
Lors de la messe à la Maison Sainte-Marthe, le Pape François, dans son homélie de ce mardi 9 janvier 2018, a insisté sur la cohérence que les pasteurs doivent avoir dans l’usage de leur autorité et exprimer par une proximité avec Dieu et avec les autres.
Dans l’évangile du jour (Marc 1, 21-28), Jésus s’exprime dans la synagogue «en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes». Nouveauté de l’enseignement du Christ: «le don de l’autorité».
Si les scribes, les docteurs de la loi, «disaient la vérité», leurs paroles «n’arrivaient pas au cœur» car ils parlaient «depuis les chaires et ne s’intéressaient pas aux gens».
Au contraire, Jésus «avait de l’autorité parce qu’il se rapprochait des gens», en comprenant les problèmes, les douleurs et les péchés.
C’est cette proximité qui «donne autorité» à Jésus, et nourrit son enseignement qui «provoque la stupeur, anime le cœur ».
S’émouvoir devant le don de Dieu et les problèmes des hommes
«Il comprenait parce qu’il était proche, il accueillait, il guérissait et il enseignait avec proximité. Ce qui confère au pasteur l’autorité ou ce qui ravive l’autorité venue du Père, c’est la proximité».
Cette proximité est double : une proximité à Dieu dans la prière, car «un pasteur qui ne prie pas, un pasteur qui ne cherche pas Dieu, est sorti de son rôle», et une proximité aux autres, puisque «le pasteur coupé des gens ne les rejoint pas avec son message». «Voilà l’onction du pasteur qui s’émeut devant le don de Dieu dans la prière, et peut s’émouvoir devant les péchés, les problèmes, les maladies des gens.»
Au contraire, les scribes avaient perdu la «capacité» de s’émouvoir justement parce qu’ils «n’étaient ni proches des gens, ni proches de Dieu». «Jésus est clair en cela: ‘Faites ce qu’ils disent” – ils disent la vérité – “mais pas ce qu’ils font’. »
Cette «incohérence» conduit les scribes, mais aussi certains pasteurs aujourd’hui, à mener une «double vie». «C’est une blessure dans l’Église . Les pasteurs malades, qui ont perdu l’autorité et continuent cette double vie.»
Jésus est très dur envers ces pasteurs, allant jusqu’à les qualifier de «sépulcres blanchis». Ils sont «très beaux du point de vue de la doctrine, de l’extérieur», mais ils pourrissent «de l’intérieur». «Voilà comment finit le pasteur qui n’est pas proche de Dieu dans la prière et des gens dans la compassion.»
«Il est toujours temps de se rapprocher» de Dieu et des autres
Dans la Première lecture, le «vieil Éli avait perdu la proximité, à Dieu et aux gens» (Samuel 1,9-20). Lorsqu’il voit Anne prier le Seigneur dans son cœur d’avoir un fils, en remuant seulement ses lèvres, Élie la prend pour une alcoolique. C’est elle qui va raconter que c’est «l’excès» de sa propre douleur et de son chagrin qui conduisent sa prière murmurée.
Et pendant qu’elle parlait Éli fut «capable de se rapprocher de ce cœur», jusqu’à lui dire d’aller en paix: «que le Dieu d’Israël t’accorde ce que tu lui as demandé». Il se rend compte «de s’être trompé» et fait jaillir de son cœur «la bénédiction et la prophétie», et Anne accouchera de Samuel.
L’autorité dans la parole, «don de Dieu», vient de la proximité avec Dieu et avec les gens. Aux pasteurs éloignés du Seigneur et du peuple, ce conseil : «Ne perdez pas l’espérance. C’est toujours possible. À celui-ci il a suffi de regarder, de se rapprocher d’une femme, de l’écouter et de ranimer l’autorité pour bénir et prophétiser ; cette prophétie s’est réalisée et la femme a eu un fils (…) Il est toujours temps de se rapprocher et de réveiller l’autorité et la prophétie».
citations : © Copyright – Libreria Editrice Vaticana