Nicolas de Flüe naît en 1417 à Sachseln (canton d’Unterwalden), en Suisse, dans une famille de notables paysans. Son goût précoce pour la contemplation et la solitude l’incline à demeurer dans le célibat, mais, pour obéir à ses parents, il se marie. Dix enfants naissent de cette union, élevés dans l’amour de Dieu et une grande dévotion à l’égard de la Vierge Marie. Nicolas mène une vie austère ; chaque nuit, il se relève pour prier, passant deux heures en oraison. Tous les jours, il récite le psautier en l’honneur de la Sainte Vierge.
Dans les combats qui opposent son pays aux ducs d’Autriche, son courage et sa sagesse lui valent la considération de tous. De retour chez lui, on le choisit comme juge et conseiller du pays, fonctions qu’il exerce avec talent. Il a une cinquantaine d’année, lorsqu’il se sent appelé à la vie érémitique. Malgré la réticence de sa femme et de ses enfants, il se retire dans la montagne. Les habitants du pays viennent en foule se recommander à ses prières et le convainquent de redescendre à Sachseln. Il va y habiter une cellule à laquelle est adjointe une chapelle, où un prêtre vient régulièrement célébrer la messe. Nicolas vit ainsi dix-neuf ans sans se nourrir, miracle authentifié par son évêque. Tout au long de sa vie, il est gratifié de visions, dont les plus importantes sont celles de la Trinité.
Après Dieu en effet, son culte principal est pour la sainte Vierge Marie, cette aimable protectrice des chrétiens. Nicolas a dès sa plus tendre enfance mis sa confiance dans la Reine des cieux, et éprouvé dans bien des occasions l’effet de son puissant crédit auprès de son divin Fils : il la regarde toujours comme sa Mère et s’adresse à elle dans tous ses besoins; aussi les faveurs dont elle le comble montrent-elles bien qu’elle le regarde comme un fils.
Un jour le tentateur le presse plus vivement que de coutume et Nicolas est dans de cruels tourments; alors il a recours à la sainte Vierge, et lui adresse cette énergique prière :
« Je vous salue, ô mère de toute pureté, vierge sans tache, mère de toute miséricorde, et mère de notre Sauveur: je viens vous supplier d’intercéder pour un pauvre pécheur auprès de votre divin Fils, afin qu’il m’accorde sa sainte grâce : l’ennemi me poursuit et s’acharne contre moi; vous avez écrasé autrefois la tête du serpent en mettant au monde notre Sauveur; aidez-moi à triompher de ses ruses et de ses impostures. Vous êtes mon refuge, me repousserez vous? vous êtes ma consolation, m’abandonnerez -vous? Non, ô aimable Vierge! vous viendrez à mon secours, et l’ennemi sera vaincu. »
Après cette effusion d’un cœur plein de confiance dans la puissante protection de la reine des cieux, le fervent anachorète se lève animé d’un nouveau courage, et la tentation est vaincue. Il assure depuis qu’il n’a jamais invoqué Marie en vain, et qu’il ressent toujours visiblement les effets de sa protection ; on prétend même qu’il a souvent le bonheur de la contempler et d’en recevoir de fréquentes visites; Nicolas n’a jamais voulu en convenir; mais n’est-ce pas son humilité qui a voulu nous cacher cette faveur accordée à plusieurs saints par la Mère de Jésus-Christ ?
Apôtre de la paix, il exerce une influence politique considérable. En 1481, répondant à la supplication du curé de Stantz, il consent à sortir de sa solitude pour intervenir dans une assemblée opposant divers partis. Médiateur, il sauve la Confédération helvétique naissante de la guerre civile. Dans des lettres qu’il adresse aux villes de Constance et de Berne, et dans ses maximes politiques, il appelle à l’obéissance, à la sagesse, et par-dessus tout à la quête de la paix.
Les foules sont toujours plus nombreuses à venir le voir, jusqu’à sa mort en 1487. Lorsqu’il sent enfin que tout va finir pour lui dans ce monde, il demande à recevoir les sacrements de l’église. Sa piété angélique se manifeste au moment où le prêtre lui apporte l’eucharistie : quoiqu’il ait fait avec une profonde humilité l’aveu de toutes ses fautes, il se regarde cependant toujours comme un grand pécheur, et invite la Sainte Vierge Marie, ses saints patrons et toute l’assemblée céleste à l’assister de leurs prières, afin de recevoir dignement pour la dernière fois le corps du Sauveur, de la présence duquel il espère jouir bientôt dans la patrie des cieux. On l’enterre dans l’église de saint Théodule, devant l’autel de la Sainte Vierge Marie, comme Nicolas l’avait lui-même demandé. Contemporain de Jeanne d’Arc, canonisé en 1947, ce «Père de la patrie» sera proclamé saint patron de la Suisse.