Nous sommes appelés à toujours pardonner

«Nous sommes appelés à toujours pardonner!»

Le Pape François a commenté l’Évangile de ce dimanche (Mt 18, 21-35) avant la prière de l’Angélus. Cette parabole du roi miséricordieux racontée par Jésus, enjoint Simon Pierre à pardonner à son prochain jusqu’à «soixante-dix fois sept fois», il est «nécessaire d’appliquer l’amour miséricordieux dans toutes les relations humaines».

PAPE FRANÇOIS

ANGELUS

Place Saint Pierre
Dimanche, 13 septembre 2020

Chers frères et sœurs, bonjour!

Soyez bons
Soyez bons

Dans la parabole que nous lisons dans l’Évangile d’aujourd’hui, celle du roi miséricordieux (cf. Mt 18, 21-35), nous trouvons cette demande à deux reprises: « Ayez patience avec moi et je vous rendrai » (v. 26.29).

La première fois est prononcée par le serviteur qui doit à son maître dix mille talents, une somme énorme, aujourd’hui ce serait des millions et des millions d’euros. La deuxième fois est répétée par un autre serviteur du même maître. Il est également endetté, non pas envers son maître, mais envers le même serviteur qui doit cette énorme dette. Et sa dette est très faible, peut-être comme une semaine de salaire.

Le cœur de la parabole est l’indulgence que le maître montre au serviteur le plus endetté. L’évangéliste souligne que « le maître a eu compassion – n’oubliez jamais cette parole qui appartient à Jésus: « Il a eu compassion », Jésus a toujours eu compassion pour ce serviteur, il l’a laissé partir et lui a pardonné la dette » ( v.27). Une dette énorme, donc une énorme amnistie!

Mais ce serviteur, aussitôt après, se montre impitoyable envers son compagnon, qui lui doit une somme modique. Il ne l’écoute pas, il insulte contre lui et le fait jeter en prison, jusqu’à ce qu’il ait payé la dette (cf. v. 30), cette petite dette. Le maître apprend et, indigné, rappelle le méchant serviteur et le fait condamner (cf. vv. 32-34): « Je vous ai tant pardonné et vous ne pouvez pas pardonner ce petit? ».

Dans la parabole, on retrouve deux attitudes différentes: celle de Dieu – représentée par le roi – qui pardonne beaucoup, parce que Dieu pardonne toujours, et celle de l’homme. Dans l’attitude divine, la justice est imprégnée de miséricorde, tandis que l’attitude humaine se limite à la justice.

Jésus nous exhorte à nous ouvrir courageusement à la puissance du pardon, car nous savons que tout dans la vie n’est pas résolu avec justice. Il y a un besoin de cet amour miséricordieux, qui est aussi la base de la réponse du Seigneur à la question de Pierre qui précède la parabole.

La question de Pierre ressemble à ceci: « Seigneur, si mon frère commet des péchés contre moi, combien de fois devrai-je lui pardonner? » (v.21). Et Jésus lui répondit: « Je ne vous le dis pas jusqu’à sept, mais jusqu’à soixante-dix fois sept » (v. 22). Dans le langage symbolique de la Bible, cela signifie que nous sommes appelés à pardonner toujours!

Combien de souffrances, combien de lacérations, combien de guerres pourraient être évitées, si le pardon et la miséricorde étaient le style de notre vie! Même dans la famille, même dans la famille: combien de familles brisées qui ne savent pas se pardonner, combien de frères et sœurs qui ont ce ressentiment à l’intérieur.

Il est nécessaire d’appliquer l’amour miséricordieux dans toutes les relations humaines: entre époux, entre parents et enfants, au sein de nos communautés, dans l’Église et aussi dans la société et la politique.

Aujourd’hui, le matin, alors que je célébrais la messe, je me suis arrêté, j’ai été frappé par une phrase de la première lecture, dans le livre de Sirach. La phrase va comme ceci: «Souviens-toi de la fin et arrête de haïr.» Belle phrase! Pensez à la fin! Pensez-vous que vous serez dans un cercueil … et y apporterez-vous la haine? Pensez à la fin, arrêtez de haïr! Arrêtez la rancune. Pensons à cette phrase très touchante: «Souviens-toi de la fin et arrête de haïr.»

