Le Pape François a voulu offrir la Messe célébrée dans la matinée du lundi 13 février dans la chapelle de Sainte-Marthe pour un missionnaire spécial, qui partira mercredi pour l’Orient. « Une pensée familiale » parce que le missionnaire est le père Adolfo Nicolás Pachón, ancien préposé général de la Compagnie de Jésus. « Que le Seigneur rende tout le bien fait et l’accompagne dans sa nouvelle mission : merci, père Nicolás. »

Se référant ensuite à la première lecture, tirée du livre de la Genèse (4, 1-15,25), le Pape a remarqué dans son homélie que «c’est la première fois que dans la Bible, est prononcé le mot frère.» L’histoire de Caïn et Abel « est l’histoire d’une fraternité qui devait grandir, être belle » mais qui au contraire « finit détruite.» L’histoire a commencé par une petite jalousie.
Quand Caïn vit que son sacrifice n’avait pas été accepté, il fut très irrité et commença à nourrir ce sentiment. Le Seigneur lui dit : «Pourquoi es-tu irrité et pourquoi ton visage est-il abattu ? Si tu es bien disposé, ne relèveras-tu pas la tête ? Mais si tu n’es pas bien disposé, le péché n’est-il pas à la porte, une bête tapie qui te convoite, pourras-tu la dominer ? »
A la fin, « Caïn préféra l’instinct. Ce péché qu’il commettra ensuite, qui est tapi derrière le sentiment, grandit. » Précisément ainsi croient les inimitiés entre nous : elles commencent par une petite chose, puis cela grandit et nous voyons la vie uniquement de cette perspective. » Au point qu’ensuite, « notre vie tourne autour de cela, et cela détruit le lien de fraternité, détruit la fraternité. »
Ce qui « est arrivé au début peut nous arriver à tous. » C’est pourquoi il s’agit d’un « processus » qui doit être arrêté immédiatement, au début.
« Dans nos presbytères aussi, dans nos collèges épiscopaux, combien de fissures commencent ainsi ! » De cette manière, « avec des petites choses, des fissures, se détruit la fraternité. »
Devant cette attitude de l’homme, « que fait le Seigneur ? » Le passage de la Genèse suggère que, comme à Caïn, « il nous demande : « où est Abel, ton frère ? » La réponse de Caïn est ironique : « Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère ? » » Mais on a envie de lui répondre : « Oui, tu es le gardien de ton frère. » Pour sa part, « Caïn aurait pu répondre : « Oui, je sais où est Abel, mais je ne sais pas où est mon frère, parce qu’Abel n’est pas mon frère : j’ai détruit cette fraternité. »
Sur ce point, continue la Genèse, « le Seigneur est fort : » Écoute le sang de ton frère crier vers moi du sol! »» C’est vrai que chacun de nous peut dire : « »Père, je n’ai jamais tué personne, personne, jamais ! »» Toutefois, «pensons à l’Évangile d’hier : si tu as un mauvais sentiment envers ton frère, tu l’as tué ; si tu insultes ton frère, tu l’as tué dans ton cœur.» Parce que « le meurtre est un processus qui commence dans le plus profond du cœur, comme ici. »
« Aujourd’hui aussi, la voix de Dieu, demande non seulement à chacun de nous, mais à toute l’humanité : « Où est ton frère, où est ta sœur ? » » Et notre réponse est : « Je sais où sont ceux qui sont bombardés là, qui sont chassés de là, mais eux ne sont pas mes frères, j’ai détruit le lien ». De la même façon, « combien de puissants de la terre peuvent dire : « Ce territoire, ce morceau de terre, cette autre chose m’intéresse, si la bombe tombe et tue deux cents enfants ce n’est pas ma faute ; il n’y a que le territoire qui m’intéresse ». »
Donc « tout commence par ce sentiment qui te conduit à te détacher, à dire à l’autre : « Celui-ci est untel, celui-ci est comme ceci, mais ce n’est pas un frère ». » Et « cela finit dans la guerre qui tue. » Mais « tu as tué au début. Cela est le processus du sang et aujourd’hui, le sang de tant de personnes dans le monde crie vers Dieu du sol ». Et « tout est lié : ce sang-là a une relation – sans doute une petite goutte de sang – que, avec mon envie, ma jalousie, j’ai fait sortir quand j’ai détruit une fraternité : ce n’est pas le nombre qui détruit la fraternité, c’est ce qui sort du cœur de chacun de nous. »
Que le Seigneur nous aide aujourd’hui à répéter sa parole : « Où est ton frère ? » » Et que « chacun de nous » pense « à tous ceux dont nous nous sommes détachés ». Et « pensons aussi à tous ceux qui, dans le monde, sont traités comme des choses et non comme des frères. »
13 février 2017 source : Osservatore Romano