Le Pape François a délivré ce jeudi matin à la basilique Saint-Jean-de-Latran la première de ses trois méditations, dans le cadre du Jubilé des prêtres. Il doit ensuite se déplacer pour deux autres enseignements, à midi à Sainte-Marie-Majeure, et à 16h à Saint-Paul-Hors-les-Murs.
Il a consacré son premier enseignement à la miséricorde en partant de la complémentarité entre la forme «féminine» de la miséricorde, «l’amour maternel viscéral, qui s’émeut face à la fragilité de son nouveau-né et l’embrasse et suppléant à tout ce qui lui manque pour qu’il puisse vivre et grandir», et sa forme «masculine», «la ferme fidélité du Père qui soutient toujours, pardonne et remet ses enfants sur le chemin».
«La miséricorde nous permet de passer du fait de nous sentir objets de miséricorde au désir de faire miséricorde. Le sentiment de honte pour les péchés personnels et le sentiment de la dignité à laquelle le Seigneur nous élève peuvent cohabiter, dans une saine tension», une réflexion déjà exprimée lors de précédentes interventions consacrées au sacrement de la réconciliation.
Le Pape s’est appuyé sur une parole de Saint-Ignace-de-Loyola – «Ce n’est pas le fait de savoir beaucoup qui remplit et satisfait l’âme, mais le fait de sentir et de savourer les choses de Dieu intérieurement» – pour mettre en évidence la valeur active et dynamique de la miséricorde, en insistant sur le lien entre «recevoir miséricorde» et «faire miséricorde». Il a ainsi rappelé l’objectif de ce rassemblement jubilaire : «devenir des prêtres toujours plus capables de recevoir la miséricorde et de l’offrir».
François a ensuite articulé sa réflexion sur la parabole de l’enfant prodigue, s’arrêtant sur la notion paradoxale en apparence de «honteuse dignité» : Plutôt que de «sentir la miséricorde de Dieu comme un geste qu’il accomplit occasionnellement en nous pardonnant quelque grand péché» et en s’arrangeant «seuls, de manière autonome», mieux vaut reconnaître pleinement son péché et se situer dans «cette tension féconde dans laquelle la miséricorde du Seigneur nous met : non seulement des pécheurs pardonnés, mais des pécheurs auxquels la dignité est rendue».
Reprenant de nombreux exemples évangéliques sur les «excès de miséricorde», qui peuvent susciter de nombreuses guérisons spirituelles aussi dans les situations contemporaines les plus désespérées en apparence, le Pape a conclu en mettant en évidence la complémentarité entre «honte» et «confiance» : «Prions à partir de cette tension intime qui allume la miséricorde, cette tension entre la honte qui dit : ‘‘Détourne ta face de mon péché, enlève toute ma faute’’ ; et cette confiance qui dit : ‘‘Purifie-moi avec l’hysope et je serai purifié, lave-moi : je serai plus blanc que la neige’’. Confiance qui devient apostolique : ‘‘Rends-moi la joie d’être sauvé, que l’esprit généreux me soutienne et aux pécheurs j’enseignerai tes chemins, vers toi reviendront les égarés’’.»