment puis-je me laisser aller à la joie et vivre en sécurité, sachant que je suis travaillé par la plus affreuse maladie? comment puis-je me flat­ter d’échapper à la mort, si je néglige de faire usage du seul remède qui puisse me rendre la santé ? comment ne vais-je point me jeter aux pieds de Jésus-Christ pour le conjurer d’ouvrir mes yeux à la lumière, ou d’arrêter les progrès de la lèpre honteuse qui me dévore?

Je vois tous les jours de malheureux pé­cheurs, recouvrer immédiatement la santé de leur âme, parce que, suivant les ordres du Fils de Dieu, ils sont allés se montrer aux prêtres ; pourquoi ne pourrais-je me décider à suivre leur exemple ?

La charité de mon Sauveur est aujourd’hui aussi ten­dre, aussi miséricordieuse qu’elle l’était il y a dix-huit siècles : si je vais me présenter à lui, il aura compassion de mon état, il rompra les liens dans lesquels je suis rete­nu captif, et guérira toutes mes infirmités, en m’adressant ces paroles touchantes : Mon fils, ayez confiance, votre foi vous a sauvé.

O mon âme ! viens donc te proster­ner aux pieds de ce médecin charitable ; viens lui exposer tes langueurs, lui racon­ter tes misères ; et remplie de confiance en lui, prends la ferme résolution de faire tout ce qu’il te dira.

Alors tu ressentiras les effets de sa miséricorde ; et, en te trou­vant déchargée du poids sous lequel tu gé­mis maintenant, tu reconnaîtras, avec les fidèles serviteurs de Dieu, que le joug du Seigneur est doux, et que son fardeau est léger.

PRIÈRE.

Jésus, Fils de David, ayez pitié de moi ! Je suis réduit à l’état le plus affreux et le plus digne de votre compassion : la lèpre du pé­ché a tellement défiguré mon âme, qu’elle n’ose se présenter devant vous.

Mais plus mon mal est grand, plus la foi que j’ai en vous devient vive et ardente.  Je sais que si vous le voulez, vous pouvez me guérir:je suis décidé, ô mon Dieu ! à faire tout ce que vous m’ordonnerez pour recouvrer la santé de mon âme.

Oui, j’irai me présen­ter à cette piscine salutaire que vous avez établie pour remède à nos maladies spiri­tuelles : mais c’est en vain que j’aurai fait l’aveu de mes faiblesses, si vous ne me donnez cet esprit de componction et de douleur sans lequel on ne saurait vous être agréable.

J’avoue, ô mon Dieu ! que je suis indigne de cette faveur; mais n’ayez point égard au grand nombre de mes infidélités, puisque je suis désormais résolu de me conformer entièrement à tout ce que vous me prescrirez pour en obtenir le pardon : dites seulement une parole, et mon âme sera guérie.

Daignez ratifier dans le Ciel la sentence d’absolution que prononcera sur moi le ministre de vos miséricordes ; et lorsque j’aurai le bonheur d’être rentré en grâce avec vous, rendez-moi ferme et iné­branlable contre les attaques du démon, afin que je ne retourne plus à mes ancien­nes iniquités qui ont attiré sur moi tant de misères, et m’ont fait répandre tant de larmes.

RÉSOLUTIONS.

1.° Je ne lirai jamais le récit des mira­cles opérés par le Fils de Dieu, sans m’ex-citer à des sentiments de foi : je m’estime­rai bienheureux d’appartenir à une reli­gion qui repose sur des preuves si admira­bles et j’en remercierai tous les jours le Seigneur.

2.# Je regarderai les maladies corporel­les que Jésus a si souvent guéries, comme l’image des maladies spirituelles qui affli­gent mon âme: je redouterai ces derniè­res encore plus que les maux du corps ; et, lorsque je m’en verrai attaqué, je me hâ­terai de faire usage des remèdes que mon Sauveur a bien voulu m’enseigner.