Le premier don de l’Esprit à demander est la sagesse

Le premier don de l’Esprit à demander est la sagesse

Le Pape François, depuis la place Saint-Pierre, a poursuivi son cycle de catéchèses sur les vices et les vertus, centrant son audience ce mercredi sur la conduite vertueuse. «Le chapitre sur la conduite vertueuse, en ces temps dramatiques où nous sommes souvent confrontés au pire de l’humain, devrait être redécouvert et pratiqué par tous. »

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 13 mars 2024

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Catéchèse – Les vices et les vertus – 11. La conduite vertueuse

Résumé

Frères et sœurs, après un tour d’horizon sur les vices, notre réflexion sera centrée sur le chapitre des vertus, car le cœur de l’homme est fait pour le bien. L’exercice des vertus est le fruit d’une longue germination qui demande de l’effort et de la souffrance aussi.

La personne vertueuse est celle qui est fidèle à sa vocation et qui se réalise ainsi pleinement. Nous faisons fausse route si nous pensons que les saints sont des exceptions de l’humanité. Les saints sont ceux qui réalisent la vocation de tout homme.

Le Catéchisme de l’Église Catholique définit la vertu comme une disposition habituelle et ferme à faire le bien. La vertu est un habitus de la liberté. Comment faire pour la conquérir ? La première aide pour le chrétien est la grâce de Dieu.

Selon la sagesse des ancêtres, la vertu grandit et peut être cultivée. Pour que cela se réalise, le premier don de l’Esprit que l’on peut demander est la sagesse. Ensuite il faut la bonne volonté, cette capacité de choisir le bien, de nous façonner avec l’exercice ascétique.

AUDIENCE GÉNÉRALE

Chers frères et sœurs, bonjour !

Après avoir conclu le tour d’horizon des vices, le moment est venu de tourner notre regard vers le tableau symétrique, qui s’oppose à l’expérience du mal. Le cœur humain peut se livrer à de mauvaises passions, il peut écouter des tentations nuisibles déguisées sous des vêtements persuasifs, mais il peut aussi s’opposer à tout cela.

Aussi fatigant que cela puisse être, l’être humain est fait pour le bien, celui qui le réalise véritablement et peut aussi pratiquer cet art, faisant en sorte que certaines dispositions deviennent permanentes en lui. La réflexion autour de cette merveilleuse possibilité qui est la nôtre forme un chapitre classique de la philosophie morale : le chapitre des vertus.

Les philosophes romains l’appelaient virtus, les philosophes grecs l’appelaient aretè. Le terme latin souligne avant tout que la personne vertueuse est forte, courageuse, capable de discipline et d’ascétisme ; donc l’exercice des vertus est le fruit d’une longue germination, qui demande des efforts et même de la souffrance.

Le mot grec aretè désigne quelque chose qui excelle, quelque chose qui surgit, qui suscite l’admiration. La personne vertueuse est donc celle qui ne se déforme pas mais est fidèle à sa vocation et se réalise pleinement.

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Nous aurions tort de penser que les saints sont des exceptions à l’humanité : une sorte de cercle restreint de champions qui vivent au-delà des limites de notre espèce. Les saints, dans cette perspective que nous venons d’introduire à propos des vertus, sont plutôt ceux qui deviennent pleinement eux-mêmes, qui réalisent la vocation de tout homme.

Quel monde heureux ce serait dans lequel la justice, le respect, la bienveillance mutuelle, l’ouverture d’esprit, l’espoir seraient la normalité partagée, et non une anomalie rare ! C’est pourquoi le chapitre sur l’action vertueuse, en ces temps dramatiques où nous avons souvent affaire au pire de l’humanité, devrait être redécouvert et pratiqué par chacun.

Dans un monde déformé, nous devons nous souvenir de la forme avec laquelle nous avons été façonnés, de l’image de Dieu qui est gravée en nous pour toujours.

Mais comment définir le concept de vertu ? Le Catéchisme de l’Église catholique nous offre une définition précise et concise : « La vertu est une disposition habituelle et ferme à faire le bien » (N. 1803). Il ne s’agit donc pas d’un bien improvisé et quelque peu aléatoire, qui tombe du ciel de manière épisodique.

L’histoire nous apprend que même les criminels, dans un moment de clarté, ont accompli de bonnes actions ; certes ces actes sont écrits dans le « livre de Dieu », mais la vertu est autre chose. C’est un bien qui naît d’une lente maturation de la personne, jusqu’à devenir une caractéristique interne.

La vertu est un habitus de liberté. Si nous sommes libres dans chaque acte, et chaque fois que nous sommes appelés à choisir entre le bien et le mal, la vertu est ce qui nous permet d’avoir l’habitude de faire le bon choix.

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Si la vertu est un si beau don, une question se pose immédiatement : comment peut-on l’acquérir ? La réponse à cette question n’est pas simple, elle est complexe.

Pour le chrétien, la première aide est la grâce de Dieu : en effet, l’Esprit Saint agit en nous, baptisés, agissant dans notre âme pour la conduire à une vie vertueuse. Combien de chrétiens sont parvenus à la sainteté dans les larmes, se rendant compte qu’ils ne parvenaient pas à surmonter certaines de leurs faiblesses !

Mais ils ont constaté que Dieu a achevé cette bonne œuvre qui pour eux n’était qu’une esquisse. La grâce précède toujours notre engagement moral.

En outre, nous ne devons jamais oublier la très riche leçon qui nous est venue de la sagesse des anciens, qui nous dit que la vertu grandit et peut être cultivée. Et pour que cela arrive, le premier don de l’Esprit à demander est la sagesse. L’être humain n’est pas un territoire libre de conquête des plaisirs, des émotions, des instincts, des passions, sans pouvoir rien faire contre ces forces, parfois chaotiques, qui l’habitent.

Un don inestimable que nous possédons est l’ouverture d’esprit, c’est la sagesse qui sait apprendre de ses erreurs pour bien diriger la vie. Ensuite, nous avons besoin de bonne volonté : la capacité de choisir le bien, de nous façonner par un exercice ascétique, en évitant les excès.

Chers frères et sœurs, c’est ainsi que nous commençons notre voyage à travers les vertus, dans cet univers serein qui apparaît exigeant, mais décisif pour notre bonheur.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les nombreux groupes scolaires venus de France. Frères et sœurs, en ce temps béni de Carême, tournons-nous vers la Sainte Vierge, Siège de la Sagesse, afin que par son intercession nous nous mettions au service du bien. Que Dieu vous bénisse !

Mes pensées vont enfin aux malades, aux personnes âgées, aux jeunes mariés et aux jeunes, en particulier aux nombreux étudiants présents… J’invite chacun à poursuivre avec engagement l’itinéraire du Carême, prêt à accomplir des gestes de solidarité chrétienne partout où la Providence vous appelle à opérer.

Et s’il vous plaît, persévérons dans une prière fervente pour ceux qui souffrent des terribles conséquences de la guerre. Aujourd’hui, on m’a apporté un chapelet et l’Évangile d’un jeune soldat mort au front : il a prié avec cela. Beaucoup de jeunes, beaucoup de jeunes vont mourir ! Prions le Seigneur de nous donner la grâce de surmonter cette folie de la guerre qui est toujours une défaite. Ma bénédiction à vous tous !


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