Ce n’est pas facile de pardonner, car dans les moments calmes on dit: «Oui, cela m’a fait toutes les couleurs mais j’en ai fait beaucoup aussi. Mieux vaut pardonner pour être pardonné.» Mais alors le ressentiment revient, comme une mouche d’été ennuyeuse qui va et vient et qui revient… Le pardon n’est pas qu’une question d’un instant, c’est une chose continue contre cette rancune, cette haine qui revient. Pensons à la fin, arrêtons de haïr.

La parabole d’aujourd’hui nous aide à saisir pleinement le sens de cette phrase que nous récitons dans la prière du Notre Père: « Pardonne-nous nos dettes comme nous pardonnons à nos débiteurs » (Mt 6, 12). Ces mots contiennent une vérité décisive. Nous ne pouvons pas attendre le pardon de Dieu pour nous-mêmes si nous n’accordons pas le pardon à notre prochain.

C’est une condition: pensez à la fin, au pardon de Dieu et arrêtez de haïr; chasser la rancune, cette mouche ennuyeuse qui va et vient. Si nous ne nous efforçons pas de pardonner et d’aimer, nous ne serons pas non plus pardonnés et aimés.

Confions-nous à l’intercession maternelle de la Mère de Dieu: aidez-nous à réaliser combien nous sommes redevables à Dieu, et à toujours nous souvenir de lui, pour avoir le cœur ouvert à la miséricorde et à la bonté.

Après l’angélus

Chers frères et sœurs!

Ces derniers jours, une série d’incendies a dévasté le camp de réfugiés de Moria, sur l’île de Lesbos, laissant des milliers de personnes sans refuge, bien que précaire.

Le souvenir de ma visite là-bas et de l’appel lancé avec le patriarche œcuménique Bartholomée et l’archevêque Ieronymos d’Athènes, pour assurer «un accueil humain et digne aux femmes et aux hommes migrants, aux réfugiés et aux demandeurs d’asile, est toujours vivant en moi. en Europe »(16 avril 2016). J’exprime ma solidarité et ma proximité avec toutes les victimes de ces événements dramatiques.

En outre, ces dernières semaines, nous assistons partout dans le monde – dans de nombreuses régions – à de nombreuses manifestations populaires de protestations, qui expriment le malaise croissant de la société civile face à des situations politiques et sociales particulièrement critiques.

Tout en exhortant les manifestants à présenter leurs préoccupations de manière pacifique, sans céder à la tentation de l’agression et de la violence, j’appelle tous ceux qui ont des responsabilités publiques et gouvernementales à écouter la voix de leurs concitoyens et à répondre aux leurs des aspirations justes, garantissant le plein respect des droits de l’homme et des libertés civiles.

Enfin, j’invite les communautés ecclésiales qui vivent dans ces contextes, sous la direction de leurs pasteurs, à œuvrer en faveur du dialogue, toujours en faveur du dialogue, et en faveur de la réconciliation – nous avons parlé de pardon, de réconciliation.

En raison de la situation pandémique, cette année, la Collecte traditionnelle pour la Terre Sainte a été transférée du Vendredi Saint à aujourd’hui, veille de la Fête de l’Exaltation de la Sainte Croix. Dans le contexte actuel, cette Collecte est encore plus un signe d’espérance et de solidarité avec les chrétiens qui vivent dans la Terre où Dieu s’est fait chair, est mort et est ressuscité pour nous.

Aujourd’hui, nous faisons un pèlerinage spirituel, en esprit, avec imagination, avec le cœur, à Jérusalem, où, comme le dit le Psaume, sont nos sources (cf. Ps 87, 7), et nous faisons un geste de générosité pour ces communautés.

Je vous salue tous, fidèles romains et pèlerins de divers pays. Je souhaite à tous un bon dimanche. N’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!


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