Semaine de prière pour l’unité des chrétiens – 5e JOUR

Semaine de prière pour l’unité des chrétiens – 5e JOUR

Chanter un chant du Seigneur en terre étrangère

semaine de prière pour l' unité des chrétiens
semaine de prière pour l’ unité des chrétiens

Lectures

Psaume 137,1-4
– Là, nos conquérants nous ont demandé des chansons, et nos ravisseurs des airs joyeux : « Chantez-nous quelque chant de Sion »

Luc 23,27-31
– Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants

Réflexion

La lamentation du psalmiste remonte à l’exil de Juda à Babylone, mais la douleur de l’exil résonne à travers tous les temps et les cultures. Peut-être le psalmiste a-t-il crié sa complainte se tournant vers les cieux. Peut-être chaque verset a-t-il été clamé au milieu d’amers sanglots et d’un profond chagrin.

Peut-être ce poème a-t-il été composé dans un haussement d’épaules de résignation que seuls une existence vécue dans l’injustice et un sentiment d’impuissance à changer les choses de manière significative peuvent susciter.

Quelle que soit la manière dont ces mots ont été prononcés, la douleur de ce passage trouve un écho dans le cœur de ceux qui sont traités en étrangers dans d’autres pays ou dans leur propre pays.

Dans ce psaume, l’oppresseur demande de sourire et de se réjouir, de chanter les chansons d’un passé « heureux ». Il s’adresse à des personnes qui tout au long des siècles ont été marginalisées.

Qu’il s’agisse de minstrel shows,1 de danses de geishas2 ou de spectacles de cow-boys et d’Indiens du Far West3 les oppresseurs ont souvent exigé que les personnes opprimées se produisent joyeusement pour assurer leur propre survie. Leur message est aussi simple que cruel : vos chansons, vos cérémonies, votre identité culturelle, tout ce qui vous rend uniques et dignes de respect, n’est autorisé que tant qu’il nous est utile.

  1. Considérés comme la première forme originale de divertissement populaire américain, les minstrel shows ont vu le jour dans les années 1830. Il s’agissait d’une combinaison de blackface, une forme de maquillage théâtral utilisée principalement par les Blancs, et de productions théâtrales mettant en scène de manière désobligeante des figures et personnages afro-américains. Néanmoins, si dans les années 1890 les artistes afro-américains « se noircissent encore davantage », chantent, dansent et discutent de sujets provocants comme le sexe dans les « minstrel shows de couleur », ils n’en ressentent pas moins la responsabilité nouvelle de réagir face aux stéréotypes de l’identité noire, jugée risible, primitive et excessivement sensuelle, ce qui les amène à évoluer vers une présentation de soi sur scène qui vient contrecarrer les stéréotypes racistes et le discours politique ambiant.
  2. La geisha, apparue au XVIIe siècle au Japon, est une « artiste » chargée de divertir par la danse, la musique, la conversation et d’autres actes lors des différentes cérémonies du thé.
  3. Après la bataille de Little Bighorn en 1876, Buffalo Bill Cody fonde le Wild West Show, un spectacle itinérant présentant tout ce qui est occidental, y compris une reconstitution de la dernière bataille du Général Custard. Les Amérindiens, qui semblaient domestiqués plutôt que sauvages, constituaient la plus grande attraction, participant aux spectacles alors que le gouvernement américain combattait encore en territoire indien.

Ce psaume donne la parole à tous les opprimés. Comment pourrions-nous chanter le chant du Seigneur alors que nous sommes des étrangers dans notre propre pays ? Nous ne chantons pas pour ceux qui nous privent de notre liberté mais pour louer Dieu.

Nous chantons parce que nous ne sommes pas seuls, car Dieu ne nous a jamais abandonnés. Nous chantons parce que nous sommes entourés d’une nuée de témoins. Les ancêtres et les saints nous inspirent. Ils nous encouragent à chanter des chants d’espoir, des chants de liberté, des chants de libération, des chants qui nous parlent d’une terre où un peuple est rétabli.

Unité des chrétiens

L’Évangile de Luc rapporte que des personnes, dont de nombreuses femmes, suivent Jésus, même lorsqu’il porte sa croix au Calvaire. Le suivre ainsi est l’acte de disciples fidèles. Jésus reconnaît leurs combats et les souffrances qu’ils devront endurer en portant dans la foi leur propre croix.

Grâce au Mouvement œcuménique, les chrétiens partagent aujourd’hui des hymnes, des prières, des réflexions et des idées par-delà leurs propres traditions.

Nous les recevons de chrétiens issus de communautés différentes de la nôtre comme des dons issus de la foi et d’une vie de disciple vécue dans l’amour, souvent au milieu de difficultés. Ces dons partagés sont des richesses à conserver précieusement et témoignent de la foi chrétienne que nous partageons.

Défi

Comment évoquons-nous les histoires d’ancêtres et de saints qui ont vécu parmi nous et ont élevé vers Dieu des chants remplis de foi et d’espérance, rendant grâce pour la libération de la captivité ?

Prière

Dieu des opprimés, Ouvre nos yeux sur le mal qui continue d’être infligé à nos sœurs et frères en Christ. Que ton Esprit nous donne le courage de chanter à l’unisson et d’élever nos voix avec ceux dont la souffrance n’est pas entendue. Nous te prions au nom de ton Fils Jésus. Amen.

Texte conjointement préparé par le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens
et la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises