Sœurs Marie Anne Vaillot et Odile Baumgarten, martyres

Bienheureuses martyres,
sœurs Marie Anne Vaillot et Odile Baumgarten,
Filles de la Charité

En 1793-1794, en pleine Révolution, la Terreur faisait rage dans toute la France; elle était particulièrement virulente dans les régions de l’Ouest où les paysans avaient pris les armes pour défendre leur foi. Plus de 200 prêtres et religieux furent tués ou moururent en prison pour avoir refusé de prêter le serment à la Constitution civile du Clergé qui séparait l’Église de France de celle de Rome.

médaillon Soeurs d'angers Marie-Anne et Odile, martyres - Chapelle rue du Bac
médaillon Sœurs d’Angers Marie-Anne et Odile, martyres – Chapelle rue du Bac

De nombreux laïcs furent condamnés à mort parce qu’ils voulaient rester fidèles à Jésus Christ dans l’Église. Parmi ces martyrs, deux Filles de la Charité de l’hôpital Saint Jean d’Angers, furent fusillées le 1er février 1794.

Sœur Marie Anne Vaillot, née à Fontainebleau le 13 mai 1734 est entrée chez les Filles de la Charité le 25 septembre 1761. Elle avait à l’hôpital d’Angers la charge de l’économat

Sœur Odile Baumgarten, née à Gondrexange en Lorraine le 15 novembre 1750 est entrée chez les Filles de la Charité 4 août 1775. A l’hôpital d’Angers, elle était responsable de pharmacie.

A cause de leur influence spirituelle et morale dans la Communauté, ces deux Sœurs furent choisies comme premières victimes. Sœur Marie Anne et Sœur Odile ont été béatifiées par Jean Paul II avec 97 autres martyrs d’Angers le 19 févier 1984.

Homélie du pape Jean Paul II au jour de la béatification :

Qui pourra nous séparer de l’Amour du Christ?

Telle est la question que posait autrefois l’Apôtre Paul dans sa lettre aux Romains. Il avait alors devant les yeux les souffrances et les persécutions de la première génération des disciples, témoins du Christ.

Et l’Église aujourd’hui, avec les martyrs du XVIIIe et du XIXe siècles, se demande à son tour qui pourra nous séparer de l’amour du Christ? Saint Paul s’empresse de donner une réponse certaine à cette question : Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ Notre Seigneur, rien, ni la mort, ni les forces mysté­rieuses du monde, ni l’avenir, ni aucune créature.

Puisque Dieu a livré son Fils unique pour le monde, puisque ce Fils a donné sa vie pour nous, un tel amour ne se démentira pas. Il garde dans la vie éternelle ceux qui ont aimé Dieu au point de donner leur vie pour lui. Les régimes qui persécutent passent. Mais cette gloire des martyrs demeure. Nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. C’est la victoire qu’ont remportée les martyrs élevés aujourd’hui à la gloire des autels par la Béatification.

Ce sont d’abord les très nombreux martyrs du diocèse d’Angers, au temps de la Révolution française; ont accepté la mort parce qu’ils voulaient, selon le de Guillaume Repin, «conserver leur foi et leur religion», fermement attachés à l’Église catholique et romaine: prêtres, ils refusaient de prêter un serment jugé schismatique, ils ne voulaient pas abandonner leur charge pastorale; laïcs, ils restaient fidèles à ces prêtres, à la Messe célébrée par eux, aux signes de leur culte pour Marie et les saints.

Sans doute, dans un contexte de grandes tensions idéologiques, politiques et militaires on a pu faire peser sur eux des soupçons d’infidélité à la patrie, on les a, dans les «attendus» des sentences, accusés de compromissions avec «les forces antirévolutionnaires»; il en est d’ailleurs ainsi dans presque toutes les persécutions, d’hier et d’aujourd’hui.

Mais pour hommes et les femmes dont les noms ont été retenus, ce qu’ils ont réellement vécu ne laisse aucun doute sur leur détermination à rester fidèles – au péril de leur vie- à ce que leur foi exigeait, ni sur le motif profond de leur condamnation, la haine de cette foi que leurs juges méprisaient comme «dévotion insoutenable» et «fanatisme».

Nous demeurons en admiration devant les réponses décisives, calmes, brèves, franches, humbles qui n’ont rien de provocateur, mais qui sont nettes et fermes sur l’essentiel: la fidélité à l’Église. Ainsi parlent les prêtres, tous guillotinés comme leur vénérable doyen Guillaume Repin, les religieuses qui refusent même de laisser croire qu’elles ont prêté serment, les quatre hommes laïcs.

Ainsi parlent ces quatre-vingts femmes, qu’on ne peut accuser de rébellion armée ! Certaines avaient déjà exprimé auparavant le désir de mourir pour le nom de Jésus plutôt que de renoncer à la religion.

Véritables chrétiens, ils témoignent aussi par leur refus de haïr leurs bourreaux, par leur pardon, leur désir de paix pour tous : «Je n’ai prié le Bon Dieu que pour la paix et l’union de tout le monde» (Marie Cassin). Enfin, leurs derniers moments manifestent la profondeur de leur foi.

Certains chantent des hymnes et des psaumes jusqu’au lieu du supplice : « ils demandent quelques mi­nutes pour faire à Dieu le sacrifice de leur vie, qu’ils fai­saient avec tant de ferveur que leurs bourreaux eux-mêmes en étaient étonnés».

Sœur Marie-Anne, Fille de la Charité, réconforte ainsi sa sœur: «Nous allons avoir le bonheur de voir Dieu, et de le posséder pour toute l’éternité… et nous en serons possédées sans crainte d’en être séparées». Oui, les paroles de l’Apôtre Paul se vérifient ici avec éclat: «Nous sommes les grands vain­queurs grâce à celui qui nous a aimés».

Mais ces martyrs nous invitent aussi à penser à la multitude des croyants qui souffrent la persécution au­jourd’hui même, à travers le monde, d’une façon cachée, lancinante, tout aussi grave, car elle comporte le manque de liberté religieuse, la discrimination, l’impossibilité de se défendre, l’internement, la mort civile : leur épreuve a bien des points communs avec celle de nos bienheureux.

Enfin, nous devons demander pour nous-mêmes le cou­rage de la foi, de la fidélité sans faille à Jésus Christ, à son Église, au temps de l’épreuve comme dans la vie quotidienne.

Notre monde trop souvent indifférent ou ignorant attend des disciples du Christ un témoignage sans équivoque, qui équivaut à lui dire, comme les martyrs célébrés aujourd’hui: Jésus Christ est vivant; la prière et l’Eucharistie nous sont essentiels pour vivre de sa vie, la dévotion à Marie nous maintient ses disciples notre attachement à l’Église ne fait qu’un avec notre foi, l’unité fraternelle est le signe par excellence des chrétiens; la véritable justice, la pureté, l’amour, le pardon et la paix sont les fruits de l’Esprit de Jésus; l’ardeur missionnaire fait partie de ce témoignage; nous ne pouvons garder cachée notre lampe allumée.

Loué soit Dieu de raviver ainsi l’élan de notre foi de notre action de grâce, de notre vie. Aujourd’hui, c’est avec le sang de nos bienheureux que sont écrites pour nous les paroles inspirées de saint Paul : « Qui nous séparera de l’Amour du Christ ? Ni la vie, ni la mort… ni le présent, ni l’avenir… ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ Notre Seigneur ».

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse