Sur le chemin de Bethléem
Nous voici à Noël… Le voyant de loin, uni spirituellement à Marie et Joseph sur le chemin de Bethléem, nous attendions depuis plusieurs jours la douceur qui nous vient du chant angélique, annonçant la paix céleste offerte à tous les hommes de bonne volonté.

Et ainsi, au jour le jour, nous pensons que le chemin de Bethléem marque vraiment le chemin du bon départ vers la paix tel qu’il est sur les lèvres, dans les angoisses, dans les cœurs de tous.
Les références de la liturgie aux accents du Pape Léon le Grand nous sollicitaient déjà par une invitation festive : « Réjouissez-vous dans le Seigneur, ô bien-aimés : réjouissez-vous dans la joie spirituelle, car le jour de la rédemption est renouvelé, le jour de l’antique attente, l’annonce du bonheur éternel ».
Et à côté et presque en chœur de cette voix solennelle et touchante, qui nous vient du Ve siècle, nous entendons élever tous ensemble les voix suppliantes des Souverains Pontifes qui ont gouverné l’Église et avant et après les deux guerres, qui ont déchiré l’humanité dans ce [20e] siècle…
Invitation continue, donc, à accélérer nos pas dans les rues de Bethléem, qui sont pour nous les chemins de la paix. Dans le monde d’aujourd’hui combien de chemins de paix sont proposés et imposés : et combien nous sont suggérés aussi, à nous qui jouissons, comme Marie et Joseph, de la certitude de connaître notre chemin, et n’avons pas crainte de pouvoir nous tromper.
Depuis le second après-guerre, en effet, jusqu’à ce temps, que de variété d’expression : et que d’abus de ce mot sacré : Paix, paix. Nous rendons hommage et respect à la bonne volonté de tant d’explorateurs et hérauts de la paix dans le monde : hommes d’État, diplomates expérimentés, écrivains de talent.
Mais les efforts humains en matière de pacification universelle sont encore loin des points d’accord entre le ciel et la terre. C’est que la vraie paix ne peut venir que de Dieu : elle n’a qu’un seul nom : Pax Christi ; elle n’a qu’un visage, celui qu’y a imprimé le Christ, qui, comme pour empêcher les contrefaçons de l’homme, a souligné : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix »
Saint Jean XXIII Noël 1959