Pour le Pape, Marseille a permis un regard humain sur la Méditerranée

Pour le Pape,
Marseille a permis un regard humain sur la Méditerranée

Comme la tradition l’exige à chaque retour de voyage apostolique, le Pape a consacré sa catéchèse de l’audience générale du mercredi 27 septembre au sens de son dernier déplacement hors de Rome. Revenant sur les Rencontres méditerranéennes, du 17 au 24 septembre dernier, à Marseille, le Pape a exhorté à poser un regard humain et non idéologique sur la Méditerranée, et, pour ce faire, à redonner l’espérance aux jeunes Européens.

Catéchèse – Le voyage apostolique à Marseille à l’occasion des Rencontres Méditerranéennes

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

>Place Saint-Pierre
Mercredi 27 septembre 2023

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Résumé de la catéchèse du Saint-Père

Chers frères et sœurs,

À Marseille, où je me suis rendu à la clôture des Rencontres Méditerranéennes, j’ai retrouvé des évêques et des maires du pourtour méditerranéen mais aussi de nombreux jeunes impliqués. La Méditerranée est un berceau de civilisation et un berceau est fait pour la vie !

Elle ne peut devenir un cimetière ou un lieu de conflit. La Méditerranée met en relation l’Afrique, l’Asie et l’Europe, mais plus encore les personnes et les cultures, les philosophies et les religions. C’est de ses rives orientales que l’Évangile s’est diffusé pour annoncer à tous les peuples que nous sommes les fils de l’unique Père qui est aux cieux.

Que résulte-t-il de ces Rencontres? D’abord un nouveau regard sur la Méditerranée que je définirais simplement humain, capable de tout rapporter à la valeur primordiale de la personne humaine et à sa dignité inviolable ; rien d’idéologique, de stratégique ni de politiquement correct, il s’agit de choisir entre l’indifférence et la fraternité.

Mais ceux qui ont traversé la Méditerranée nous ont aussi livré le témoignage d’une espérance permise par toutes les personnes du milieu ecclésial ou civil qui les ont aidés. Il reste encore à organiser les choses de façon à ce que les personnes puissent choisir d’émigrer ou non et à permettre une coexistence humaine juste et pacifique.


Catéchèse :

Chers frères et sœurs, bonjour !

A la fin de la semaine dernière, je me suis rendu à Marseille pour participer à la clôture des Rencontres Méditerranéennes, qui ont réuni des évêques et des maires du pourtour méditerranéen, ainsi que de nombreux jeunes, afin de tourner le regard vers l’avenir. L’événement marseillais s’intitulait d’ailleurs « Mosaïque d’espérance ». Tel est le rêve, tel est le défi : que la Méditerranée retrouve sa vocation, être un laboratoire de civilisation et de paix.

La Méditerranée, nous le savons, est un berceau de civilisation, et un berceau, c’est pour la vie ! Ce n’est pas tolérable qu’elle devienne un tombeau, ni une zone de conflit. La mer Méditerranée est ce qui s’oppose le plus au choc des civilisations, à la guerre, à la traite des êtres humains.

C’est tout le contraire, parce que la Méditerranée met en relation l’Afrique, l’Asie et l’Europe ; le nord et le sud, l’orient et l’occident ; les personnes et les cultures, les peuples et les langues, les philosophies et les religions. Bien sûr, la mer est toujours en quelque sorte un abîme à franchir, et elle peut aussi devenir périlleuse. Mais ses eaux recèlent des trésors de vie, ses vagues et ses vents portent des navires de toutes sortes.

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Depuis sa rive orientale, il y a deux mille ans, est parti l’Évangile de Jésus-Christ.

[Son annonce] naturellement ne se fait pas par magie et n’est pas acquis une fois pour toutes. C’est le fruit d’un parcours où chaque génération est appelée à faire un bout de chemin, en lisant les signes des temps qu’elle vit.

La rencontre de Marseille fait suite à celles qui se sont tenues à Bari en 2020 et à Florence l’année dernière. Il ne s’agit pas d’un événement isolé, mais d’un pas en avant dans un itinéraire qui trouve son origine dans les « Colloques méditerranéens » organisés par le maire Giorgio La Pira à Florence à la fin des années 1950.

Un pas en avant pour répondre, aujourd’hui, à l’appel lancé par saint Paul VI dans son encyclique Populorum Progressio, pour « la promotion d’un monde plus humain pour tous, un monde où tous auront à donner et à recevoir, sans que le progrès des uns soit un obstacle au développement des autres. » (n° 44).

Qu’est-ce qui résulte de l’événement de Marseille ? Un regard sur la Méditerranée que je définirais comme simplement humain, ni idéologique, ni stratégique, ni politiquement correct, ni instrumental, humain, c’est-à-dire capable de tout rapporter à la valeur primordiale de la personne humaine et à sa dignité inviolable.

Ensuite en même temps, est apparu un regard d’espérance. C’est aujourd’hui très surprenant : quand on écoute des témoins qui ont vécu des situations inhumaines ou qui les ont partagées, et que c’est d’eux que l’on reçoit une  » profession d’espérance « . Et même c’est un regard de fraternité.

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Frères et sœurs, cette espérance, cette fraternité ne doit pas « se volatiliser », non, au contraire, elle doit s’organiser, se concrétiser dans des actions à long, moyen et court terme. Afin que les personnes, en toute dignité, puissent choisir d’émigrer ou de ne pas émigrer. La Méditerranée doit être un message d’espérance.

Mais il y a un autre aspect complémentaire : il faut redonner de l’espérance à nos sociétés européennes, spécialement aux nouvelles générations. En effet, comment accueillir les autres si nous n’avons pas nous-mêmes un horizon ouvert sur l’avenir ? Comment des jeunes sans espérance, enfermés dans leur vie privatisée, préoccupés par la gestion de leur précarité, peuvent-ils s’ouvrir à la rencontre et au partage ?

Nos sociétés tant de fois malades de l’individualisme, du consumérisme et de l’évasion vide ont besoin de s’ouvrir, d’oxygéner leurs âmes et leurs esprits pour pouvoir lire la crise comme une opportunité et l’affronter de manière positive.

L’Europe a besoin de retrouver passion et enthousiasme, et à Marseille je peux dire que je les ai trouvés : dans son Pasteur, le Cardinal Aveline, dans les prêtres et les consacrés, dans les fidèles laïcs engagés dans la charité, dans l’éducation, dans le peuple de Dieu qui a manifesté une grande chaleur lors de la Messe au Stade Vélodrome. Je les remercie tous, ainsi que le Président de la République, dont la présence a témoigné de l’attention de la France entière à l’égard de l’événement de Marseille.

Que Notre-Dame, que les Marseillais vénèrent sous le nom de Notre-Dame de la Garde, accompagne le chemin des peuples de la Méditerranée, afin que cette région devienne ce qu’elle a toujours été appelée à être : une mosaïque de civilisation et d’espérance.


Je salue cordialement les pèlerins de langue française.

Chers frères et sœurs, l’Europe a besoin de retrouver la passion et l’enthousiasme que j’ai trouvés à Marseille, chez son Pasteur, chez les prêtres, les consacrés et les nombreux fidèles engagés dans la charité et l’éducation.

Puisse Notre Dame de la Garde, vénérée par les Marseillais, accompagner le chemin des peuples de la Méditerranée afin que cette région devienne ce qu’elle est appelée à être : une mosaïque de civilisation et d’espérance.

Que Dieu vous bénisse !

 


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