Soyez une maison de la miséricorde pour l’autre

Soyez une maison de la miséricorde pour l’autre

Durant sa catéchèse lors de l’audience générale du mercredi 6 septembre, le Pape François a dressé un bilan de son voyage apostolique en Mongolie, du 31 août au 4 septembre. il appelle à «élargir les frontières de notre regard», en prenant exemple sur ce peuple «qui regarde le ciel et sent le souffle de la création».

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 6 septembre 2023

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Résumé de la catéchèse du Saint-Père

Frères et sœurs, j’aimerais vous amener au cœur de mon récent voyage en Mongolie. On pourrait se demander pourquoi le Pape va si loin pour visiter un petit troupeau de fidèles. Parce que c’est là, loin des projecteurs, que se trouvent les signes de la présence de Dieu. La communauté mongole a une histoire touchante.

Les missionnaires ont donné naissance à une communauté unie et vraiment catholique, c’est-à-dire universelle. Il s’agit ici d’une universalité incarnée. Cette jeune Église est née dans le sillon de la charité, le meilleur témoignage de la foi. À la fin de ma visite, j’ai béni et inauguré la “Maison de miséricorde” qui rappelle que notre communauté doit être une maison de miséricorde, un lieu ouvert et accueillant.

J’ai pu découvrir la beauté de ce peuple mongol à partir des personnes, de leurs histoires, de leur recherche religieuse, d’où ma reconnaissance pour la rencontre interreligieuse et œcuménique du dimanche dernier. Il est important, comme le fait le peuple mongol, de fixer les yeux vers le haut, vers la lumière du bien.

C’est un plaisir d’entrer en dialogue avec ce grand continent qu’est l’Asie, d’en saisir les messages, d’en connaître la sagesse, la façon de regarder les choses, d’étreindre le temps et l’espace. Cela m’a fait du bien de rencontrer le peuple mongol qui conserve ses racines et ses traditions, respecte les personnes âgées et vit en harmonie avec l’environnement.
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Catéchèse – Le voyage en Mongolie

Chers frères et sœurs, bonjour !

Lundi, je suis rentré de Mongolie. Je voudrais exprimer ma gratitude à tous ceux qui ont accompagné ma visite par leurs prières, et renouveler ma reconnaissance aux Autorités qui m’ont solennellement accueilli : en particulier au Président Khürelsükh, ainsi qu’à l’ancien Président Enkhbayar, qui m’avait adressé une invitation officielle à visiter le pays.

Je repense avec joie à l’Église locale et au peuple mongol : un peuple noble et sage, qui m’a manifesté tant de cordialité et d’affection. Aujourd’hui, je souhaiterais vous plonger au cœur de ce voyage.

On pourrait se demander pourquoi le pape se rend si loin pour visiter un petit troupeau de fidèles. Parce que c’est précisément là, loin des projecteurs, que l’on trouve souvent les signes de la présence de Dieu, qui ne regarde pas les apparences, mais le cœur comme nous l’avons entendu dans le passage du prophète Samuel (cf. 1 Sam 16, 7).

Le Seigneur ne cherche pas le centre de la scène, mais le cœur simple de ceux qui le désirent et l’aiment sans apparences, sans vouloir dominer sur les autres. Et j’ai eu la grâce de rencontrer en Mongolie une Église humble et une Église joyeuse, qui est dans le cœur de Dieu, et je peux vous témoigner sa joie de s’être trouvée pour quelques jours aussi au centre de l’Église.

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Cette communauté a une histoire touchante. Elle est née, par la grâce de Dieu, du zèle apostolique – sur lequel nous réfléchissons en ce moment – de quelques missionnaires qui, passionnés par l’Évangile, se sont rendus, il y a environ trente ans, dans un pays qu’ils ne connaissaient pas.

Ils en ont appris la langue – qui n’est pas facile- et, bien qu’issus de nations différentes, ils ont créé une communauté unie et véritablement catholique. C’est d’ailleurs le sens du mot « catholique », qui signifie « universel ». Mais il ne s’agit pas d’une universalité qui homologue, mais d’une universalité qui inculture, c’est une universalité qui s’inculture.

‘est cela la catholicité : une universalité incarnée, « inculturée » qui saisit le bien là où elle vit et qui sert les personnes avec lesquelles elle vit. C’est ainsi que vit l’Église : en témoignant de l’amour de Jésus avec douceur, avec la vie plus que les paroles, heureuse de sa vraie richesse : le service du Seigneur et des frères et sœurs.

