À la prière de l’Angélus de ce dimanche 29 mars 2020, prononcée depuis la bibliothèque du Palais apostolique, le Pape a commenté l’Évangile de la Résurrection de Lazare. Il s’associe à l’appel à un arrêt des conflits en cours lancé le 23 mars par le secrétaire général des Nations Unies. Il exhorte tous les acteurs de ces guerres à un cessez-le-feu global et immédiat pour faire face à la pandémie de Covid-19. Après la prière de l’Angélus, il a souhaité que la crise actuelle renforce les liens fraternels entre les hommes.
PAPE FRANÇOIS
ANGÉLUS
Bibliothèque du Palais Apostolique
Dimanche 29 mars 2020
Chers frères et sœurs, bonjour!
L’Évangile de ce cinquième dimanche de Carême est celui de la résurrection de Lazare (cf. Jn 11, 1-45). Lazare était frère de Marta et Maria; ils étaient très proches de Jésus: quand il arrive à Béthanie, Lazare est mort depuis quatre jours; Marthe court à la rencontre du Maître et lui dit: « Si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort! » (v.21).
Jésus répond: « Ton frère ressuscitera » (v. 23); et ajoute: «Je suis la résurrection et la vie; celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra « (v. 25). Jésus se montre comme le Seigneur de la vie, Celui qui est capable de donner la vie même aux morts. Puis Marie et d’autres personnes arrivent, toutes en larmes, puis Jésus – dit l’Évangile – « a été profondément ému et […] a fondu en larmes » (vv. 33.35).
Avec cette perturbation dans son cœur, il va au tombeau, remercie le Père qui l’écoute toujours, ouvre le sépulcre et crie haut et fort: « Lazare, sors! » (v. 43). Et Lazare sort avec «ses pieds et ses mains attachés avec des bandages, et son visage enveloppé dans un linceul» (v. 44).
Ici, nous touchons de nos mains que Dieu est la vie et donne la vie, mais prend le drame de la mort. Jésus aurait pu éviter la mort de son ami Lazare, mais il voulait faire sienne notre douleur pour la mort de ses proches, et surtout il voulait montrer la domination de Dieu sur la mort.
Dans ce passage de l’Évangile, nous voyons que la foi de l’homme et la toute-puissance de Dieu, de l’amour de Dieu sont recherchées et finalement se rencontrent. C’est comme un double chemin: la foi de l’homme et la toute-puissance de l’amour de Dieu qui est recherché et finalement rencontré. Nous le voyons dans le cri de Marthe et Marie et de nous tous avec eux:
« Si tu avais été ici! … ». Et la réponse de Dieu n’est pas un discours, non, la réponse de Dieu au problème de la mort est Jésus: « Je suis la résurrection et la vie … Ayez foi! Au milieu des pleurs, vous continuez d’avoir foi, même si la mort semble avoir gagné. Retirez la pierre de votre cœur! Que la Parole de Dieu ramène la vie là où il y a la mort. »
Aujourd’hui encore, Jésus nous répète: « Retirez la pierre ». Dieu ne nous a pas créés pour la tombe, il nous a créés pour la vie, beaux, bons, joyeux. Mais «la mort est entrée dans le monde par envie du diable» (Sage 2,24), dit le Livre de la Sagesse, et Jésus-Christ est venu pour nous libérer de ses pièges.
Par conséquent, nous sommes appelés à retirer les pierres de tout ce qui a le goût de la mort: par exemple, l’hypocrisie avec laquelle la foi est vécue est la mort; la critique destructrice des autres est la mort; l’infraction, la calomnie, c’est la mort; la marginalisation des pauvres est la mort.
Le Seigneur nous demande de retirer ces pierres du cœur, et alors la vie s’épanouira toujours autour de nous. Le Christ vit et celui qui l’accueille et adhère à lui entre en contact avec la vie. Sans Christ, ou en dehors de Christ, non seulement la vie n’est pas présente, mais on retombe dans la mort.
La résurrection de Lazare est également un signe de la régénération qui s’opère chez le croyant par le baptême, avec une pleine insertion dans le mystère pascal du Christ. Par l’action et la force du Saint-Esprit, le chrétien est une personne qui marche dans la vie comme une nouvelle créature: une créature pour la vie et qui va vers la vie.
Que la Vierge Marie nous aide à être compatissants comme son Fils Jésus, qui a fait sienne notre douleur. Chacun de nous est proche de ceux qui sont en procès, devenant pour eux un reflet de l’amour et de la tendresse de Dieu, qui nous libère de la mort et fait gagner la vie.
Après l’Angélus
Chers frères et sœurs,
ces derniers jours, le Secrétaire général des Nations Unies a lancé un appel en faveur d’un «cessez-le-feu mondial et immédiat aux quatre coins du monde», rappelant l’urgence actuelle de COVID-19, qui ne connaît pas de frontières. Un appel au cessez-le-feu total.
Je rejoins tous ceux qui ont accepté cet appel et j’invite tout le monde à vous suivre en mettant un terme à toutes les formes d’hostilité de guerre, en favorisant la création de couloirs d’aide humanitaire, l’ouverture à la diplomatie, l’attention à ceux qui se trouvent dans une situation plus grande. vulnérabilité.
L’engagement commun contre la pandémie peut conduire chacun à reconnaître notre besoin de renforcer les liens fraternels en tant que membres d’une même famille. En particulier, susciter un engagement renouvelé pour surmonter les rivalités entre les dirigeants des nations et d’autres parties prenantes.
Les conflits ne sont pas résolus par la guerre! Il est nécessaire de surmonter les antagonismes et les contrastes, par le dialogue et une recherche constructive de la paix.
En ce moment, mes pensées vont d’une manière particulière à toutes les personnes qui souffrent de la vulnérabilité d’être forcées de vivre en groupe: maisons de retraite, casernes … Je voudrais en particulier mentionner les personnes en prison.
J’ai lu une note de service officiel de la Commission des droits de l’homme qui parle du problème des prisons surpeuplées, qui pourrait devenir une tragédie. Je demande aux autorités d’être sensibles à ce grave problème et de prendre les mesures nécessaires pour éviter de futures tragédies.
Je vous souhaite à tous un bon dimanche. N’oubliez pas de prier pour moi; Je le fais pour vous. Bon déjeuner et au revoir.
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