L’Évangile est notre programme de vie

Humilité de l’écoute, charisme de l’ensemble et courage du renoncement.

Trois éléments qui caractérisent une Église en chemin, selon le Pape François dans son homélie lors de la messe de Caritas Internationale en la basilique saint Pierre, ce jeudi 23 mai 2019, à l’occasion de la tenue de la 21ème assemblée générale de cette organisation au Vatican.

Trois éléments qui permettent à l’Église d’éviter «la tentation  de l’efficacité à tous prix, de penser que l’Église va bien si elle a tout sous contrôle, si elle vit sans accroc, avec un agenda toujours en ordre.» Le Seigneur ne procédait pas de cette façon: «Aux siens, il n’envoie pas une réponse du ciel, il envoie plutôt l’Esprit Saint. Et l’Esprit ne vient pas en amenant l’ordre du jour, il vient comme le feu.»

«Jésus ne veut pas que l’Église soit un modèle parfait, qui se complaise dans son organisation et qui soit capable de défendre sa bonne réputation. Jésus n’a pas vécu ainsi, mais en chemin, sans craindre les chocs de la vie. L’Évangile est notre programme de vie. Il nous enseigne que les questions ne sont pas traitées avec une recette toute faite et que la foi n’est pas une feuille de route, mais un chemin.»

Le courage du renoncement

Le Pape a détaillé ces trois éléments caractéristiques d’une Église en chemin, à commencer par la fin, le courage du renoncement et «sa beauté». «Dieu purifie, simplifie, nous fait souvent grandir en enlevant, et non en ajoutant, comme nous le ferions.» La vraie foi «purifie» des attachements quelconques.

De ce fait, «pour suivre le Seigneur il faut marcher vite et pour marcher vite il faut s’alléger même si cela nous coûte»,  «En tant qu’Église, nous ne sommes pas appelés à des compromis corporatifs, mais à des sauts évangéliques».

Sortir de soi même pour se convertir

Et en nous purifiant, en nous réformant, nous devons aussi éviter de prétendre changer quelque chose pour qu’en réalité rien ne change. «C’est le cas, par exemple, lorsque, pour essayer de suivre l’air du temps, on maquille un peu les choses, mais c’est juste du maquillage pour paraître jeune». Or, le Seigneur ne veut pas «d’ajustements cosmétiques», mais «la conversion du cœur, qui passe par le renoncement. Sortir de soi-même est la réforme fondamentale». 

À l’instar des premiers chrétiens, «comme eux, qui ont pratiqué le désintéressement de soi : nous voyons que chacun laisse parler l’autre et qu’il est prêt à changer ses convictions. Et plus l’intérêt pour les autres augmente, plus le désintéressement de soi augmente aussi. On s’humilie en suivant le chemin de l’écoute, qui nous empêche de vouloir nous affirmer, de réaliser résolument nos propres idées, de chercher le consensus par tous les moyens.»

L’humilité naît de l’écoute

Ainsi, l’humilité naît quand, au lieu de parler, on écoute; quand on cesse d’être au centre. Puis elle grandit par des humiliations. «C’est précisément sur ce chemin de charité que l’Esprit descend et oriente.»

Pour ceux qui veulent suivre les chemins de la charité, l’humilité et l’écoute signifient tendre l’oreille vers les petits: «Dans le monde, ceux qui ont plus de moyens parlent plus, mais cela ne peut pas être le cas parmi nous, parce que Dieu aime se révéler à travers les petits et les derniers. Et il demande à chacun de nous de ne regarder personne de haut».

Le charisme de l’ensemble

De l’humilité de l’écoute au courage du renoncement, tout passe enfin par le charisme de l’ensemble qui signifie lui que l’unité l’emporte toujours sur les différences.

«Pour chacun, la première place n’est pas donnée à ses propres préférences et stratégies, mais à être et à se sentir l’Église de Jésus, réunie autour de Pierre, dans une charité qui ne crée pas d’uniformité, mais la communion.»

«Personne ne savait tout, personne n’avait l’ensemble des charismes, mais chacun tenait au charisme de l’ensemble». Quand nous nous retenons de donner, quand nos intérêts à défendre passent en premier, nous n’imitons pas le «comme» de Dieu, nous ne sommes pas une Église libre et libératrice.

Et pourtant, Jésus nous demande de rester en Lui, «pas dans nos idées»; «de sortir de la prétention de contrôler et de gérer». Que le Seigneur, «nous libère de l’efficacité, de la mondanité, de la tentation subtile de rendre un culte à nous-mêmes et à notre habileté.»