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C’est ainsi qu’est née cette jeune Église : dans le sillon de la charité, qui est le meilleur témoignage de la foi. À la fin de ma visite, j’ai eu la joie de bénir et d’inaugurer la « Maison de la miséricorde », la première œuvre caritative créée en Mongolie, expression de toutes les composantes de l’Église locale.

Une maison qui est la carte de visite de ces chrétiens, mais qui rappelle aussi à chacune de nos communautés d’être une maison de la miséricorde : c’est-à-dire un lieu ouvert et, lieu accueillant, où les misères de chacun peuvent entrer sans vergogne en contact avec la miséricorde de Dieu qui relève et guérit.

C’est le témoignage de l’Église mongole, avec des missionnaires de différents pays qui se sentent en harmonie avec le peuple, heureux de le servir et de découvrir la beauté qui s’y trouve déjà.

Parce que ces missionnaires ne sont pas allés là-bas pour faire du prosélytisme, ce qui n’est pas évangélique, ils sont allés là-bas pour vivre comme le peuple mongol, pour parler leur langue, la langue de ce peuple, pour prendre les valeurs de ce peuple et prêcher l’Évangile dans le style mongol, avec des paroles mongoles. Ils sont allés et se sont « inculturés » : ils ont pris la culture mongole pour proclamer l’Évangile dans cette culture.

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J’ai pu découvrir une partie de cette beauté, notamment en faisant la connaissance de certaines personnes, en écoutant leurs histoires, en appréciant leur quête religieuse. En ce sens, je suis reconnaissant pour la rencontre interreligieuse et œcuménique de dimanche passé.

La Mongolie a une grande tradition bouddhiste, avec de nombreuses personnes qui, en silence, vivent leur religiosité de manière sincère et radicale, à travers l’altruisme et la lutte contre leurs passions. Pensons à tant de graines de bien qui, de manière cachée, font germer le jardin du monde, alors qu’habituellement nous n’entendons que le bruit des arbres qui tombent !

Le scandale plaît aux gens, même à nous : « Mais regardez cette barbarie, un arbre qui tombe, le bruit qu’il a fait ! ». – « Mais tu ne vois donc pas la forêt grandir tous les jours ? » parce que la croissance se fait dans le silence. Il est décisif d’être capable de discerner et de reconnaître le bien.

Au lieu de cela, bien souvent nous n’apprécions les autres que dans la mesure où ils correspondent à nos idées, nous devons plutôt voir ce bien. C’est pour cela qu’il est important, comme le fait le peuple mongol, de regarder vers le haut, vers la lumière du bien. Seulement ainsi, en partant de la reconnaissance du bien, on construit l’avenir commun ; ce n’est qu’en valorisant l’autre qu’on l’aide à s’améliorer.

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Je suis allé au cœur de l’Asie et cela m’a fait du bien. Cela fait du bien d’entrer en dialogue avec ce grand continent, d’en saisir les messages, d’en connaître la sagesse, la façon de regarder les choses, d’étreindre le temps et l’espace.

Cela m’a fait du bien de rencontrer le peuple mongol, qui conserve ses racines et ses traditions, respecte les personnes âgées et vit en harmonie avec l’environnement : c’est un peuple qui scrute le ciel et sent la respiration de la création.

En pensant aux étendues illimitées et silencieuses de la Mongolie, laissons-nous stimuler par le besoin d’élargir les frontières de notre regard, s’il vous plait : élargir les frontières, regarder loin et haut, regarder et ne pas tomber prisonniers de la petitesse, élargir les frontières de notre regard, afin qu’il voit le bien qu’il y a chez les autres et soit capable de dilater les propres horizons et également dilater son propre cœur pour comprendre, pour être proche de chaque personne et de chaque civilisation.

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Je salue cordialement les pèlerins de langue française, particulièrement ceux venus du Sénégal, accompagnés par Mgr Paul Abel Mamba.

Frères et sœurs, en pensant aux étendues infinies et silencieuses de la Mongolie, laissons-nous stimuler par le besoin d’élargir les frontières de notre regard, pour que nous puissions voir le bien qui se trouve chez les autres. Que Dieu vous bénisse !


Que la fête liturgique d’après-demain, la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie, vous exhorte à marcher toujours, comme Marie, sur les chemins du Seigneur. A elle, femme de la tendresse, nous confions les souffrances et les tribulations de la chère et martyrisée Ukraine. A vous tous, je donne ma bénédiction.


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